Irak: «Ils étaient venus pour être soignés, ils sont repartis dans des cercueils»

L’hôpital de Nassiriya en proie aux flammes (Photo, AFP).
L’hôpital de Nassiriya en proie aux flammes (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 13 juillet 2021

Irak: «Ils étaient venus pour être soignés, ils sont repartis dans des cercueils»

  • Installé à la fin 2020 dans l'enceinte de l'hôpital al-Hussein de Nassiriya pour traiter les malades de la Covid, le hangar vétuste, non ignifugé, accueillait jusqu'à 70 personnes
  • Le feu s'est rapidement propagé et n'a laissé aucune chance aux patients et à leurs visiteurs.

NASSIRIYA: Emplis de rage, en larmes, ils hurlent leur colère sur les décombres encore fumants de l'unité Covid de l'hôpital de Nassiriya, dans le sud de l'Irak. Leurs cousins, neveux ou voisins sont morts dans l'incendie qui a fait 64 morts lundi soir.

« Ils sont venus ici pour se faire soigner et ils repartent dans des cercueils », crie un homme désespéré, Abou Nour al-Shawi, qui a perdu plusieurs membres de sa famille. « Ce hangar était même pas bon pour abriter des animaux ! », lance-t-il, entouré de dizaines d'habitants venus constater le désastre.

Installé à la fin 2020 dans l'enceinte de l'hôpital al-Hussein de Nassiriya pour traiter les malades de la Covid, le hangar vétuste, non ignifugé, accueillait jusqu'à 70 personnes. Le feu --déclenché par l'explosion de bouteilles d'oxygène selon une source sanitaire-- s'est rapidement propagé et n'a laissé aucune chance aux patients et à leurs visiteurs.

La dévastation est totale : toit en tôle effondré, murs cloqués et noircis, couvertures et habits éparpillés. Une chaise roulante renversée est encastrée dans les décombres qui fument encore.

Le chaos a régné une bonne partie de la nuit, les pompiers luttant pendant des heures pour maîtriser les flammes tandis que des centaines d'habitants accouraient sur les lieux pour tenter d'évacuer les patients pris au piège.

« Nous entendions les gens crier mais nous ne pouvions pas faire grand-chose », raconte Hisham al-Sumeri, un jeune militant venu aider dans la nuit.

« C'est toujours la même situation, tous les jours, les mêmes martyrs, les mêmes tragédies. Dans ce pays, ce sont les hôpitaux pour les pauvres qui brûlent », s'emporte Oudaye al-Jaberi, dont quatre proches ont péri dans les flammes. 

Corruption, négligence, défaillance des autorités : la litanie des maux qui rongent l'Irak sont sur toutes les lèvres.

En avril dernier, une incendie similaire, également provoqué par l'explosion de bouteilles d'oxygène, a ravagé un hôpital dédié à la lutte contre la Covid à Bagdad : plus de 80 morts.

« Ce n'est pas un gouvernement que nous avons : c'est une mafia, des criminels, qui gouvernent le pays », crie al-Jaberi.

Funérailles sous tension

Les funérailles de plusieurs victimes --toutes n'ont pas encore été identifiées, selon la morgue--- se sont déroulées sous haute tension mardi, les familles laissant éclater leur rage contre « les corrompus », a relaté Abbas Agil, un retraité.

Dans le cimetière de Najaf (centre), un homme et une femme s'étreignent alors que sont inhumés leurs proches. A Al-Nasr, au nord de Nassiriya, quatre frères et soeurs ont été mis en terre ; à Al-Dawaya, à l'est de la ville, ce sont six personnes d'une même famille qui ont été enterrées.

Parallèlement, les manifestations se sont multipliées à Nassiriya, une ville qui a été l'un des épicentres du soulèvement populaire fin 2019 contre la corruption et l'incurie gouvernementale.

Des dizaines d'habitants ont bloqué les entrées de plusieurs hôpitaux, brandissant des banderoles « Fermé sur ordre du peuple », pour exiger le transfert de patients dans un établissement flambant neuf de plus de 400 lits, construit par la Turquie et inauguré en juin par le Premier ministre... mais inexplicablement inutilisé.

Les manifestants ont eu gain de cause dans la journée, les autorités ayant ordonné le transfert de tous les patients de l'hôpital Al-Hussein dans ce nouvel établissement afin de libérer de la place pour les nouveaux malades du coronavirus.

Le directeur de l'hôpital al-Hussein et le responsable des autorités sanitaires régionales ont été écartés sur ordre du Premier ministre Moustafa al-Kazimi, mais ces mesures sont jugées insignifiantes.

« Une nouvelle fois, les politiciens ont prouvé leur incapacité à gérer le pays. Nous allons de tragédie en tragédie, la situation des Irakiens empire de jour en jour, et personne ne rend de comptes », s'indigne Yasser al-Barrak, un professeur de l'Université de la province de Dhi Qar.

Les incendies sont courants : rien qu'entre janvier et mars 2021, 7 000 feux sont été recensés par le ministère de l'Intérieur.

Et le système de santé est délabré depuis des décennies, en raison de la crise économique, des guerres et de la corruption. La pandémie a aggravé cette situation : le pays compte plus de 1,4 million de personnes infectées par le coronavirus, qui a fait plus de 17 000 morts.


Plus de la moitié de la population soudanaise a besoin d'aide humanitaire (ONG)

Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Short Url
  • Plus de 30 millions de Soudanais — la moitié de la population — ont besoin d’aide humanitaire alors que les violences et exactions se multiplient, notamment après la chute d’El-Facher
  • Le DRC dénonce l’inaction internationale face à une crise majeure ayant causé des millions de déplacés et des atrocités documentées à grande échelle

LE CAIRE: La secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), Charlotte Slente, a indiqué après une visite sur le terrain que plus de la moitié de la population soudanaise avait besoin d'aide humanitaire, alors que la guerre opposant l'armée aux paramilitaires fait rage.

"Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Cela représente la moitié de la population du Soudan", a déclaré Mme Slente dans un entretien téléphonique cette semaine avec l'AFP, de retour d'un déplacement à la frontière du Tchad avec le Darfour (ouest), une zone qui a vu affluer ces derniers mois des réfugiés soudanais fuyant la guerre.

La population du Soudan était estimée à 50 millions d'habitants en 2024, selon la Banque mondiale.

En s'emparant le 26 octobre de la ville d'El-Facher après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont parachevé leur contrôle sur le Darfour, vaste région en proie à de multiples exactions ces dernières semaines.

Le Soudan est le théâtre de "violations de toutes les lois humanitaires internationales, telles que massacres et violences sexuelles", a alerté Mme Slente.

Le Tchad accueille un million et demi de réfugiés soudanais, dont la plupart vivent dans des camps situés le long de la frontière entre les deux pays.

La directrice de l'ONG a dénoncé une "inaction de la communauté internationale, qui s'est contentée de publier des communiqués". "L'impact des déclarations sur les besoins humanitaires sur le terrain est très limité, et elles n'ont certainement pas réussi à mettre fin à la violence", a-t-elle déploré.

Après la prise d'El-Facher, les combats se sont intensifiés dans la région de Kordofan, à l'est du Darfour, où les informations faisant état d'atrocités contre des civils se multiplient.

"Il semble que ce conflit ne retienne l'attention internationale que maintenant, en raison des atrocités et des effusions de sang massives qui ont eu lieu à El-Facher, à tel point qu'elles sont visibles depuis l'espace" grâce aux images satellites, a déclaré Mme Slente.

Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Deuxième point de vente duty-free ouvert à Dhahran

Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Short Url
  • Un deuxième magasin duty-free a ouvert à Dhahran, offrant des produits détaxés aux diplomates accrédités, un an après l’ouverture du premier point de vente à Riyad
  • Le dispositif vise à améliorer l’accès des diplomates aux biens hors taxes et à simplifier les procédures de remboursemen

RIYADH : Un deuxième magasin duty-free a récemment ouvert dans le complexe résidentiel d’Aramco à Dhahran, proposant des produits détaxés aux diplomates accrédités en Arabie saoudite.

Cette ouverture fait suite à l’inauguration du premier point de vente, lancé en juin 2023 dans le quartier diplomatique de Riyad.

Le magasin vise à offrir ses services aux diplomates et représentants des missions diplomatiques de la région, en proposant une expérience commerciale complète et des produits hors taxes, conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.

Il entend également faciliter l’accès des diplomates aux biens exemptés de taxes et simplifier les procédures de remboursement, qu’elles soient effectuées périodiquement, à la fin de leur mission officielle ou durant leurs congés saisonniers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Short Url
  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?