Faysal ben Farhane à l'ONU: Paix, justice et État de droit au cœur de la lutte contre le terrorisme

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faysal ben Farhane, a lancé un appel aux États membres afin d’exécuter les objectifs énoncés par l'ONU dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. (Photo, SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faysal ben Farhane, a lancé un appel aux États membres afin d’exécuter les objectifs énoncés par l'ONU dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. (Photo, SPA)
L'ambassadeur saoudien auprès de l'ONU Abdallah Al-Mouallimi assiste à la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies des chefs d'agences antiterroristes des États membres. (Photo, SPA)
L'ambassadeur saoudien auprès de l'ONU Abdallah Al-Mouallimi assiste à la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies des chefs d'agences antiterroristes des États membres. (Photo, SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faysal ben Farhane, a lancé un appel aux États membres afin d’exécuter les objectifs énoncés par l'ONU dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. (Photo, SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faysal ben Farhane, a lancé un appel aux États membres afin d’exécuter les objectifs énoncés par l'ONU dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. (Photo, SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faysal ben Farhane, a lancé un appel aux États membres afin d’exécuter les objectifs énoncés par l'ONU dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. (Photo, SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faysal ben Farhane, a lancé un appel aux États membres afin d’exécuter les objectifs énoncés par l'ONU dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. (Photo, SPA)
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Publié le Mardi 29 juin 2021

Faysal ben Farhane à l'ONU: Paix, justice et État de droit au cœur de la lutte contre le terrorisme

  • «Les terroristes se sont adaptés», martèle Thomas-Greenfield
  • «Condamner le terrorisme doit s’étendre (au droit) de condamner celui commis par les États», souligne-t-il

NEW YORK: L'Arabie saoudite condamne le terrorisme dans toutes ses facettes, a déclaré lundi à l'ONU le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faysal ben Farhane.

Lors de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies des chefs d'agences antiterroristes des États membres, Ben Farhane a exhorté ces derniers, ainsi que les organisations internationales et régionales, à s’unir et à exécuter la stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU face à ce «défi constant pour la paix et la sécurité dans le monde».

Le Centre des Nations Unies contre le terrorisme (UNCCT), dont l'Arabie saoudite est un pays fondateur, célèbre son dixième anniversaire cette année. Ben Farhane a rappelé aux participants que l’organisme reste un partenaire crucial dans la lutte multilatérale contre le terrorisme.

L'Arabie saoudite accorde une attention particulière au financement de ces activités, poursuit-il. Le Royaume a d’ailleurs ratifié à cet effet un nombre d'accords bilatéraux, régionaux et internationaux, en plus d’accroître la coopération juridique internationale pénale relative au terrorisme et aux fonds qui le soutiennent.

Le thème de la conférence de cette année, «contrer et prévenir le terrorisme à l'ère des technologies transformatrices», souligne que la menace évolue avec les avancées dans ce domaine. 

La réunion, comme l’explique l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, offre également une occasion d’exploiter la technologie dans ce combat, ainsi que d’empêcher l'extrémisme violent de prendre racine au sein des communautés.

«Les terroristes se sont adaptés», martèle Thomas-Greenfield. «Ils utilisent les technologies de la communication pour améliorer leurs réseaux, recruter et encourager les sympathisants, diffuser leur propagande, et mettre au défi notre capacité à prévenir les actes de terrorisme. Ils utilisent (de plus en plus) une technologie de pointe pour commettre des actes criminels».

La diplomate américaine appelle à établir une nouvelle stratégie qui s'adapte au paysage du terrorisme, en évolution constante.

Ben Farhane précise que l'approche antiterroriste de son pays va au-delà des mesures conventionnelles, et vise à lutter contre la cybercriminalité terroriste par des moyens «juridiques et technologiques».

«Les National Cybersecurity Authority et Intellectual Warfare Center sont des exemples d'institutions nationales créées pour s'attaquer aux causes profondes de l'extrémisme et du terrorisme, de même que le Centre mondial de lutte contre les idéologies extrémistes, qui lutte contre les idéologies radicales en utilisant des méthodes nouvelles et innovantes, notamment en analysant le discours (véhiculé par ces groupes)», précise-t-il.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères a de plus évoqué le protocole d'entente signé en avril 2021 entre le Centre mondial de lutte contre l'idéologie extrémiste et l'UNCCT, et qui «montre l'engagement du Royaume à soutenir l'effort de la communauté internationale» dans la lutte contre ce fléau.

«Dans le cadre de ce protocole d’entente, les deux centres vont lancer des projets communs axés sur le développement des compétences, la lutte contre l'utilisation de l'Internet à des fins terroristes, la sensibilisation des jeunes, la promotion de la tolérance, ainsi que le soutien aux victimes du terrorisme», a-t-il souligné.

Ben Farhane a également évoqué l'attachement de son pays à la promotion d'une culture de paix et de dialogue. Il mentionne à titre d’exemple la signature dernièrement d'un protocole d'entente conclu par le Centre international du roi Abdallah Ben Abdel Aziz pour le dialogue interreligieux et interculturel avec l'Alliance des Nations Unies pour les civilisations.

Ben Farhane a déclaré aux participants, parmi lesquels figuraient le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et le président de l'Assemblée générale Volkan Bozkir, que le Royaume a réussi à «réduire et vaincre radicalement ces terroristes», bien qu’il soit régulièrement la cible de leurs attaques.

«Nous avons pris de nombreuses contre-mesures aux niveaux national, régional et international, et nous avons respecté le droit international et les résolutions adéquates sur l'interdiction d'actions telles que la commission, le financement, ainsi que l'incitation et la participation à des actes terroristes. Nous nous sommes de plus conformés à toutes les résolutions et décisions des organismes internationaux de lutte contre le terrorisme», poursuit-il.

Il a appelé les États membres à joindre leurs instruments de lutte contre le terrorisme à une «volonté réelle de combattre et d'éliminer» cette tendance, et à consacrer davantage d'efforts au premier pilier de la stratégie. Une attention particulière devrait en effet être portée «à l'éducation, au développement, ainsi qu’à la justice et l'État de droit, compte tenu de leur rôle dans l'élimination des causes profondes du problème», souligne-t-il.

Le ministre rappelle qu’une distinction doit être faite entre le terrorisme d'une part, et le droit des peuples à l'autodétermination, la souveraineté et à la résistance à l'occupation étrangère, d'autre part.

«Condamner le terrorisme doit s’étendre (au droit) de condamner celui commis par les États», souligne-t-il.

Thomas-Greenfield a averti qu'à mesure que l'approche mondiale évolue, «nous ne pouvons pas faiblir sur le sujet des droits humains et de la liberté d'expression. Parce qu'en fin de compte, notre engagement indéfectible envers ces droits et libertés est notre outil le plus puissant».

Guterres a déclaré que certains progrès ont été réalisés dans la lutte contre le terrorisme. Il se désole pourtant de constater que ces progrès sont «lents et non exhaustifs».

«Des années de polarisation croissante, d'échecs dans la gouvernance et de normalisation des discours de haine ont profité aux groupes terroristes», affirme le Secrétaire.

«La menace qui émane des mouvements suprémacistes blancs, néo-nazis et autres groupes à motivation ethnique ou raciale devient de plus en plus transnationale. Il est clair par ailleurs que les groupes terroristes vont exploiter les difficultés et les inégalités liées à la pandémie du coronavirus (à l’origine de la Covid-19, NDLR)», insiste-t-il.

Guterres exhorte la communauté internationale à établir et à renforcer «des institutions fortes, justes et responsables» afin de priver les terroristes de leur espace opérationnel, les traduire en justice, et assurer la sécurité de la population.

Pour briser le cycle de la violence, il rappelle l’importance de la réhabilitation et la réinsertion des terroristes qui ont purgé leur peine. Il appelle de plus au «rétablissement des droits de l’homme» pour lutter contre le terrorisme, afin d'éviter que ce dernier ne soit utilisé pour «porter atteinte aux droits et libertés des personnes, ce qui aurait pour résultat une plus grande marginalisation au sein des communautés, ainsi qu’un renforcement des idées terroristes». 

Guterres explique aux États membres que la responsabilité d'empêcher que les technologies ne tombent entre les mains de terroristes» leur revient en fin de compte. Il précise que les réseaux sociaux sont déjà utilisés pour encourager les discours de haine et les idéologies violentes, la blockchain et les ransomwares (rançongiciels) pour financer les terroristes, les drones commerciaux et l’impression en 3-D pour faciliter l’accès aux armes, en plus des infox qui alimentent les théories du complot propagées par les terroristes.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le Hamas et Israël s'accusent mutuellement d'entraver les négociations en vue d'une trêve

Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Hamas souhaite qu'Israël se retire sur les positions qu'il occupait avant la reprise des hostilités en mars, lors du précédent cessez-le-feu.
  • L'émissaire américain Witkoff, qui a joué un rôle majeur dans l'élaboration de la dernière proposition de cessez-le-feu, se rendra à Doha cette semaine.

Le CAIRE/DOHA : samedi, le Hamas et Israël se sont mutuellement accusés de bloquer les tentatives visant à conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza, près d'une semaine après le début de pourparlers indirects entre les deux parties pour mettre fin à 21 mois de combats acharnés dans le territoire palestinien.

Une source palestinienne proche des discussions au Qatar a déclaré à l'AFP que les propositions d'Israël visant à maintenir ses troupes dans le territoire déchiré par la guerre bloquaient un accord pour une trêve de 60 jours.

Mais du côté israélien, un haut responsable politique, s'exprimant également sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible des négociations, a accusé le groupe militant d'être inflexible et de tenter délibérément de faire échouer les efforts visant à parvenir à un accord.

Sur le terrain, l'agence de défense civile de Gaza a déclaré que plus de 20 personnes avaient été tuées samedi dans tout le territoire, notamment lors d'une frappe aérienne nocturne visant une zone abritant des personnes déplacées. 

« Pendant que nous dormions, il y a eu une explosion là où se trouvaient deux garçons, une fille et leur mère », a déclaré Bassam Hamdan à l'AFP, après l'attaque survenue dans un quartier de la ville de Gaza.

« Nous les avons retrouvés déchiquetés, leurs restes éparpillés », a-t-il ajouté, expliquant que les victimes avaient été retrouvées dans un état extrêmement dégradé.

Dans le sud de la bande de Gaza, des corps recouverts de bâches en plastique blanc ont été transportés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, tandis que les blessés de Rafah ont été évacués vers des centres de soins à bord de charrettes tirées par des ânes, sur des civières ou à dos d'homme.

Le Hamas et Israël ont tous deux déclaré que les dix otages détenus depuis l'attaque des militants du 7 octobre 2023, à l'origine de la guerre, seraient libérés si un accord était conclu.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu'il était prêt à entamer des négociations pour mettre fin de manière plus permanente aux hostilités. 

Cependant, une source palestinienne a déclaré que le refus d'Israël d'accepter la demande du Hamas d'un retrait complet de ses troupes de Gaza freinait les progrès des négociations.

Une deuxième source a indiqué que les médiateurs avaient demandé aux deux parties de reporter les discussions jusqu'à l'arrivée de l'émissaire spécial du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, à Doha.

« Les négociations à Doha sont confrontées à un revers et à des difficultés complexes en raison de l'insistance d'Israël, depuis vendredi, à présenter une carte de retrait qui est en réalité une carte de redéploiement et de repositionnement de l'armée israélienne plutôt qu'un véritable retrait », a déclaré cette source.

Elle a ajouté qu'Israël proposait de maintenir des forces militaires dans plus de 40 % du territoire palestinien, forçant ainsi des centaines de milliers de Palestiniens déplacés à se regrouper dans une petite zone près de la ville de Rafah, à la frontière avec l'Égypte. 

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

En réponse, un haut responsable politique israélien a rétorqué que c'était le Hamas qui avait décliné les offres sur la table, l'accusant de « dresser des obstacles » et de « rejeter tout compromis » dans le dessein de « saboter les pourparlers ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens.

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

Un haut responsable politique israélien a ensuite répliqué que c'était le Hamas qui avait rejeté les propositions sur la table, l'accusant de « créer des obstacles » et de « refuser tout compromis » dans le but de « saboter les négociations ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens. 

Deux cessez-le-feu précédents, une trêve d'une semaine à la fin du mois de novembre 2023 et une autre de deux mois à partir de la mi-janvier de cette année, ont permis la libération de 105 otages en échange de centaines de prisonniers palestiniens.

Selon une deuxième source palestinienne, « certains progrès » auraient été réalisés lors des dernières négociations concernant les plans de libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël et l'obtention d'une aide supplémentaire pour Gaza.

Netanyahu, qui subit des pressions nationales et internationales pour mettre fin à la guerre, a déclaré cette semaine que la neutralisation du Hamas en tant que menace pour la sécurité était une condition préalable à toute négociation de cessez-le-feu à long terme.

Cela inclut le désarmement, a-t-il précisé, avertissant que si cela n'était pas fait, Israël serait contraint d'y parvenir par la force.

 


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com