Malgré la Covid-19, l’année 2020 est une très bonne année pour le foie gras

Le foie gras aura gagné 1,2 million d’acheteurs supplémentaires en 2020 par rapport à 2019, les produits s’écoulant principalement en hyper et supermarchés, établissements restés ouverts pendant les différents confinements au titre de commerces essentiels. (AFP).
Le foie gras aura gagné 1,2 million d’acheteurs supplémentaires en 2020 par rapport à 2019, les produits s’écoulant principalement en hyper et supermarchés, établissements restés ouverts pendant les différents confinements au titre de commerces essentiels. (AFP).
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Malgré la Covid-19, l’année 2020 est une très bonne année pour le foie gras

  • Faute de pouvoir être écoulés, les stocks de conserve deviennent «hallucinants» au mois d’octobre 2020
  • Malgré tout, le foie gras et le magret, valeurs refuge et incontournables des fêtes de fin d’année, n’ont pas été boudés par les consommateurs

TAURINES (France): Alors que la France vient de lever les dernières restrictions mises en place pour endiguer la pandémie, Kevin Hantz tire le bilan de cette année pas comme les autres dans sa ferme du Camp Grand, située dans l’Aveyron.

Le jeune homme a repris la ferme en 2018 alors que ses exploitants, Édith et Patrick Gaubert, approchaient de l’âge de la retraite. Lorsqu’elle avait pris la suite de l’exploitation familiale, en 1985, Édith Gaubert avait introduit la production traditionnelle de canards gras avec vente directe.

foie gras
Le foie gras, un produit phare de la gastronomie française. (AFP).

Kevin Hantz s’est naturellement inscrit dans la démarche de ses prédécesseurs, mais il a réduit le nombre de canards gras élevés à 1 500 par an, et à 1 500 pour les canettes à rôtir. Toutefois, avec le confinement, le jeune homme n’a pas pu vendre ses foies gras, cous farcis, confits, pâtés, et autres magrets en vente direct: en effet, il n’y avait plus de visites à la ferme ni de marchés hebdomadaires dans les villages avoisinants. Ils ont été annulés afin d’éviter toute contamination à la Covid.

«Au début, je n’étais pas mécontent de ces vacances imposées», se rappelle aujourd’hui le jeune producteur, qui tablait à l’époque sur une reprise rapide de l’activité, estimant que le gouvernement «ne pouvait pas bloquer l’économie comme ça». Mais les mois passent et la situation s’éternise. Les marchés nocturnes, qui émaillent d’habitude les soirées estivales, sont ainsi annulés les uns après les autres, à quelques exceptions près.

À la ferme, les canards poursuivent leur croissance et Kevin Hantz le gavage et l’abattage. Faute de pouvoir être écoulés, les stocks de conserve deviennent «hallucinants» au mois d’octobre 2020. «Si, en décembre, les marchés de Noël sont toujours annulés, ce sera le pire scénario catastrophe. J’aurai vraiment des problèmes économiques,» explique le jeune exploitant. Ses pires prédictions se réalisent avec l’annulation des marchés de Noël.

foie gras
Kevin Hantz devant ses canards de Barbarie à la ferme du Camp Grand. Photo Anne Ilcinkas.

Mais, contre toute attente, et sans qu’il n’ait fait aucune publicité ni campagne marketing, de nombreux clients passent commande. «J’ai fait un peu plus de deux fois le nombre d’expéditions que les années précédentes», se réjouit Kevin Hantz, qui loue finalement «une très bonne année, au niveau commercial, avec 30% de ventes en plus». Les commandes sont plus nombreuses, mais aussi plus importantes en termes de volume.

C’est également le cas pour l’ensemble de la filière foie gras, l’année 2020 s’achevant sur un bilan meilleur que prévu. On pouvait pourtant craindre le pire, car à la crise du coronavirus s’est ajoutée celle de la grippe aviaire H5N8, qui a principalement touché les élevages du sud-ouest de la France à la fin de l’année 2020 avec environ 6,7 millions de canards perdus pour la production française de foie gras, selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).

Malgré tout, le foie gras et le magret, valeurs refuge et incontournables des fêtes de fin d’année, n’ont pas été boudés par les consommateurs. Le foie gras aura gagné 1,2 million d’acheteurs supplémentaires en 2020 par rapport à 2019, les produits s’écoulant principalement en hyper et supermarchés, établissements restés ouverts pendant les différents confinements au titre de commerces essentiels.

C’est d’ailleurs un constat un peu amer que dresse Kevin Hantz, qui est retourné dans les marchés hebdomadaires de sa région: «On a davantage d’exposants que de clients sur les marchés. On penserait que ce serait l’inverse, mais les gens ont pris l’habitude de faire des drives dans les hypermarchés, une habitude qui s’installera peut-être dans la durée. L’avenir nous le dira», confie le jeune homme.

Le jeune producteur constate également que l’afflux de commandes ne s’est pas tari, alors que, habituellement, elles se concentrent sur la fin d’année, pendant la période des fêtes. Une tendance également observée par la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), qui a enregistré «de gros changements d'habitudes pendant les confinements» décrétés en France pour lutter contre les vagues successives de l'épidémie de Covid-19.

Ainsi, 29,1 milliards d'euros ont été dépensés sur Internet au cours des trois premiers mois de l'année 2021 selon la Fevad, soit 14,8% de plus que lors de la même période en 2020, marquée par le début du premier confinement au mois de mars. Il y a eu notamment une progression de la consommation des produits alimentaires «dans tous les pays d'Europe». «Je pense qu'on a franchi une étape qui risque d'être durable», estime ainsi François Momboisse, le président de la Fevad.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.


Des socialistes au RN, Lecornu reçoit ses opposants avant une grande journée d'action

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025.  (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu entame une série de réunions avec les oppositions avant une grande journée de mobilisation, dans un climat tendu marqué par les revendications sociales et les divergences sur le plan de redressement budgétaire

PARIS: Sébastien Lecornu reçoit mercredi ses opposants politiques, à la veille d'une journée importante de mobilisation sociale, sans grande marge de manœuvre pour discuter, au vu des lignes rouges qu'ils posent et des menaces de censure.

Tous les dirigeants de gauche - à l'exception de La France insoumise qui a refusé l'invitation -  ainsi que ceux du Rassemblement national vont défiler dans le bureau du nouveau Premier ministre, à commencer par les socialistes à 09H30.

Sébastien Lecornu a déjà échangé la semaine dernière avec les responsables du "socle commun" de la droite et du centre, ainsi que les syndicats et le patronat.

"Le premier qui doit bouger, c'est le gouvernement", a estimé pour sa part le président du groupe des députés Liot Laurent Panifous, reçu mardi, ajoutant que "le sujet des retraites ne peut pas être renvoyé uniquement à 2027".

François Bayrou avait obtenu la mansuétude du PS sur le budget 2025 en ouvrant un "conclave" sur la réforme des retraites, qui s'est soldé par un échec. Puis il a présenté à la mi-juillet un sévère plan de redressement des finances publiques qui a fait hurler toutes les oppositions.

Mercredi, "ça va être un round d'observation. La veille des grosses manifs, on sera dur, exigeant. Ce qui se joue ce n'est pas au premier chef un sujet budgétaire", mais un "sujet démocratique" car ce sont les "battus qui gouvernent", anticipe un responsable socialiste.

- Gestes -

Ces entretiens ont lieu sous la pression de la rue, alors qu'une mobilisation massive est attendue jeudi, de l'ordre de celles contre la réforme des retraites en 2023. Les syndicats contestent notamment les mesures budgétaires "brutales" de François Bayrou.

Avant d'entamer les discussions, Sébastien Lecornu a fait plusieurs gestes en direction de la gauche et de l'opinion: retrait de la proposition impopulaire de supprimer deux jours fériés, et promesse de ne pas rouvrir le conclave sur les retraites.

Il a aussi consacré son premier déplacement samedi à l'accès aux soins, avant d'annoncer la suppression très symbolique, dès l'an prochain, des avantages restants octroyés aux ex-Premiers ministres.

Les socialistes ont eux posé leurs conditions dès dimanche face aux offres appuyées de dialogue du Premier ministre.

Ils considèrent que le plan Bayrou "ne doit pas servir de base de discussion", alors que Sébastien Lecornu a l'intention d'en faire un point de départ, puis de mettre les parlementaires devant leur responsabilité pour l'amender.

- "Rupture" -

Mercredi, les socialistes viendront avec en main un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

Parmi elles, la création d'une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros - la fameuse taxe Zucman, qui enflamme ce débat budgétaire - à laquelle 86% des sondés sont favorables, dont 92% des sympathisants Renaissance et 89% des sympathisants LR.

Le Premier ministre a cependant déjà fermé la porte à cette taxe, tout en reconnaissant que se posaient "des questions de justice fiscale".

La taxe Zucman, "c'est une connerie, mais ils vont la faire quand même parce que ça permet d'obtenir un accord de non-censure" avec la gauche, a de son côté prédit mardi Marine Le Pen, sans pour autant fermer la porte à une mise à contribution des plus fortunés.

"Si la rupture consiste à un retour aux sources socialistes du macronisme, c'est contraire à l'aspiration majoritaire du pays", a également mis en garde la cheffe des députés RN, attendue à 16H00 à Matignon avec Jordan Bardella.

Un avertissement auquel le patron des députés LR Laurent Wauquiez a fait écho mardi en dénonçant "la pression du PS", craignant qu'il "n'y ait plus rien sur l'immigration, la sécurité ou l'assistanat" dans le budget.

Autre point au cœur des discussions, le niveau de freinage des dépenses. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a appelé dimanche à chercher un accord autour "de 35 à 36 milliards" d'euros d'économies, soit moins que les 44 milliards initialement prévus par François Bayrou, mais plus que les 21,7 milliards du PS.

"Les socialistes donnent l'air d'être déterminés et de poser des conditions mais c'est un moyen de rentrer dans les négociations", estime Manuel Bompard, coordinateur de LFI, grinçant sur la politique des "petits pas" du PS, au détriment des "grands soirs".