DJEDDAH: Nommée présidente de la Commission des arts culinaires après avoir été cheffe pâtissière, Mayada Badr a la délicate mission de mettre en valeur les plats saoudiens dans le monde et de les faire apprécier.
« Mon ambition est de mettre notre stratégie en évidence, de promouvoir le secteur des arts culinaires dans le Royaume d’Arabie saoudite et de le faire connaître au monde », confie-t-elle à Arab News.
« Nous avons tellement à offrir, ajoute-t-elle. C’est exceptionnel. Ce n’est pas comme quand vous essayez de créer quelque chose, tout est déjà là ».
Selon Mayada Badr, les différentes régions du royaume possèdent une variété unique de plats différents et attrayants pour tous.
« Il est possible de comprendre une culture et de s’y plonger à travers sa cuisine, affirme-t-elle. C’est ainsi que les touristes et les visiteurs recherchent les restaurants locaux, pour mieux s’imprégner des traditions d’une culture et de son originalité. Les touristes cherchent à nous comprendre à travers notre cuisine. »
Récemment, la Commission presidee par Mme Badr a effectué un sondage sur la cuisine saoudienne et ce qu’elle représente pour les chefs dans le monde. Pas de réponse claire, ce qui signifie pour la cheffe que celle-ci est encore entièrement à découvrir.
« La réponse était souvent la suivante : Honnêtement, nous ne savons pas. Nous n’avons pas idée de ce que vous mangez, déplore la cheffe. C’est dommage, et c’est la raison pour laquelle ils ne peuvent pas vraiment en parler. »
La Commission des arts culinaires a engagé des chercheurs pour retrouver l’histoire des plats saoudiens, remonter jusqu’à leurs origines et aux moments de l'Histoire qui ont vu leur apparition . « Il nous faut juste faire la lumière sur nos diverses propositions culinaires, des ingrédients et produits jusqu’à la cuisine », pense encore Mayada Badr.
Selon elle, le paysage culinaire saoudien va changer de façon radicale, grâce aux efforts de la commission et la stratégie qu’elle projette d’annoncer bientôt. Au programme : écoles de cuisine, apprentissage de la cuisine saoudienne, cuisine de rue et bien plus.
« Ce sujet est réellement passionnant car nous nous attarderons sur la chaîne alimentaire dans son ensemble. Depuis la culture des différents produits jusqu’aux techniques de cuisson, et à travers l’éducation, l’infrastructure, l’agencement et le tourisme gastronomique », poursuit la cheffe, motivée depuis toujours par sa passion pour la gastronomie.
Les macarons en Arabie Saoudite
Propriétaire d’une pâtisserie nommée « Pink Camel » (Chameau rose) et du restaurant « Black Cardamon » (Cardamome noire), Mayada Badr a un parcours atypique.
Alors qu’elle étudiait à la Parsons School of Design à Paris, les autres étudiants économisaient de l’argent pour s’acheter des sacs à main ou des produits de luxe, alors qu’elle faisaient des épargnes pour se rendre dans des restaurants étoilés au guide Michelin,un peu partout à travers la France. Un autre de ses plaisirs est d'avoir ses livres de cuisine dédicacés par de célèbres chefs.
Mayada Badr a aussi suivi des cours de Cordon Bleu. Après avoir obtenu son Grand Diplôme, elle a suivi un stage de trois mois chez Ladurée, la célèbre pâtisserie française connue pour ses macarons. Elle dit y avoir rencontré des chefs formidables, qui lui ont enseigné diverses techniques. Elle s’est ensuite rendue dans le sud de la France, où elle a fait un stage à la Bastide de Saint Antoine, un restaurant deux étoiles Michelin, dans la petite ville de Grasse non loin de Cannes.
De retour en Arabie Saoudite, la cheffe a eu envie de macarons, et n’a pu en trouver de bonne qualité. Elle a donc pris l’initiative de faire ses propres macarons. En réalisant que la pâtisserie française était très peu représentée dans le Royaume, avec seulement quelques restaurants qui offraient des produits de haute qualité, Mayada a décidé le 21 juillet 2012 d’ouvrir sa propre pâtisserie. Une enseigne qui mélange les arômes occidentaux et locaux.
Les saveurs du « Pink Camel » sont les dattes, la kunafa (l’une des saveurs prisées), le café arabe, la muhalabiya, et la halwa tahina trempée dans du chocolat. Pour les gâteaux, ce sont surtout les dattes avec une couverture chocolat, le café arabe couvert de chocolat blanc, la muhalabiya, ainsi que le fameux macarons.
Le secret de ses macarons ? « Je pense honnêtement que la clef réside dans les produits que nous utilisons et qui sont frais à souhait ». Qualifiant sa pâtisserie de « petite boutique de macarons », elle y assure privilégier la qualité à la quantité, sans vouloir s’orienter le moins du monde vers la production de masse.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.