Géraldine Ghostine: «Montrer à Beyrouth qu’on est là, même loin»

Géraldine Ghostine répond à trois questions d’Arab News en français, à l’approche de la commémoration de l’explosion qui a meurtri Beyrouth. Photo fournie.
Géraldine Ghostine répond à trois questions d’Arab News en français, à l’approche de la commémoration de l’explosion qui a meurtri Beyrouth. Photo fournie.
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Publié le Mardi 03 août 2021

Géraldine Ghostine: «Montrer à Beyrouth qu’on est là, même loin»

  • Nous sommes très régulièrement contactés par des Libanais qui nous demandent des informations sur les visas, comment placer les enfants à l’école, trouver un appartement, recevoir des aides
  • Depuis octobre 2019, nous faisons aussi de l’humanitaire, bien que nous n’ayons pas vocation à en faire à l’origine

PARIS: En mars 2018, Géraldine Ghostine part avec sa famille s’installer au Liban, pays de son père, où l’attend une mission à l’Association des banques du Liban (ABL). «Après avoir travaillé comme directrice juridique dans une banque privée à Monaco, j’ai saisi cette opportunité, mon mari et moi estimant que c’était l’occasion idéale de revenir au pays.»

Pour autant, la Franco-Libanaise ne coupe pas les ponts avec la France. Au contraire, elle fonde en août 2019 l’association baptisée «Mon Liban d’Azur», afin de promouvoir le pays du Cèdre sur la Côte d’Azur et encourager les échanges artistiques et culturels entre les deux rives de la Méditerranée.

«C’est une association récente mais qui a pris beaucoup d’ampleur», explique-t-elle, surtout depuis la crise économique et financière qui s’est abattue sur le Liban, et l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020.

Quitter Beyrouth? Elle ne l’envisage pas. «Les enfants sont en plein apprentissage de la langue arabe», précise-t-elle. «La situation est très compliquée sur place, mais on a la chance de pouvoir quitter le pays, avec nos passeports français, contrairement aux Libanais, otages du système en place.»

Géraldine Ghostine répond à trois questions d’Arab News en français, à l’approche de la commémoration de l’explosion qui a meurtri Beyrouth.

Où étiez-vous le 4 août 2020?

J’étais à Nice, quand j’ai reçu un appel de mon chauffeur à Beyrouth, qui accompagne habituellement les enfants à l’école, avant le confinement. Il ne savait pas si on était en France ou à Beyrouth et s’inquiétait pour nous. Il m’a expliqué la double explosion. C’était horrible. J’étais très secouée. Très vite, tout s’est emballé sur les réseaux sociaux, dans les médias. Notre appartement à Gemmayzé a été soufflé, comme de nombreux appartements du quartier.

mon liban d'azur
Le 7 août, nous avons organisé un hommage aux victimes de la double explosion sur le port de Nice. Photo fournie.

Le lendemain, la ville de Nice m’a appelée, puis le département des Alpes-Maritimes. Nous sommes la seule association franco-libanaise de la Côte d’Azur. Ils voulaient savoir comment aider, rendre hommage. Ainsi, le 7 août, nous avons organisé un hommage aux victimes de la double explosion sur le port de Nice. Nous avons jeté une gerbe de fleurs dans la mer, en direction de Beyrouth, d’une rive de la Méditerranée à l’autre. C’était très émouvant. Leur montrer qu’on est là, même loin. À côté de ça, la destruction de notre appartement, à Gemmayzé, est devenue secondaire.

À l’origine, votre association avait pour objectif de renforcer les liens, les échanges entre le Liban et la Côte d’Azur. Face à la situation dans le pays, vous vous êtes adaptés...

Il y a deux ans, 25 000 Libanais étaient recensés sur la Côte d’Azur, entre Menton et Saint-Tropez. Il doit y en avoir désormais un peu plus, compte tenu de l’exode massif des Libanais. Nous sommes d’ailleurs très régulièrement contactés par des Libanais qui nous demandent des informations sur les visas, comment placer les enfants à l’école, trouver un appartement, recevoir des aides... On essaie alors de trouver des solutions adaptées, mais pas financières. On contacte les écoles, les institutions, on mobilise notre réseau.

L’association est vraiment consacrée aux échanges gastronomiques, artistiques, éducatifs... Depuis octobre 2019, nous faisons aussi de l’humanitaire, bien que nous n’ayons pas vocation à en faire à l’origine. Ainsi, notre dernière action à Beyrouth fut avec la fondation Paul Bocuse. Le chef exécutif est venu cuisiner à 200 mètres du port de Beyrouth avec le prêtre Henri Tawk, dans un garage reconverti en cuisine destinée aux personnes dans le besoin. Nous avons également cuisiné des repas équilibrés pour les patients de l’hôpital français du Levant à Sin el-Fil, au nord de la capitale. Enfin, un dîner de gala pour récolter des fonds pour le père Tawk a été organisé à l’hôtel Arthaus à Beyrouth.

Dans le même temps, de ce côté de la Méditerranée, nous organisons des marchés solidaires sur la Côte d’Azur. En effet, il n’y avait jamais eu de stand libanais dans les marchés de la région. Lorsque les vallées de la Côte d’Azur ont été inondées pendant l’hiver 2019, nous avons voulu exprimer notre solidarité, en retour à celle que l’on nous avait exprimée à la suite de l’explosion de Beyrouth. On s’est dit qu’on allait faire sept marchés solidaires, dont un de Noël, en faveur des sinistrés de la tempête Alex. La vente de spécialités et produits libanais a été un tel succès qu’on nous a demandé de revenir, et depuis nous sommes présents une fois par mois sur les marchés de Tourrette-Levens et Saint-Jean-Cap-Ferrat. Nous avons également été appelés par la commune d’Antibes, ainsi que d’autres communes, telles que Grasse et Mougins notamment.

mon liban d'azur
« Nous sommes présents une fois par mois sur les marchés de Tourrette-Levens et Saint-Jean-Cap-Ferrat ». Photo fournie.

Que prévoyez-vous pour commémorer l’anniversaire de la double explosion du port de Beyrouth?

Nous prévoyons d’organiser un grand événement le 3 août, un cocktail étoilé caritatif. Nous trouvions indécent de faire la fête le 4 août. La levée de fonds permettra de rénover le palais Sursock à Beyrouth. Roderick et Mary Cochrane seront présents lors de l’événement au Grand-Hôtel du Cap-Ferrat, ainsi que le chef libanais Joe Barza et les chefs étoilés Yoric Tièche et Christian Plumail. Cent vingt personnes sont attendues, personnalités et amis du Liban. Grâce également à la tombola et ses lots de prestige, tels une photo de Dia Mrad, un bonbon de Laurence Jenkell, des séjours dans les hôtels Four Seasons avec repas gastronomiques, nous souhaitons récolter 20 000 dollars (1 dollar = 0,84 euro). Nous avons déjà refait la porte et l’entrée du palais Sursock avec l’architecte Camille Tarazi. Nous allons maintenant financer la restauration des plafonds, des boiseries. Il faudra au moins cinq ans pour tout restaurer.

 


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.