Tensions politiques et armes à feu: l'Amérique sur la brèche

Des manifestants anti-Trump au Black Lives Matter Plaza, le 30 août 2020 à Washington, DC. (Tasos KATOPODIS /Getty Images/AFP)
Des manifestants anti-Trump au Black Lives Matter Plaza, le 30 août 2020 à Washington, DC. (Tasos KATOPODIS /Getty Images/AFP)
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Publié le Mardi 01 septembre 2020

Tensions politiques et armes à feu: l'Amérique sur la brèche

  • Après l'élection de Donald Trump, droite et gauche radicale s'étaient plusieurs fois affrontées à Seattle, et déjà à Portland
  • « Il y a de simples voyous qui aiment se battre et des gens qui veulent vraiment lutter contre les suprémacistes blancs »

WASHINGTON : Des affrontements en marge de manifestations antiracistes ont fait trois morts aux Etats-Unis, pays où les divisions de la société, exacerbées par une triple crise, et la présence massive d'armes à feu font craindre le pire à l'approche de la présidentielle.

Donald Trump espère décrocher un second mandat le 3 novembre, bien que son pays traverse la pire crise sanitaire depuis la grippe espagnole de 1918, la pire récession depuis la crise de 1929 et la pire crise sociale depuis les mouvements pour les droits civiques des années 1960.

Mardi, il doit se rendre à Kenosha, dans la région des Grands Lacs, qui s'est embrasée la semaine dernière après une apparente bavure policière. Le gouverneur de l'Etat du Wisconsin, le démocrate Tony Evers lui a demandé, en vain, de s'abstenir par crainte que sa présence "retarde la réconciliation" d'habitants "traumatisés". 

Parmi eux, Gregory Bennett ne se sent "plus en sécurité" dans sa ville, où un jeune de 17 ans, qui avait rejoint des milices armées censées protéger les commerces, a abattu deux manifestants anti-racisme dans la nuit de mardi à mercredi.

Les militants d'extrême droite "cherchent une raison pour attaquer", estime-t-il. "Les manifestations leur ont donné une excuse", regrette cet ancien militaire devenu travailleur social. Depuis, il ne sort plus sans son gilet pare-balle et son revolver à la ceinture.

Ce réflexe, fréquent dans un pays où 30% des adultes possèdent au moins une arme à feu et où le droit à l'auto-défense fait partie du récit national, n'est pas de nature à apaiser la situation.

"Toutes sortes de populistes"

D'ailleurs, les armes ont encore parlé ce week-end à Portland, dans le Nord-Ouest, où des militants d'extrême gauche s'opposent régulièrement aux forces de l'ordre depuis plus de trois mois.

Cette fois, c'est avec une caravane de partisans de Donald Trump que les échauffourées ont eu lieu. Un homme qui portait une casquette d'un groupe local d'extrême droite a été abattu en marge de ces heurts, dans des circonstances encore floues.

D'ici à l'élection, "il y aura d'autres coups de feu", prédit Spencer Sunshine, analyste de l'extrême droite américaine. "Ca va empirer car aucun des deux camps n'est prêt à se retirer".

Les groupes extrémistes ont toujours existé aux Etats-Unis, rappelle cet expert indépendant. Après l'élection de Donald Trump, droite et gauche radicale s'étaient plusieurs fois affrontées à Seattle, et déjà à Portland.

Ce qui est nouveau, selon lui, c'est la présence massive d'armes dans les manifestations. "Il y a quatre ans, on n'en voyait quasiment qu'en Arizona où les lois sur les armes sont particulièrement souples", dit-il.

Elles étaient particulièrement visibles le 1er mai quand des centaines d'hommes armés de fusils d'assaut ont tenté d'entrer dans le Capitole de l'Etat du Michigan pour protester contre des mesures de confinement prises pour limiter la propagation du nouveau coronavirus.

Selon M. Sunshine, cette manifestation de force a aussi illustré l'arrivée de nouvelles recrues à l'extrême droite: "on ne voit plus seulement des nationalistes blancs, mais toutes sortes de populistes, ou des partisans de Trump et des théories conspirationnistes", qui sont motivés par "une profonde anxiété" quant à l'avenir des Etats-Unis.

"Zèle de convertis"

"L'extrême droite exploite le climat politique extrêmement conflictuel, qui est devenu encore plus incertain à cause de la pandémie et des manifestations pour la justice raciale", estime aussi dans un rapport l'observatoire des groupes extrémistes, le Southern Poverty Law Center (SPLC), en jugeant "bien réel" le risque de violences politiques avant les élections.

Face à l'extrême droite se trouve une coalition encore plus hétéroclite que le président Trump regroupe sous le mot-tiroir "antifa" (pour antifaciste) et accuse d'être des "agitateurs, des anarchistes ou des émeutiers". 

En son sein, "il y a de simples voyous qui aiment se battre et des gens qui veulent vraiment lutter contre les suprémacistes blancs", juge Daniel Byman de la Brooklyn institutions. Et, selon lui, ils sont "encore moins organisés" que leurs adversaires, ce qui augmente le risque de débordements.

Dans ce contexte, "une hausse de la violence est très possible, et même probable", craint-il aussi.

Quant à Spencer Sunshine, il résume le cocktail qui menace les Etats-Unis à trois ingrédients: "le zèle de convertis, de nombreuses armes et des récits hystériques".


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.