Fin d'une époque chez Lagardère, Vivendi et Bolloré en position de force

Lagardère est le groupe propriétaire de Hachette (3e éditeur mondial), d'une branche de distribution dans les gares et aéroports (Relay), et de médias influents (le JDD, Paris Match, Europe 1). (Photo, AFP)
Lagardère est le groupe propriétaire de Hachette (3e éditeur mondial), d'une branche de distribution dans les gares et aéroports (Relay), et de médias influents (le JDD, Paris Match, Europe 1). (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 01 juillet 2021

Fin d'une époque chez Lagardère, Vivendi et Bolloré en position de force

  • A l'issue d'un long bras de fer, le groupe a acté mercredi sa transformation en société anonyme, entraînant pour son patron la perte de son pouvoir absolu
  • Le magnat a dû céder face aux puissants actionnaires et l'entrée en force de Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, au conseil d'administration

PARIS : A l'issue d'un long bras de fer, le groupe Lagardère (Europe 1, Paris Match, Hachette...) a acté mercredi en assemblée générale sa transformation en société anonyme, entraînant pour Arnaud Lagardère la perte de son pouvoir absolu et l'entrée en force de Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, au conseil d'administration.

Le projet de transformation, présenté fin avril, met fin au statut atypique du groupe en commandite par actions, qui rendait l'héritier de Jean-Luc Lagardère indéboulonnable bien que très minoritaire au capital.

Menacé de blocage et confronté aux difficultés économiques de son groupe pendant la pandémie, Arnaud Lagardère, 60 ans, a dû céder face aux puissants actionnaires, mais en obtenant un poste de PDG pour six ans.

Avant ce dénouement, la lutte d'influence a duré pendant des mois entre Vincent Bolloré (Vivendi) allié au fonds britannique Amber Capital (l'initiateur de la fronde contre la gouvernance), et l'homme le plus riche de France et PDG de LVMH, Bernard Arnault.

Les deux figures du capitalisme français lorgnaient sur les actifs stratégiques de Lagardère, groupe propriétaire de Hachette (3e éditeur mondial), d'une branche de distribution dans les gares et aéroports (Relay), et de médias influents (le JDD, Paris Match, Europe 1). Aujourd'hui, Vincent Bolloré semble avoir remporté la partie.

Vivendi, premier actionnaire avec 29% du capital, a obtenu trois sièges au conseil d'administration et pourra compter sur celui d'Amber. Bernard Arnault n'en aura qu'un seul, comme l'actionnaire historique, le fonds souverain du Qatar (13%).

Le magnat breton est "un atout et pas une menace", a soutenu Arnaud Lagardère, qui a introduit "sans nostalgie" l'assemblée générale visant à "tourner une page" du conglomérat qu'il dirige depuis le décès soudain de son père en 2003.

Arnaud Lagardère entre au conseil et a obtenu la nomination de Nicolas Sarkozy, l'un des stratèges du projet de transformation grâce notamment à ses liens avec le Qatar et Bolloré, et de Véronique Morali, conjointe de Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) qui avait investi dans le groupe début 2020.

"J'aurais tendance à dire de manière optimiste et positive que les choses ne changeront pas, car l'équipe dirigeante est toujours là", a assuré M. Lagardère.

Il n'abdique pas sans "compensation": lui-même et sa société personnelle se verront attribuer quelque 7% du capital (environ 210 millions d'euros au cours actuel). Avec sa part actuelle, il détiendra donc 14% des actions, de quoi compenser son lourd endettement personnel.

Enfin, les nouveaux statuts imposent une majorité aux trois cinquièmes pour les décisions touchant aux cessions d'actifs importants, et une majorité aux deux tiers pour révoquer le PDG ou le directeur général délégué (un poste qui sera occupé par Pierre Leroy).

"L'idée est de garder l'intégrité de ce groupe" en conservant les deux branches édition et distribution, et les activités médias, a assuré Arnaud Lagardère.

Pour autant, l'ombre de Vivendi plane déjà sur Lagardère, et en particulier sur la radio Europe 1, dont les audiences sont au plus bas et dont la direction prévoit des "synergies" avec CNews, la chaîne info du groupe Canal+, appartenant à Vivendi.

"Je ne vois pas pourquoi, pour faire plaisir à certains détracteurs, nous devrions continuer à nous isoler. On a besoin de faire des partenariats sur l’information, sur le sport, sur la musique, sur le cinéma, et qui mieux que le groupe Canal+ peut nous offrir ce genre de partenariats", a argumenté Arnaud Lagardère, assurant qu'Europe 1 et Canal+ faisaient partie de la même "famille".

Au programme, une nouvelle émission commune présentée par Laurence Ferrari, un "grand rendez-vous" politique confié à Sonia Mabrouk, l'arrivée de Dimitri Pavlenko, coéquipier d'Eric Zemmour dans "Face à l'info", à la matinale...

Inquiètes qu'Europe 1 ne devienne "une radio d'opinion" et de "l'emprise croissance de Vincent Bolloré dans les médias", quelque 150 personnes se sont rassemblées mercredi devant les locaux de la station, dont les salariés s'étaient mis en grève durant cinq jours la semaine dernière pour contester notamment la mise à pied d'un journaliste.

Europe 1 est une "radio qui a toujours préféré l'information à la controverse", a fait valoir la journaliste Anne Sinclair, ancienne de la station, soucieuse "que cela perdure, surtout avant la présidentielle".

"Europe 1 est un média qui perd environ 20 millions d'euros chaque année. L'indépendance est aussi soutenue par la capacité à ne pas perdre d'argent, à défaut de ne pas en gagner", leur a déclaré Arnaud Lagardère pendant l'AG, citant également l'impact du Covid-19 et la consolidation du monde des médias.

Interrogée par l'AFP, une source proche de Vincent Bolloré nie toute ingérence: "on n'a aucun moyen de pression à court terme sur Lagardère. S'ils veulent faire la même chose que nous, tant mieux."

 

 

 

 

 

 

 

 


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
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  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur l'excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
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  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.