Le Soudan va remettre Omar el-Béchir, recherché pour «génocide» au Darfour, à la CPI

Le président déchu Omar el-Béchir au tribunal de Khartoum en 2019 (Photo, AFP).
Le président déchu Omar el-Béchir au tribunal de Khartoum en 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 11 août 2021

Le Soudan va remettre Omar el-Béchir, recherché pour «génocide» au Darfour, à la CPI

  • «Le Conseil des ministres a décidé de remettre les personnes recherchées à la Cour pénale internationale», a déclaré mercredi la ministre soudanaise des Affaires étrangères
  • Le conflit au Darfour a opposé à partir de 2003 le régime à majorité arabe de M. Béchir et des rebelles issus de minorités ethniques s'estimant marginalisées. Il a fait environ 300 000 morts

KHARTOUM: Le Soudan va remettre l'ancien autocrate Omar el-Béchir et deux autres dirigeants à la Cour pénale internationale (CPI) qui les recherchait depuis plus de dix ans pour "génocide" et crimes contre l'humanité lors du conflit meurtrier au Darfour.

"Le Conseil des ministres a décidé de remettre les personnes recherchées à la Cour pénale internationale", a déclaré mercredi la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam al-Mahdi, selon l'agence officielle Suna, lors d'une rencontre avec le nouveau procureur général du tribunal basé à La Haye (Pays-Bas), Karim Khan, en visite à Khartoum pour une semaine.

Le conflit au Darfour, région de l'ouest du pays, a opposé à partir de 2003 le régime à majorité arabe de M. Béchir et des rebelles issus de minorités ethniques s'estimant marginalisées. Il a fait environ 300.000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, en majorité durant les premières années, d'après les Nations unies.

Fille de l'ancien Premier ministre Sadek al-Mahdi, renversé en 1989 par un coup d'Etat mené par M. Béchir, la ministre soudanaise a souligné mercredi "l'importance" de la coopération de son pays avec la CPI "pour obtenir justice pour les victimes de la guerre du Darfour". 

Elle n'a pas précisé la date de l'extradition des trois anciens dirigeants, qui doit être discutée entre le gouvernement et le Conseil souverain, plus haute instance chargée de la transition.

Omar el-Béchir, 77 ans, a été renversé après trente ans d'un règne sans partage en avril 2019, par un mouvement populaire inédit déclenché quatre mois plus tôt par le triplement du prix du pain.

En février 2020, le pouvoir de transition militaro-civil mis en place après sa chute avait pris l'engagement verbal de favoriser sa comparution devant la CPI, qui a émis il y a plus de dix ans des mandats d'arrêt contre lui et d'autres figures de l'ancien régime, pour "crimes contre l'humanité", "crimes de guerre" et "génocide" au Darfour.

Avant sa chute, l'autocrate avait plusieurs fois défié la Cour en voyageant à l'étranger sans être arrêté.

Longue quête de justice

Les deux autres pontes du régime qui seront remis à la CPI sont l'ex-gouverneur de l'Etat du Kordofan-Sud et ancien ministre, Ahmed Haroun, et l'ancien ministre de la Défense, Abdel Rahim Mohamed Hussein, recherchés pour les mêmes motifs. Arrêtés après la chute de M. Béchir, ils sont actuellement détenus au Soudan.

Le CPI a émis en 2007 un mandat d'arrêt contre M. Haroun, avec 42 chefs d'accusation, notamment meurtre, viol, torture, persécution et pillage.

Un accord de paix historique signé en octobre 2020 entre le gouvernement de transition et plusieurs groupes rebelles insistait sur la nécessité d'une "coopération complète et illimitée" avec la CPI.

Le cabinet ministériel soudanais a voté la semaine dernière en faveur de la ratification du Statut de Rome de la CPI.

Le procureur général du Soudan, Moubarak Mahmoud, avait déclaré mardi, après une rencontre avec M. Khan, que son bureau était prêt à coopérer avec la CPI "dans tous les dossiers et particulièrement dans celui des victimes de la guerre au Darfour, afin de leur rendre justice".

De nombreuses ONG, comme Amnesty International, avaient appelé à la comparution de M. Béchir.

«Victimes innombrables»

Déjà reconnu coupable de corruption en décembre 2019, l'ex-président est actuellement détenu à la prison de Kober, à Khartoum.

Il est aussi jugé par la justice soudanaise pour son rôle dans le coup d'Etat soutenu par des islamistes qui l'a porté au pouvoir en 1989 mais son procès a été à plusieurs reprises reporté depuis juillet 2020, les avocats de l'accusé avançant des arguments procéduraux.

En juin 2020, le chef de la milice des Janjawid, force supplétive du gouvernement soudanais accusée d'atrocités au Darfour, Ali Kosheib, s'était rendu à la CPI après 13 ans de fuite.

De son vrai nom Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman, il sera jugé pour 31 chefs de crimes de guerre et contre l'humanité, comprenant meurtre, viol, et torture, avait annoncé la CPI début juillet.

Il a été "l'auteur très actif" entre 2003 et 2004 au Darfour, avaient affirmé les procureurs en mai. L'accusé de 70 ans dément les charges.

"Les victimes des crimes du suspect sont innombrables et leurs souffrances immenses. La douleur infligée aux victimes de ces crimes persiste", avait ajouté Fatou Bensouda, procureure générale sortante. 


L'Algérie justifie le refoulement d'un journaliste par l'hostilité de Jeune Afrique

Jeune Afrique est régulièrement critiqué par les médias officiels algériens qui accusent l'hebdomadaire, dont de nombreuses éditions ont été censurées ces dernières années dans le pays, d'être biaisé en faveur du Maroc. (AFP).
Jeune Afrique est régulièrement critiqué par les médias officiels algériens qui accusent l'hebdomadaire, dont de nombreuses éditions ont été censurées ces dernières années dans le pays, d'être biaisé en faveur du Maroc. (AFP).
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  • Jeune Afrique est régulièrement critiqué par les médias officiels algériens qui accusent l'hebdomadaire, dont de nombreuses éditions ont été censurées ces dernières années dans le pays, d'être biaisé en faveur du Maroc
  • Farid Alilat a expliqué dans une publication postée dimanche soir sur sa page Facebook qu'il avait été retenu pendant onze heures dans les locaux de la police à l'aéroport d'Alger avant d'être expulsé vers la France

ALGER: L’Algérie met en cause les "positions hostiles" de l'hebdomadaire Jeune Afrique afin de justifier le refoulement d'un de ses journalistes à son arrivée à l'aéroport d'Alger, selon les déclarations du ministre algérien de la Communication Mohamed Laagab.

"Farid Alilat est un citoyen algérien, mais en même temps il est journaliste dans un magazine indésirable, et lorsque ce média profite de sa nationalité algérienne et s'immisce de manière sournoise dans l'exercice du travail journalistique, cela est inacceptable", a déclaré jeudi le ministre algérien.

M. Laagab a assuré que "séparer les deux est difficile, mais en tant qu'algérien, il est le bienvenu. Il exerce un travail journalistique pour son média, qui a choisit de prendre des positions hostiles à l'Algérie et ceci est intolérable".

Jeune Afrique est régulièrement critiqué par les médias officiels algériens qui accusent l'hebdomadaire, dont de nombreuses éditions ont été censurées ces dernières années dans le pays, d'être biaisé en faveur du Maroc, le rival régional de l'Algérie.

"La question ne le concerne pas en tant que citoyen algérien, mais plutôt le magazine Jeune Afrique où il exerce, qui a adopté des positions éditoriales hostiles à l'égard de l'Algérie. Ce média publie tantôt des informations incorrectes tantôt des informations exagérées", a affirmé le ministre.

Farid Alilat a expliqué dans une publication postée dimanche soir sur sa page Facebook qu'il avait été retenu pendant onze heures dans les locaux de la police à l'aéroport d'Alger avant d'être expulsé vers la France.

Farid Alilat, établi depuis 2004 en France où il dispose d'une carte de séjour, se rendait pourtant régulièrement en Algérie.

Selon lui, les policiers l'ont interrogé notamment sur ses écrits, sur la ligne éditoriale de son journal, sur l'objet de son voyage, et sur les opposants algériens à l'étranger et ont fouillé ses deux téléphones et son ordinateur.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a condamné, dans un message sur X, une "expulsion sans justification" et dénoncé "une entrave inacceptable à la liberté de la presse".


Syrie: 20 combattants pro-gouvernement tués dans deux attaques de l'EI

"Seize soldats de l'armée régulière et combattants des forces pro-gouvernementales sont morts dans l'attaque par l'EI d'un autocar militaire dans l'est de la province de Homs". Photo d'illustration. (AFP).
"Seize soldats de l'armée régulière et combattants des forces pro-gouvernementales sont morts dans l'attaque par l'EI d'un autocar militaire dans l'est de la province de Homs". Photo d'illustration. (AFP).
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  • Le groupe Etat islamique a tué 20 soldats et combattants des forces pro-gouvernementales syriens au cours de deux attaques dans des zones contrôlées par Damas
  • "Quatre soldats syriens sont morts dans une autre attaque de l'EI contre une base près d'Albukamal"

BEYROUTH: Le groupe Etat islamique a tué 20 soldats et combattants des forces pro-gouvernementales syriens au cours de deux attaques dans des zones contrôlées par Damas, a annoncé jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Seize soldats de l'armée régulière et combattants des forces pro-gouvernementales sont morts dans l'attaque par l'EI d'un autocar militaire dans l'est de la province de Homs", selon cette ONG basée en Grande-Bretagne et disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie. "Quatre soldats syriens sont morts dans une autre attaque de l'EI contre une base près d'Albukamal", a ajouté l'OSDH.


L'Autorité palestinienne fustige le veto américain à l'ONU

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé jeudi le veto américain à l'adhésion des Palestiniens aux Nations unies, y voyant une "agression flagrante" qui pousse le Moyen-Orient "au bord du gouffre". (AFP).
L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé jeudi le veto américain à l'adhésion des Palestiniens aux Nations unies, y voyant une "agression flagrante" qui pousse le Moyen-Orient "au bord du gouffre". (AFP).
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  • Ce veto "révèle les contradictions de la politique américaine, qui prétend, d'une part, soutenir la solution à deux États (une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, ndlr), mais de l'autre empêche la mise en oeuvre de cette solution" à l'ONU
  • Le projet de résolution présenté par l'Algérie, qui "recommande à l'Assemblée générale que l'Etat de Palestine soit admis comme membre des Nations unies", a recueilli jeudi 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions

RAMALLAH: L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a fustigé jeudi le veto américain à l'adhésion des Palestiniens aux Nations unies, y voyant une "agression flagrante" qui pousse le Moyen-Orient "au bord du gouffre".

"Cette politique américaine agressive envers la Palestine, son peuple et ses droits légitimes représente une agression flagrante contre le droit international et un encouragement à la poursuite de la guerre génocidaire contre notre peuple (...) qui poussent encore davantage la région au bord du gouffre", a déclaré le bureau de M. Abbas dans un communiqué.

Ce veto "révèle les contradictions de la politique américaine, qui prétend, d'une part, soutenir la solution à deux États (une Palestine indépendante aux côtés d'Israël, ndlr), mais de l'autre empêche la mise en oeuvre de cette solution" à l'ONU, ont ajouté les services de M. Abbas en remerciant les Etats ayant voté en faveur de l'adhésion pleine et entière des Palestiniens à l'ONU.

"Le monde est uni derrière les valeurs de vérité, de justice, de liberté et de paix que représente la cause palestinienne", a fait valoir l'Autorité palestinienne, qui siège à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Le projet de résolution présenté par l'Algérie, qui "recommande à l'Assemblée générale que l'Etat de Palestine soit admis comme membre des Nations unies", a recueilli jeudi 12 votes pour, 1 contre et 2 abstentions.