Tunisie: le président démet le gouvernement, Ghannouchi en sit-in devant le Parlement gardé par l'armée

Des manifestants pro-Ennahda s'opposent aux forces de l'ordre devant le Parlement tunisien. (AFP).
Des manifestants pro-Ennahda s'opposent aux forces de l'ordre devant le Parlement tunisien. (AFP).
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Publié le Lundi 26 juillet 2021

Tunisie: le président démet le gouvernement, Ghannouchi en sit-in devant le Parlement gardé par l'armée

  • Ce coup de théâtre ébranle la jeune démocratie tunisienne, qui fonctionne depuis l'adoption en 2014 d'une Constitution de compromis selon un système parlementaire mixte, dans lequel le président n'a comme prérogatives que la diplomatie et la sécurité
  • Des Tunisiens, exaspérés par les luttes de pouvoir et la gestion contestée de la crise sociale et sanitaire par le gouvernement, sont sortis dans la rue en dépit du couvre-feu, tirant des feux d'artifice et klaxonnant avec enthousiasme à Tunis et ailleurs

TUNIS : La Tunisie était plongée dans une nouvelle crise politique après la décision du président Kais Saied dimanche soir de geler les travaux du Parlement et de s'octroyer le pouvoir exécutif, le principal parti au pouvoir, Ennahdha, dénonçant un "coup d'Etat". Lundi matin, l'armée tunisienne se déployait autour du siège du Gouvernement dans la capitale et interdisait aux employés d' y entrer. Dans le même temps, Ennahda appelait lundi le ministère tunisien de la Défense et le chef de l'armée à annuler la décision de Saied tendant à empêcher le président du Parlement Rached Ghannouchi d'entrer au Parlement.

Ce coup de théâtre ébranle la jeune démocratie tunisienne, qui fonctionne depuis l'adoption en 2014 d'une Constitution de compromis selon un système parlementaire mixte, dans lequel le président n'a comme prérogatives que la diplomatie et la sécurité. Des Tunisiens, exaspérés par les luttes de pouvoir et la gestion contestée de la crise sociale et sanitaire par le gouvernement, sont sortis dans la rue en dépit du couvre-feu, tirant des feux d'artifice et klaxonnant avec enthousiasme à Tunis et dans plusieurs autres villes.

"C'est ça le président qu'on aime", lance Nahla, une trentenaire brandissant le drapeau tunisien au milieu d'une foule compacte à Tunis, tandis qu'un voisin s'inquiétait de la "naissance d'un nouveau dictateur".

"Selon la Constitution, j'ai pris des décisions que nécessite la situation afin de sauver la Tunisie, l'Etat et le peuple tunisien", a déclaré M. Saied à l'issue d'une réunion d'urgence au Palais de Carthage avec des responsables des forces de sécurité.

"Nous traversons les moments les plus délicats de l'histoire de la Tunisie", a ajouté le chef de l'Etat, engagé depuis des mois dans un bras de fer avec le principal parti parlementaire, Ennahdha.

"Ce n'est ni une suspension de la Constitution ni une sortie  de la légitimité constitutionnelle, nous travaillons dans le cadre de la loi", a-t-il assuré, précisant que ces décisions seraient publiées sous forme de décret.

Dans un communiqué publié sur Facebook, la présidence a ensuite précisé que le gel du Parlement était en vigueur pour 30 jours.

La révolution de 2011 a chassé du pouvoir l'autocrate Zine el Abidine Ben Ali, mettant la Tunisie sur la voie d'une démocratisation qu'elle a continué à suivre depuis, en dépit des défis sociaux et sécuritaires.

 

Heurts entre manifestants devant le Parlement

De son côté, Ennahdha a fustigé "un coup d'Etat contre la révolution et contre la Constitution", dans un communiqué publié sur sa page Facebook. La formation islamiste a souligné que ses "partisans (...)  ainsi que le peuple tunisien défendront la révolution".

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L'armée tunisienne stationnée devant le Parlement alors que son chef, Rached Ghannouchi, effectue un sit-in depuis 3 heures du matin heure locale pour protester contre la décision du président Kais Saied. (AFP).

Le chef du Parlement, Rached Ghannouchi et des députés s'étaient rendus au Parlement 3 heures du matin, mais ils sont depuis empêchés d'y entrer par des militaires derrière des portes fermées, au lendemain du gel des travaux de l'Assemblée par le président Kais Saied.

"L'armée doit protéger le pays et la religion", a plaidé M. Ghannouchi en demandant l'ouverture de l'immense grille d'entrée fermée à l'aide de chaînes. "Nous sommes des militaires, nous appliquons les instructions. On nous a demandé de fermer le Parlement", a répondu un militaire. "Soldats, officiers, nous vous demandons d'être aux côtés du peuple", a exhorté M. Ghannouchi. 

Dans ce contexte, des heurts ont éclaté entre des partisans d'Ennahdha et des citoyens tunisiens devant l'enceinte du Parlement, a rapporté le correspondant d'Al-Arabiya.

Quelques centaines de partisans du président tunisien Saied rassemblés devant le Parlement lançaient des slogans hostiles au parti d'inspiration islamiste Ennahdha, principal parti parlementaire dirigé par M. Ghannouchi. Ils empêchaient également des partisans de ce mouvement de s'approcher de l'Assemblée.

Les deux camps ont échangé des jets de pierres et de bouteilles, et plusieurs centaines de partisans du président Saied ont empêché lundi les partisans du principal parti parlementaire Ennahdha de se rapprocher de leur chef, M. Ghannouchi.

Des véhicules blindés sécurisent les entrées du Parlement tunisien de l'intérieur, selon la chaîne satellitaire saoudienne Al-Arabiya, et le pays est sans nouvelles du  Premier ministre tunisien Hichem Mechichi depuis sa révocation dimanche. Selon l'agence Reuters, Mechichi serait chez lui "et non pas en résidence surveillée".

Mais depuis l'arrivée au pouvoir en 2019 d'une Assemblée fragmentée et d'un président farouchement indépendant des partis, élu sur fond de ras-le-bol envers la classe politique au pouvoir depuis 2011, le pays s'est enfoncé dans des crises politiques particulièrement insolubles.

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Le convoi de Rached Gahnnouchi pris à parti par les manifestants pro-Saied. (AFP). 

M. Saied, qui prônait pendant sa campagne électorale une révolution par le droit et un changement radical de régime, a annoncé qu'il démettait de ses fonctions le chef du gouvernement Hichem Mechichi. Le président de la République "se chargera du pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement dont le président sera désigné par le chef de l'Etat", a-t-il ajouté.

"La Constitution ne permet pas la dissolution du Parlement mais elle permet le gel de ses activités", a déclaré M. Saied, s'appuyant sur l'article 80 qui permet ce type de mesure en cas de "péril imminent". Le président a en outre annoncé lever l'immunité parlementaire des députés et promis de poursuivre les personnes impliquées dans des affaires judiciaires.

 

Réactions en chaîne des partis tunisiens, loin de l'unanimité

Par ailleurs, les réactions à la décision du président ont déferlé, le parti Au coeur de la Tunisie estimant que les décisions du président Kais Saied sont une violation de la Constitution.

Il en était de même pour Ennahda et le mouvement islamiste nationaliste Karama, qui ont condamné les décisions de M. Saied; alors que le Mouvement du peuple annonçait soutenir les décisions du président tunisien.

Dans l'opposition, le Courant démocratique, parti socio-démocrate qui a plusieurs fois soutenu le président Saied, a rejeté sa prise de pouvoir. 

Le Courant démocratique a néanmoins imputé la responsabilité de "la tension populaire et de la crise sociale, économique et sanitaire et le blocage des horizons à la coalition au pouvoir dirigée par Ennahdha".

Le parti Chaab, petite formation nationaliste a de son côté appuyé ces décisions, assurant que M. Saied avait "pris ses responsabilités" pour "rectifier le processus de la révolution".

Frustration des citoyens

Les services du Premier ministre Mechichi n'avaient toujours pas réagi à ces décisions, des membres d'Ennahdha indiquant ne pas savoir où se trouvait le chef du gouvernement depuis sa rencontre avec M. Saied en fin d'après midi. Cette annonce fait suite à des manifestations dans de nombreuses villes du pays dimanche, en dépit d'un important déploiement policier pour limiter les déplacements. 

Les milliers de protestataires ont notamment réclamé la "dissolution du Parlement". La frustration des citoyens est exacerbée par les conflits entre partis au Parlement, et le bras de fer entre le chef du Parlement Rached Ghannouchi - aussi chef de file d'Ennahdha - et le président Saied, qui paralyse les pouvoirs publics.

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Les manifestants anti Kais Saied brandissent une pancarte sur laquelle il est écrit "dégage". (AFP). 

Beaucoup reprochent aussi au gouvernement son manque d'anticipation et de coordination face à la crise sanitaire, laissant la Tunisie à court d'oxygène. Avec ses près de 18.000 morts pour 12 millions d'habitants, le pays a l'un des pires taux de mortalité officiels au monde dans cette pandémie. Les protestataires ont crié des slogans hostiles à Ennahdha et au Premier ministre Mechichi qu'elle soutient, scandant "le peuple veut la dissolution du Parlement".

"Changement de régime", était également inscrit sur des pancartes.

Des locaux et symboles d'Ennahdha ont été pris pour cible. Des appels à manifester le 25 juillet, jour de la fête de la République, circulaient depuis plusieurs jours sur Facebook, émanant de groupes non identifiés. Ils réclamaient entre autres un changement de Constitution et une période transitoire laissant une large place à l'armée, tout en maintenant le président Saied à la tête de l'Etat.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.