Au Liban, rage et douleur pour le 1er anniversaire de l'explosion au port

Une libanaise blessée au village par l'immense déflagration le 4 août 2020 au port de Beyrouth, tend une bouteille d'eau à une dame. Archives AFP
Une libanaise blessée au village par l'immense déflagration le 4 août 2020 au port de Beyrouth, tend une bouteille d'eau à une dame. Archives AFP
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Publié le Mercredi 04 août 2021

Au Liban, rage et douleur pour le 1er anniversaire de l'explosion au port

  • Marches, veillées et cérémonies religieuses. Dans la douleur et la colère, les Libanais marquent le 1er anniversaire de l'explosion, pleurant les 214 morts d'un drame dont les coupables n'ont toujours pas été jugés et fustigent l'impunité des dirigeants
  • Le même jour, la France et l'ONU organisent une nouvelle conférence internationale pour apporter une aide humanitaire d'urgence aux plus démunis, dans un Liban englué dans la pire crise socio-économique de son histoire

BEYROUTH : Marches, veillées et cérémonies religieuses. Dans la douleur et la colère, les Libanais marquent mercredi le 1er anniversaire de l'explosion au port de Beyrouth, pleurant les 214 morts d'une tragédie dont les coupables n'ont toujours pas été jugés et fustigeant l'impunité des dirigeants.

Le même jour, la France et l'ONU organisent une nouvelle conférence pour apporter une aide humanitaire d'urgence aux plus démunis au Liban, pays englué dans la pire crise socio-économique de son histoire.

Le 4 août 2020, peu après 18H00 locales, la capitale libanaise bascule dans l'horreur: des centaines de tonnes de nitrate d'ammonium, stockées depuis des années dans un entrepôt délabré et "sans mesure de précaution" de l'aveu même du gouvernement, explosent.

Karlen Karam pleure le 17 août 2020, la mort de trois de ses proches, son mari, Charbel Karam, son frère Charbel Hitti et son cousin Najib Hitti des suites de l'explosion au port de Beyrouth. Archives AFP

Choc, stupeur, dévastation, douleur et colère. 214 morts, plus de 6.500 blessés et des quartiers entiers détruits. La catastrophe de trop dans un pays en faillite économique, dirigé par une classe politique qui le laisse couler.

Pour rendre hommage aux victimes et réclamer justice, les familles et des militants organisent dans l'après-midi marches, veillées aux chandelles et cérémonies religieuses, face au port ou près du Parlement, à proximité. Parmi les victimes, des pompiers décédés en éteignant le feu, des employés du port ensevelis sous la masse imposante des silos à grain en partie effondrés.

Il y avait aussi des automobilistes sur l'autoroute, des habitants chez eux, quand les vitres ont volé en éclat et le mobilier a valsé.

«Peur pour ma fille»

Jeffry Chartouni, 32 ans, qui travaille aux silos à grain du port, a perdu sept de ses collègues. Il ne comprend toujours pas comment son administration n'a jamais été avertie que des matières explosives dormaient si près de ses bureaux. "Ils auraient dû nous alerter. J'aurais pu, avec un coup de fil, dire aux jeunes de fuir. Ils auraient tous pu être à la maison."

Un homme blessé après l'explosion, le 4 août 2020, devant les silos de blé du port de Beyrouth. Archives AFP

"Les responsables sécuritaires, les ministres, le gouvernement, les douanes, évidemment ils savaient. Ils doivent tous rendre des comptes, du sommet de la pyramide au plus bas échelon." Malgré l'ampleur du drame qui a choqué le monde entier, l'enquête locale n'a enregistré aucun résultat concret et aucun coupable n'a été identifié ou jugé, même si des ex-ministres sont dans le viseur de la justice.

Et pour cause? La classe dirigeante. Elle est accusée de tout faire pour torpiller l'enquête et éviter des inculpations, en arguant d'une prétendue immunité. Des familles des victimes, réclamant la levée de ces immunités, ont menacé de "briser les os" de quiconque s'opposerait à leur colère mercredi dans la rue.

Photo du 15 août 2020 de Rony Mekattaf, psychothérapeute qui a perdu un oeil dans l'explosion du 4 août à Beyrouth. Archives AFP

Même si, un an plus tard, des blessures ont cicatrisé, des quartiers ont été reconstruits, grâce à des ONG et des volontaires -l'Etat ayant rien ou si peu fait-, la nation reste traumatisée. Une famille sur trois a des enfants montrant encore des signes de "détresse psychologique", indique l'Unicef. Chez les adultes, c'est une personne sur deux.

Mardi soir, des dizaines de Libanais se sont rassemblés, chandelle à la main, dans le quartier de Gemmayzé proche du port, dévasté par l'explosion. Certains tout de noir vêtus, d'autres en blanc, ne pouvant retenir leurs larmes. "Toutes les blessures se sont réveillées en nous", confie Mirvat Bakkour, en pleurs. "Je ne réalise toujours pas qu'autant de vies ont été perdues. Je me souviens de la frayeur ressentie au moment de l'explosion, la peur pour ma fille."

«Ehontée, criminelle»

Selon des rapports d'agences de sécurité libanaises ou occidentales consultés par l'AFP, le nitrate d'ammonium se trouvait dans un entrepôt où étaient stockés feux d'artifice ou mèches lentes. En un an, l'enquête n'a même pas encore déterminé officiellement les causes de la déflagration. Alors que les autorités elles-mêmes affirment que le nitrate a explosé après un incendie dans le hangar, qui selon des sources de sécurité a été provoqué par des travaux de soudure.

Pour Amnesty International, les autorités ont "entravé de façon éhontée la quête de vérité" et pour Human Rights Watch, "plusieurs autorités (...) ont fait preuve de négligence criminelle". Quasiment inchangée depuis la guerre civile (1975-1990), la classe politique est accusée de négligence, de corruption et d'être complètement déconnectée de la réalité.

"Otage d'un Etat meurtrier" peut-on lire le 4 août 2021 sur l'affiche d'une tour particulièrement soufflée par l'explosion à Beyrouth, un an après la catastrophe. AFP

Même la menace de sanctions européennes ne semble en mesure de la tirer de sa léthargie. Le pays attend toujours un nouveau gouvernement censé enclencher des réformes réclamées par la communauté internationale en échange d'aides tant nécessaires, après la démission de celui de Hassan Diab quelques jours après l'explosion.

Mais les partis politiques restent absorbés par des marchandages interminables. Entretemps le pays s'enfonce: aggravation de la pauvreté, chute libre de la monnaie locale, restrictions bancaires inédites, hyperinflation, carburant et médicaments introuvables. Même l'électricité est devenue un luxe. Quant à ceux qui ont les moyens d'émigrer -médecins, avocats, étudiants- ils disent fuir cet enfer qu'est devenu le Liban.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.