Efficacité du vaccin Sinopharm: «il faut revenir à l'évidence scientifique»

Maryam Bigdeli, responsable du bureau de l’OMS au Maroc a répondu aux questions d’Arab News en français (Photo fournie).
Maryam Bigdeli, responsable du bureau de l’OMS au Maroc a répondu aux questions d’Arab News en français (Photo fournie).
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Publié le Samedi 28 août 2021

Efficacité du vaccin Sinopharm: «il faut revenir à l'évidence scientifique»

  • «Le fait d’avoir peur est tout à fait légitime. Se poser des questions face à l’inconnu est également normal. Il faut l’admettre et continuer à informer en se référant à la science»
  • «Le Maroc a agi de façon extrêmement efficace, ce qui est de bonne augure pour l’avenir, mais il ne faut pas oublier ces bonnes pratiques, et capitaliser sur cette expérience»

NICE: C’est un fait. Les voyants sont au rouge. Le Maroc est souvent montré en exemple pour sa gestion de la pandémie de Covid-19. Pourtant, les autorités françaises viennent de le placer sur la liste rouge. Une catégorie de pays dans lesquels le virus circule de façon très active avec des variants préoccupants. Le Maroc, jusqu’ici relativement épargné par la Covid-19, fait face à la vague épidémique la plus violente qu’il ait rencontrée depuis le début de la crise sanitaire.

Ces deux dernières semaines, le nombre des contaminations a bondi avec près de 10 000 cas par jour. Le pays déplore quotidiennement au moins 100 décès. Les services de réanimation sont submergés, surtout à Casablanca et à Marrakech. Et pourtant, le Maroc est le pays du continent africain le plus avancé dans sa campagne de vaccination. Près de 35 % de la population est complètement vaccinée. Cependant, certains citoyens hésitent encore à le faire, souvent par crainte de potentiels effets secondaires. Sur la Toile, un autre virus tout aussi contagieux pullule: celui des fake news remettant en cause l’efficacité des vaccins. Maryam Bigdeli, responsable du bureau de l’OMS au Maroc répond aux questions d’Arab News en français.


Faut-il s’inquiéter de la situation sanitaire au Maroc?

Il est vrai que le Maroc enregistre un nombre croissant de contaminations, de cas sévères, et de décès, mais la bonne nouvelle, c’est que nous savons quoi faire. Les mesures prises, qui ont fonctionné lors des précédentes vagues et variants sont toujours les mêmes. Le taux de létalité au Maroc (le nombre de décès sur le nombre de cas enregistrés) n’a pas évolué, il est même en baisse par rapport au mois de novembre de l’année dernière.

Dans les pays où la vaccination a été mise en place de façon très étendue (le Maroc prend cette voie), on voit bien que les cas sévères ont diminué. La vaccination permet d’éviter un grand nombre de décès. Mais elle doit aussi être accompagnée de mesures de distanciation physique, et de certaines règles restrictives permettant de réduire la transmission du virus, en attendant que la campagne de vaccination soit complète. Il est donc très important de respecter ces mesures de confinement partiel, et surtout de se tester, de s’isoler pour protéger nos proches et la communauté.


Face aux fake news, l’enjeu aujourd’hui est donc de convaincre les plus réticents à la vaccination…

C’est un travail multifactoriel. Nous devons informer en nous basant sur les données de la science: ces vaccins ont reçu
– en particulier ceux qui sont administrés au Maroc – l’approbation en urgence de l’OMS et du comité scientifique marocain. Il faut savoir qu’aucun vaccin aujourd’hui n’est efficace à 100 %, ni n’empêche de contracter le virus. Mais il est certain que le vaccin protège contre les formes sévères, et évite un grand nombre de décès. Cela a été constaté dans les pays qui ont une bonne couverture vaccinale. On ne peut toutefois pas affirmer qu’il n’y aura aucun décès. En situation réelle (hors des essais cliniques), certaines personnes répondent moins bien à la vaccination, il y a aussi parfois des gestes vaccinaux mal réalisés, et des personnes qui échappent à l’immunité. Le plus important, c’est que même si la vaccination peut ne pas empêcher des cas sévères, ils seront moins graves que sans vaccination. Il y a donc toujours un bénéfice. On peut bien sûr toujours prendre des cas isolés et les monter en épingle… Il est déplorable qu’il y ait encore des décès ou des cas critiques, mais le postulat de départ n’a jamais été qu’ils allaient pouvoir tous être évités, mais de les réduire le plus possible.

L’OMS n’a-t-elle pas un rôle de sensibilisation à jouer?

Nous jouons déjà ce rôle. Le fait d’avoir peur est tout à fait légitime. Se poser des questions face à l’inconnu est également normal. Il faut l’admettre. Il faut continuer à informer en se référant à la science. Le Maroc a mis en place une importante campagne de communication digitale. L’OMS y a collaboré avec l’Unicef, afin d’informer sur la nécessité de se faire vacciner, et d’avoir un impact sur la population. Donc nous participons avec les autorités marocaines à faire diffuser ces messages basés sur la science et l’évidence.


Le Maroc a également mis en place un système de communication direct avec la population, en faisant du porte-à-porte dans les quartiers et les villages. C’est fondamental, car toute la population n’a pas accès aux supports de communication digitaux, et elle a aussi besoin de poser des questions, et de recevoir des réponses auprès d’équipes mobiles.

Aucun vaccin, aucun médicament, ni traitement n’est exempt d’effets secondaires

Maryam Bigdeli

En mars dernier, le bureau de l'OMS au Maroc a félicité le pays pour «la réussite de sa campagne de vaccination», en indiquant que le pays comptait parmi les dix premiers États ayant réussi le défi de la vaccination contre la Covid-19. Sur quels critères vous basez-vous pour faire ce bilan?

Les critères établis ne sont pas les mêmes que pour les stratégies de vaccination habituelles, où les taux de vaccination doivent atteindre un certain pourcentage de la population pour être considérés comme efficaces, par exemple pour la rougeole ou la polio. Pour la Covid-19, nous sommes dans une situation inédite, donc les critères sont différents.


Il faut rester prudents, car certains pays n’ont pas eu la capacité de vacciner leur population comme le Maroc, par manque de moyens. Les critères sont donc à nuancer, mais plusieurs éléments permettent de dire que le Maroc a pris les bonnes décisions au bon moment, sous le leadership de Sa Majesté (ndlr: le roi du Maroc). Il y a eu un engagement politique. Tout d’abord, les vaccins ont été disponibles et gratuits pour l’ensemble de la population, y compris les résidents étrangers. Il faut aussi rappeler la rapidité d’action du Maroc, dont la logistique a été organisée bien avant l’arrivée des premiers vaccins dès novembre. Le personnel a été formé, des centres de vaccination ont été installés, et la chaîne du froid a été coordonnée. L'engagement des professionnels de santé au Maroc a permis le succès de cette campagne.


Un autre critère est celui de la couverture et l’extension qui a été faite de façon progressive et raisonnée. Il y a eu aussi les campagnes de communication digitale. Il y a aussi un élément très important: l’efficacité de la pharmacovigilance, un système qui permet de suivre, tracer et monitorer les effets secondaires. Le centre national de pharmacovigilance au Maroc est d’ailleurs un centre qui collabore avec l’OMS

Que penser justement des «effets secondaires» des vaccins qui ont été notamment révélés par certains médias au Maroc, après le décès d’une jeune fille, attribué par ses proches à l’injection du vaccin Johnson & Johnson?

Je ne vais pas me prononcer sur des cas particuliers, car ils sont en cours d’investigation par le système de pharmacovigilance. Je fais confiance aux experts. Les vaccins qui ont reçu l’approbation d’urgence de l’OMS ont fourni des données démontrant que leur efficacité est suffisante pour arrêter la transmission du virus, prévenir les formes graves et que les effets secondaires ne sont pas importants. Aucun vaccin, aucun médicament, ni traitement n’est exempt d’effets secondaires, et certains individus peuvent réagir différemment que d’autres. Évidemment, les effets secondaires graves sont absolument déplorables, mais d’un point de vue de santé publique, c’est vraiment la balance bénéfice-risque que l’on doit prendre en considération.

Qu’en est-il de l’efficacité du vaccin Sinopharm utilisé au Maroc, mais qui n’est toujours pas validé par l’UE? Le Maroc s'associe d’ailleurs à l'entreprise chinoise Sinopharm pour créer une unité industrielle de production de vaccins. Récemment, Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, a déclaré que «la remise en cause de l'efficacité du vaccin produit par Sinopharm relève plus du domaine politique que scientifique…»

Malheureusement, beaucoup de sujets ont été politisés depuis le début de cette pandémie, et je pense qu’il faut vraiment revenir à l'évidence scientifique ! C’est un vaccin qui a reçu l’autorisation d’utilisation d’urgence de l’OMS. Je continue donc à faire confiance aux scientifiques, qui au vu des données à leur disposition, ont montré que ce vaccin était efficace à un niveau suffisant (plus de 70%) pour protéger la population des formes les plus graves. Par ailleurs, il n’a pas montré plus d’effets secondaires que d’autres vaccins qui ont aussi reçu cette autorisation.

Le vaccin n’est pas la seule arme, vous l’avez dit… le pass sanitaire mise en place par certains gouvernements est aussi vu comme une arme pour faire reculer la propagation de l’épidémie. Pensez-vous que le pass vaccinal sanitaire est nécessaire?



Nous donnons des recommandations, les États sont souverains pour prendre les décisions qui leur incombent, néanmoins le pass sanitaire peut introduire certaines inégalités dans la mesure où toute la population du monde n’a pas accès aux mêmes vaccins… Hors Covid, nous vivons déjà dans un monde très inéquitable. La Covid-19 a introduit certaines inégalités, les vaccins n’ayant pas été distribués proportionnellement dans les différents pays. Le pass vaccinal peut accroître ces inégalités en excluant la population de certaines activités, en restreignant leur liberté de mouvement.


Il est plus prudent de convaincre plutôt que contraindre! Il faut mettre en place un certain nombre de mécanismes de communication, d’écoute, fournir des réponses aux questions de la population. Il est vrai que l’on travaille contre le temps avec une épidémie qui reprend, et le pass vaccinal peut être une solution transitoire, tout comme les restrictions, mais il faut les appliquer avec prudence. Ce type d’outils doit être respectueux des libertés individuelles, et il faut essayer de les limiter dans le temps.

La pandémie a révélé les graves dysfonctionnements du secteur de la santé dans de nombreux pays, dont le Maroc. Comment le pays peut aujourd'hui rattraper son retard dans le secteur de la santé?



Le Maroc a agi de façon extrêmement efficace, ce qui est de bonne augure pour l’avenir, mais il ne faut pas oublier ces bonnes pratiques, et capitaliser sur cette expérience. On a vécu cela avec d’autres crises comme Ebola. Nous sommes capables de mobiliser beaucoup de ressources dans des situations de crises dans un court laps de temps. Au Maroc comme ailleurs, il faut notamment repenser le rôle des ressources humaines dans la santé, remettre les soignants au cœur de ce système, et les valoriser. Il faut aussi encourager la multisectorialité. On a vu l'ensemble des secteurs s'engager pour aider la santé comme le textile…et rôle capital qu’on pu jouer de nombreuses innovations. Il faut encourager cette polyvalence dans les réformes futures.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com