L'Afghanistan défend sa décision d'armer la population contre les talibans

Des miliciens afghans rejoignent les forces de défense et de sécurité afghanes lors d'un rassemblement à Kaboul, en Afghanistan, le mercredi 23 juin 2021. (AP)
Des miliciens afghans rejoignent les forces de défense et de sécurité afghanes lors d'un rassemblement à Kaboul, en Afghanistan, le mercredi 23 juin 2021. (AP)
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Publié le Lundi 28 juin 2021

L'Afghanistan défend sa décision d'armer la population contre les talibans

  • Le porte-parole du ministère de l’Intérieur indique que 30 000 habitants ont «déterré leurs armes» ou qu’ils en ont reçu, en plus d’autres ressources, de Kaboul
  • Les talibans ont intensifié leurs attaques ces derniers mois, profitant du nombre réduit de forces étrangères dans le cadre de l’actuel processus de retrait

KABOUL: L'Afghanistan a défendu dimanche sa décision controversée qui consiste à armer près de 30 000 personnes afin d’aider ses troupes à empêcher les talibans de réaliser davantage d’avancées territoriales – un phénomène qui a commencé avec le retrait progressif du pays des forces dirigées par les États-Unis, le 1er mai dernier.

«Ce sont des forces de soulèvement locales spontanées destinées à aider les forces de sécurité nationale et de défense contre les talibans; ces terroristes ont commis des brutalités dans les zones dont ils se sont emparés», déclare dimanche à Arab News Tariq Arian, le porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Il ajoute que ces groupes armés ne sont pas des milices et qu'ils opèrent «sous le contrôle» des secteurs de la sécurité.

«Nous ne craignons pas qu'ils se transforment en une menace, mais qu’ils agissent contre l'esprit des forces de sécurité; cela, nous l’empêcherons», prévient le porte-parole.

«Mobilisation nationale»

Les ressources gouvernementales destinées à ceux qui souhaitent rejoindre l'initiative de «mobilisation nationale» sont acheminées par l'intermédiaire des chefs de milices ethniques; certains d’entre eux sont accusés de crimes odieux.

Ces chefs de milices ont défié à plusieurs reprises les gouvernements précédents, y compris l'administration dirigée par le président de l’Afghanistan, Ashraf Ghani. Ce dernier a incité à ce que soit créé un «front uni» et a soutenu les forces locales dans le but de renforcer la paix et de «sauvegarder le système de la République» la semaine dernière, lors d'une réunion avec d'anciennes personnalités antisoviétiques et antitaliban.

Arian indique que 30 000 habitants ont «déterré leurs armes» ou qu’ils en ont reçu, en plus d’autres ressources, de Kaboul. Ils vivent dans différentes régions où, ces dernières semaines, des talibans qui appartiennent majoritairement à l’ethnie pachtoune ont pris à l’armée plusieurs dizaines de districts.

Le porte-parole du ministère de la Défense, Fawad Aman, affirme que la plupart des «volontaires» viennent du Nord, où l'ethnie hazara et des Ouzbeks dévoués aux leaders de la guerre ont empêché les talibans de prendre contrôle de la région il y a plus de deux décennies.

Processus de retrait

Des milliers de militants ont été massacrés et autant de talibans auraient été volontairement étouffés dans des conteneurs d'expédition après s'être rendus aux milices lors d'une invasion menée par les États-Unis en 2001.

«Le nombre de ces personnes ne cesse d'augmenter», déclare Aman à Arab News. «Ce sont des gens instruits qui se sont armés afin de se confronter aux talibans, et nous pouvons les appeler des “volontaires”», ajoute-t-il.

Les deux responsables font savoir que le processus de fourniture d'armes et de ressources aux habitants «n'était pas non contrôlé» et qu’il ne conduirait pas à une ère de guerre civile comme dans les années 1990 après le retrait des forces soviétiques d'Afghanistan.

Les talibans n’ont pas souhaité réagir dimanche dernier lorsqu'ils ont été contactés par Arab News.

Ils ont intensifié leurs attaques ces derniers mois, profitant du nombre réduit de forces étrangères dans le cadre de l’actuel processus de retrait, qui prendra fin le 11 septembre prochain.

Escalade des attaques

Les talibans ont envahi certains districts stratégiques du Nord, notamment à Kondôz, où près de 5 000 familles afghanes ont fui leurs maisons après des jours de combats entre les talibans et les forces gouvernementales, selon les médias. Des rapports ont également fait état d'une escalade des attaques dans les provinces de Kandahar et de Baghlân.

Face aux avancées des talibans, Ghani a remplacé la semaine dernière ses chefs de sécurité; le nouveau ministre de la Défense, Bismillah Khan Mohammadi, appelle «les patriotes et les peuples du monde entier à se tenir aux côtés de leurs forces de sécurité et de défense», tout en garantissant le concours du gouvernement pour «fournir tous les équipements et toutes les ressources».

Certains parlementaires ont défendu cette décision qui consiste à armer les habitants, tandis que d'autres ont exprimé leur inquiétude sur le fait de leur fournir des ressources par l'intermédiaire des chefs de milices.

Mohammad Ibrahim Gheshtelai, un député de la province du sud-est de Paktiyâ, considère que tout le monde peut tirer des bénéfices de cette initiative. «La nation voulait défendre le pays», affirme-t-il à Arab News. «C'est la raison pour laquelle les gens ont pris les armes en saluant la proposition du gouvernement. Ce dernier a trouvé un bon moyen pour défendre le système, c'est une bonne chose pour la survie du système. La majorité au Parlement soutient [cette initiative], et il n'y a aucune inquiétude sérieuse à ce sujet», ajoute-t-il.

Un précédent «dangereux»

Toutefois, Ghulam Wali Afghan, un député de la province méridionale de Helmand, confie à Arab News que Kaboul doit s'assurer du fait que ces ressources ne sont pas «utilisées par des voleurs, des gens qui violent les droits de l’homme et des criminels», puisque, dans cette hypothèse, ce seraient les civils qui souffriraient le plus.

Certaines critiques ont signalé que le fait de s'appuyer sur d'anciens chefs de milices ethniques ainsi que sur des groupes de combat locaux et informels pourrait avoir pour effet d’affaiblir davantage le contrôle de Kaboul sur l'effort militaire et qu’il existe un risque de voir renaître un «comportement abusif et prédateur des chefs de guerre», précisément ce contre quoi Ghani s’est battu lors de son arrivée au pouvoir, en 2014.

«Il est tout à fait clair que la menace immédiate et à long terme que représenteront les milices est certaine», explique à Arab News Zabihullah Pakteen, un spécialiste des affaires politiques qui habite dans le nord de l'Afghanistan. «Mais le gouvernement n'a pas d'autre choix que d'opter pour des milices contre les talibans. Un véritable soulèvement public et les milices sont deux choses différentes, mais il n’existe aucun mouvement public de masse pour faire face aux talibans», poursuit-il.

D'autres soulignent un précédent «dangereux» établi par le gouvernement et par les chefs ethniques.

«Le mouvement de soulèvement, ou la création de milices, est très dangereux pour le présent et l'avenir de l'Afghanistan», estime Nasratullah Haqpal, un expert en affaires politiques de Kaboul. En effet, plusieurs chefs ethniques ont commis des brutalités pendant la guerre civile dans le passé. «Le public est inquiet à ce sujet. Les dirigeants bénéficient de ce processus; cela peut attiser les tensions ethniques et il faut l’empêcher», précise-t-il.

Ces dernières semaines, les talibans ont vivement critiqué le déploiement de groupes locaux effectué par le gouvernement; ils ont qualifiés ces derniers d’«arbakis» (anciennes milices locales tristement célèbres pour leurs excès), et les ont accusés d'«attiser les flammes de la guerre» afin de se maintenir au pouvoir. Ils ont également prévenu que ces groupes seraient traités de manière «sévère» par les autorités islamiques.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.