En Syrie, un musée de la soie en souvenir d'une industrie en déclin

 Les cocons de soie, symboles d’un âge d’or disparu en Syrie. (Photo Maher Al-Mounes/AFP).
Les cocons de soie, symboles d’un âge d’or disparu en Syrie. (Photo Maher Al-Mounes/AFP).
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Publié le Samedi 11 juillet 2020

En Syrie, un musée de la soie en souvenir d'une industrie en déclin

  • En 2010, environ 16 villages et 48 familles travaillaient dans l'élevage des vers à soie. La production des cocons était de 3,1 tonnes en 2010, contre 60.000 tonnes en 1908.
  • Une légende urbaine voudrait qu'en 1947, le président de l'époque, Choukri al-Koutli, ait offert un morceau de ce tissu à la reine Elizabeth II, qui l'aurait utilisé pour sa robe de mariage.

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Mohamed Saoud dans son atelier. (Photo Maher Al-Mounes AFP).

Dans la Syrie en guerre, Mohamed Saoud a été privé de ses vers à soie. Mais après une vie consacrée à la confection du tissu précieux, le sexagénaire a converti son atelier en un modeste musée, dernier hommage à un artisanat en déclin.

Sur les hauteurs verdoyantes de la province centrale de Hama, dans la bourgade de Deir Mama, M. Saoud, sa femme et ses trois enfants élevaient autrefois au printemps des vers à soie en les nourrissant de feuilles de mûriers. A l'automne, il pouvait alors tisser la soie à partir des cocons pour fabriquer des étoffes.

L'activité économique a cessé avec le conflit déclenché en 2011. Mais M. Saoud a tenu à installer chez lui un musée qui permet aux visiteurs -- rares pour le moment -- de découvrir les étapes successives d'un artisanat faisant jadis la renommée mondiale de la Syrie.

"Aujourd'hui dans notre village, je me bats seul pour maintenir le métier en vie", déplore M. Saoud.

Dans la cour de sa maison, il exhibe des cocons de soie blancs qu'il a conservés. Il y a une grande roue en bois sombre, utilisée pour confectionner des fils. Un vétuste métier à tisser trône dans une pièce attenante.

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(Photo Maher Al-Mounes AFP).

"Il n'y a plus que trois familles qui pratiquent notre profession dans toute la Syrie", regrette l'homme de 65 ans à la peau mate.

L'AFP avait rencontré en 2010 M. Saoud, qui se plaignait déjà des difficultés menaçant le secteur, malgré les efforts des autorités pour le revitaliser.

Notre artisanat était "comme un homme malade dont nous espérions la guérison", se souvient M. Saoud.

"Coup de grâce"  

A l'époque, environ 16 villages et 48 familles travaillaient dans l'élevage des vers à soie. La production des cocons était de 3,1 tonnes en 2010, contre 60.000 tonnes en 1908.

"Mais la guerre est venue nous donner le coup de grâce", admet M. Saoud.

Véritable célébrité locale, il est surnommé "Cheikh al-Kar" de la soie, titre coutumier décerné aux doyens de l'artisanat. 

Sur son métier à tisser, il effectue une démonstration, glissant la navette pour confectionner un bout d'étoffe. Dans un coin, différents modèles d'écharpes et de châles blancs sont accrochés au mur ou drapent des mannequins de couture.

Si l'entrée du musée est gratuite, rares sont les curieux, dans un pays englué dans une grave crise économique, marquée par un effondrement de la monnaie et une flambée des prix.

"La soie est un luxe au vu de la crise que nous vivons" reconnaît le sexagénaire.

Il dépendait principalement des touristes avant le conflit. "Ce sont eux qui avaient les moyens de payer pour de la soie", confirme M. Saoud.

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"Aujourd'hui il ne reste plus que les souvenirs", déplore-t-il, exhibant de veilles photos de lui aux côtés de visiteurs, ou des articles de presse sur son atelier.

"Il faudrait l'intervention du ciel pour sauver la profession", dit-il.

Chèvres

La Syrie est célèbre depuis toujours pour son artisanat raffiné, notamment la confection du brocart de Damas, étoffe tissée à la main avec de la soie naturelle et des fils d'or.

Une légende urbaine voudrait qu'en 1947, le président de l'époque, Choukri al-Koutli, ait offert un morceau de ce tissu à la reine Elizabeth II, qui l'aurait utilisé pour sa robe de mariage.

Avant la guerre, le pays attirait les visiteurs étrangers qui faisaient vivre l'artisanat, et le tourisme représentait 12% du PIB.

"Les touristes achetaient la majeure partie de la production. On exportait des quantités importantes vers le Liban et les pays du golfe", confirme Mourhaf Rahayyim, un responsable du ministère du Tourisme.

Aujourd'hui, "le problème se résume à une question de commercialisation. Les vêtements en soie ne sont pas une priorité pour les Syriens", poursuit-il.

A Deir Mama, l'épouse de M. Souad, Amal, pratique toujours le crochet pour garder la main, avec des fils de soie.

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Comme son époux, elle ne cache pas sa tristesse face à la situation. "Il n'y a que nous qui cultivons encore des mûriers", déplore-t-elle, un châle en soie blanc, fabriqué au crochet, sur les épaules.

"Mais cette année, au lieu de donner les feuilles aux vers à soie, on les a donné aux chèvres", dit-elle.

 

 


L’offensive israélienne à Gaza se répercute sur les Palestiniens de Cisjordanie

Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)
Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)
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  • «L’accélération fulgurante» des formes de discrimination, d’oppression et de violence contre les Palestiniens a poussé la Cisjordanie au «bord du précipice», selon l’ONU
  • Israël a démoli, à une vitesse qui n’avait jamais été enregistrée auparavant, 917 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre

LONDRES: Les ondes de choc provoquées par l’opération militaire israélienne à Gaza ont entraîné des répercussions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où les forces de sécurité et les colons juifs enhardis auraient intensifié leurs attaques contre les communautés palestiniennes.

Depuis que l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre a déclenché le conflit à Gaza, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie, expulsant 1 222 personnes qui provenaient de 19 communautés d’éleveurs, selon les chiffres de l’ONU.

Des colons armés ont également tué au moins neuf Palestiniens, tandis que les forces de sécurité israéliennes en ont tué 396 autres au cours des derniers mois.

De même, l’armée israélienne a intensifié ses raids. Le 4 mai, les forces israéliennes ont attaqué Toulkarem et tué cinq Palestiniens, dont quatre membres du Hamas. Le 20 avril, les forces israéliennes ont mené un raid dans le même gouvernorat, qui abrite plus de 6 400 réfugiés, tuant quatorze Palestiniens.

Abir, qui dirige une petite entreprise à Jénine, note une «recrudescence des attaques de colons, la prolifération des points de contrôle, des raids quotidiens contre les maisons palestiniennes, la destruction des infrastructures, le meurtre de jeunes Palestiniens et l’augmentation des frappes aériennes militaires israéliennes».

L’armée israélienne a intensifié ses raids dans certaines parties de la Cisjordanie. (AFP)
L’armée israélienne a intensifié ses raids dans certaines parties de la Cisjordanie. (AFP)

Certes, des attaques similaires avaient régulièrement lieu avant le 7 octobre, mais Abir déclare à Arab News qu’«elles ont doublé et sont devenues plus atroces» depuis le début de la guerre à Gaza.

Jénine «est depuis deux ans environ une cible spécifique pour l’armée israélienne, puisque la ville abrite quelques groupes de résistance», poursuit-elle.

Selon un rapport du Haut-Commissariat des nations unies aux droits de l’homme (HCDH) publié en mars, «l’accélération fulgurante» des formes de discrimination, d’oppression et de violence contre les Palestiniens a poussé la Cisjordanie au «bord du précipice».

Israël a démoli, à une vitesse qui n’avait jamais été enregistrée auparavant, 917 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie depuis le 7 octobre, ce qui a conduit au déplacement de 1 015 Palestiniens. Parmi ces structures, 210 se trouvent à Jérusalem-Est et 285 sont des immeubles résidentiels, ajoute le rapport.

Yasmine el-Hassan, responsable des plaidoyers à l’Union des comités de travail agricole, une organisation non gouvernementale qui soutient les communautés rurales palestiniennes, décrit la situation en Cisjordanie comme «absolument abominable».

«L’expansion de l’entreprise coloniale israélienne en Cisjordanie se produit parallèlement à la guerre génocidaire contre Gaza», confie-t-elle à Arab News.

«L’occupation a créé de nombreux nouveaux avant-postes de colons et des routes pour colons en Cisjordanie», note-t-elle, ajoutant que le gouvernement israélien «a approuvé des milliers de nouveaux logements pour colons en Cisjordanie».

Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)
Depuis le 7 octobre, les colons israéliens ont mené 603 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie. (AFP)

Même si les violences israéliennes en Cisjordanie n’ont pas atteint l’ampleur de celles de Gaza, Yasmine soutient que «l’intensité de la violence coloniale israélienne dans toutes les régions de la Palestine historique s’est exacerbée au cours des six derniers mois».

«L’impunité» accordée par les autorités israéliennes a enhardi les colons juifs de Cisjordanie, souligne-t-elle.

Les colons qui attaquent les communautés palestiniennes sont «de plus en plus armés par le gouvernement de l’occupation israélienne et leurs actes ne sont aucunement punis», déplore-t-elle.

S’exprimant lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme, au mois de mars, Nada al-Nachif, la Haute-Commissaire adjointe des nations unies aux droits de l’homme, a déclaré que, après le 7 octobre, le HCDH a documenté «des cas de colons vêtus d’uniformes complets ou partiels de l’armée israélienne, portant des armes à feu, harcelant et attaquant des Palestiniens, tirant par ailleurs à bout portant».

Elle a également affirmé qu’au 31 octobre les forces de sécurité israéliennes auraient distribué environ 8 000 armes aux «escouades de défense des colonies» et aux «bataillons de défense régionale» en Cisjordanie.


Israël dit avoir pris le contrôle du côté gazaoui du point de passage de Rafah avec l'Egypte

Photo distribuée par l'armée israélienne montrant les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du poste frontière de Rafah entre Gaza et l'Égypte, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 mai 2024 (AFP)
Photo distribuée par l'armée israélienne montrant les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du poste frontière de Rafah entre Gaza et l'Égypte, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 mai 2024 (AFP)
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  • «Nous avons le contrôle opérationnel de la zone», a affirmé l'armée israélienne lors d'un point de presse
  • L'armée israélienne a refusé d'indiquer combien de temps durerait cette opération

JÉRUSALEM : L'armée israélienne a annoncé mardi avoir pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Egypte et que des troupes au sol avaient entamé une "opération ciblée de contreterrorisme" dans l'est de Rafah.

"A l'instant présent, des forces spéciales passent au peigne fin le point de passage" de Rafah, "nous avons le contrôle opérationnel de la zone", a affirmé l'armée israélienne, précisant parler "uniquement du côté gazaoui du point de passage".

"Nous avions des indices, parmi lesquels les tirs" de roquettes dimanche, contre le point de passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza qui ont tué quatre soldats israéliens, "mais aussi du renseignement que la partie gazaouie du point de passage de Rafah (...) était utilisé par le Hamas à des fins terroristes", a expliqué l'armée.

Alors qu'Israël martèle depuis des mois son intention de mener une offensive terrestre d'ampleur sur Rafah, localité surpeuplée du sud de la bande de Gaza, où affirme-t-il se terrent les derniers bataillons du Hamas, l'armée israélienne a martelé mardi que l'opération "de contreterrorisme" était localisée et d'ampleur limitée.

«Zones limitées»

"Nous opérons dans des zones spécifiques de l'est de Rafah. Nous n'opérons pas dans la totalité de la zone" mais "dans une zone précise d'une zone déjà déterminée" de Rafah, a indiqué l'armée. Il s'agit "d'une opération très ciblée, d'une ampleur très limitée contre des cibles très précises".


Deux explosions signalées près d'un navire au large du Yémen

Image satellite d'une photo d'archive publiée par Maxar Technologies le 2 mars 2024 et datée du 1er mars, montrant le cargo Rubymar battant pavillon du Belize, endommagé lors d'une frappe de missile le 19 février revendiquée par les rebelles Houthis soutenus par l'Iran, flottant dans la mer Rouge (Photo ,AFP).
Image satellite d'une photo d'archive publiée par Maxar Technologies le 2 mars 2024 et datée du 1er mars, montrant le cargo Rubymar battant pavillon du Belize, endommagé lors d'une frappe de missile le 19 février revendiquée par les rebelles Houthis soutenus par l'Iran, flottant dans la mer Rouge (Photo ,AFP).
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  • UKMTO, dirigée par la marine britannique, n'a pas fourni de détails sur le navire ou la nature de l'attaque
  • Vendredi, ils ont menacé d'étendre leurs opérations pour cibler les navires à destination d'Israël en Méditerranée

DUBAÏ: Un navire marchand traversant le golfe d'Aden au large du Yémen a signalé deux explosions à "proximité immédiate", a rapporté mardi l'agence de sécurité maritime britannique UKMTO.

Le "navire et tout l'équipage sont en sécurité", précise UKMTO ajoutant que les "autorités enquêtent" sur les explosions qui ont eu lieu au sud de la ville yéménite d'Aden.

UKMTO, dirigée par la marine britannique, n'a pas fourni de détails sur le navire ou la nature de l'attaque.

Depuis novembre, les Houthis du Yémen ont lancé des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens dans le contexte de la guerre déclenchée en octobre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

Menaces 

Vendredi, ils ont menacé d'étendre leurs opérations pour cibler les navires à destination d'Israël en Méditerranée.

Face aux attaques houthies, les Etats-Unis, soutien d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen.

Mais ces frappes n'ont pas dissuadé les Houthis, qui contrôlent de larges pan du Yémen, et disent cibler désormais les navires liés à Israël, ainsi que les navires américains et britanniques.

Lundi, les forces militaires américaines ont abattu un drone lancé par les Houthis au-dessus de la mer Rouge, a indiqué le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) dans un communiqué.

Le drone "représentait une menace imminente pour les forces américaines de la coalition et les navires marchands dans la région", a-t-il ajouté.