Tunisie: inquiétudes d'ONG après l'arrestation d'un député critique envers le président

Le drapeau tunisien brandi lors d'une manifestation de soutien à Marseille, en janvier 2011. REUTERS/Archives
Le drapeau tunisien brandi lors d'une manifestation de soutien à Marseille, en janvier 2011. REUTERS/Archives
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Publié le Samedi 31 juillet 2021

Tunisie: inquiétudes d'ONG après l'arrestation d'un député critique envers le président

  • Cette interpellation «confirme les craintes selon lesquelles le président Saied risque d'utiliser ses pouvoirs extraordinaires contre ses opposants», a estimé le directeur de Human Rights Watch (HRW) pour l'Afrique du Nord, Eric Goldstein
  • Yassine Ayari, a été arrêté vendredi. Déjà condamné plusieurs fois pour son discours très critique envers l'armée, il avait qualifié cette semaine le régime d'exception instauré par le président de «coup d'Etat militaire»

TUNIS : Plusieurs ONG internationales ont exprimé samedi leur inquiétude sur la situation en Tunisie depuis que le chef de l'Etat s'est octroyé les pleins pouvoirs, après l'arrestation du député indépendant Yassine Ayari, très critique envers l'armée et le président tunisien. 

Cette interpellation "confirme les craintes selon lesquelles le président Saied risque d'utiliser ses pouvoirs extraordinaires contre ses opposants", a estimé dans un communiqué le directeur de Human Rights Watch (HRW) pour l'Afrique du Nord, Eric Goldstein.

Vendredi, le député indépendant et ex-blogueur, Yassine Ayari, a été arrêté. Déjà condamné plusieurs fois pour son discours très critique envers l'armée, il avait qualifié cette semaine le régime d'exception instauré par le président de "coup d'Etat militaire". 

La justice militaire tunisienne a confirmé son interpellation, en application d'un jugement rendu fin 2018, qui le condamnait à deux mois de prison pour une publication critique envers l'armée sur Facebook, selon un communiqué. M. Ayari bénéficiait auparavant de son immunité parlementaire. Mais lorsque le président tunisien, Kais Saied, s'est octroyé les pleins pouvoirs et a suspendu le Parlement pour 30 jours en invoquant la constitution dimanche, il a également levé l'immunité des députés.

L'antenne tunisienne de l'ONG Amnesty International a fait part elle aussi de son "inquiétude" concernant l'arrestation de M. Ayari. Elle "condamne fermement le jugement des civils devant les tribunaux militaires et les procès d'opinion quels qu'ils soient."

De son côté, HRW s'inquiète également de l'arrestation de "quatre membres d'Ennahdha", le parti d'inspiration islamiste au pouvoir depuis 10 ans en Tunisie. Selon l'ONG américaine, ils étaient accusés d'avoir cherché à "perpétrer des actes violents" devant le Parlement. 

Un responsable d'Ennahdha a confirmé ces interpellations à l'AFP, qui ont eu lieu en début de semaine. Les quatre personnes concernées ont été relâchées vendredi sans faire l'objet de poursuite judiciaire, a-t-il précisé. Des Tunisiens expriment actuellement leur crainte d'un retour à la répression, dix ans après la révolution qui a provoqué la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

Vendredi, M. Saied a assuré qu'il n'y avait "pas de peur" à avoir concernant la liberté d'expression, en affirmant qu'il "détest(ait) la dictature". Il a expliqué que les arrestations ne concernaient que des personnes déjà poursuivies par la justice. Samedi, l'association tunisienne I Watch a publié une liste de 14 députés qui sont sous le coup de poursuites judiciaires et risquent donc d'être arrêtés.

Dans une tribune publiée par le New York Times, le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a une nouvelle fois accusé le président Saied d'avoir pris des mesures qui violent la constitution.  "Ces décisions suivent le cahier des charges pour mettre en place une dictature", a estimé le président du Parlement tunisien.

"La dictature mène invariablement à une augmentation de la corruption, du népotisme, des violations des libertés individuelles et des inégalités", a fait valoir M. Ghannouchi.


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.