Un an plus tard, l’incidence des accords d’Abraham sur les relations arabo-israéliennes

Le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed ben Sultan al-Nahyane (à droite) rencontre le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, à Abu Dhabi. (Photo, AFP/WAM)
Le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed ben Sultan al-Nahyane (à droite) rencontre le chef de la diplomatie israélienne, Yaïr Lapid, à Abu Dhabi. (Photo, AFP/WAM)
Short Url
Publié le Vendredi 13 août 2021

Un an plus tard, l’incidence des accords d’Abraham sur les relations arabo-israéliennes

  • Le rapprochement entre les Émirats arabes unis et Israël est spectaculaire à bien des égards si l’on considère l’histoire tourmentée entre ces deux nations sur les droits du peuple palestinien
  • Avec l’assouplissement des restrictions de voyage, des milliers de touristes et de voyageurs d’affaires ont pu bénéficier des premiers vols commerciaux entre Tel-Aviv et Dubaï

DUBAÏ: Il y a un an, le 13 août dernier, les Émirats arabes unis (EAU) ont signé les accords d’Abraham, une série de traités de paix négociés sous l’égide des États-Unis et destinés à normaliser les relations diplomatiques entre Israël et les pays arabes.

C’est la première fois qu’un pays arabe établit des relations officielles avec Israël depuis 1979, avec l’Égypte. La Jordanie l’a fait en 1994. Quant à Bahreïn, il a imité les EAU le 11 septembre dernier.

Le rapprochement entre les EAU et Israël est spectaculaire à bien des égards si l’on considère l’histoire tourmentée entre ces deux nations sur les droits du peuple palestinien.

Les partisans de l’accord ont salué des perspectives d’échanges commerciaux qui pourraient s’élever à 5,5 milliards d’euros par an, estiment les les économistes.

Dorian Barak, cofondateur du Conseil des affaires EAU-Israël (UAE-Israel Business Council), déclare à Arab News: «Les échanges commerciaux devraient atteindre 2,5 milliards d’euros d’ici à 2025; d’autres estimations prévoient même un chiffre plus élevé.»

«Certes, certains échanges sont bilatéraux, mais le commerce avec et via les Émirats arabes unis constitue, pour Israël, une porte d’entrée vers les autres marchés de la région – des grandes économies du monde arabe jusqu’à l’Inde, en passant par l’Asie du Sud.»

D’autres voix se révèlent plus sceptiques quant à la capacité de cet accord à promouvoir la paix dans la région ou à résoudre un conflit israélo-arabe qui dure depuis plusieurs décennies.

Le Dr Abdelkhalek Abdallah, un analyste politique émirati, confie à Arab News: «Au bout d’un an, nous nous rendons compte que cet accord est à double tranchant. Il comporte des points forts et des points faibles.»

Le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdellatif ben Rachid al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le président américain Donald Trump et le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed ben Sultan al-Nahyane, lors de la cérémonie de signature des accords d’Abraham devant la Maison Blanche à Washington, le 15 septembre 2020. (Photo, AFP)
Le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdellatif ben Rachid al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le président américain Donald Trump et le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed ben Sultan al-Nahyane, lors de la cérémonie de signature des accords d’Abraham devant la Maison Blanche à Washington, le 15 septembre 2020. (Photo, AFP)

«L’un des aspects positifs réside dans le fait qu’il s’agit d’une étape pragmatique, ou réaliste, qui est là pour durer. Elle est clairement bénéfique pour les deux pays [les EAU et Israël] et a trait aux avantages économiques, technologiques et stratégiques des accords.»

«Le point faible repose sur son caractère idéaliste, qui promettent à la fois la paix et la stabilité dans la région et la prospérité aux Palestiniens. Il n’est pas aussi efficace que les intérêts nationaux qui unissent les EAU et Israël», ajoute le Dr Abdelkhalek Abdallah.

Le 15 septembre 2020, les EAU, Bahreïn et Israël ont signé les accords d’Abraham, par lesquels ils reconnaissent «l’importance de maintenir et de consolider la paix au Moyen-Orient ainsi qu’à travers le monde en s’appuyant sur la compréhension mutuelle, la coexistence et le respect de la dignité humaine et de la liberté – notamment la liberté de culte».

Les accords ont été signés à la Maison Blanche à Washington par le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed ben Sultan al-Nahyane, son homologue bahreïni, Abdellatif ben Rachid al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump.

Avec l’assouplissement des restrictions de voyage en lien avec la pandémie de Covid-19 au cours de l’automne dernier, des milliers de touristes et de voyageurs d’affaires ont pu bénéficier des premiers vols commerciaux entre Tel-Aviv et Dubaï.

Du jour au lendemain, la ville de Dubaï est devenue le témoin de nombreux changements. On entend parler hébreu dans les lieux publics, beaucoup d’hommes portent la kippa, et les Juifs qui habitent les EAU commencent à pratiquer ouvertement leur religion. La cuisine casher fait son entrée dans les grands hôtels et à bord des vols commerciaux pour répondre à une clientèle juive de plus en plus importante.

Les drapeaux de Bahreïn, d’Israël et des États-Unis flottent sur un avion Boeing 737 de la compagnie aérienne israélienne El Al, au moment où il atterrit sur une piste de l’aéroport international du royaume de Bahreïn, le 18 octobre 2020. On peut lire au niveau du cockpit le mot «paix» écrit en arabe, en anglais et en hébreu. (Photo, AFP)
Les drapeaux de Bahreïn, d’Israël et des États-Unis flottent sur un avion Boeing 737 de la compagnie aérienne israélienne El Al, au moment où il atterrit sur une piste de l’aéroport international du royaume de Bahreïn, le 18 octobre 2020. On peut lire au niveau du cockpit le mot «paix» écrit en arabe, en anglais et en hébreu. (Photo, AFP)

Pour maintenir l’élan de la compréhension interconfessionnelle, des projets ont été définis, comme la construction, à Abu Dhabi, de la Maison de la famille d’Abraham. Ce complexe religieux devrait ouvrir ses portes en 2022. Conçu par le célèbre architecte ghanéen David Adjaye, il abritera une église, une synagogue et une mosquée afin de promouvoir la fraternité entre les trois religions monothéistes.

Le succès apparent des accords d’Abraham a incité d’autres pays à faire de même. Au mois d’octobre dernier, le Soudan devient ainsi le troisième pays à les signer; il est suivi par le Maroc en décembre.

À la question de savoir si l’Arabie saoudite envisage de rejoindre ces pays, le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a récemment fait l’éloge de ces accords tout en affirmant qu’un règlement palestinien conduirait à la normalisation des relations avec Israël partout dans la région.

«Les accords d’Abraham ont eu, dans l’ensemble, un effet positif sur les relations dans la région. Nous devons en tirer profit en vue de trouver une solution pour les Palestiniens», a-t-il déclaré lors du Forum d’Aspen sur la sécurité.

Les partisans des accords – notamment les communautés juives qui vivent dans le monde arabe – espèrent qu’ils favoriseront la poursuite du dialogue.

Yehuda Sarna, grand rabbin des EAU, affirme dans un entretien à Arab News: «Il y a un an, j’ai prédit que la mise en place de relations diplomatiques permettrait d’éliminer les stéréotypes entre les Arabes et les Juifs et de repartir sur de bonnes bases. C’est exactement ce qui s’est passé: des centaines de milliers de personnes se sont rencontrées, principalement aux EAU, tandis que des millions d’autres personnes se sont contactées en ligne. Elles ont échangé de manière positive et inspirante.»

Le président israélien, Isaac Herzog (à gauche), et l’ambassadeur des EAU en Israël, Mohammed al-Khaja, coupent le ruban lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade des EAU à Tel-Aviv, le 14 juillet 2021. (Photo, AFP)
Le président israélien, Isaac Herzog (à gauche), et l’ambassadeur des EAU en Israël, Mohammed al-Khaja, coupent le ruban lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade des EAU à Tel-Aviv, le 14 juillet 2021. (Photo, AFP)

M. Sarna, qui est également directeur exécutif du centre Jewish Student Life à l’université de New York, explique que la communauté juive aux EAU est «en train d’édifier l’infrastructure de la société civile indispensable au soutien de telles interactions, notamment avec des recherches sur les meilleurs moyens pour rassembler les gens, le développement d’institutions religieuses et éducatives locales ainsi que l’organisation d’échanges culturels».

Pour commémorer le 1er anniversaire de la signature des accords, M. Sarna a rédigé «une prière pour l’ensemble de la région» qui sera distribuée dans plus de mille synagogues à travers le monde, y compris celles qui sont affiliées au Conseil rabbinique des États-Unis.

Bien que ces accords présentent un potentiel de prospérité dans la région, les critiques soulignent qu’ils ont jusque-là très peu promu la paix entre les Israéliens et les Palestiniens ou soutenu l’édification d’un État palestinien.

La force des accords d’Abraham a été mise à l’épreuve à la fin du mois de mai dernier, lorsqu’une guerre de onze jours a opposé Israël au Hamas, le groupe militant palestinien qui contrôle la Bande de Gaza.

Le Dr Abdallah, l’analyste politique émirati, déclare: «Comme nous l’avons vu à Gaza, mais aussi depuis le début, les accords n’apporteront pas la paix et la prospérité dans la région comme promis.» Il ajoute qu’ils ne garantissent pas non plus la légitimité des aspirations des Palestiniens quant à l’édification d’un État.

«Ce qui s’est passé au mois de mai est un coup très dur pour ces accords. Cependant, ces événements n’ont pas réussi à les annuler. Rien ne semble être en mesure de le faire. Israël et les États-Unis veulent ces accords, mais ils n’apporteront pas la paix dans la région», renchérit-il.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se tourne vers le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdellatif ben Rachid al-Zayani, lors d’une conférence de presse. (Photo, AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se tourne vers le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdellatif ben Rachid al-Zayani, lors d’une conférence de presse. (Photo, AFP)

Lorsque les affrontements ont commencé entre les Juifs et les Arabes à Jérusalem, au mois de mai, les gouvernements de Bahreïn, du Maroc, du Soudan et des EAU ont été incités par leurs propres peuples à se ranger du côté des Palestiniens.

La manière dont les gouvernements arabes réagissent au cycle de violence – en particulier les pays qui ont signé les accords d’Abraham – revêt une très grande importance quant à l’avenir du rapprochement israélo-arabe.

Hussain Abdul-Hussain, chercheur à la Fondation pour la défense des démocraties (FDD) à Washington, confie à Arab News: «Au cours des dernières décennies, les Arabes ont rendu presque divine cette rhétorique anti-Israël.»

«Quand on mélange les politiques et les divinités, on sabote les deux. Aujourd’hui, les Arabes qui sont familiers avec le fonctionnement des économies modernes se rendent compte que la paix avec Israël n’est pas une question de vengeance ou d’honneur, mais de croissance économique.»

«La paix contribue certes à la croissance économique; les chiffres des EAU le prouvent. Les Arabes sont prêts pour la paix, mais ils craignent généralement la dénonciation publique qui accompagne les appels en faveur de la paix avec Israël

Le président israélien, Isaac Herzog (au centre), l’ambassadeur des EAU en Israël, Mohammed al-Khaja (au centre, à droite), la ministre d’État émiratie chargée de la sécurité alimentaire et de l’eau, Mariam al-Mehairi, et l’ancien ministre Gabi Ashkenazi inaugurent la nouvelle ambassade des EAU à Tel-Aviv, le 14 juillet 2021. (Photo, AFP)
Le président israélien, Isaac Herzog (au centre), l’ambassadeur des EAU en Israël, Mohammed al-Khaja (au centre, à droite), la ministre d’État émiratie chargée de la sécurité alimentaire et de l’eau, Mariam al-Mehairi, et l’ancien ministre Gabi Ashkenazi inaugurent la nouvelle ambassade des EAU à Tel-Aviv, le 14 juillet 2021. (Photo, AFP)

Quelle que soit leur incidence sur la région à long terme, les accords d’Abraham sont indéniablement le signe d’un dégel des relations israélo-arabes. Pour reprendre les propos de Houda Nonoo, ancienne ambassadrice de Bahreïn aux États-Unis, ils «constituent sans aucun doute l’un des jalons les plus importants de notre vie au Moyen-Orient».

«Au moment où la relation entre Bahreïn et Israël prend un nouveau tournant, il est important de se souvenir que la volonté de mettre en place un nouveau Moyen-Orient – fondé sur le principe de la paix et de la prospérité pour tous – est au cœur de ces accords», affirme-t-elle à Arab News.

«Je suis fermement convaincue que les partenariats florissants entre Bahreïn et Israël contribueront à une paix durable dans la région», conclut-elle.

Twitter: @rebeccaaproctor

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Short Url
  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Short Url
  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.