Quatre candidats s'élancent pour une primaire écologiste indécise

De gauche à droite: Eric Piolle, Delphine Batho, Sandrine Rousseau et Yannick Jadot, à Paris le 12 juillet 2021 - AFP
De gauche à droite: Eric Piolle, Delphine Batho, Sandrine Rousseau et Yannick Jadot, à Paris le 12 juillet 2021 - AFP
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Publié le Mardi 13 juillet 2021

Quatre candidats s'élancent pour une primaire écologiste indécise

  • La famille écologiste organisait une conférence de presse à la brasserie L'Européen, à Paris, afin de présenter les quatre candidats ayant reçu les 28 soutiens nécessaires, sur 219 parrains et marraines répartis entre les cinq organisations
  • Alors que l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon est déjà candidat à la présidentielle de 2022 et que la maire PS de Paris Anne Hidalgo, qui rassemble ses soutiens lundi, a écarté l'idée d'une primaire socialiste, les écologistes ont vanté leur choix

PARIS : La députée Delphine Batho, l'eurodéputé Yannick Jadot, le maire de Grenoble Eric Piolle et l'ancienne numéro 2 d'EELV Sandrine Rousseau se sont officiellement élancés lundi dans la bataille indécise de la primaire écologiste de septembre.

La famille écologiste organisait une conférence de presse à la brasserie L'Européen, à Paris, afin de présenter les quatre candidats ayant reçu les 28 soutiens nécessaires, sur 219 parrains et marraines répartis entre les cinq organisations (EELV, Générations, Mouvement des progressistes, Génération écologie, Alliance écologiste indépendante).

Dans une ambiance tiède, sous une lumière tamisée et entre des murs tapissés de miroirs, l'une des organisatrices, Hélène Hardy, a estimé que la primaire, dont le premier tour aura lieu du 16 au 19 septembre et le second du 25 au 28 septembre, serait "l'événement de la rentrée". Deux débats publics minimum en constitueront les temps forts.

Alors que l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon est déjà candidat à la présidentielle de 2022 et que la maire PS de Paris Anne Hidalgo, qui rassemble ses soutiens à Villeurbanne lundi, a écarté l'idée d'une primaire socialiste, les écologistes ont vanté leur choix. "Nous sommes les seuls à être clairs pour la présidentielle, avec un processus transparent, ouvert, démocratique, pour que tout le monde puisse s'y retrouver", a déclaré Hélène Hardy.

Les écologistes ont cependant à relever le défi de la participation à une primaire circonscrite à l'été. Eric Piolle a d'ailleurs reconnu que le chiffre de deux millions de votants, atteint par le Parti socialiste en 2017, était difficilement atteignable avec l'option du vote numérique, le parti n'ayant par ailleurs pas "la force (financière et militante) d'organiser un vote physique".

"Loyauté"

Au-delà de leurs différences, les quatre concurrents étaient donc là lundi matin "pour tous ensemble appeler les Français à s'inscrire massivement afin de donner à l'écologie l'élan dont elle a besoin pour gagner l'élection présidentielle", a lancé Delphine Batho.

Les sondages ne placent aucun des candidats de gauche testés par les études en position de se qualifier au second tour de la présidentielle ? La primaire aura pour mission de dire que "non, la gauche écologiste n'est pas morte" et "tout ne se joue pas dans l'isoloir en avril 2022 entre Macron et Le Pen", a argué Sandrine Rousseau.

Les quatre candidats, assis côte à côte lundi, n'ont donc pas même sorti des fleurets mouchetés. Sandrine Rousseau a tout de même fait valoir sa différence: "Economiste, enseignante, féministe, je porte une écologie pour tous, qui incarne les mouvements sociaux et sociétaux".

Déclarée dès l'automne dernier, l'ancienne secrétaire nationale adjointe d'EELV, qui avait quitté la vie politique après les accusations d'agressions sexuelles qu'elle avait formulées, avec d'autres femmes, contre le sénateur Denis Baupin, espère bousculer le duel annoncé entre Yannick Jadot et Eric Piolle.

L'eurodéputé et ex-tête de liste aux européennes réussies de 2019 jouit de la notoriété la plus grande selon les sondages, traçant le sillon d'une écologie s'assurant le concours des entrepreneurs. Eric Piolle, lui, compte sur l'expérience du rassemblement victorieux par deux fois qu'il a opéré à Grenoble avec toutes les forces de gauche, qu'il nomme "arc humaniste".

Insistant sur la dimension sociale, il a aussi pris soin de ne pas passer seulement pour le candidat chouchou des militants de toujours: "Je n'ai jamais mis les pieds à un conseil fédéral d'EELV, jamais signé une motion de ma vie". 

Yannick Jadot a pris la trajectoire inverse ces derniers mois: parfois critiqué pour sa distance avec l'identité du parti et de la gauche, il a organisé une réunion des gauches en avril, ou encore participé au conseil fédéral d'EELV samedi. "La famille écologiste est unie, ça ne fait aucun doute et je suis fier d'en faire partie", a-t-il assuré, évoquant "sa loyauté depuis 1999".

Quant à Delphine Batho, tenante de la "décroissance", elle a espéré que la primaire ne soit pas dans les faits "réservée aux adhérents des partis", consciente que la base militante d'EELV ou encore de Générations ne sera pas prioritairement portée sur elle, ancienne socialiste qui ne veut pas d'alliances à gauche.

par Baptiste BECQUART


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."


Darmanin veut mettre les victimes «au centre» du système judiciaire

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI. (AFP)
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  • "Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat"
  • "Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme"

PARIS: Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé mardi soir avoir donné instruction de placer les "victimes au centre" du système judiciaire et précisé son projet de loi prévoyant une "peine minimum" d'un an de prison pour toute agression d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Les victimes sont les grands oubliés de l'action publique", a déclaré le ministre de la Justice dans un entretien diffusé mardi soir sur LCI.

Gérald Darmanin a assuré avoir pris une instruction ministérielle qui prendra effet "lundi prochain", exigeant que toute victime puisse être "reçue à (sa) demande" par les instances judiciaires ou encore qu'une notification lui soit adressée pour la prévenir "quand (son) agresseur sort de prison".

"Il est normal, si vous êtes victime de viol (...) que vous puissiez savoir quand la personne va sortir de prison", a illustré le garde des Sceaux.

"On va changer totalement le paradigme du ministère de la Justice. Au lieu de mettre l'accusé au centre, nous allons mettre la victime au centre", a encore souligné M. Darmanin.

Il a également précisé les contours d'un projet de loi pour instaurer une "peine minimum" d'un an de prison pour tout agresseur d'une personne dépositaire de l'autorité publique.

"Il y aura un tarif minimum, pour parler très populaire, d'un an de prison ferme pour tous ceux qui ont agressé physiquement un policier, un gendarme, un élu local (...) un magistrat, quelqu'un qui représente l'autorité de l'Etat", a-t-il affirmé.

"Aujourd'hui, le minimal, c'est zéro. Demain, le minimal ce sera, sans récidive, au premier fait, un an de prison ferme", a-t-il insisté, espérant une entrée en vigueur en "début d'année prochaine" après un vote au Parlement.

Gérald Darmanin veut aussi légiférer pour qu'une peine de sursis ne puisse être prononcée qu'une seule fois avant le prononcé d'une peine de prison ferme, pour lutter contre les multirécidivistes.

"Les gens auront un seul sursis. Et puis s'ils en ont un deuxième, c'est directement la case prison ou c'est directement l'application de la peine de sursis, par exemple le travail d'intérêt général", a-t-il prôné lors de cet entretien donné après le discours de politique générale de Sébastien Lecornu.

"Si nous ne corrigeons pas nos excès, si nous ne faisons pas preuve d'humilité, si nous ne disons pas que nous nous sommes trompés (...), je crois que nous courons le grand danger d'être éliminés totalement de la vie politique française et de laisser aux Français le choix entre l'extrême droite et l'extrême gauche" lors de la présidentielle de 2027, a-t-il ajouté.