Le scepticisme des Libanais : «Emmanuel Macron n’est pas venu pour nous»

Juché sur la statue des Martyrs, qui surplombe la place du même nom, ce manifestant hisse un drapeau libanais de couleur noire, en signe de deuil. (Photo AFP).
Juché sur la statue des Martyrs, qui surplombe la place du même nom, ce manifestant hisse un drapeau libanais de couleur noire, en signe de deuil. (Photo AFP).
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Publié le Mercredi 02 septembre 2020

Le scepticisme des Libanais : «Emmanuel Macron n’est pas venu pour nous»

  • "Nous voulons d’autres dirigeants. Il est grand temps que ceux qui sont actuellement au pouvoir partent "
  • "Emmanuel Macron a été plus sensible avec nous que tous nos dirigeants. Il est venu chez nous, il s’est enquis des blessés, il s’est promené dans les quartiers sinistrés. Il est descendu dans la rue. Les nôtres ne feront pas ça. Ils ont peur"

BEYROUTH: « Emmanuel Macron n’est pas venu pour nous. Il est au Liban pour servir les intérêts de son propre pays. On le comprendra plus tard », s’écrie Roula, la cinquantaine, les cheveux bruns et portant un masque aux couleurs du drapeau libanais. Roula habite Achrafieh et elle était parmi les personnes venues manifester mardi après-midi au centre-ville de Beyrouth. « Je suis venue pour appeler à la construction d’un nouveau Liban », dit-elle.

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"Vous avez anéanti mes rêves" peut-on lire sur cette pancarte brandie par un manifestant. (Photo AFP).

L’un des thèmes de la manifestation du mardi 1er septembre était celui de la renaissance d’un pays qui fêtait ce jour-là son 100e anniversaire. « Nous voulons d’autres dirigeants. Il est grand temps que ceux qui sont actuellement au pouvoir partent », ajoute-t-elle. De nombreux courants d’opposition avaient appelé à une manifestation mardi après-midi au centre-ville de Beyrouth pour marquer le centenaire du Grand-Liban, mais l’appel a mobilisé peu de personnes.

De nombreux courants d’opposition avaient appelé à une manifestation mardi après-midi au centre-ville de Beyrouth pour marquer le centenaire du Grand-Liban, mais l’appel a mobilisé peu de personnes.

Ils étaient donc seulement quelques centaines à se rassembler au centre-ville de Beyrouth ce mardi après-midi alors que le président français effectuait sa deuxième visite au Liban en l’espace d’un mois.

Place des Martyrs, Nada est adossée à un mur. La quarantaine, elle porte sur le visage et sur les bras les cicatrices des blessures de l’explosion du mois dernier. Cette habitante de Gemmayzé, un quartier lourdement touché par la double explosion du 4 août dernier raconte : « J’étais à la maison au moment de l’explosion. Tout a sauté chez moi. Je suis là parce que je tiens au Liban, un pays convivial où toutes les communautés religieuses vivent en paix. Et je ne veux aucune ingérence dans nos affaires, qu’elle vienne de l’Occident ou de l’Iran. »

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Malgré l’engouement populaire des Libanais pour la personnalité du président français Emmanuel Macron, sa visite au Liban a laissé sceptique nombres de Libanais. (Photo AFP).

Sa sœur Joumana, portant une croix de diamant autour du cou, lui coupe la parole et dit : « Une ingérence française serait la bienvenue. Emmanuel Macron a été plus sensible avec nous que tous nos dirigeants. Il est venu chez nous, il s’est enquis des blessés, il s’est promené dans les quartiers sinistrés. Il est descendu dans la rue. Les nôtres ne feront pas ça. Ils ont peur d’être piétinés par leur propre peuple. J’aime la France et je soutiens tout ce qu’elle fait pour le Liban. »

Déception

En moins d’un mois, à l’issue de la double explosion dans le port de Beyrouth, le président français, Emmanuel Macron, a rendu deux fois visite au Liban, appelant les dirigeants à engager des réformes.

Venu de Jisr el-Bacha, dans la banlieue est de Beyrouth, avec ses deux filles, Charbel est déçu de voir la place des Martyrs vide. « C’est dommage. Les Libanais sont las et fatigués. Ils appellent au changement, mais rien n’est en passe d’aboutir. Au contraire, nous sombrons de plus en plus en plus dans la pauvreté », dit-il.

Selon les derniers chiffres des Nations unies, 55 % des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté. 

Un peu plus loin, le quartier de Gemmayzé est meurtri par la double explosion. De nombreux immeubles ont perdu leurs élégantes façades Mandaloun, nom donné aux trois arcades typiques des maisons libanaises à la fin du XIXe siècle.

Au cœur de Gemmayzé, la rue Gouraud porte le nom du général qui a proclamé il y a cent ans, depuis la capitale libanaise, la création du Grand-Liban. Avant le 4 août dernier, cette rue grouillait de monde de jour comme de nuit.

Au cœur de Gemmayzé, la rue Gouraud porte le nom du général qui a proclamé il y a cent ans, depuis la capitale libanaise, la création du Grand-Liban. Avant le 4 août dernier, cette rue grouillait de monde de jour comme de nuit.

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La dévastation dans la rue Gouraud prend à la gorge. (Photo AFP).

Mais après la double explosion, une fois les rues déblayées et les volontaires partis, la rue Gouraud, comme d’autres lourdement endommagées, fait peine à voir.

A quand le vrai changement ?

Les lieux sont quasi déserts. Des deux côtés de la rue, les immeubles ont été ravagés par l’explosion. De nombreuses personnes, dont les maisons ne sont plus habitables, sont partis vivre en banlieue alors que les fonds de commerces ont fermé leurs portes.

Une épicerie, non loin des escaliers Saint-Nicolas, a ouvert ses portes, pour le peu d’habitants et les quelques passants qui restent. Jean, le propriétaire, était sur les lieux au moment de l’explosion, alors que sa femme, Thérèse, et leurs deux enfants se trouvaient à la maison, située à une centaine de mètres plus loin. Tout a été détruit.

« Pour l’épicerie, j’ai tout de suite restauré en remplaçant les escaliers en bois et les étagères. À la maison en revanche, tout est encore à faire », dit-il. Son épouse note que « pour la vitrine de l’épicerie, c’est un homme que nous ne connaissons pas qui est passé dans le quartier après l’explosion. Il nous a proposé son aide et nous lui avons demandé de nous payer la vitrine. C’est ce qu’il a fait. C’est un Libanais qui travaille en Afrique. Il était en vacances au Liban. »

"Mais combien de temps faut-il encore pour les vrais changements ? », se demande Jean

Jean se dit « content » de la visite d’Emmanuel Macron. « Cela veut dire que la communauté internationale n’a pas encore lâché le Liban. Cela pourrait avoir des répercussions positives sur la situation du pays. Mais combien de temps faut-il encore pour les vrais changements ? », demande-t-il.

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Très peu de Libanais ont manifesté mardi. (Photo AFP).

À l’instar de nombreux Libanais, Jean et son épouse sont à bout. « Si les Libanais ne manifestent plus, c’est parce qu’ils ont perdu espoir. Ils ont tout simplement baissé les bras. J’aimerais bien que le pays et la ville soient reconstruits. Mais je n’y crois pas trop. Je suis vraiment fatigué. Mon seul rêve est de quitter le pays avec mes enfants, pour un endroit où je pourrai leur assurer un nouvel avenir et où nous vivrons dans la dignité et la liberté », souligne-t-il.

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Bombes lacrymogènes pour disperser les rares manifestants qui se sont rendus au centre-ville de Beyrouth. (Photo AFP).

Quelques heures plus tard, les forces de l’ordre tiraient des salves de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants.


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".