Macron au Liban: un gouvernement dans quinze jours

Emmanuel Macron a annoncé qu'il reviendrait une nouvelle fois au Liban en décembre. (Gonzalo FUENTES/POOL/AFP)
Emmanuel Macron a annoncé qu'il reviendrait une nouvelle fois au Liban en décembre. (Gonzalo FUENTES/POOL/AFP)
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Publié le Mercredi 02 septembre 2020

Macron au Liban: un gouvernement dans quinze jours

  • « Il faut qu'on continue à mobiliser toute la communauté internationale », a promis M. Macron, en annonçant son intention de réunir en octobre à Paris « une conférence internationale de soutien avec les Nations unies »
  • « On ne partage pas ses valeurs, mais est-ce que nous pouvons avoir un rôle utile en refusant qu'il soit autour de la table? Je pense que ce serait une erreur ; le Hezbollah est l’allié du parti présidentiel, il a deux têtes dont une terroriste »

BEYROUTH: L'ensemble des forces politiques libanaises se sont engagées à former un gouvernement dans les 15 jours, a annoncé mardi soir le président français, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse au terme de sa visite à Beyrouth.

« Toutes les formations politiques sans exception se sont engagées ce soir, ici même, que la formation de ce gouvernement de mission ne prendrait pas plus de quinze jours », a déclaré le président français à l'issue d'entretiens avec les principaux dirigeants politiques.

Il a ajouté que le gouvernement rassemblerait des personnalités « compétentes » et serait formé formé « comme un collectif indépendant qui aura le soutien de tous les formations politiques ».

Le président français a rappelé que « la moyenne ces dernières années » pour la formation des gouvernements au Liban était « entre 5 et 11 mois » en raison des divergences politiques.

M. Macron a assuré que Moustapha Adib, un ambassadeur relativement inconnu jusque-là, avait « sur le plan politique un soutien massif des forces politiques, même s'il n'est pas unanime ».

« Cette légitimité, il ne peut l'obtenir qu'en formant rapidement un gouvernement de mission fait de professionnels, une équipe la plus solide possible », a-t-il ajouté. 

Interrogé sur l'éventualité que des sanctions puissent viser des personnalités libanaises si les réformes n'étaient pas appliquées, il a répondu simplement qu' « une partie des mécanismes qui devaient accompagner le peuple libanais ne pourra pas être activée » dans ce cas.

Le président français a assuré par ailleurs, au cours de sa conférence de presse, qu'un « accord de tous a été acté » mardi soir sur une série de réformes économiques concernant « l'électricité, le contrôle des capitaux, l'audit indispensable de la Banque centrale et la réforme des marchés publics(...) ». 

Emmanuel Macron a accentué mardi la pression sur les responsables politiques libanais en les appelant à lancer « au plus vite » de véritables réformes susceptibles de répondre à la colère des Libanais, un mois après la terrible explosion au port de Beyrouth. « C'est la dernière chance pour le système » libanais, a averti le président français au début de sa seconde visite à Beyrouth en un mois.

Face à la colère grandissante de la population, qui dénonce l'incurie du pouvoir et la corruption, il entend « accompagner cette pression des Libanaises et des Libanais » pour convaincre la classe politique de changer.

Il a ainsi annoncé qu'il reviendrait une nouvelle fois au Liban en décembre.

« C'est un pari risqué que je fais. J'en suis conscient. Je mets sur la table la seule chose que j'ai: mon capital politique », a-t-il expliqué au site d'information américain Politico.

Emmanuel Macron a discuté avec les principaux responsables politiques au cours d'un déjeuner au palais présidentiel puis en les conviant dans l'après-midi à la résidence de l'ambassadeur de France. Parmi eux figure le nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, nommé lundi quelques heures avant l'arrivée de M. Macron. Inconnu des Libanais, cet universitaire de 48 ans, était jusqu'à présent ambassadeur en Allemagne.

Emmanuel Macron a fait connaissance avec lui lundi soir, avant de le retrouver mardi au palais présidentiel de Baabda. Pour lui, la nomination de M. Adib en quelques semaines et non « en six mois » est « un premier signe » de changement.

Mais « je n'ai aucune naïveté » et « je vais pousser » pour que le nouveau Premier ministre forme sans délai « un gouvernement de mission » capable de « lancer des réformes » structurelles, a-t-il ajouté dans un entretien au site Brut.

La mise en œuvre de « véritables réformes », pour une meilleure gouvernance et contre la corruption endémique doit permettre au Liban de bénéficier d'un soutien international de plusieurs milliards d'euros, jusqu'à présent bloqués par l'impasse politique.

Avec les responsables libanais, « ma position est toujours la même: celle de l'exigence sans ingérence », avait martelé Emmanuel Macron dès son arrivée lundi.

Un calendrier précis

Dans un signe de la volonté des autorités à endiguer la corruption, le ministre des Finances démissionnaire Ghazi Wazni a signé mardi des contrats avec les cabinets KPMG, Oliver Wyman et Alvarez & Marsal pour l'audit juricomptable de la Banque du Liban, une demande pressante du Fonds monétaire international et de la France.

Les discussions avec les responsables politiques fait partie des points les plus sensibles de la visite d'Emmanuel Macron, notamment avec le puissant Hezbollah.

« On ne partage pas ses valeurs, mais est-ce que nous pouvons avoir un rôle utile en refusant qu'il soit autour de la table? Je pense que ce serait une erreur », a justifié Emmanuel Macron à Brut.

Au cours de sa visite menée au pas de course, le président français a également fait le point sur la distribution de l'aide internationale promise au lendemain de l'explosion au port de Beyrouth, qui a fait au moins 188 morts et plus de 6.500 blessés le 4 août.

Il s'est rendu à bord de deux navires français arrivés à Beyrouth avec des milliers de tonnes d'aide d'urgence.

« Il faut qu'on continue à mobiliser toute la communauté internationale », a-t-il promis, en annonçant son intention de réunir en octobre à Paris « une conférence internationale de soutien avec les Nations unies » pour lever de nouveaux fonds.

Il a aussi assuré que la distribution de l'aide serait mieux coordonnée et contrôlée, alors que des ONG regrettent le manque de soutien.

 « On ne libèrera pas l'argent du programme CEDRE », la conférence de soutien au Liban parrainée par Paris en 2018, « tant que ces réformes ne sont pas enclenchées sur le calendrier qui a été prévu », a-t-il prévenu.

Il a aussi évoqué le calendrier du « processus électoral » pour que « dans six à 12 mois, de nouvelles élections puissent se tenir qui permettront (...) de faire émerger une autre réalité politique si le peuple le souhaite ».

Une visite symbolique

Le président français avait appelé à la mise en place d'un « gouvernement de mission » au « plus vite » à son arrivée lundi soir au Liban.

« J'ai vu qu'un processus s'était enclenché ces dernières heures qui a permis de faire émerger une figure en tant que Premier ministre. Il ne m'appartient ni de l'approuver ni de l'adouber (...) mais de m'assurer que c'est bien un gouvernement de mission qui sera formé au plus vite pour mettre en œuvre les réformes », a déclaré M. Macron à son arrivée à l'aéroport de Beyrouth.

« Ma position est toujours la même, celle de l'exigence sans ingérence », a-t-il ajouté. 

Accompagné du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et du ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran, Emmanuel Macron a été accueilli sur le tarmac par son homologue libanais, Michel Aoun.

Sa visite avait débuté dans une dimension symbolique pour montrer que les Libanais sont « comme des frères pour les Français », comme il l'a proclamé.

Après avoir rendu visite à la diva Fairouz qui, à 85 ans, est considérée comme la plus grande chanteuse arabe vivante, il a décoré la diva de la légion d'honneur, et reçu en retour une toile offerte par Mme Fairouz. 

« C'était très beau et très fort. Je lui ai dit tout ce qu'elle représentait pour moi, d'un Liban (...) aimé et rêvé », a-t-il dit au micro d'une télévision locale à l'issue d'une visite de plus d'une heure. 

Emmanuel Macron s'est ensuite rendu dans la réserve naturelle de Jaj, au nord-est de Beyrouth.

Arborant un pins offert par une fillette dont la mère est décédée dans l'explosion, il y a planté un cèdre, l'emblème du Liban, pour célébrer le centenaire de la création de l'Etat du Grand-Liban le 1er septembre 1920 par le général français Henri Gouraud.

M. Macron a par la suite été brièvement à la rencontre d'une foule survoltée.

« Non à un gouvernement de dépannage » ou encore « Pas de cabinet par ou avec les meurtriers », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants qui l'attendaient.


Le Centre saoudien pour le dialogue organise un forum mondial pour la paix à Lisbonne

Le forum de Lisbonne constitue une étape importante dans l’engagement pris par le centre, il y a dix ans, de favoriser le changement et la paix dans le monde. (X: @KAICIID)
Le forum de Lisbonne constitue une étape importante dans l’engagement pris par le centre, il y a dix ans, de favoriser le changement et la paix dans le monde. (X: @KAICIID)
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  • À travers cette plate-forme, les personnalités politiques, intellectuelles et religieuses du monde entier pourront aborder les questions de la coexistence pacifique
  • En encourageant la coopération entre les nations, les institutions internationales et la société civile, le forum cherche à renforcer la compréhension entre les cultures et les religions

RIYAD: Le Centre international du roi Abdallah ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel organise un forum de dialogue mondial à Lisbonne, au Portugal, du 14 au 16 mai, rapporte l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cet événement, dont le thème est «Dialogue transformateur: forger des alliances pour la paix dans un monde en évolution», constitue une étape importante dans l’engagement pris par le centre, il y a dix ans, de favoriser le changement et la paix dans le monde.

Rassemblant des dirigeants influents d'institutions décisionnelles, ce forum permettra d’établir des partenariats afin de faire face aux défis complexes d’aujourd'hui, indique SPA.

À travers cette plate-forme, les personnalités politiques, intellectuelles et religieuses du monde entier pourront aborder les questions de la coexistence pacifique et du développement durable dans un contexte de transformations rapides.

Parmi les participants figurent l’ancien président français, François Hollande; le cheikh Dr Saleh ben Abdallah ben Humaid, imam de la Grande Mosquée de La Mecque; le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, archevêque de Constantinople; l’ancien Premier ministre italien, Matteo Renzi, et l’ex-président autrichien, Heinz Fischer.

Le forum, qui explore le potentiel transformateur du dialogue, vise à promouvoir les droits de l’homme, la cohésion sociale, la réconciliation et la coopération environnementale, conformément à la mission du centre, selon SPA.

En encourageant la coopération entre les nations, les institutions internationales et la société civile, le forum cherche à renforcer la compréhension entre les cultures et les religions.

Grâce à la participation de personnalités éminentes dans divers domaines, ce forum peut contribuer de manière considérable à l’élaboration de politiques et à la définition de priorités en vue de favoriser la coexistence pacifique et l’avancement de la société, souligne SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Publication du magazine Werathyat par Majarra, en partenariat avec la SSMG

Les deux organisations collaboreront à la publication d’autres contenus arabes de haute qualité sur la génétique. (Photo fournie)
Les deux organisations collaboreront à la publication d’autres contenus arabes de haute qualité sur la génétique. (Photo fournie)
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  • Le magazine met également en avant les nouvelles initiatives et les responsabilités sociales de la SSMG
  • Il vise à promouvoir la culture génétique et à réduire la prévalence des maladies génétiques dans les sociétés arabes

DUBAÏ: Le fournisseur de contenu numérique arabe Majarra a signé un accord avec la Société saoudienne de génétique médicale (SSMG) afin de publier du contenu arabe qui favorise le partage des connaissances dans le domaine de la génétique.

Dans le cadre de cet accord, Majarra publiera la revue trimestrielle de la SSMG, Werathyat, qui sensibilise et dispense une éducation sur les maladies génétiques et les progrès dans ce domaine.

Le magazine met également en avant les nouvelles initiatives et les responsabilités sociales de la SSMG dans le but de promouvoir la culture génétique et de réduire la prévalence des maladies génétiques dans les sociétés arabes, précisent les sociétés dans un communiqué.

En outre, les deux organisations collaboreront à la publication d’autres contenus arabes de haute qualité sur la consultation génétique afin de sensibiliser la communauté aux maladies génétiques, de rectifier les idées fausses à ce sujet et de fournir un soutien psychologique et cognitif aux personnes touchées par ces maladies.

Le partenariat joue un rôle clé en mettant en valeur les efforts de la SSMG «pour fournir des soins de santé, un soutien social et des services éducatifs aux personnes atteintes de maladies génétiques et à leurs familles». Par ailleurs, il «facilite la sensibilisation et l’orientation génétique à travers les projets et programmes innovants mis en œuvre par notre société», déclare le porte-parole de la SSMG, le professeur Zouhair ben Abdallah Rahbini.

Pour Majarra, l’accord «est conforme à notre mission qui consiste à fournir le meilleur contenu arabe sur Internet». La société travaillera avec la SSMG «pour mener à bien sa mission: développer la pratique médicale de la génétique, enrichir la recherche scientifique et renforcer le niveau de sensibilisation à la santé dans nos sociétés arabes», souligne Dia Haykal, directrice des partenariats et des stratégies de marque chez Majarra.

Werathyat sera disponible par abonnement sur l’application mobile Majarra. La SSMG fournira des abonnements Majarra à tous ses membres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères appelle à nouveau la BBC à qualifier le Hamas de «terroriste»

Certains experts et politiciens accusent la chaîne de ne pas vouloir décrire le groupe islamiste de manière exacte. (Photo, Getty)
Certains experts et politiciens accusent la chaîne de ne pas vouloir décrire le groupe islamiste de manière exacte. (Photo, Getty)
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  • David Cameron estime que la BBC devrait «se demander à nouveau» comment elle devrait qualifier le Hamas après la mort d’un otage israélo-britannique
  • La BBC défend sa position éditoriale, invoquant ses craintes en matière d'impartialité

LONDRES: Le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, David Cameron, a à nouveau appelé la BBC à désigner le Hamas comme une organisation terroriste à la suite de la mort d’un otage israélo-britannique.

Le radiodiffuseur national maintient une position claire depuis le début du conflit, désignant les membres du groupe comme des «combattants», des «militants» et qualifiant le groupe d’«organisation terroriste interdite» dans ses reportages.

Cette décision a suscité un débat national, certains experts et politiciens accusant la chaîne de ne pas vouloir décrire le groupe, qui détient des otages israéliens, de manière exacte.

Dimanche, dans une interview accordée à Laura Kuenssberg de la BBC, M. Cameron a exhorté la BBC à repenser la manière dont elle qualifie le Hamas et à revoir sa politique éditoriale.

«Comme tout le monde, j’ai regardé, hier soir, la vidéo publiée par le Hamas sur X, dans laquelle Nadav Popplewell répond à une question sur son identité. Lorsque j’ai regardé la vidéo, je me suis dit que ces gens étaient vraiment insensibles et qu’ils jouaient avec les émotions de la famille de cette façon», déclare le secrétaire d’État.

«Quand on voit ce que les membres du Hamas sont prêts à faire, on se rend compte que nous avons affaire à des gens terribles, épouvantables et inhumains», ajoute-t-il.

«Il serait peut-être temps pour la BBC de se demander à nouveau si elle doit qualifier ces personnes de “terroristes”. Ce sont des terroristes.»

La BBC a résisté aux appels du gouvernement à considérer le Hamas comme une organisation terroriste, craignant que cela ne compromette son impartialité dans le conflit.

En octobre, Deborah Turness, PDG de BBC News, a expliqué la décision de la chaîne de ne qualifier aucun groupe de «terroriste», soulignant que cette terminologie est souvent politisée et utilisée comme arme dans les conflits.

Le Hamas a annoncé samedi que M. Popplewell avait succombé à ses blessures, subies lors d’une frappe aérienne israélienne un mois plus tôt, et il a publié une vidéo dans laquelle il apparaissait avec un œil au beurre noir et fournissait des informations personnelles.

Nadav Popplewell et sa mère ont été enlevés du domicile de cette dernière, situé dans le kibboutz de Nirim, lors de l’incursion du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, selon le Forum israélien des otages et des familles disparues. Le frère de M. Popplewell a été tué, tandis que sa mère a été libérée lors d’un cessez-le-feu temporaire en novembre.

David Cameron a précisé qu’aucune nouvelle information n’avait été communiquée sur la mort de Nadav Popplewell et que le ministère des Affaires étrangères continuait d’enquêter sur la situation.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com