Libye: Les centrales flottantes turques surfent sur les crises

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Publié le Samedi 11 juillet 2020

Libye: Les centrales flottantes turques surfent sur les crises

  • L'entreprise Karpowership construit depuis près de 15 ans des centrales flottantes
  • Les centrales flottantes, ou "powerships" en anglais, existent depuis les années 1930

ALTINOVA:  Alors que la pandémie de nouveau coronavirus et les conflits au Proche-Orient ont stoppé des pans entiers de l'activité économique ou créé un climat d'incertitude, ces crises ont fait naître de nouvelles opportunités pour les centrales flottantes turques.

L'entreprise Karpowership construit depuis près de 15 ans des centrales flottantes en reconvertissant de vieux navires de transport de marchandises. Avec sa flotte de 25 appareils, c'est aujourd'hui l'un des piliers de ce secteur. Paradoxalement, la pandémie de nouveau coronavirus, qui a stoppé l'activité de nombreuses entreprises, a créé un effet d'aubaine pour la compagnie turque en mettant en lumière les avantages de ses centrales flottantes, notamment des délais de livraison imbattables : maximum 60 jours.

Les mesures de confinement prises dans de nombreux pays pendant plusieurs mois ont en effet compliqué l'avancement de projets de centrales électriques classiques, dont la construction en temps normal prend déjà plusieurs années. « Les crédits n'étaient plus approuvés, les fournisseurs ne pouvaient pas tenir les délais et les ouvriers ne pouvaient pas travailler sur les chantiers », souligne Zeynep Harezi, directrice commerciale de Karpowership. « La demande pour nos navires-centrales a naturellement augmenté. Nous sommes actuellement en discussion avec plus de 10 pays qui nous ont fait part d'un besoin urgent », affirme-t-elle.

Contrat juteux

Les centrales flottantes, ou "powerships" en anglais, existent depuis les années 1930. Le principe est simple : un navire marchand est reconverti en centrale flottante, celle-ci vogue jusqu'à sa destination, puis elle est raccordée au réseau électrique local pour l'alimenter. Karpowership en a déployé 19 dans 11 pays d'Afrique, du Proche-Orient et d'Asie, ainsi qu'à Cuba. Ces centrales flottantes fournissent plus de la moitié de l'électricité consommée par plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest : Guinée-Bissau, Gambie, Sierra Leone.

Ces infrastructures sont particulièrement adaptées aux pays dont les capacités sont insuffisantes pour faire face à la demande croissante ou ont été détruites par des conflits. De ce point de vue, la guerre en Libye, où la Turquie soutient militairement le gouvernement de Tripoli, pourrait faire les affaires de Karpowership qui est en train de discuter de l'envoi de plusieurs centrales flottantes, selon la presse turque.

Ankara a dépêché en juin une importante délégation à Tripoli conduite par son chef de la diplomatie et son ministre des Finances. « Le vecteur principal de l'intervention de la Turquie en Libye (...), c'est la volonté d'avoir son mot à dire dans les futurs contrats dans ce pays », notamment énergétiques, rappelle Soner Cagaptay, du Washington Institute of Near East Policy. Sans confirmer les négociations, Karpowership s'est dit prêt à déployer des centrales flottantes « dès cet été » pour fournir 1.000 mégawatts (MW), soit « huit heures d'électricité supplémentaires » par jour dans un pays confronté à des coupures massives. 

Part de risque

Pour pouvoir tenir ses délais de livraison, l'entreprise investit massivement pour construire des centrales flottantes avant même qu'elles ne soient commandées. Une part de risque calculée. « Là, on a un milliard de dollars à quai », indique Mme Harezi en désignant les six centrales flottantes de différentes dimensions amarrées dans un chantier naval du nord-ouest de la Turquie, en attendant la signature des futurs contrats. « Normalement, il faut 18 mois pour construire une centrale flottante. Mais comme nos chantiers navals les construisent à la chaîne, cela ne prend que six mois », explique Deniz Yalçindag, un ingénieur de la compagnie.

Nombre d'observateurs estiment cependant que les centrales flottantes sont au mieux des solutions temporaires pour les pays dont les infrastructures sont insuffisantes ou obsolètes. Déplorant cette « barrière psychologique », Mme Harezi souligne que les navires peuvent rester en place pendant 25 ans en raison notamment du revêtement spécial dont leur coque est enduite. Aujourd'hui, l'entreprise voit les choses en grand et compte doubler la taille de sa flotte dans les cinq ans à venir, avec l'ambition de séduire également des pays développés.


Gaza: l'opération militaire israélienne à Rafah, un «recul» pour les négociations sur une trêve

S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
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  • «Nous sommes presque dans une impasse», a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar
  • L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah

DOHA: L'opération militaire d'Israël à Rafah a "fait reculer" les négociations avec le Hamas palestinien, a déploré mardi le Premier ministre du Qatar, médiateur dans les discussions pour une trêve dans la bande de Gaza, soulignant que les pourparlers étaient "presque dans une impasse".

"Au cours des dernières semaines en particulier, nous avions constaté un certain élan, mais malheureusement, les choses n'ont pas évolué dans la bonne direction, et en ce moment, nous sommes presque dans une impasse", a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar.

"Bien sûr, ce qui s'est passé à Rafah nous a fait reculer", a-t-il ajouté.

Le Qatar, qui accueille le bureau politique du Hamas à Doha depuis 2012, est engagé -- aux côtés de l'Egypte et des Etats-Unis -- dans une médiation discrète depuis plusieurs mois entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée.

Des frappes ont aussi visé Rafah, où près de 1,4 million de Palestiniens s'entassent. Si la grande majorité de cette population avait trouvé refuge à Rafah pour tenter d'échapper aux frappes et aux combats des derniers mois, une partie d'entre eux désormais fuit désormais cette ville adossée à la frontière fermée de l'Egypte.

"Il n'y a aucune clarté sur la manière d'arrêter la guerre du côté israélien. Je ne pense pas qu'ils envisagent cela comme une option (...), même quand nous parlons d'un accord et de l'éventualité d'un cessez-le-feu," a encore dit le Premier ministre du Qatar.

Israël signale "par ses déclarations qu'il restera là-bas (à Gaza, NDLR), qu'il poursuivra la guerre. Et il n'y a aucune clarté sur ce à quoi Gaza ressemblera après cela", a-t-il ajouté.


Premier employé international de l'ONU tué à Gaza, lors d'une attaque 

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  • Le secrétaire général est "profondément attristé d'apprendre la mort d'un membre du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies (DSS) et les blessures d'un autre lorsque que leur véhicule de l'ONU a été frappé
  • Il n'a à ce stade pas précisé la nationalité de l'employé décédé et du blessé, et n'a pu donner de détails sur les circonstances

NATIONS-UNIES: Un membre des services de sécurité de l'ONU a été tué lundi lors d'une attaque contre son véhicule à Gaza, a indiqué un porte-parole, précisant qu'il s'agissait du premier employé international des Nations unies tué dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre.

Le secrétaire général est "profondément attristé d'apprendre la mort d'un membre du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies (DSS) et les blessures d'un autre lorsque que leur véhicule de l'ONU a été frappé, alors qu'ils se rendaient à l'hôpital européen de Rafah ce (lundi) matin", a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint d'Antonio Guterres.

Il s'agit de "la première victime internationale" de l'ONU depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre, a-t-il précisé, rappelant que quelque 190 employés palestiniens de l'ONU y ont été tués, principalement du personnel de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Le secrétaire général "condamne toutes les attaques contre le personnel de l'ONU et appelle à une enquête complète", a-t-il ajouté.

Il n'a à ce stade pas précisé la nationalité de l'employé décédé et du blessé, et n'a pu donner de détails sur les circonstances.

"Je n'ai pas tous les détails" mais "je crois qu'il s'agissait d'un convoi en mouvement, et que le véhicule du DSS a été touché", a-t-il indiqué, précisant que tous les véhicules étaient identifiés comme appartenant à l'ONU.

Le DSS assure notamment la sécurité des agences et programmes de l'ONU dans plus de 130 pays.


Gaza: Netanyahu assure qu'environ la moitié des morts sont des combattants du Hamas

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas"
  • Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas", assurant que le bilan global était inférieur à celui annoncé par le mouvement islamiste.

"Même si nous sommes confrontés à un ennemi particulièrement cynique, nous avons réussi à maintenir le ratio civils/combattants tués" à "environ un pour un", a déclaré M. Netanyahu au podcast Call Me Back, lors d'une interview réalisée dimanche.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

Mi-avril, le Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk, avait souligné que les enfants "payent de façon disproportionnée le prix ultime de cette guerre".

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, plus de 35.000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont péri depuis le début de l'offensive israélienne consécutive à l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël.

Le ministère ne précise pas combien de combattants figurent dans ce bilan.

M. Netanyahu a aussi insisté dans ce podcast sur le fait que le bilan des morts dans la bande de Gaza était en réalité d'environ 30.000 personnes. Environ "14.000 combattants ont été tués et probablement environ 16.000 civils ont été tués", a-t-il affirmé.

Un des objectifs affiché de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza est d'"anéantir" le Hamas, dont l'attaque le 7 octobre a entraîné la mort plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 considérées mortes, selon l'armée.

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait".

Il prend pour preuve les tracts et messages vocaux envoyés à des dizaines de milliers de familles des quartiers de l'est de Rafah, pour les enjoindre d'évacuer avant des bombardements et "opérations ciblées" dans la zone.

Israël affirme que la ville abrite les derniers bataillons du Hamas et martèle son intention d'y mener une opération terrestre d'ampleur. Mais, selon l'ONU, la ville abrite aussi 1,4 million de civils --habitants et Gazaouis déplacés par les combats dans le reste de Gaza--, faisant craindre un carnage.

Depuis une semaine, Israël défie l'opposition de la communauté internationale, notamment celle de son principal allié Washington, et des chars et des troupes mènent des opérations de plus en profondément dans l'est de Rafah, appuyés par des frappes aériennes.

Cela a provoqué l'exode de près de 360.000 personnes de l'est de Rafah, selon l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui a averti qu'"aucun endroit n'est sûr" dans la bande de Gaza, largement dévastée par sept mois de guerre.