L'Autriche refuse toute coopération militaire entre l'UE et la Turquie

La Coopération Structurée Permanente (CSP) comprend 46 projets de défense communs en partenariat avec 24 États membres de l'UE, et constitue l'une des principales politiques de sécurité de l'Union. (Photo, Agence européenne de défense)
La Coopération Structurée Permanente (CSP) comprend 46 projets de défense communs en partenariat avec 24 États membres de l'UE, et constitue l'une des principales politiques de sécurité de l'Union. (Photo, Agence européenne de défense)
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Publié le Jeudi 29 juillet 2021

L'Autriche refuse toute coopération militaire entre l'UE et la Turquie

  • La candidature de la Turquie à la CSP n’arrive pas au moment opportun
  • Ankara tente de renforcer la coopération militaire avec la communauté occidentale «pour éviter de s'enfermer dans l'impasse du S-400»

ANKARA : L'Autriche a rejeté une demande officielle présentée par la Turquie en mai pour adhérer à un puissant programme de coopération européenne en matière de sécurité et de défense. 

La candidature d'Ankara pour la Coopération Structurée Permanente (CSP) de l’Union Européenne a été rejetée par Vienne. Un refus motivé par ses inquiétudes au sujet de la régression des valeurs démocratiques en Turquie et les liens de cette dernière avec Bruxelles.

La CSP comprend 46 projets de défense communs en partenariat avec 24 États membres de l'UE, et constitue l'une des principales politiques de défense et de sécurité de l'Union.

Depuis l'automne de l'année dernière, l'adhésion est ouverte aux pays non membres de l’Union qui remplissent un ensemble de critères politiques et juridiques. À savoir, la démocratisation, le respect des politiques de sécurité et de défense communes et le maintien de bonnes relations avec leurs voisins de l'UE. 

Cependant, l'impasse actuelle entre Ankara et Athènes au sujet des îles grecques, ainsi que les tensions croissantes concernant les projets de construction récemment annoncés par la Turquie sur l'île divisée de Chypre, font obstacle au bon voisinage. 

Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'UE à Ankara et aujourd’hui analyste chez Carnegie Europe, affirme à Arab News que la «position de l'Autriche peut sembler brusque, mais elle reflète probablement (celle) de l'UE sur la question de la participation de la Turquie à la CSP».

«La raison en général est que la structure actuelle de l'État de droit en Turquie n'a plus grand-chose à voir avec celle de l'Europe, et personne ne constate beaucoup de perspectives d'amélioration», explique-t-il.

Mardi, le ministre turc de la Défense a indiqué que son pays s'attend à ce que la Grèce opte pour des solutions politiques pacifiques. Il a appelé au désarmement des îles grecques qui n'ont pas de statut militaire.

Le récent achat par la Grèce d'avions de combat Rafale à la France a été critiqué par Ankara, et jugé comme une tentative de «course aux armements». 

Mais la présence de systèmes de missiles russes S-400 sur le sol turc est considérée comme une position contradictoire avec les intérêts communs de sécurité et de défense de l'UE.

L'admission de pays non-membres de l'UE à la CSP vise à accroître la coopération entre les partenaires de l'OTAN, et à améliorer la mobilité militaire à l'intérieur et à l'extérieur de l'UE. Elle a pour objectif également de normaliser les procédures militaires transfrontalières, telles que la circulation de matériel militaire à travers l'Union en temps de crise.

La candidature de la Turquie à la CSP n’arrive pas au moment opportun. Cependant, sa participation au projet renforcerait probablement ses capacités militaires aériennes, terrestres, maritimes et cybernétiques, offrirait au pays une nouvelle voie dans l’amélioration de la coopération avec l'UE, et normaliserait ses relations avec les membres du bloc.

Pierini note que l'intérêt de la Turquie à s'associer à la CSP dénote qu’elle est ancrée à long-terme à l'Occident. Mais, la dernière visite du président turc Recep Tayyip Erdogan dans le nord de Chypre et le gain géopolitique massif accordé à la Russie grâce à l'achat de systèmes d'armes S-400, suggèrent tous une direction différente, a-t-il ajouté.

«Donc, nous sommes clairement dans une impasse en ce moment», soutient-il.

La Dr Selmin Seda Coskun, analyste en politique étrangère, rappelle à Arab News que la Turquie a pris d'importantes mesures, surtout en juin, afin de répondre aux exigences de l'UE en matière de relations de bon voisinage.

À ce jour, la Turquie et la Grèce ont tenu trois séries de pourparlers consultatifs et plusieurs réunions de désescalade de conflit sous l'égide de l'OTAN.

«Toutefois, il est évident qu'Ankara ne peut pas réaliser les mêmes progrès au niveau national», affirme Coskun. 

Elle constate qu'Ankara tente de renforcer la coopération militaire avec la communauté occidentale pour éviter de s'enfermer dans l'impasse du S-400.

«La vente de véhicules aériens sans pilote de fabrication turque à l'Ukraine et à la Pologne afin de consolider sa présence dans l'alliance, la participation de la Turquie aux manœuvres militaires des navires de l'OTAN dans la mer Noire, ainsi que son rôle plus important en Afghanistan, surtout lorsque les troupes américaines se préparent à quitter ce pays en septembre, prouvent qu’Ankara est capable d’actions de réconciliation dans sa politique étrangère», ajoute Coskun. 

Néanmoins, Coskun estime que, pour participer à la CSP, la Turquie doit démontrer une volonté de s'attaquer à son piètre bilan en matière de droits de l'homme, et convaincre l'UE des progrès démocratiques nationaux imminents. 

De deux choses l’une. «Soit les membres de la CSP examineront les dernières mesures de politique étrangère de la Turquie et n'attendront pas trop d'Ankara, soit la Turquie comprendra qu'il serait plus avantageux d’adopter les valeurs de l'UE dans ses choix de politique intérieure», conclut-elle.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nucléaire: Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à négocier «au plus vite, sans préconditions»

 Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le président du Conseil européen António Costa, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, le Premier ministre italien Giorgia Meloni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Mark Carney arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand
  • Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux"

PARIS: Les chefs de la diplomatie française, britannique et allemand ont "incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations" sur le programme nucléaire iranien, selon une source diplomatique française.

Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul, qui se sont entretenus lundi soir avec la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, ont en outre "appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire" comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères avait fait état de l'appel entre le chef de la diplomatie iranienne et chef négociateur pour le nucléaire avec ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas.

Abbas Araghchi a estimé que les frappes israéliennes contre son pays "portent un coup" à la diplomatie.

"L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation (sur le nucléaire avec les Etats-Unis, NDLR) porte un coup à la diplomatie", a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume Uni et l'UE sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les Etats-Unis s'étaient unilatéralement retirés.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les Etats-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations devait avoir lieu la semaine dernière avant qu'Israël ne frappe l'Iran.

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été passés par les ministres français, britannique et allemand à Israël "sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, infrastructures et populations civiles", selon la source diplomatique française.

 


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."