France: des rêves à la réalité pour la ville écolo de Lyon

Dans cette photo d'archive , un client conduit un nouveau vélo «VeloV» à louer à Villeurbanne près de Lyon, dans le sud-est de la France . Lyon, troisième ville de France, est l'une des premières métropoles vertes d'Europe(AFP)
Dans cette photo d'archive , un client conduit un nouveau vélo «VeloV» à louer à Villeurbanne près de Lyon, dans le sud-est de la France . Lyon, troisième ville de France, est l'une des premières métropoles vertes d'Europe(AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 07 juillet 2021

France: des rêves à la réalité pour la ville écolo de Lyon

  • Un an après, cette cité industrielle de quelque 520 000 habitants (1,4 million dans l'agglomération), point de passage vers le sud de la France et l'est de l'Europe, vit quelques changements et beaucoup de casse-têtes
  • Les compteurs y ont recensé plus de 15,7 millions de passages de cyclistes entre le 1er janvier et le 15 juin, contre 11,6 millions sur la même période en 2019

LYON :En juin 2020, Lyon, troisième ville de France, devenait l'une des principales métropoles écologistes d'Europe. Forêts urbaines, cantines entièrement bio, végétalisation des quartiers, ville "100% marchable et cyclable": les rêves étaient grands.

La ville "ne doit plus être un poids pour la planète", lançait le nouveau maire de Lyon (centre-est) Grégory Doucet, novice en politique de 47 ans élu parmi d'autres écologistes à la tête de grandes villes (comme Bordeaux dans le sud-ouest ou Strasbourg à l'est) lors d'une vague verte inédite.

Un an après, cette cité industrielle de quelque 520 000 habitants (1,4 million dans l'agglomération), point de passage vers le sud de la France et l'est de l'Europe, vit quelques changements et beaucoup de casse-têtes.

Les premiers pas ont été électriques et les procès en idéologie récurrents. Taxer le sacro-saint Tour de France cycliste de "machiste et polluant" est mal passé.

Tout comme l'annonce en février du retrait de la viande des menus scolaires, pour raisons sanitaires. La mesure, temporaire, a provoqué colère de l'opposition, manifestations d'agriculteurs, polémique au sein du gouvernement. Quelques semaines plus tard la viande était réintroduite.

Mais de nombreux chantiers ont été lancés - dont des forêts urbaines pas encore sorties de terre - et "l'état d'urgence climatique" a été décrété avec un tiers des investissements d'ici la fin du mandat en 2026 consacrés à la transition écologique.

Comment une grande métropole européenne se verdit-elle ? Pour mesurer ambitions et difficultés, le bureau de Lyon de l'AFP s'est penché sur trois domaines d'action.

Les cantines, laboratoire du «mieux manger»

Des menus "100% bio et 50% local" : c'est l'objectif affiché pour 2026. Reste qu'à l'échelle d'une ville comme Lyon, où plus de trois millions de repas scolaires sont servis annuellement, cela ne se fait pas comme ça.

Pour renouveler en 2022 le gestionnaire de la cuisine centrale des cantines, un appel d'offres a été lancé fin avril. Il doit répondre à ce cahier des charges, bras armé des ambitions écologistes. Qui se heurtent d'emblée à une réalité: dans le département du Rhône, seules 10% des exploitations sont en bio, selon la Chambre d'agriculture, comme dans les départements voisins de la Loire ou de l'Isère. Il a fallu revoir à la baisse.

"On a précisément la volonté politique de transformer la filière", explique le conseiller délégué à l'alimentation locale Gautier Chapuis. "On veut créer une dynamique de conversion", abonde l'adjointe à l'Éducation, Stéphanie Léger.

La ferme bio du Val Fleury, à l'ouest de la ville, coche déjà toutes les cases.

Avec une trentaine de vaches, l'éleveur Adrien Mazet produit 200.000 litres de lait par an, dont la moitié sert à produire des yaourts et crèmes dessert servis aux petits Lyonnais, via une coopérative.

En ce jeudi de mai, jour de visite pour l'AFP, la conditionneuse tourne sans relâche pour préparer 27.000 pots à la vanille. Par un simple tuyau, la traite matinale alimente directement la machine à yaourts : "On peut difficilement faire moins en termes d'empreinte carbone", s'amuse le trentenaire.

Ce "signal fort" de la mairie sur le bio va, espère-t-il, "susciter des vocations car on renouvelle péniblement une exploitation sur trois dans la région".

Jadis, les collines environnantes ne manquaient ni d'agriculteurs ni de petites unités de production, avant que l'industrie alimentaire et la grande distribution imposent un autre modèle.

Récemment, dans les environs, Adrien Mazet a créé une fromagerie, un atelier de transformation de fruits a vu le jour et une légumerie-conserverie est en projet. Une renaissance ?

Pour conjuguer bio et local en quantité significative, "il faut avoir les outils adaptés" à proximité, souligne l'éleveur partisan d'une agriculture "paysanne", "à taille humaine", destinée à faire vivre le territoire qui l'entoure.

Actuellement, les omelettes de la cantine arrivent toutes prêtes de Bretagne (nord-ouest), qui concentre les ateliers de transformation, et la casserie la plus proche pour se fournir en oeufs liquides est à plus de 100 km...

Ruser

À Rillieux-la-Pape, au nord de Lyon, la cuisine centrale prépare les 28 000 repas servis en moyenne, quatre jours par semaine, dans les écoles.

Ce jour de juin, c'est poisson-purée. Près de six tonnes de pommes de terre, produites à trois km de là, ont été livrées pour être mécaniquement épluchées, désinfectées, rincées ; avant d'être cuites, écrasées, mélangées au lait dans des marmites de 250 kg.

Trouver localement de la patate ou de la carotte bio, en quantités suffisantes, est possible en développant les cultures maraîchères ou de plein champ chez des éleveurs en quête de diversification. Mais pour des cultures plus techniques comme le concombre ou la tomate, c'est compliqué.

Les contraintes sont nombreuses: saisonnalité des produits, aléas climatiques, calibrages. Et surtout, une réglementation qui interdit le critère du local dans les appels d'offres...

Les écologistes contournent l'obstacle en rusant.

Par exemple, pour le poulet, ils demandent au futur prestataire de proposer différents morceaux (émincés, blancs, etc.) et non plus seulement des cuisses. Cela permettra à des producteurs plus petits, des environs, de proposer leur viande, alors que seuls de gros opérateurs, plus lointains, peuvent fournir 30 000 cuisses d'un coup.

Reste que sur le papier, la mairie n'exige que 75% de bio et non les 100% promis durant la campagne, regrette l'Association des producteurs bio du Rhône et de la Loire (Ardab).

Confrontés au principe de réalité, les élus admettent qu'ils "ne mesuraient pas toutes les contraintes" et craignaient de se retrouver le bec dans l'eau en en demandant trop.

La voiture dans le collimateur des Verts

Chaque matin, Karine Arditti, professeure d’histoire-géographie de 44 ans, enfourche son vélo-cargo, conduit sa fille de cinq ans à l'école avant de poursuivre sa route vers un lycée de Villeurbanne, limitrophe de Lyon.

Les conditions de circulation s'améliorent, note-t-elle, notamment grâce aux "coronapistes", ces voies cyclables qui ont fleuri à la faveur des confinements. "Les relations sont plus apaisées avec les automobilistes."

"Apaiser la voirie": c'est le leitmotiv des écologistes à Lyon. En clair: moins de voitures, plus de piétons, de vélos et de transports en commun, "une ville 100% cyclable et marchable." Pas si simple.

L’objectif est de passer de 1000 à 2000 km de pistes sur le mandat dans les 59 communes de l'agglomération. A la faveur de la crise sanitaire, 33 km d’aménagements cyclables ont été pérennisés, soit plus 10% de voies en moins d’un an.

Les compteurs y ont recensé plus de 15,7 millions de passages de cyclistes entre le 1er janvier et le 15 juin, contre 11,6 millions sur la même période en 2019.

"Les ventes de vélo ont explosé, les marchands sont en manque de stock", confirme Frédérique Bienvenue, co-présidente de l'association La Ville à Vélo.

Un projet phare de Réseau express vélo (REV), vient d'être lancé, 250 km de pistes à créer ou aménager d'ici 2026 pour relier les communes de l'agglomération à la ville-centre.

Pourtant, les pro-vélo restent frustrés. "Au bout d’un an on en est encore à des réunions de concertation" sur la mise en place de pistes en dur et du REV, souligne Mme Bienvenue. "La voirie, c'est forcément du temps long", répond un vice-président de la métropole Fabien Bagnon.

Les adeptes du cycle s'agacent aussi de devoir partager les ressources... avec les piétons. "On nous a annoncé un doublement du budget +mobilités actives+ à 320 millions d’euros mais cela comprend aussi la remise à niveau de l’espace +marchable+. Un énorme budget va partir là-dessus", dit Mme Bienvenue.

«Dissuader»

Car avoir "une ville qui respire", c'est aussi mettre l’accent sur la piétonnisation.

"On ne souhaite pas rendre la voiture invisible mais qu’il y en ait moins", explique Valentin Lungenstrass, adjoint à la mobilité et à la logistique urbaine. "Le principe revient à réorganiser la circulation pour dissuader les automobilistes qui n’ont rien à y faire" d'emprunter des petites rues en suivant leurs applications de guidage.

Le cap fixé est celui d’un parc automobile "réduit et dépollué" avec bannissement du diesel d’ici 2026 dans la Zone à faibles émissions. Ce qui fâche de nombreux élus et automobilistes, dont 70% roulent au diesel.

L'association "40 millions d'automobilistes" dénonce une mesure "discriminatoire envers les foyers les plus modestes".

"Ce qui me gêne, c'est quand on prend une mesure sans faire de plan de circulation ou d'étude d'impact, quand on fait de la politique", accuse Pierre Chasseray, délégué général de l'association. "Leur objectif, c'est de créer des bouchons."

"Les embouteillages, est-ce bon pour le climat?", tweetait récemment l'ancien maire, Gérard Collomb, passé dans l'opposition.

"Je ne ne veux pas de bouchons, je veux moins de voitures pour créer plus de places pour les autres", se défend le président de la Métropole de Lyon Bruno Bernard.

Comme à New York ou La Paz, pour diminuer la part de la voiture individuelle, les Verts de Lyon comptent sur un téléphérique urbain pour relier l'ouest au sud de la ville fin 2025, avec à terme l'ambition de transporter 20000 à 25000 voyageurs par jour.

Mais là aussi, ça grince : ses opposants évoquent le survol de quartiers résidentiels et de bâtiments historiques ou classés, des pollutions visuelles et sonores, la crainte d'expropriations, le coût de 160 millions d'euros au moins...

"Quand on a près de 6 km de câble à une vingtaine de mètres au-dessus des maisons, huit gares et 40 pylônes, ça va se voir !", s'alarme Patrick Romestaing, habitant de Sainte-Foy-lès Lyon, membre de l’association Touche Pas à Mon Ciel.

Un urbanisme vert par petites touches

"Un projet qui part à la poubelle... Un autre... Encore un autre". Le promoteur Didier Caudard-Breille, réputé pour ses constructions innovantes, égraine les projets bloqués depuis l'arrivée des Verts à Lyon.

A la maison du projet, qui présente le visage futur du quartier d'affaires de La Part Dieu, la maquette a été changée début juin : les tours qui devaient donner un "skyline" digne d'une métropole européenne, comparable à Milan ou Munich, ont disparu.

"Tout ce qui est au-dessus de 50 mètres" "a été enlevé", décrypte-t-on à la société publique chargée d'aménager le site, la SPL Part Dieu.

Quelque 100 000 m2 de constructions sont passés à la trappe, deux voies de circulation ont été réservées aux "modes doux" de déplacement, les rares espaces verts prévus seront élargis.

Végétalisé et "apaisé", le premier quartier d'affaires de France hors Paris doit devenir un endroit "à vivre", au service de ses habitants, ambitionnent les écologistes qui présentaient leur premier grand chantier.

Michel Le Faou, qui pilota la politique d'urbanisme de la précédente équipe, s'attendait à "beaucoup plus percutant": pour lui, les écologistes "se sont contentés de +greenwasher+ le projet existant".

La transformation de ce quartier symbolique des errements des années 70, avec son architecture brutaliste et la priorité donnée à la voiture, était déjà bien engagée avant leur arrivée.

D'autres chantiers, moins écologiquement vertueux, étaient trop avancés pour être remis en cause. Les nouveaux élus ont dû avaler la construction d'un spectaculaire gratte-ciel jouxtant la gare, dont les premiers étages sortent de terre. Ou couper le ruban après l'achèvement des travaux du centre commercial de La Part-Dieu - le plus vaste d'Europe en centre-ville.

Ailleurs, par petites touches, depuis un an, une multiplicité de petites annonces esquissent la ville verte de demain: piétonnisation devant les écoles, plantation de mini-vergers, réduction des places de parking au profit du vélo.

Mais l'opposition reproche aux écologistes un manque d'ambition, attesté par l'absence de ces grands projets qui ont marqué les mandatures précédentes, comme la réhabilitation des berges du Rhône et de la Saône.

"Ce qui a porté la visibilité de Lyon depuis 40 ans était sa capacité à se projeter vers l'avant grâce à des projets emblématiques", estime M. Le Faou. "On en voit peu sortir et ceux en cours sont soumis à réinterrogation ou mis en +stand-by+."

Prendre son temps

Ce choix de prendre son temps avant de fixer les grandes orientations de la ville pour des décennies, les Verts l'assument. 

"Je ne veux pas signer les permis de construire de bâtiments qu'il faudra détruire dans moins de 40 ans", affirme l'adjoint à l'Urbanisme de la ville, Raphaël Michaud qui dénonce le lancement dans le passé d'opérations trop "expérimentales".

Même le nouveau quartier branché de la Confluence, où se multiplient les initiatives écologiques, ne trouve pas grâce à ses yeux. Trop "bling-bling", avec ses architectes stars (Kengo Kuma, Jean Nouvel, Rudy Ricciotti...).

Avec le projet Hikari, qui ambitionnait de devenir le premier îlot urbain à énergie positive d’Europe, "on s’est ridiculisés". Les futurs projets seront tous examinés sous le prisme de leur contribution à la transition écologique, assure l'élu.

En matière de planification urbaine, les Vert ne partent pas d'une page blanche à Lyon.

Sans être la "ville du quart d'heure", où les déplacements ne prennent pas plus de 15 minutes comme ils l'appellent de leur vœux, l'agglomération est déjà largement multipolaire, avec l'arrivée des nouveaux quartiers où cohabitent assez harmonieusement bureaux et logements.

Mais l'attractivité de la troisième ville de France a propulsé les prix de l'immobilier à des niveaux jamais atteints en province.

"La priorité du mandat, c'est le logement abordable, pas le logement tout court", insiste M. Michaud.

Sauf qu'au-delà des baux fonciers solidaires et de l'augmentation du budget des logements sociaux, pour faire vivre ses ambitions en matière immobilière, l'exécutif devra trouver où construire puisqu'il s'est engagé à ne pas bétonniser des surfaces encore intactes et à rebasculer en zones agricoles nombre de terrains jusqu'alors promis à l'urbanisation.


Déception et tristesse des touristes devant le Louvre fermé

A l'instar du ciel sur Paris, les visiteurs font grise mine en découvrant que le musée du Louvre restera fermé toute la journée lundi, au lendemain du spectaculaire cambriolage de bijoux d'une valeur inestimable. (AFP)
A l'instar du ciel sur Paris, les visiteurs font grise mine en découvrant que le musée du Louvre restera fermé toute la journée lundi, au lendemain du spectaculaire cambriolage de bijoux d'une valeur inestimable. (AFP)
Short Url
  • "Nous sommes à Paris pour trois jours. Ça aurait été dommage de ne pas visiter le musée. Mais Avignon n'est pas loin, on reviendra", indique, fataliste, son amie Inès Belhadi, 21 ans
  • Ils ont déjà préparé un plan B: visiter l'Opéra Garnier, impressionnant bâtiment conçu par l'architecte Charles Garnier et inauguré en 1875, situé à proximité

PARIS: A l'instar du ciel sur Paris, les visiteurs font grise mine en découvrant que le musée du Louvre restera fermé toute la journée lundi, au lendemain du spectaculaire cambriolage de bijoux d'une valeur inestimable.

"Le musée du Louvre restera fermé pour raisons exceptionnelles", annonce une affiche en français et en anglais placardée devant la pyramide de l'un des musées les plus célèbres au monde.

Il n'a donc pas ouvert ses portes à 09H00 (07H00 GMT) aux centaines de visiteurs, dont de nombreux étrangers, qui avaient commencé à faire la queue et qui ne cachent pas leur déception.

"C'est mon anniversaire, c'était mon cadeau et ça fait plusieurs années que je voulais venir, donc je suis un peu énervée", témoigne auprès de l'AFP Elisa Valentino, une Italienne de 31 ans.

"J'ai étudié l'art et il y avait beaucoup d'oeuvres que je voulais voir. Le Louvre est la seule visite que j'avais planifiée pour mon séjour à Paris. Mais je repars demain", ajoute-t-elle, en essuyant une larme de tristesse.

Dans son message, le Louvre précise que les personnes "ayant réservé pour une visite dans la journée seront remboursées". Elles ne pourront retenter leur chance mardi, qui est le jour hebdomadaire de fermeture du musée le plus visité au monde.

Le Louvre est, avec la Tour Eiffel, l'un des lieux de visite incontournables de la capitale française. Il a accueilli près de neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d'étrangers.

"On nous a promis un remboursement, mais malheureusement nous repartons demain", se désole Adam Cooke, 65 ans, venu de Londres avec son épouse Rachel.

"Très tristes" 

"Nous sommes très tristes pour le Louvre en raison de la perte de ces bijoux. C'est vraiment gênant que le vol ait eu lieu en plein jour", souligne le Britannique.

Il a découvert en consultant des sites d'information comment les cambrioleurs se sont introduits dans le musée en découpant une vitre depuis une nacelle à l'extérieur, avant de se rendre dans la galerie d'Apollon, où ils ont volé neuf bijoux précieux. Le tout en seulement sept minutes.

Andreea Dumitras, une adolescente moldave de 17 ans venue avec des amis et sa famille, trouve "normal" que le musée reste fermé après un tel événement. "Mais ce qui est le plus frustrant, c'est que la sécurité soit aussi faible. C'est très triste".

Elle quitte Paris jeudi et essaiera de retourner au Louvre mercredi, mais "un agent de sécurité m'a dit que ce n'était même pas sûr que ça ouvre ce jour-là".

"On est surtout déçus pour le Louvre", avoue aussi Victor Rouillé, 23 ans, venu du sud de la France et en visite à Paris. "J'ai été surpris" en apprenant le vol, "je pensais que le musée était mieux sécurisé que ça", ajoute le jeune homme, béret sur la tête.

"Nous sommes à Paris pour trois jours. Ça aurait été dommage de ne pas visiter le musée. Mais Avignon n'est pas loin, on reviendra", indique, fataliste, son amie Inès Belhadi, 21 ans.

Ils ont déjà préparé un plan B: visiter l'Opéra Garnier, impressionnant bâtiment conçu par l'architecte Charles Garnier et inauguré en 1875, situé à proximité.

Des touristes font contre mauvaise fortune bon cœur: ils profitent de l'esplanade désertée pour prendre des selfies. Certains grimpent sur des blocs de béton pour se photographier devant la pyramide, donnant l'illusion de toucher du doigt sa pointe.


En tant que ministre de la Justice, Darmanin ira «voir» Sarkozy «en prison»

Nicolas Sarkozy a été condamné le 25 septembre à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs. Le tribunal l'a reconnu coupable d'avoir laissé ses plus proches collaborateurs ourdir un pacte avec la Libye de Mouammar Kadhafi dans l'objectif de financer de manière occulte sa campagne présidentielle de 2007. (AFP)
Nicolas Sarkozy a été condamné le 25 septembre à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs. Le tribunal l'a reconnu coupable d'avoir laissé ses plus proches collaborateurs ourdir un pacte avec la Libye de Mouammar Kadhafi dans l'objectif de financer de manière occulte sa campagne présidentielle de 2007. (AFP)
Short Url
  • Le ministre a ajouté n'avoir "pas de commentaire à faire" sur l'appel lancé ce dimanche par les fils de Nicolas Sarkozy à un rassemblement de soutien mardi matin, au moment où l'ancien président quittera son domicile pour la Santé
  • "Je sais le choc que c'est de voir son père au parloir", a dit Gérald Darmanin qui s'est souvenu de ses visites à son père détenu à Valenciennes. "Il faut se mettre un tout petit peu à la place de la famille"

PARIS: Le ministre de la Justice Gérald Darmanin ira "voir en prison" Nicolas Sarkozy pour s'inquiéter "de ses conditions de sécurité" à La Santé où il sera incarcéré mardi, a-t-il déclaré lundi sur France Inter.

"Le ministre de la justice peut aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu quand il le souhaite", a-t-il ajouté, rappelant que Nicolas Sarkozy ayant fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison dans le dossier libyen, était "présumé innocent".

Le ministre, un proche de l'ancien chef de l'Etat, a insisté sur l'importance de "faire attention à la sécurité d'un ancien président dans la prison de la Santé".

"J'ai beaucoup de tristesse pour le président Sarkozy", "l'homme que je suis, j'ai été son collaborateur, ne peut pas être insensible à la détresse d'un homme", a-t-il poursuivi.

"Le ministre de la Justice fait son travail et organise quelque chose d'exceptionnel", les conditions de détention, "non seulement d'un ancien président de la République mais de quelqu'un qui est présumé innocent", a encore dit Gérald Darmanin, assurant se rendre "trois fois par semaine" dans des prisons françaises.

"Le ministre organise cela de façon professionnelle et l'homme évidemment est triste de cette situation", a-t-il résumé.

Le ministre a ajouté n'avoir "pas de commentaire à faire" sur l'appel lancé ce dimanche par les fils de Nicolas Sarkozy à un rassemblement de soutien mardi matin, au moment où l'ancien président quittera son domicile pour la Santé.

"Je sais le choc que c'est de voir son père au parloir", a dit Gérald Darmanin qui s'est souvenu de ses visites à son père détenu à Valenciennes. "Il faut se mettre un tout petit peu à la place de la famille".

Quant à la comparaison que Nicolas Sarkozy a faite entre sa situation et celle d'Alfred Dreyfus, officier injustement condamné pour espionnage sur la foi de fausses accusations nourries d'antisémitisme, le ministre Darmanin "lui laisse l'entièreté de la responsabilité de ses propos".

"Je ne suis pas totalement d'accord, toujours, avec Nicolas Sarkozy", mais "dans un moment aussi dramatique (...) il y a des propos qui sont sans doute, de part et d'autre, excessifs".

Nicolas Sarkozy a été condamné le 25 septembre à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs. Le tribunal l'a reconnu coupable d'avoir laissé ses plus proches collaborateurs ourdir un pacte avec la Libye de Mouammar Kadhafi dans l'objectif de financer de manière occulte sa campagne présidentielle de 2007.

Si elle a mis au jour des versements de fonds depuis la Libye, l'enquête n'a pas permis d'établir que l'argent était bien arrivé "in fine" dans les caisses de campagne de Nicolas Sarkozy.


Vol des bijoux du Louvre: la traque est lancée, la sécurité des musées en débat

Dimanche aux alentours de 9H30, une nacelle se cale sous un balcon. Après avoir découpé une vitre à la disqueuse, deux cambrioleurs s'introduisent dans la galerie d'Apollon, commandée par Louis XIV pour exalter sa gloire de Roi-Soleil. La salle abrite "la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne", qui compte environ 800 pièces. (AFP)
Dimanche aux alentours de 9H30, une nacelle se cale sous un balcon. Après avoir découpé une vitre à la disqueuse, deux cambrioleurs s'introduisent dans la galerie d'Apollon, commandée par Louis XIV pour exalter sa gloire de Roi-Soleil. La salle abrite "la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne", qui compte environ 800 pièces. (AFP)
Short Url
  • Portant la marque de la criminalité organisée, ce vol de bijoux d'une valeur inestimable en plein jour dans le plus grand musée du monde a eu un écho international
  • Ce vol par effraction déclenche aussi une polémique politique et relance le débat sur la sécurité des musées français, qui présentent "une grande vulnérabilité"

PARIS: La traque a commencé: au lendemain du spectaculaire cambriolage au musée du Louvre, la police est lundi aux trousses de quatre malfaiteurs partis avec huit "joyaux de la couronne de France".

Portant la marque de la criminalité organisée, ce vol de bijoux d'une valeur inestimable en plein jour dans le plus grand musée du monde a eu un écho international.

Ce vol par effraction déclenche aussi une polémique politique et relance le débat sur la sécurité des musées français, qui présentent "une grande vulnérabilité", a reconnu le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez.

"Je pense que les Français ce matin ils ont tous un peu l'impression (...) d'avoir été cambriolés", a déclaré lundi le ministre de la Justice Gérald Darmanin.

"Nous avons failli", a-t-il estimé sur France Inter, puisque des malfaiteurs ont été "capables de mettre un monte-charge" sur la voie publique, "de faire monter des gens en quelques minutes pour récupérer des bijoux inestimables et de donner une image déplorable de la France".

Sept minutes chrono 

Dimanche aux alentours de 9H30, une nacelle se cale sous un balcon. Après avoir découpé une vitre à la disqueuse, deux cambrioleurs s'introduisent dans la galerie d'Apollon, commandée par Louis XIV pour exalter sa gloire de Roi-Soleil. La salle abrite "la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne", qui compte environ 800 pièces.

Ils ouvrent deux vitrines à la disqueuse, scène partiellement filmée avec un téléphone portable, sans doute par un visiteur selon une source policière, et diffusée par les chaînes d'information. Visages masqués, ils volent neuf pièces, toutes du XIXe siècle.

Un malfaiteur visible sur les images est vêtu d'un gilet jaune. Or les enquêteurs, qui disposent aussi d'images de vidéosurveillance, ont en leur possession un gilet jaune, récupéré après sa découverte par un "citoyen", selon la procureure de Paris Laure Beccuau.

"Nous retrouverons les œuvres et les auteurs seront traduits en justice", a promis dimanche soir sur X le président Emmanuel Macron.

La couronne de l'impératrice Eugénie, l'épouse de Napoléon III, est abandonnée dans leur fuite par les malfaiteurs. Son état est "en cours d'examen", selon le ministère de la Culture.

Mais sont emportées huit pièces "d'une valeur patrimoniale inestimable" selon les autorités. Parmi elles, le diadème d'Eugénie, qui compte près de 2.000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France, et d'Hortense de Beauharnais, mère de Napoléon III. Il est composé de huit saphirs et de 631 diamants, selon le site internet du Louvre.

L'opération dure sept minutes. Elle est le fait de cambrioleurs "chevronnés" qui pourraient être "étrangers" et "éventuellement" connus pour des faits similaires, a dit Laurent Nuñez.

Selon le ministère de la Culture, grâce à l'intervention d'agents du musée, "les malfaiteurs ont été mis en fuite, laissant derrière eux leurs équipements".

Les pièces volées sont difficiles sinon impossibles à revendre en l'état. Dès lors, deux hypothèses, selon Laure Beccuau: les auteurs peuvent avoir agi "au bénéfice d'un commanditaire" ou avoir voulu obtenir "des pierres précieuses pour pratiquer des opérations de blanchiment".

"Humiliation" nationale 

Ce vol, le premier recensé au Louvre depuis celui en 1998 d'un tableau de Corot jamais retrouvé, relance le débat sur la sécurité des musées.

Il y a un mois, des voleurs s'étaient introduits de nuit au Muséum d'histoire naturelle à Paris pour emporter 6 kg de pépites d'or. En septembre encore, un musée de Limoges a subi un cambriolage pour un préjudice estimé à 6,5 millions d'euros.

"Jusqu'où ira le délitement de l'Etat ?", s'est indigné le président du Rassemblement national Jordan Bardella, dénonçant une "insupportable humiliation" pour la France. Pour Marine Le Pen, "nos musées et bâtiments historiques ne sont pas sécurisés à la hauteur des menaces qui pèsent sur eux". "Nous devons protéger ce que nous avons de plus précieux: notre histoire", a exhorté le chef du groupe Les Républicains à l'Assemblée, Laurent Wauquiez.

Une soixantaine d'enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne et de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) sont mobilisés.