Un milliard de dollars peuvent-ils rendre Facebook à nouveau cool? 

Le logo de Facebook. Archives/AFP
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Publié le Samedi 24 juillet 2021

Un milliard de dollars peuvent-ils rendre Facebook à nouveau cool? 

  • «Sur notre marché, Facebook est plutôt ringard»: comme beaucoup d'influenceurs sur internet, le comédien kényan Mark Mwas a été surpris à l'annonce du lancement d'un fonds d'un milliard de dollars pour rémunérer des créateurs de contenus comme lui
  • «Ma mère est sur Facebook, mais ne connaît pas TikTok. Mon contenu est conçu pour des millennials, qui préfèrent d'autres plateformes», a-t-il expliqué

PARIS : "Sur notre marché, Facebook est plutôt ringard": comme beaucoup d'influenceurs sur internet, le comédien kényan Mark Mwas a été surpris à l'annonce du lancement par Facebook d'un fonds d'un milliard de dollars pour rémunérer des créateurs de contenus comme lui. 

Le jeune homme de 25 ans, suivi par plus de 160.000 personnes sur TikTok où il parle de sa vie d'étudiant dans un mélange de swahili, d'anglais et d'argot, reste sceptique quant à sa capacité à entraîner son public sur le réseau social. "Ma mère est sur Facebook, mais ne connaît pas TikTok. Mon contenu est conçu pour des +millennials+, qui préfèrent d'autres plateformes", a-t-il expliqué à l'AFP par courriel. 

Facebook a annoncé la semaine dernière qu'il débloquait un milliard de dollars (850 millions d'euros) pour payer des créateurs de contenus qui les diffusent sur sa plateforme, dans des domaines aussi variés que l'humour, la mode ou les jeux vidéo, jusqu'en 2022. YouTube, TikTok et Snapchat se livrent déjà une bataille féroce pour attirer des personnalités et leur communauté, qui peuvent leur rapporter de juteux revenus publicitaires.

En novembre 2020, Snapchat a commencé à dépenser un million de dollars par jour pour ses créateurs de contenus les plus en vue, même si les paiements se sont un peu tassés depuis. Les vidéastes sur YouTube peuvent aussi recevoir depuis 2007 une petite portion des milliards de revenus publicitaires que génère le site. Facebook n'a, lui, commencé à rémunérer des vidéos populaires qu'en 2017. 

Sa filiale Instagram n'a même commencé à partager une partie de ses revenus publicitaires que l'année dernière: les influenceurs s'y rémunèrent principalement par des partenariats négociés directement avec des marques. 

Retard 

Joe Gagliese, cofondateur de l'agence pour influenceurs Viral Nation, n'est pas surpris du retard de Facebook. Créé en 2004, le groupe de Mark Zuckerberg avait déjà construit un modèle publicitaire solide lorsque les premiers influenceurs ont commencé à percer sur les réseaux et les courtiser n'était pas essentiel pour "le cœur du business" de l'entreprise, souligne M. Gagliese. 

Mais en même temps que les créateurs, c'est leur audience, en majorité très jeune, qui est partie vers d'autres plateformes, participant au sentiment que Facebook, pour la génération Z, n'est qu'un site ringard où se trouvent leurs parents.  La proportion de personnes âgées de plus de 65 ans sur Facebook a d'ailleurs augmenté d'environ un quart au cours de l'année écoulée, soit deux fois plus vite que la progression moyenne toutes tranches d'âges confondues, selon le rapport Digital 2021 de We Are Social et Hootsuite.  

Lors du premier semestre 2021, le chinois TikTok a été l'application la plus téléchargée, selon le cabinet américain Sensor Tower. Il a largement remplacé Facebook au titre d'initiateur des modes sur les réseaux sociaux, surtout pendant la pandémie où ses courtes vidéos de danse ont allégé l'atmosphère pour des millions de personnes. Dans ce contexte, l'un des objectifs du pari à un milliard de dollars de Facebook semble être de redevenir à la mode et de cesser l'exode des plus jeunes. 

"La seule manière pour les plateformes de garder leur pertinence auprès des jeunes générations est de comprendre ce qui résonne en elles", explique Claudia Cameron, responsable du marketing à l'agence pour influenceurs IMA basée à Amsterdam. "Les créateurs de contenus sont une partie importante de l'équation, car ils donnent le ton de ce qui est cool."

Une goutte d'eau?

Les experts estiment qu'il est bien trop tôt pour considérer Facebook comme fini. "On ne peut pas les sous-estimer, ils sont si puissants dans la tech", relève Joe Gagliese. La puissance financière de Facebook, qui a gagné 84,2 milliards de dollars en revenus publicitaires l'année dernière, lui donne plus de marge de manœuvre pour investir et le nombre d'inscrits continue d'augmenter, avec 2,8 milliards d'utilisateurs actifs dans le monde. 

Facebook va toutefois devoir investir davantage, prévient M. Gagliese: "A moins que Facebook ne s'y mette sérieusement -je veux dire, bien plus qu'un milliard de dollars-, ce sera très difficile d'attirer tous ces créateurs."  Facebook n'a pas encore précisé comment l'argent serait redistribué, mais Claudia Cameron pense qu'une grande part devrait aller à Instagram, qui bénéficie encore d'une image "cool". Il s'agirait d'une bonne nouvelle pour le comédien Mark Mwas, qui y a aussi une importante communauté. "Je vais attendre et aviser", dit-il. 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.