Inondations: Merkel découvre un sinistre «surréaliste», 191 morts en Europe

Merkel a appelé dimanche à faire un «très grand effort» pour accélérer les politiques climatiques. AFP
Merkel a appelé dimanche à faire un «très grand effort» pour accélérer les politiques climatiques. AFP
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Publié le Lundi 19 juillet 2021

Inondations: Merkel découvre un sinistre «surréaliste», 191 morts en Europe

  • Le réchauffement du climat a été mis en cause autant par des experts que par les responsables politiques
  • Merkel a appelé dimanche à faire un «très grand effort» pour accélérer les politiques climatiques

SCHULD: Angela Merkel a mesuré dimanche la dévastation "surréaliste" laissée par les inondations en Europe de l'Ouest, qui ont fait au moins 191 morts en Allemagne et en Belgique, avec de nombreuses personnes encore portées disparues.

La chancelière allemande, chaussures de randonnée aux pieds, a pris le temps d'arpenter le village de Schuld, non loin de Bonn, où la rivière Ahr, transformée en torrent furieux, a détruit une partie du centre historique.

Le réchauffement du climat a été mis en cause autant par des experts que par les responsables politiques. Mme Merkel a appelé dimanche à faire un "très grand effort" pour accélérer les politiques climatiques.

Cette zone de Rhénanie-Palatinat, dans le sud-ouest de l'Allemagne, est l'une des régions les plus sinistrées et déplore la perte de 112 personnes, sur un total de 160 dans le pays. En Belgique, un nouveau bilan de 31 morts a été établi dimanche soir par les autorités.

Émue, Mme Merkel a échangé avec des habitants qui ont tout perdu, prenant la pleine dimension de la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire récente de l'Allemagne.

"La langue allemande a du mal à trouver les mots pour décrire la dévastation causée", a confié la chancelière.

Tenant fermement la main de la dirigeante régionale Malu Dreyer, handicapée par la sclérose en plaque, la chancelière s'est laissé guider de ponts effondrés en maisons éventrées, longeant des montagnes de débris boueux.

Elle a promis que "le gouvernement fédéral et les régions agiront ensemble pour remettre progressivement de l'ordre" dans les zones sinistrées.

Dès mercredi, une aide d'urgence d'au moins 300 millions d'euros sera présentée par le gouvernement, avant un vaste programme de reconstruction de plusieurs milliards d'euros.

Alerte défaillante?

Les réparations de bâtiments, routes, voies ferrées, conduites d'eau ou d'électricité prendront des mois, voire "des années", a reconnu dans la soirée Armin Laschet, président de Rhénanie du Nord-Westphalie, l'autre État régional allemand très touché.

L'Allemagne reste sur le qui-vive en raison de nouvelles crues, au sud et l'est. Elles ont fait un mort en Bavière où plusieurs centaines de pompiers sont encore déployés dans les vallées alpines.

En Autriche, la vieille ville de Hallein, près de Salzbourg, a été inondée.  

Sous le soleil revenu dans l'ouest de l'Allemagne, des dizaines de milliers de personnes -bénévoles et professionnels- sont engagées dans des travaux colossaux de déblaiement et de nettoyage.

Les secouristes recherchent les disparus au moyen d'hélicoptères, de bateaux et de plongeurs spécialisés.

"C'est allé très vite, l'eau est monté à 1,60 mètre. Il y avait des corps dans la rue", a décrit une habitante de Bad Honnef, en Rhénanie du Nord-Westphalie.

Dans cette région, la police a ramené à 150 le nombre de disparus, de nombreuses personnes ayant pu finalement pu être jointes par leurs proches.

La Belgique recherche encore "163 citoyens", selon le centre de crise. Pays-Bas et Luxembourg ont subi d'importants dommages matériels.

Le responsable de l'Association allemande des villes et des communes, Gerd Landsberg, a appelé dimanche à moderniser les systèmes d'alerte locaux, se désolant que la population ait eu "l'impression qu'il s'agissait de grosses pluies" dont "l'ampleur n'a pas été communiquée" assez clairement.

"Avons-nous pris suffisamment de précautions pour détecter de tels événements à temps ?", s'est également interrogé le ministre de l'Economie Peter Altmaier, promettant, dans le journal Bild, que la lumière serait faite sur "ce qui n'a pas marché".

Gaffe

Le ministre conservateur a également épinglé Armin Laschet, chef de file de son parti aux législatives du 26 septembre, dans la tourmente depuis samedi pour avoir été filmé hilare lors d'un hommage du chef de l'État aux victimes des crues.

"Ce n'était pas très heureux", a reconnu M. Altmaier. 

Devant l'indignation nationale, M. Laschet, favori pour succéder à la chancelière, a présenté ses excuses.

Sa bévue continuait de faire polémique dimanche, alors que des milliers de bénévoles collectent des dons, distribuent des vivres, aident à dégager des meubles, des appareils hors d'usage, des souvenirs, dans des maisons maculées de boue.

Heinz Gies, 50 ans, un résident de la ville thermale de Bad Neuenahr-Ahrweiler, l'une des plus durement frappées, venait de terminer des travaux de rénovation.

Il confie être "sans mot", mais aussi réconforté car "les voisins s'aident les uns les autres et il y a tant de volontaires qui nous apportent de l'eau, des glaces, du café..."

Dans les zones sinistrées belges, des policiers restent mobilisés pour aller frapper aux portes des habitations afin de découvrir d'éventuelles nouvelles victimes.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.