À Paris, les Libanais de la diaspora crient leur colère et leur détresse

Les Libanais de Paris ne peuvent contenir leurs larmes en écoutant l’hymne national et les chansons patriotiques comme Beyrouth, interprétée par la chanteuse lyrique Patricia Atallah. Photo Hakima Bedouani.
Les Libanais de Paris ne peuvent contenir leurs larmes en écoutant l’hymne national et les chansons patriotiques comme Beyrouth, interprétée par la chanteuse lyrique Patricia Atallah. Photo Hakima Bedouani.
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Publié le Jeudi 05 août 2021

À Paris, les Libanais de la diaspora crient leur colère et leur détresse

  • Les Libanais de Paris ne peuvent contenir leurs larmes en écoutant l’hymne national et les chansons patriotiques comme Beyrouth, interprétée par la chanteuse lyrique Patricia Atallah
  • «Il n’y a plus rien, pas d’argent pour acheter de la nourriture ou des médicaments, et même si on a de l’argent, on n’en trouve pas»

PARIS: Ils étaient nombreux à s’être réunis hier à Paris, place Victor-Hugo, pour commémorer le 1er anniversaire de la double explosion du port de Beyrouth, survenue le 4 août 2020. Le bilan de ce drame est de deux cent quatorze morts et de près de six mille cinq cents blessés.

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Ils étaient nombreux à s’être réunis hier à Paris, place Victor-Hugo, pour commémorer le 1er anniversaire de la double explosion du port de Beyrouth, survenue le 4 août 2020. Photo Hakima Bedouani.

L’émotion est palpable. Les Libanais de Paris ne peuvent contenir leurs larmes en écoutant l’hymne national et les chansons patriotiques comme Beyrouth, interprétée par la chanteuse lyrique Patricia Atallah, qui nous confie: «Aujourd’hui, mon cœur est déchiré, dévasté par ce qui continue de se produire au Liban. Nous sommes réunis aujourd’hui pour essayer de reconstruire ce pays. J’espère que nous pourrons y arriver, car le Liban ne s’est pas encore relevé.»

Lyna Nakouz Nassif est franco-libanaise. Rentrée du Liban il y a deux jours, elle juge la situation de son pays catastrophique: «Il n’y a plus rien, pas d’argent pour acheter de la nourriture ou des médicaments; même si on a de l’argent, on n’en trouve pas», déplore-t-elle, précisant que «l’hôpital ne peut recevoir de malades». «Les cas d’urgence sont opérés sans anesthésie», explique-t-elle.

De son côté, Philippe Bouriachi, conseiller régional d’Île-de-France, élu d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), tenait à être présent pour exprimer sa solidarité avec le peuple libanais: «Il y a des dates d’anniversaire qu’on n’a pas le cœur ni la joie de fêter ou de célébrer. Il y a un an, la France et le monde ont découvert l’horreur au cœur du Liban, une double explosion qui a détruit des centaines de familles et qui a fait déplacer des milliers d’autres […].  Le président de la république, Emmanuel Macron, s’est rendu tout de suite au Liban avec un message de concorde nationale. Le message était clair, la France a des liens forts avec le Liban. Ces liens ne sont pas des liens d’amitié, mais des liens fraternels», déclare-t-il.

L’élu EELV déplore par ailleurs les défaillances de l’enquête sur cette tragédie. «Un an après, le Liban s’enfonce chaque jour en peu plus dans une crise économique, politique et dans l’instabilité, ce qui est inacceptable.» Il poursuit: «L’Union européenne et la France doivent prendre leurs responsabilités et soutenir ce peuple pour [promouvoir] un Liban libre et indépendant. Respectons les résolutions des Nations unies et faisons valoir que l’Europe, cette belle démonstration démocratique, a un sens. Aujourd’hui, nous demandons au président de la république et au gouvernement de prendre leurs responsabilités et d’ajouter aux mots des actes», affirme-t-il.

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«Nous sommes réunis aujourd’hui pour essayer de reconstruire ce pays. J’espère que nous pourrons y arriver, car le Liban ne s’est pas encore relevé.» Photo Hakima Bedouani.

Habitant Paris depuis le mois de septembre dernier, Zoya Atoui, une jeune étudiante, confie à Arab News en français qu’elle était sur place lors de la double explosion. Elle en garde un souvenir douloureux et, encore aujourd’hui, a du mal à parler de ce drame. «Je participe à ce rassemblement pour dénoncer la corruption et la négligence», confie-t-elle. Pour elle, le pouvoir politique libanais ne respecte pas les droits fondamentaux de l’homme. «Notre système judiciaire est corrompu et il se trouve maintenu par les politiques», dénonce-t-elle. «J’appelle la communauté internationale à ne pas agir uniquement pour le Liban, mais aussi pour les Libanais. Ce peuple est opprimé, en détresse et en dépression», ajoute-t-elle.

Pour elle, la jeunesse libanaise est déterminée à reconstruire le pays. Aussi conclut-elle sur cette note d’espoir: «Le Liban sera reconstruit par la seule volonté de son peuple, un peuple libre qui a vécu beaucoup de guerres, un peuple résistant qui a toujours réussi.»


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.