Syrie: escalade militaire, crise humanitaire, que se passe-t-il à Deraa?

Une vue du poste frontière de Jaber/Nassib fermé à la frontière jordanienne avec la Syrie, le 1er août 2021. La Jordanie a annoncé un jour plus tôt la décision de fermer le poste frontière de Jaber/Nassib avec la Syrie « temporairement » pour des raisons de sécurité dans la province méridionale de Deraa, après la mort de 28 personnes. Khalil MAZRAAWI / AFP
Une vue du poste frontière de Jaber/Nassib fermé à la frontière jordanienne avec la Syrie, le 1er août 2021. La Jordanie a annoncé un jour plus tôt la décision de fermer le poste frontière de Jaber/Nassib avec la Syrie « temporairement » pour des raisons de sécurité dans la province méridionale de Deraa, après la mort de 28 personnes. Khalil MAZRAAWI / AFP
Short Url
Publié le Vendredi 13 août 2021

Syrie: escalade militaire, crise humanitaire, que se passe-t-il à Deraa?

  • Trois ans après un accord dit de réconciliation négocié par Moscou, la province syrienne de Deraa connaît de nouveau des combats entre rebelles et forces du régime
  • Que se passe-t-il exactement et à quoi faut-il s'attendre?

BEYROUTH : Trois ans après un accord dit de réconciliation négocié par Moscou, la province syrienne de Deraa connaît de nouveau des combats entre rebelles et forces du régime, aggravant une situation humanitaire déjà mauvaise.

Que se passe-t-il exactement et à quoi faut-il s'attendre?

Pourquoi Deraa?

Située dans le sud de la Syrie, Deraa a été en 2011 le berceau du soulèvement antirégime.

Lorsque les manifestations prodémocratie, réprimées dans le sang, ont mué en conflit meurtrier, des groupes rebelles ont pris le contrôle de la province. 

En 2018, Deraa retombée dans l'escarcelle de Damas dans le sillage d'autres reconquêtes par le régime --aidé par Moscou-- de villes ou régions aux mains des rebelles.

Comme ces autres villes, Deraa a fait l'objet d'un accord dit de réconciliation, mais a bénéficié d'un traitement différent. Si ailleurs, les rebelles ont dû quitter les villes reprises, à Deraa ils ont été autorisés à rester sur place et garder leurs armes légères. Par ailleurs, les forces du régime ne se sont pas déployées dans l'ensemble de la province.

La ville éponyme de Deraa a quant à elle été divisée entre les quartiers sud de "Deraa al-Balad", abritant d'anciens rebelles, et "Deraa al-Mahatta", contrôlée par les forces du régime.

La spécificité géographique de la province, limitrophe d'Israël, a pesé dans ce traitement d'exception parrainé par Moscou, Israël craignant la présence à ses portes des milices pro-Iran, alliées de Damas.

Que se passe-t-il ?

Lors des trois dernières années, la région a été le théâtre d'attaques régulières contre les forces du régime et d'assassinats ciblés visant des loyalistes et d'ex-opposants.  

En mai, des habitants ont manifesté contre l'élection présidentielle, remportée sans surprise par Bachar al-Assad, des opposants refusant l'organisation du scrutin dans leurs zones d'influence. 

Fin juillet, la région a été secouée par des combats, "les plus violents" depuis 2018, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a fait état de 32 morts, dont 12 civils. 

Les affrontements ont duré deux jours à Deraa, avant le lancement de pourparlers parrainés par Moscou en vue d'un règlement.

Si l'intensité des combats a baissé, "les forces du régime continuent de mener des attaques quasi-quotidiennes (...) dans le but d'épuiser les combattants qui ne disposent que d'armes légères", affirme Omar Hariri, militant d'un groupe qui recense les "martyrs" de la région.

Pourquoi maintenant, quels scénarios?

Le régime chercherait à se "venger" de "Deraa al-Balad", estiment certains habitants et militants.

Là-bas, "beaucoup ridiculisent le régime (...) alors que les assassinats de loyalistes n'ont pas diminué" dans la province, explique M. Hariri.

Damas exigerait ainsi le transfert de certains militants et combattants rebelles vers le nord du pays, ajoute-t-il.  

Le régime chercherait aussi à consolider sa présence jusqu'à la frontière israélienne. 

"Les Iraniens ont toujours voulu consolider leur influence dans le Sud (...) et poussent aujourd'hui les forces du régime" à s'y déployer, explique Mohamad al-Abdallah, du Centre syrien pour la justice et la responsabilité (SJAC). 

De son côté, la Russie voudrait sauver l'accord de 2018 en envoyant "le cinquième bataillon" de l'armée syrienne, créé à son initiative et ralliant d'ex-rebelles.

C'est une "compétition entre les Iraniens et les Russes sur les zones d'influence en Syrie", affirme Mohammad al-Abdallah.

Et la situation humanitaire?

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a jugé jeudi la situation "alarmante" dans la région de Deraa, en proie à des pénuries de plus en plus sévères, et réclamé la fin immédiate des violences.

Abou al-Tayeb, un habitant de "Deraa al-Balad", confirme la multiplication des pénuries: farine, eau et électricité, alors que le pays est déjà englué dans une crise économique sévère.   

Environ 24.000 des quelque 55.000 habitants de "Deraa al-Balad" ont fui vers d'autres quartiers de la ville ou ses environs, tandis que l'hôpital de la ville a été bombardé à quatre reprises, a rapporté de son côté le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).  

Au cours des dernières semaines, les forces du régime ont progressivement resserré l'étau sur "Deraa al Balad". 

L'émissaire de l'ONU a souligné qu'un accès humanitaire "immédiat" et "sûr" devait être accordé à "toutes les zones et communautés touchées", et réclamé la fin de "la situation de quasi-siège".


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Short Url
  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Short Url
  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.