Réactions à la crise politique en Tunisie

Des partisans du président tunisien Kais Saied scandent des slogans dénonçant le principal parti islamiste du pays Ennahda (Ennahdha) devant le Parlement bouclé par l'armée dans la capitale Tunis le 26 juillet 2021. (Photo, AFP)
Des partisans du président tunisien Kais Saied scandent des slogans dénonçant le principal parti islamiste du pays Ennahda (Ennahdha) devant le Parlement bouclé par l'armée dans la capitale Tunis le 26 juillet 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 26 juillet 2021

Réactions à la crise politique en Tunisie

  • Le ministère allemand des Affaires étrangères « observe attentivement l'escalade de la violence de ces derniers jours et ces dernières semaines, ainsi que l'aggravation de la situation depuis hier »
  • Selon une publication de la présidence algérienne sur Facebook, M. Saied s'est entretenu au téléphone avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune

ALGER : Les réactions internationales à la crise politique que traverse la Tunisie n’ont pas tardé à tomber suite à la décision du président Kais Saied de limoger le Premier ministre et de suspendre pour 30 jours les activités du Parlement dans la foulée de manifestations.

Le ministère allemand des Affaires étrangères « observe attentivement l'escalade de la violence de ces derniers jours et ces dernières semaines, ainsi que l'aggravation de la situation depuis hier ».

« Nous sommes très inquiets à ce sujet (...) il est maintenant important de revenir à l'ordre constitutionnel le plus rapidement possible », a déclaré Maria Adebahr, lors d'une conférence de presse. 

Les événements récents « constituent un grand défi pour la Tunisie », a-t-elle ajouté, estimant qu'ils démontraient « l'urgence de s'attaquer maintenant aux réformes politiques et économiques ».

La Russie « espère que rien ne menacera la stabilité et la sécurité des citoyens » en Tunisie, a indiqué lors d'un point presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant que le gouvernement russe « suivait » la situation dans le pays.

 

Les Etats-Unis appellent au respect des "principes démocratiques"

Les Etats-Unis, "préoccupés" par la crise politique qui secoue la Tunisie, appellent au respect des "principes démocratiques" dans le pays, a dit lundi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.

Interrogée lors d'un point presse pour savoir si Washington estimait être en présence d'un coup d'Etat, elle a souligné qu'il s'agissait là d'une "définition juridique", et que cette question était examinée par le département d'Etat.

Le président tunisien Kais Saied a limogé lundi le ministre de la Défense, au lendemain de sa décision de suspendre les activités du Parlement et de limoger le Premier ministre, aggravant la crise dans laquelle la jeune démocratie est plongée depuis des mois.

Après une journée de manifestations dimanche dans de nombreuses villes du pays contre la gestion de l'épidémie de coronavirus par le gouvernement de Hichem Mechichi, le président Saied a limogé ce dernier et annoncé "le gel" des activités du Parlement pour 30 jours.

Dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères, le Qatar a appelé à « faire prévaloir la voix de la sagesse et à éviter toute escalade », ajoutant espérer que « la voie du dialogue sera adoptée pour sortir de cette crise ».

Alliée d’Ennahda, la Turquie « rejette la suspension du processus démocratique et le mépris du désir de démocratie du peuple », a annoncé sur Twitter le porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin.

Selon une publication de la présidence algérienne sur Facebook, M. Saied s'est entretenu au téléphone avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. « Ils ont échangé sur les derniers développements en Tunisie (...) sur les relations algéro-tunisiennes et les moyens de les renforcer », précise la présidence.

 

Paris souhaite le retour «dans les meilleurs délais» à un «fonctionnement normal des institutions»

La France souhaite "le retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions" en Tunisie après la suspension des activités du Parlement et le limogeage du Premier ministre par le président Kais Saied, a déclaré lundi la diplomatie française.

"La France suit avec la plus grande attention l'évolution de la situation politique en Tunisie", a déclaré la porte-parole du Quai d'Orsay, Agnès von der Mühll.

"Elle souhaite le respect de l'État de droit et le retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions, qui doivent pouvoir se concentrer sur la réponse à la crise sanitaire, économique et sociale", a-t-elle ajouté.

"Dans le plein respect de la souveraineté de la Tunisie, la France appelle également l'ensemble des forces politiques du pays à éviter toute forme de violence, et à préserver les acquis démocratiques du pays", a-t-elle également souligné.

Les Etats-Unis se sont dits pour leur part "préoccupés" par la crise politique qui secoue la Tunisie et ont appelé au respect des "principes démocratiques" dans le pays.

L'Allemagne a aussi appelé au "respect des libertés civiles, qui est l'un des gains les plus importants de la révolution tunisienne" de 2011, souvent présentée comme la seule réussie du Printemps arabe.

Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a fait part lors d'un appel téléphonique, au ministre tunisien des Affaires étrangères Othman Jarandi du "soutien total (de l'organisation) au peuple tunisien". Il a ajouté "souhaiter que la Tunisie sorte rapidement des turbulences et que la stabilité du pays soit restaurée (...), selon un communiqué.

L'ONG de défense des droits humains Amnesty International a, quant à elle, appelé dans un communiqué M. Saied à "respecter et protéger les droits humains, dont la liberté d'expression, d'association et de rassemblement pacifique".

 

(Avec AFP)


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.