Alerte à la «catastrophe» au Liban: la crise du carburant touche les hôpitaux

Les hôpitaux du Liban avaient déjà du mal à lutter contre la pandémie de coronavirus (Covid-19) avant que la dernière crise d’électricité ne survienne. (AP)
Les hôpitaux du Liban avaient déjà du mal à lutter contre la pandémie de coronavirus (Covid-19) avant que la dernière crise d’électricité ne survienne. (AP)
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Publié le Mercredi 30 juin 2021

Alerte à la «catastrophe» au Liban: la crise du carburant touche les hôpitaux

  • Selon les médecins, ils sont encore plus accablés par les pénuries de matériel médical et de carburant
  • Une hausse des prix d’environ 30 à 40% sur tous les dérivés du carburant est entrée en vigueur aujourd’hui

DUBAÏ: La voiture du Dr Samer Saadé est tombée en panne de carburant alors qu’il se rendait à son lieu de travail au Centre médical universitaire de l’hôpital Hammoud à Sidon, dans le sud du Liban. Il s’est garé sur le bord de la route à Khaldé et a pris un taxi pour le reste du trajet de 30 km.

«Cela fait quatre jours que je n’arrive pas à faire le plein», confie le Dr Saadé à Arab News. «Soit les files d’attente aux stations-service sont d’une longueur hors du commun, soit les stations sont tout simplement fermées», ajoute-t-il.

Comme la majorité des Libanais, le médecin urgentiste est durement touché par la pénurie de carburant qui sévit dans le pays en crise. 

Les files interminables qui bloquent les routes près des stations-service sont devenues un phénomène courant et le ravitaillement en carburant est limité à 15 ou 20 litres, ce qui fait que les longs trajets appartiennent désormais au passé.

La crise du carburant ne se limite toutefois pas à l’essence nécessaire aux voitures; elle a également touché le réseau électrique du pays, déjà mal en point.

Les hôpitaux du Liban avaient déjà du mal à lutter contre la pandémie de coronavirus (Covid-19) avant que la dernière crise d’électricité ne survienne. Aujourd’hui, selon les médecins, ils sont encore plus accablés par les pénuries de matériel médical et de carburant.

«Les pénuries de médicaments, les pénuries d’équipements, l’hyperinflation qui empêche les pauvres d’obtenir des soins — tout ce qui peut aller mal dans ce pays ira mal, en fait», déplore le Dr Saadé.

À l’hôpital, l’électricité de l’État «n’est disponible que deux ou trois heures par jour», précise M. Saadé, et quatre générateurs privés sont nécessaires pour combler le manque.

Deux des barges électriques turques du Liban ont quitté le pays en raison d’une querelle avec la société mère, tandis que les quatre autres centrales électriques publiques sont à court de carburant.

«Nous étions déjà habitués à ce que l’électricité de l’État soit coupée, mais maintenant nous ne savons même pas si nous parviendrons à obtenir suffisamment de carburant pour les générateurs», indique le Dr Saadé à Arab News.

Au total, son hôpital possède quatre générateurs qui fonctionnent, dont deux en permanence, et dispose de suffisamment de réserves de carburant pour les quatre jours à venir.

«Après cela, je ne sais pas. Nous vivons au jour le jour», dit-il.

À 40 kilomètres de là, à l’hôpital universitaire Rafic Hariri de Beyrouth, un établissement qui s’est retrouvé en première ligne de la pandémie, la situation est encore plus précaire.

Face à la prolongation des coupures de courant, l’hôpital rationne l’électricité depuis hier et éteint la climatisation dans toutes les zones, à l’exception de celles utilisées à des fins médicales, écrit le directeur général de l’hôpital, Firas Abiad, dans un tweet.

«La climatisation dans l’ensemble de nos locaux, à l’exception des zones nécessaires à des fins médicales, telles que les salles d’opération et d’examen, sera éteinte en raison des coupures de courant prolongées», déclare le Dr Abiad.

Son tweet était accompagné d’une lettre qu’il a envoyée au ministre sortant de l’Énergie, Raymond Ghajar, pour lui demander de l’aide afin de maintenir l’approvisionnement en électricité de l’hôpital.

Si le problème persiste, «nous nous dirigeons vers une catastrophe», affirme le Dr Saadé.

«Les ventilateurs, les appareils de réanimation cardio-pulmonaire, pratiquement tout ce qui est nécessaire aux établissements de soins intensifs, seront arrêtés», ajoute-t-il.

Le Liban demeure sans gouvernement pleinement opérationnel depuis huit mois, les négociations étant dans une impasse en raison des politiciens qui se chamaillent pour les portefeuilles ministériels et les quotas.

Par ailleurs, l’insécurité alimentaire et l’extrême pauvreté règnent dans le pays, alors que tout semblant de vie normale se dissipe.

Plusieurs industries ont tiré la sonnette d’alarme en raison du manque de carburant qui fait que les générateurs privés ont du mal à suivre le rythme de l’augmentation des coupures de l’électricité de l’État.

Ce week-end, le secrétaire général du syndicat des éleveurs de volailles au Liban a exhorté les autorités à livrer du diesel aux élevages de poulets avant que les coupures de courant ne compromettent le bien-être du bétail, ainsi que la sécurité et la qualité du poulet réfrigéré.

La crise met également en péril les activités du secteur public. Le siège de la Sûreté générale à Beyrouth, principale agence de renseignement du pays, a été plongé dans le noir hier lorsque l’arrêt d’un générateur a coïncidé avec une coupure de l’électricité de l’État.

Bien que le Liban ait besoin de préserver ses dernières réserves de devises étrangères pour une éventuelle reprise économique, la banque centrale a continué à subventionner le carburant, les médicaments et le blé, vidant ainsi les caisses de l’État de quelque 5 milliards de dollars par an.

Cependant, ce petit pays méditerranéen à court d’argent a commencé à lever son programme de subventions, en commençant par le carburant.

Le Liban commencera désormais à importer du carburant à 3 900 LL pour un dollar, alors que le taux officiel est de 1 500 LL. Sur le marché noir, la livre libanaise s’échange à environ 18 000 LL pour un billet vert, ce qui représente une dépréciation de la monnaie nationale d’environ 92%.

Une hausse des prix d’environ 30 à 40% sur tous les dérivés du carburant est entrée en vigueur aujourd’hui.

Le prix de 20 litres d’essence, qui était de 45 200 LL, sera désormais de 61 000 LL (40 dollars au taux officiel), tandis que 20 litres de diesel, auparavant de 33 300 LL, coûteront 46 100 LL.

«Cette hausse des prix affectera sûrement notre capacité à nous procurer du carburant et nous poussera à augmenter nos coûts et, partant, le coût pour les patients», affirme le Dr Mohammed Khodrin, chef de l’hôpital gouvernemental d’Akkar, à Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.