Vera Smart Fashion, le dressing virtuel qui réalise le rêve des fashionistas

Nada Bargachi. (Photo fournie).
Nada Bargachi. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 22 juillet 2021

Vera Smart Fashion, le dressing virtuel qui réalise le rêve des fashionistas

  • «On ne s’attendait pas à une croissance aussi rapide, nous avons donc bloqué les nouveaux téléchargements de l’application, et depuis, on travaille sur liste d’attente»
  • L’entrepreneuse est fière de porter une entreprise qui défend des valeurs: faire adopter une consommation écoresponsable du vêtement

PARIS : Après une expérience de dix ans dans le milieu de la mode et un MBA en Global Fashion Management, diplôme obtenu au prestigieux Institut français de la mode (IFM), Nada Bargachi, passionnée de mode, s’est lancée dans l’entrepreneuriat. Son idée: créer une application qui propose une tenue du jour en fonction de la météo et du contenu des placards.

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L'interface de l'application mobile Vera Smart Fashion. (Photo fournie).

Le projet semblait irréalisable. Mais c’était sans compter sur la détermination de la jeune femme qui, après quelques mois de réflexion, de travail et de nombreuses nuits blanches, affine son projet. Sa rencontre avec Olivia Breysse, docteure en intelligence artificielle, spécialiste de la blockchain et data scientist, est déterminante. Ensemble, elles fondent, en décembre 2019, la start-up Vera, dont le nom est un hommage à l’artiste Vera Molnar dont le style de peinture s’apparente à un algorithme.

Le déploiement de Vera est passé par deux cycles. Le premier, qui s’est déroulé pendant la période de confinement, a permis aux utilisateurs de créer un dressing avec une composition moyenne de 272 vêtements, et le second, qui s’est déroulé après le premier confinement, a permis aux utilisateurs d’utiliser l’application de façon très judicieuse: prendre en photo les produits neufs dans les magasins et vérifier, via l’application, la correspondance avec le contenu des dressings virtuels.

Développée grâce à un financement participatif, Vera optimise, grâce à l’intelligence artificielle, le contenu des placards en proposant de nouvelles associations de vêtements.

Six mois après son lancement, victime de son succès, manquant de moyens financiers et humains, l’équipe de Vera ne peut plus gérer l’afflux sur la plate-forme: «On ne s’attendait pas à une croissance aussi rapide, nous avons donc bloqué les nouveaux téléchargements de l’application, et depuis, on travaille sur liste d’attente. C’est notre seul moyen pour maîtriser nos coûts en attendant des jours meilleurs», nous confie Nada Bargachi. «Nous avons 1 500 utilisateurs actifs et 5 000 en liste d’attente sachant que nous n’avons pas fait d’investissements en marketing, c’est une croissance organique. Notre principal challenge est désormais de garder cette application gratuite pour le téléchargement, c’est qui nous permettra d’avoir un impact écoresponsable; cela ne plaît pas toujours aux investisseurs potentiels», ajoute-t-elle.

L’apport de l’intelligence artificielle

Développée grâce à un financement participatif, Vera optimise, grâce à l’intelligence artificielle, le contenu des placards en proposant de nouvelles associations de vêtements. L’objectif: acheter moins et mieux. Selon les entrepreneuses, Vera permet aussi d’avoir des idées de look et de changer nos habitudes de consommation en matière d’habillement. «L’application donne des idées de tenues en fonction de ce que les utilisateurs ont intégré dans leurs dressings virtuels et de la météo», indique Nada Bargachi à Arabnews en français. C’est rendu possible grâce à l’utilisation d’un algorithme de deep learning auquel on a appris le sens de l’habillement et du style que nous avons développés en collaboration avec les stylistes de l’IFM. L’algorithme est par exemple capable de comprendre que les modèles avec petits pois ne vont pas avec un vêtement à petits carreaux, et qu’à partir de 23°C, on peut mettre des chaussures ouvertes, et à l’inverse, à 0°C, il faudra mettre une doudoune», affirme-t-elle.

«La grande majorité des applications sont créées pour pousser à la consommation; mon associée et moi, nous voulions une application qu’on utilise à bon escient, afin de faire entrer la technologie dans le quotidien des gens pour avoir un impact responsable dans l’industrie du textile»

Elle ajoute: «On a cette lubie de vouloir associer les vêtements de la même manière alors que grâce à l’intelligence artificielle, on a la possibilité d’avoir des idées de tenues nouvelles et des suggestions qui nous permettent de redécouvrir le contenu de nos placards.»

Vera, un bijou de technologie pour mieux consommer le vêtement

Nada Bargachi, qui a passé de nombreuses années dans le milieu de la mode et dans l’industrie textile à Paris, New York et Casablanca, assure que cette industrie constitue l’activité la plus polluante après l’industrie pétrolière. Selon elle, la production textile ne cesse de croître, alors que les consommateurs, eux, n’utilisent que 30 % des vêtements qu’ils possèdent. «On constate qu’il y a un problème entre l’offre et la demande. L’offre est sans cesse renouvelée et la demande est à l’affût de celle-ci, alors que l’offre en question n’est pas considérée comme un besoin», nous explique-t-elle.

Elle poursuit: «La grande majorité des applications sont créées pour pousser à la consommation; mon associée et moi, nous voulions une application qu’on utilise à bon escient, afin de faire entrer la technologie dans le quotidien des gens pour avoir un impact responsable dans l’industrie du textile», se félicite la cofondatrice de Vera. Car, estime-t-elle, «la technologie est souvent utilisée dans une logique financière complètement capitalistique à court terme. Notre idée est plutôt de changer de paradigme et de l’utiliser de manière différente.»

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Photo tirée du compte Instagram de Vera Smart Fashion.
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Nada Bargachi va plus loin. Elle ambitionne de créer un marketplace afin de vendre des produits de seconde main. «Grâce à l’intelligence artificielle, Vera pourrait proposer d’autres usages: le vêtement non sélectionné pourrait, par exemple, être proposé à la location, au troc, être donné ou encore être vendu à un autre utilisateur de la même morphologie. L’idée est de créer un énorme dressing virtuel qui serait destiné à l’ensemble des utilisateurs, de préférence du même secteur géographique afin d’éviter l’excès de packaging et de transport», indique-t-elle.

De nombreux challenges

Malgré son lancement en France, en Belgique, en Suisse et au Canada, Vera est encore en phase de développement. «Notre phase recherche et développement est longue, on développe les fonctionnalités de l’intelligence artificielle dans le milieu de la mode depuis deux ans, le retour sur investissement est aussi très long, car le volet écologique et écoresponsable nous tient à cœur», raconte Nada Bargachi. «Nous sommes en phase de transition entre le vieux monde très capitalistique, dans lequel le rendement est essentiel, et notre approche concernant les valeurs éthiques et l’évolution technologique qui compliquent la tâche.»

«Les défis dans ce projet sont multiples et surgissent par étapes. Deux femmes qui évoluent dans un milieu d’hommes, ce n’est pas facile tous les jours»

Ainsi Vera se distingue sur deux aspects: dans l’innovation propre à la FashionTech et dans l’acte d’usage. «Je mets un point d’honneur sur ce sujet», se réjouit Nada Bargachi. «C’est de cette façon que nous souhaitons, Olivia et moi, gérer notre entreprise, et démontrer que chiffre d’affaires, rentabilité, produits technologiques et impact responsable, c’est possible.»

Interrogée sur les perspectives de développement de l’entreprise, Nada Bargachi explique que Vera fait face à de nombreux challenges. «Les défis dans ce projet sont multiples et surgissent par étapes. Deux femmes qui évoluent dans un milieu d’hommes, ce n’est pas facile tous les jours. Dans nos sociétés, on manque de modèles féminins dans la FashionTech», nous confie-t-elle. «À ce sujet, j’aimerais délivrer un message aux femmes qui ont des idées de projets: lancez-vous, osez! Vous avez autant votre place que d’autres, même si on ne sort pas d’une grande école, ou d’un milieu privilégié.»

L’entrepreneuse, qui rappelle que la FashionTech, n’a pas le vent en poupe, contrairement aux autres branches de l’écosystème comme la FoodTech, la SurTech, la FinTech ou encore le secteur de la mobilité – scooters, trottinettes électriques et VTC…–, très convoitées par les investisseurs, est fière de porter une entreprise qui défend des valeurs: faire adopter une consommation écoresponsable du vêtement.


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.


AlUla ou comment le désert devient atelier d’art

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  • AlUla se transforme en laboratoire artistique où design, architecture et patrimoine dialoguent avec le désert
  • Entre traditions locales et innovation contemporaine, le désert devient un espace d’expérimentation, d’apprentissage et de création, où culture et paysage s’influencent mutuellement

PARIS: De la résidence de design à la construction du futur musée d’art contemporain confié à Lina Ghotmeh, AlUla se façonne dans le respect de sa mémoire et de son paysage.

À Paris, une table ronde organisée par la RCU et AFALULA a révélé les coulisses de cette transformation, celle d’un territoire millénaire devenu laboratoire d’expérimentation et vitrine du dialogue culturel franco-saoudien.

Dans le parc de l’hôtel des maisons (un hôtel particulier parisien construit au XVIII), la conversation s’est ouverte sur une question presque philosophique : comment bâtir dans le désert sans le dominer ? Comment concevoir à AlUla, ce paysage d’infini, une architecture qui parle à l’échelle humaine ?

La table ronde, intitulée “From the Land Up: Designing AlUla from Desert to Human Scale”, a réuni les acteurs clés du projet et plusieurs anciens résidents du programme AlUla Design Residency, créé il y a deux ans.

Ils ont tous en commun d’avoir approché cette terre d’exception, non comme un territoire vierge, mais comme un organisme vivant, porteur d’histoires et de voix anciennes.

L’événement, organisé par la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’agence Française pour le développement d’Alula (AFALULA), a célébré l’ADN rare de cette région, qui est un mélange entre fouilles historiques, architecture, design et diplomatie culturelle notamment avec la villa Hegra. 

AlUla, déjà célèbre pour son patrimoine nabatéen et ses falaises sculptées par le vent, devient aujourd’hui un territoire d’expérimentation artistique mondiale, où le passé inspire le futur, et lui donne forme.

Au centre du projet, la vision de Lina Ghotmeh, architecte franco-libanaise à la tête du futur musée d’art contemporain d’AlUla, « Le musée ne doit pas être une icône posée dans le désert » explique-t-elle, « mais un générateur de liens, un espace de rencontre et d’hospitalité ».

Implanté près d’une ancienne oasis agricole, le musée s’enracinera dans le paysage tout en redonnant vie à des savoir-faire ancestraux, « nous travaillons avec la terre locale, avec des techniques de construction traditionnelles : torchis, terre comprimée, architecture bioclimatique, l’objectif est de renouer avec les ressources naturelles et la mémoire des lieux », souligne l’architecte.

Ghotmeh évoque aussi le dialogue qu’elle a tissé avec la communauté locale, « j’ai passé du temps à rencontrer les habitants, à partager un thé sous un oranger, à écouter les femmes qui ravivent l’artisanat, à visiter les écoles ».

Un jour, une fillette m’a dit, « le musée, c’est le lieu de l’extraordinaire, cette phrase m’accompagne toujours, car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, créer un lieu qui relie la connaissance, l’émotion et la beauté ».

Dans son approche sensible, le musée devient un prolongement du paysage, un lieu où les visiteurs respireront la même lumière que les habitants, où la culture se fera conversation et échange.

« Il ne s’agit pas d’importer la culture, mais de la créer à partir du territoire », souligne Arnaud Morand, responsable des arts et industries créatives à AFALULA, c’est cette conviction qui guide toute la programmation culturelle d’AlUla.

L’une des premières grandes expositions préfigurant le musée verra le jour en janvier prochain, consiste en une collaboration entre AlUla et le Centre Pompidou, présentée d’abord dans une architecture temporaire conçue sur place avant de voyager dans le monde.

« C’est une coopération basée sur l’échange de savoirs et la lenteur, dit-il. À AlUla, on apprend à prendre le temps, l'art naît du sol, pas de la vitesse ».

Cette philosophie irrigue aussi les résidences de design et d’artistes qu’AFALULA co-dirige sur place, des programmes où jeunes talents et créateurs confirmés expérimentent à ciel ouvert, dans une relation directe avec le territoire, « Là-bas, chaque projet s’élabore dans l’écoute et l’humilité » affirme Morand.

« Lorsque nous arrivons à AlUla, nous devons laisser nos certitudes à la porte du désert » observe Ali Al Gazzaoui responsable du programme de résidences d’artistes, « il faut apprendre à écouter les habitants, à comprendre leur rapport au paysage, à la lumière, à la convivialité ».

C’est cette humilité partagée qui transforme le désert en école, les fondateurs du Studio Raw Material, Dushyant Bansal et Priyanka Sharma, anciens résidents du programme, racontent leur découverte émerveillée d’un lieu où « le matériau est partout de la roche, au sable, à la chaleur, et la lumière, tout devient matière à création ».

Leur expérience les a conduits à réfléchir à une forme de design « hors des centres urbains » à la faveur d’une pratique ancrée dans la vie quotidienne et les gestes ordinaires, « à AlUla, on apprend à se salir les mains, à construire, à inventer avec ce que la nature nous offre ».

Cette approche artisanale et poétique rejoint la vision d’Ali Alghazzawi, pour lui, « notre mission est de créer un écosystème où les créatifs peuvent dialoguer librement avec le paysage et expérimenter, car la durabilité ne se décrète pas, elle se vit ».

Tout ceci confère à AlUla qui est un site touristique d’exception, une autre dimension qui est celle de pépinière d’idées, de territoire d’apprentissage et de création contemporaine.


Le Gray fait son grand retour à Beyrouth : symbole d’espoir et de renouveau

Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
Le chef étoilé Alan Geaam au Le Gray à Beyrouth, le 14 octobre 2025. De retour dans son pays natal après son succès à Paris, il dirige les cuisines de l’hôtel. (AFP)
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  • Cinq ans après l’explosion du port, Le Gray rouvre ses portes en novembre 2025, devenant un symbole fort de relance pour le centre-ville de Beyrouth et l’hospitalité libanaise
  • Sous la direction de Charles Akl et du chef étoilé Alan Geaam, l’hôtel incarne l’alliance du luxe, de la mémoire et du renouveau culturel, gastronomique et économique de la capitale

BEYROUTH: Cinq ans après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth et la fermeture qui s’en est suivie, l’hôtel Le Gray s’apprête à rouvrir ses portes en novembre 2025, marquant un tournant symbolique pour la capitale libanaise. Situé sur la place des Martyrs, au cœur du centre-ville, cet établissement iconique, membre du réseau Leading Hotels of the World (LHW) retrouve son éclat d’antan et incarne l’espoir d’un renouveau pour l’hospitalité et la culture libanaises.

Un nouveau souffle pour Beyrouth

La réouverture de Le Gray intervient dans un contexte d’effort de relance économique. Depuis l’arrivée d’un nouveau gouvernement en janvier 2025, le Liban semble s’engager dans une phase de stabilisation et de redressement. L’ouverture des Beirut Souks plus tôt en octobre a déjà insufflé un vent d’optimisme dans une ville meurtrie, encore marquée par les séquelles de la guerre de 2024.

« C’est un retour à la vie et une réaffirmation de notre engagement envers Beyrouth, » déclare Charles Akl, directeur général de Le Gray.

« Le Gray a toujours été plus qu’un hôtel : c’est un symbole, un lieu de rencontre, une part de l’âme de la ville. Aujourd’hui, il revient pour redonner espoir et dynamisme au centre-ville. »

La gastronomie au cœur du renouveau

Symbole fort de ce retour : la cuisine. Le chef franco-libanais Alan Geaam, seul chef libanais étoilé au Guide Michelin, prend les commandes des restaurants de l'hôtel. Après vingt-sept ans en France, il signe ici un retour aux sources empreint d’émotion et d’ambition.

« Mon objectif est de porter encore plus haut le nom du Liban sur la scène gastronomique internationale, » confie le chef. « C’est un honneur de revenir à Beyrouth, de former de jeunes talents et de faire rayonner notre cuisine. »

Alan Geaam introduit à cette occasion Qasti Beyrouth, déclinaison locale de son restaurant emblématique présent à Paris et dans d’autres grandes villes, ainsi que Padam, une adresse signature au sein de l’hôtel.

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Qasti Beyrouth : la cuisine d’Alan Geaam au cœur de Le Gray. (Photo: ANFR)

Une redécouverte d’un joyau urbain

À l’occasion du pre-opening de l’hôtel, un groupe de journalistes a été invité à redécouvrir les lieux. L’expérience a été décrite comme un moment d’émotion et de redécouverte, dans un cadre où se mêlent raffinement, art et mémoire.

Avec plus de 100 chambres et suites repensées sous la direction artistique de l’architecte Galal Mahmoud, l’hôtel allie élégance contemporaine et références subtiles à l’histoire et à la culture libanaises. Plus de 600 œuvres d’art ornent les espaces communs et les chambres, transformant l’hôtel en véritable galerie.

Le Gray propose également des espaces événementiels et de conférence modulables, capables d’accueillir aussi bien des événements professionnels que des célébrations privées.

Un lieu au carrefour du passé et de l’avenir

À quelques pas des Beirut Souks, du front de mer et de Zaitouna Bay, Le Gray se trouve à la croisée de l’histoire, de la culture et du renouveau économique. Il se veut désormais moteur du redéploiement touristique du centre-ville.

Pour Charles Akl, cette réouverture dépasse le simple acte économique : « C’est une responsabilité collective : celle de redonner de l’élan à la ville, de raviver les talents, et de réaffirmer la place de Beyrouth sur la carte mondiale de l’hospitalité et de la culture. »

Avec cette réouverture très attendue, Le Gray ne se contente pas de retrouver sa place dans le paysage hôtelier. Il incarne la résilience d’un peuple et la volonté d’un pays de se reconstruire, avec élégance et conviction.