Algérie: le journaliste Khaled Drareni jugé en appel, mobilisation pour sa libération

Des journalistes se sont rassemblés à Alger pour exiger la libération de leur collègue Khaled Drareni,  le 31 août 2020. (Ryad KRAMDI / AFP)
Des journalistes se sont rassemblés à Alger pour exiger la libération de leur collègue Khaled Drareni, le 31 août 2020. (Ryad KRAMDI / AFP)
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Publié le Mardi 08 septembre 2020

Algérie: le journaliste Khaled Drareni jugé en appel, mobilisation pour sa libération

  • Lundi, journalistes et militants des droits humains se sont rassemblés à Paris, Alger et Tunis en scandant « Libérez Khaled! »
  • La cause de Khaled Drareni est remontée jusqu'à l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine (UA) qui ont exprimé leur « préoccupation »

ALGER : Devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse, le journaliste indépendant algérien Khaled Drareni, condamné à trois ans de prison ferme, est rejugé mardi en appel, soutenu par une très forte mobilisation en faveur de sa libération.

M. Drareni, 40 ans, doit comparaître en milieu de matinée en « visioconférence » depuis le centre pénitentiaire de Koléa, près d'Alger, où il est incarcéré depuis le 29 mars. La date du verdict n'est pas connue.

Le directeur du site d'information Casbah Tribune et correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5 Monde et pour Reporters sans frontières (RSF), a été condamné le 10 août à trois ans d'emprisonnement et à une amende de 50.000 dinars (330 €) pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l'unité nationale ». Un verdict d'une sévérité sans précédent à l'encontre d'un journaliste qui a indigné ses confrères. 

Il avait été arrêté à Alger le 7 mars alors qu'il couvrait une manifestation du « Hirak », le soulèvement populaire qui a secoué l'Algérie pendant plus d'un an jusqu'à sa suspension il y a quelques mois en raison de la pandémie de nouveau coronavirus.

Il est aussi accusé d'avoir critiqué sur Facebook le système politique et publié le communiqué d'une coalition de partis politiques en faveur d'une grève générale, selon RSF.

Lors de son procès, au cours duquel il est apparu très amaigri, Khaled Drareni a rejeté ces accusations. Il a assuré n'avoir fait que son « travail en tant que journaliste indépendant », et exercé « son droit d'informer ».

« J'ai vu Khaled Drareni il y a deux jours, il a le moral, il est confiant. Si la cour d'Alger applique la loi, elle ne peut que prononcer sa relaxe », a dit lundi à l'AFP un de ses avocats, Mustapha Bouchachi.

Deux co-inculpés, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, figures du « Hirak », sont également jugés en appel lundi. Ils ont écopé chacun de deux ans de prison, dont quatre mois ferme, mais se présentent libres devant la cour d'Alger, après avoir purgé leur peine.

Depuis sa condamnation, les manifestations de solidarité et les appels à libérer Khaled Drareni se sont multipliés au-delà des frontières de l'Algérie.

« Pression sur les juges »

Lundi, journalistes et militants des droits humains se sont rassemblés à Paris, Alger et Tunis en scandant « Libérez Khaled! ». 

« Le pouvoir algérien a voulu faire un exemple pour intimider tous les journalistes en Algérie », a commenté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. « Et il en a fait un symbole, un symbole de défense de la liberté de la presse », a-t-il observé.

La cause de Khaled Drareni est remontée jusqu'à l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine (UA) qui ont exprimé leur « préoccupation ».

Son procès en appel, très attendu, se déroule dans un climat délétère de répression à l'encontre des médias indépendants, des militants du « Hirak » et des opposants politiques.

Et 45 personnes sont actuellement emprisonnées pour des faits liés au « Hirak », selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien.

Ces derniers mois, des journalistes ont été accusés par le régime de semer la discorde et la « subversion », de menacer l'intérêt national et surtout d'être à la solde de « parties étrangères ». 

Lors d'une rencontre avec des médias algériens le 1er mai, le président algérien Abdelmadjid Tebboune lui-même avait laissé entendre, sans le citer nommément, que Khaled Drareni était un « informateur pour le compte des ambassades étrangères ».

Allégation invoquée également selon des avocats par le ministre de la Communication Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement, qui reproche au correspondant de TV5Monde d'avoir travaillé sans jamais avoir eu de carte de presse professionnelle.

Le collectif des avocats de Khaled Drareni a dénoncé, dans un communiqué, « les sorties médiatiques répétées du pouvoir exécutif » qui « portent atteinte à la présomption d’innocence et à la séparation des pouvoirs », et il a fustigé « la pression sur les juges qui sont mis sous influence ».

Plusieurs journalistes algériens sont en prison, comme Abdelkrim Zeghileche, directeur de la radio indépendante en ligne Radio-Sarbacane, condamné le 24 août à deux années de prison. D'autres procès sont en cours.

L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a perdu 27 places en cinq ans.


L'armée israélienne va frapper Gaza-ville avec «une force sans précédent», appelle la population à évacuer

Ci-dessus, de la fumée s'échappe lors d'un bombardement israélien sur le territoire palestinien assiégé, le 19 septembre 2025. (AFP)
Ci-dessus, de la fumée s'échappe lors d'un bombardement israélien sur le territoire palestinien assiégé, le 19 septembre 2025. (AFP)
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  • L’armée israélienne prépare une offensive massive sur Gaza-ville, appelant les civils à fuir vers le sud, déjà surchargé de déplacés, au milieu de bombardements intensifiés
  • La communauté internationale, dont l’ONU, Paris et Londres, condamne fermement cette escalade, qualifiée d’intolérable et destructrice, alors que les accusations de génocide se multiplient

Jérusalem: L'armée israélienne s'apprête à frapper Gaza-ville avec une "force sans précédent", a-t-elle déclaré vendredi, appelant la population à évacuer la zone déjà massivement bombardée depuis mardi et le début d'une offensive majeure largement décriée par la communauté internationale.

"Les forces israéliennes vont continuer leurs opérations avec une force sans précédent contre le Hamas et d'autres organisations terroristes", a affirmé sur X le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, le colonel Avichay Adraee, appelant la population à évacuer.

Il a enjoint ceux restés dans la ville, située dans le nord de la bande de Gaza, à "rejoindre les centaines de milliers de résidents qui ont évacué vers la zone humanitaire dans le sud" du territoire palestinien ravagé par la guerre.

"Nous n'avons nulle part ou aller", témoigne auprès de l'AFP Oum Mohamed al-Hattab, une Palestinienne du camp de réfugiés de Chati, dans l'ouest de Gaza-ville.

"Mes sept enfants et moi vivons encore dans des tentes dans l'ouest de la ville après que l'occupation (l'armée israélienne) a bombardé notre maison", ajoute-t-elle.

"Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur pour mes enfants", confie Layla Azzam, 34 ans, qui vit avec ses trois enfants à Tel al-Hawa dans le sud de Gaza-ville.

"Nous n'avons même pas de tente, nous voulons être en sécurité, arrêter la guerre", poursuit-elle.

La Défense civile de Gaza, sous l'autorité du Hamas, a fait état de 13 morts dans des frappes israéliennes vendredi.

L'ONU estimait fin août à environ un million le nombre d'habitants dans la ville de Gaza et ses environs. L'armée israélienne a affirmé que "plus de 350.000" personnes avaient fui la zone.

- Exode massif -

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Israël mène ces derniers jours d'intenses bombardements sur Gaza-ville, provoquant de nouveaux déplacements de la population vers le sud.

La route côtière longeant la bande de Gaza est saturée de personnes fuyant vers le sud, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, leurs affaires entassées à la hâte, rapportent des journalistes de l'AFP sur place.

L'offensive sur Gaza-ville a valu à Israël de nombreuses et sévères condamnations à l'international. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a déploré une situation "moralement, politiquement et légalement intolérable" à Gaza.

Paris de son côté a exhorté Israël à "mettre fin à cette campagne destructrice", tandis que Londres l'a qualifiée de "totalement irresponsable et épouvantable".

Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza. Les autorités israéliennes ont nié.

Fort du soutien américain, Israël avait annoncé mardi le début de cette nouvelle campagne terrestre et aérienne à Gaza-ville, déclarant vouloir y anéantir le Hamas, dont l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

En riposte à l'attaque, Israël a lancé une offensive dévastatrice qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire, où quelque deux millions de Palestiniens assiégés ont été plusieurs fois déplacés depuis le début de la guerre il y a bientôt deux ans.

En Cisjordanie, l'armée israélienne a par ailleurs annoncé vendredi avoir arrêté une cellule "terroriste", soupçonnée d'un tir de roquette dans cette région.

Selon l'armée, trois suspects ont été arrêtés et des "dizaines de roquettes et des explosifs" ont été trouvés dans un bâtiment, situé dans un village proche de Ramallah en Cisjordanie occupée.


Israël reprend ses attaques contre les bastions du Hezbollah au sud et au nord du fleuve Litani

L'armée israélienne a demandé aux habitants de plusieurs régions du Sud-Liban d'évacuer les lieux avant des frappes aériennes imminentes sur des cibles du Hezbollah. (Dossier)
L'armée israélienne a demandé aux habitants de plusieurs régions du Sud-Liban d'évacuer les lieux avant des frappes aériennes imminentes sur des cibles du Hezbollah. (Dossier)
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  • Nawaf Salam : « Comment est-il possible qu’Israël continue à pratiquer l’intimidation et les attaques ? »
  • Le Commandement de l’armée libanaise affirme avoir enregistré « plus de 4 500 violations de la souveraineté libanaise par voie terrestre, aérienne et maritime depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessation des hostilités »

BEYROUTH : L’armée israélienne a lancé jeudi soir une série de frappes aériennes visant des zones situées au sud et au nord du fleuve Litani, après avoir émis des avertissements urgents demandant aux habitants de s’éloigner de six sites désignés.

Cette tactique rappelle celle employée lors de la guerre israélienne contre le Hezbollah commencée en octobre 2023, et qui s’est conclue par un accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024.

Les frappes ont ciblé les environs de la ville de Dibbin ainsi que trois localités à Mays Al-Jabal. Des rapports initiaux indiquent qu’un ressortissant syrien aurait été blessé. Une maison à Kfar Tibnit a également été visée.

Une seconde vague de frappes a touché la région du district de Tyr, notamment Burj Qalāya et Al-Shahabīya.

« Le timing de ces attaques est significatif, car il coïncide avec les préparatifs du Hezbollah pour commémorer le premier anniversaire des assassinats de ses deux secrétaires généraux, Hassan Nasrallah et Hashem Safieddine », a déclaré une source sécuritaire libanaise au Arab News. « C’est une manière pour Israël de rappeler au parti qu’il reste une cible. »

La source s’attend à une intensification des attaques israéliennes à l’approche du 27 septembre, date marquant un an depuis la mort de Nasrallah.

Le Premier ministre Nawaf Salam a été informé des menaces israéliennes, puis des attaques, lors d’une session du Cabinet. Il a déclaré : « La position du gouvernement libanais reste l’engagement envers la cessation des hostilités et la participation aux réunions du mécanisme. »

Il a poursuivi : « La question légitime aujourd’hui est : Où est l’engagement d’Israël envers ces mécanismes ?
Comment est-il possible de continuer à pratiquer l’intimidation et les attaques alors que ces réunions sont censées garantir la mise en œuvre complète de la Résolution 1701 et la cessation des hostilités ? »

Le Cabinet a appelé la communauté internationale — en particulier les signataires de l’accord de cessation des hostilités — à exercer une pression maximale sur Israël pour qu’il cesse immédiatement ses attaques et reprenne les négociations diplomatiques. En vertu des termes de l’accord et du mécanisme de surveillance, Israël s’était engagé à plusieurs obligations, dont le retrait des territoires libanais occupés, la fin des attaques, et la libération des prisonniers.

L’armée israélienne a confirmé les frappes au Liban dans un communiqué, affirmant avoir visé « des cibles militaires appartenant au Hezbollah ».

Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a publié une vidéo sur les réseaux sociaux affirmant que ces frappes étaient « en réponse aux tentatives interdites du Hezbollah de reconstruire ses activités dans la région ».

Avant les frappes, Adraee s’est adressé aux habitants des zones ciblées : « Vous vous trouvez dans des bâtiments utilisés par le groupe terroriste Hezbollah. Pour votre propre sécurité, vous devez quitter immédiatement ces bâtiments ainsi que ceux qui les entourent et vous éloigner d’au moins 500 mètres. Rester sur place vous expose à un danger mortel. »

La route de Kfar Tibnit-Nabatiyeh Al-Fawqa a été fortement embouteillée en direction de Nabatiyeh et des villes voisines, en raison du déplacement de résidents menacés. L’accès à Kfar Tibnit a été fermé pour des raisons de sécurité publique.

L’armée israélienne a également ciblé la région de Baalbek dans la nuit de mercredi, tuant Hussein Saifo Sharif et blessant plusieurs autres personnes. L’armée israélienne affirme que Sharif était « un important trafiquant d’armes opérant depuis le Liban et fournissant des cellules en Syrie planifiant des attaques contre Israël ». Elle ajoute : « Ses activités constituent une violation des accords entre Israël et le Liban. »

Le Commandement de l’armée libanaise affirme avoir enregistré « plus de 4 500 violations de la souveraineté libanaise par voie terrestre, aérienne et maritime depuis l’entrée en vigueur de l’accord… y compris des lancers de cocktails Molotov et le bombardement de maisons. »

Il a précisé que les attaques de jeudi « sur les villages du sud et les civils dans des zones peuplées ont fait des morts et des blessés », et a mis en garde : « Ces attaques et violations entravent le déploiement de l’armée dans le sud, et leur poursuite compromettra la mise en œuvre de son plan, à partir de la zone située au sud du Litani. »

Il a ajouté que « le Commandement de l’armée surveille ces violations en coordination avec le Comité de surveillance de la cessation des hostilités et les forces de la FINUL ».

Le commandement a également révélé qu’au cours des « opérations de surveillance technique dans les régions du sud, une unité militaire spécialisée a découvert et démantelé un dispositif d’espionnage camouflé installé par l’ennemi israélien dans la zone de Labbouné-Tyr ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.