Afghanistan: Paris réclame aux Américains un «délai supplémentaire» pour les évacuations

La ministre française de la Défense Florence Parly (à droite) et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (à gauche) participent à une réunion vidéo avec Kaboul et le centre de crise et de soutien dans le cadre de l'opération "Apagan" à la base aérienne militaire française 104 de Al Dhafra, près d'Abu Dhabi, le 23 août 2021. (Photo, AFP)
La ministre française de la Défense Florence Parly (à droite) et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (à gauche) participent à une réunion vidéo avec Kaboul et le centre de crise et de soutien dans le cadre de l'opération "Apagan" à la base aérienne militaire française 104 de Al Dhafra, près d'Abu Dhabi, le 23 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 23 août 2021

Afghanistan: Paris réclame aux Américains un «délai supplémentaire» pour les évacuations

  • « Nous sommes préoccupés (par) la date-butoir fixée par les Etats-Unis le 31 août. Un délai supplémentaire est nécessaire pour mener à bien les opérations en cours », a dit Jean-Yves Le Drian sur la base aérienne 104 d'Al-Dhafra
  • Lors de ce déplacement, auquel participe également la ministre des Armées Florence Parly, l'entourage du chef de la diplomatie a précisé que la France avait « mis à l'abri, entre le 17 et le 22 août, près de 1 200 personnes »

BASE AERIENNE AL-DHAFRA, EMIRATS ARABES UNIS : La France a estimé lundi qu'un "délai supplémentaire" était "nécessaire" pour mener à bien les évacuations de personnes à risque d'Afghanistan, au lendemain de propos du président Joe Biden laissant entrevoir la possibilité d'un maintien d'une présence américaine à l'aéroport de Kaboul après le 31 août.

"Nous sommes préoccupés (par) la date-butoir fixée par les Etats-Unis le 31 août. Un délai supplémentaire est nécessaire pour mener à bien les opérations en cours", a dit Jean-Yves Le Drian à des journalistes l'accompagnant sur la base aérienne 104 d'Al-Dhafra, à 30 kilomètres d'Abou Dhabi, où l'armée de l'Air française a mis en place un pont aérien vers Kaboul.

Lors de ce déplacement, auquel participe également la ministre des Armées Florence Parly, l'entourage du chef de la diplomatie a précisé que la France avait "mis à l'abri, entre le 17 et le 22 août, près de 1 200 personnes", dont "près d'une centaine de ressortissants français, près d'un millier d'Afghanes et d'Afghans menacés et des dizaines de ressortissants étrangers, de l'Union européenne et qui travaillent pour l'UE".

Alors que la situation à l'aéroport de Kaboul reste chaotique -des tirs meurtriers ont été rapportés lundi--, M. Le Drian a estimé que "l'accès" à cette infrastructure constituait le "principal souci" du moment.

"Cela se fait au compte-gouttes". "Il faut encore accroître notre coordination localement, avec les Etats-Unis et nos partenaires présents sur place", a-t-il souligné.

Davantage de précisions sur le contexte à l'aéroport de Kaboul ont été fournies par l'ambassadeur de France à Kaboul, David Martinon, lors d'une visio-conférence avec les deux ministres.

"A l'heure ou je vous parle, les trois portes (de l'aéroport) sont fermées", a indiqué M. Martinon, en précisant se trouver "dans les locaux" de l'entreprise Thalès, à l'intérieur du complexe aéroportuaire, qui peuvent "loger" jusqu'à "80 personnes".

S'agissant de ces trois entrées de l'aéroport, "la porte nord (est fermée) depuis 30 heures. La East Gate est impraticable. Les convois ne peuvent plus entrer par cette entrée-là. La South gate reste plus ou moins ouverte, le flux d'entrées est très limité". "La fermeture de ces trois portes nous oblige à trouver d'autres moyens", a encore affirmé le diplomate.

Le Quai d'Orsay détaille les conditions d'accueil des personnes évacuées d'Afghanistan

PARIS : Un communiqué du Quai d’Orsay précise que « Les opérations d’évacuations lancées le 16 août se poursuivent » et que « près de cent Français et plus d’un millier d’Afghans ont été évacués » depuis le début des opérations.

« Un accompagnement médico-psychologique et matériel est immédiatement proposé. Des procédures accélérées ont été mises en place pour délivrer des visas aux ressortissants des pays tiers, après les vérifications nécessaires et dans un objectif de garantie de la sécurité intérieure. », est-il encore précisé dans le communiqué.


En raison du contexte sanitaire dû à la Covid-19, le Quai d’Orsay précise que, l’Afghanistan faisant partie des pays de la liste rouge, et à l’exception des personnes ayant un schéma vaccinal complet, « des tests de dépistage COVID 19 seront effectués de manière systématique, les personnes accueillies devront respecter une quarantaine de 10 jours » et qu’une « vaccination contre la COVID 19 sera proposée ».

Par ailleurs, « les Afghans qui souhaiteraient demeurer à long terme sur le territoire national seront accompagnés matériellement et administrativement dans leur demande d’asile. Ils bénéficieront du soutien des opérateurs spécialisés dans leurs demandes de droit au séjour et leurs parcours d'intégration », ajoute le communiqué, qui précise que « Deux vols supplémentaires devraient ainsi avoir lieu dans les prochaines 24 heures. »

« Planification »

Evoquant les évacuations, Florence Parly avait auparavant souligné aux journalistes l'accompagnant que les autorités françaises n'avaient "pas attendu le 15 août pour s'organiser".

"Nous avons facilité le départ du pays de nos ressortissants et de nombreux Afghans travaillant pour nous depuis plusieurs mois. Nous avons lancé la planification du pont aérien avant la chute de Kaboul", avait-elle argué.

Lors de leur courte visite aux Emirats arabes unis, Mme Parly et M. Le Drian devaient rencontrer "les diplomates, les militaires, les policiers et l’ensemble des personnels qui concourent, dans des conditions extrêmement difficiles, au déroulement des opérations d'évacuation depuis Kaboul", selon un communiqué conjoint de leurs ministères.

Ils devaient aussi être reçus par le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed al-Nahyane, dirigeant de facto de la Fédération.

Le 31 août reste la date fixée par l'administration américaine pour le retrait définitif de ses forces d'Afghanistan.

Ce calendrier est toutefois jugé de plus en plus intenable par les partenaires des Etats-Unis et le président Joe Biden n'a pas exclu dimanche de prolonger la présence des soldats américains qui supervisent les opérations d'évacuation à l'aéroport.

"Il y a des discussions en cours entre nous et l'armée au sujet de la prolongation. Nous espérons ne pas avoir à prolonger, mais il y aura des discussions, je suppose, sur l'état d'avancement du processus" d'évacuation, a-t-il déclaré.

Pour concourir à ces évacuations qualifiées par M. Biden de "l'une des plus difficiles de l'histoire", la France utilise comme "hub" la base militaire d'Al-Dhafra, tête de pont depuis 2009 de son dispositif militaire dans le Golfe.

Au total, 11 rotations ont été effectuées par Paris entre Kaboul et Abou Dhabi jusqu'à dimanche soir, et une 12e rotation était en cours lundi, selon les autorités françaises.

 

(Avec AFP)


Le Sénat récupère le budget de l'Etat, le compromis reste hors de vue

Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Les sénateurs français votent le budget de la sécurité sociale au Sénat, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Le Sénat, dominé par la droite et les centristes, aborde le budget 2026 avec une ligne stricte : réduire les dépenses, rejeter de nouvelles taxes et viser un déficit de 4,7 % du PIB
  • Les divergences restent fortes avec l’Assemblée nationale et la gauche, rendant le compromis budgétaire très incertain

PARIS: Le Sénat, intransigeant sur sa ligne anti-taxes prônée par la droite, s'attaque jeudi au projet de budget de l'Etat pour 2026. Une étape cruciale sur la route d'un compromis budgétaire encore hors de vue, même si certains envisagent toujours une étroite voie de passage.

D'un budget à l'autre... Après avoir acté mercredi d'irréconciliables divergences avec l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la chambre haute se penche sur le deuxième volet de son marathon budgétaire à partir de 14H30.

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 occupera les sénateurs jusqu'à un vote solennel le 15 décembre. Et contrairement aux députés, qui ont massivement rejeté la partie "recettes" du texte le week-end dernier, les élus de la Haute assemblée auront l'opportunité de parcourir l'ensemble du budget, recettes comme dépenses.

Cela arrange bien la majorité sénatoriale, une solide alliance entre la droite et les centristes. Car sa ligne directrice est simple: "Plus d'économies et moins de taxes injustes", a résumé mercredi le chef des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud.

Redevenu sénateur, Bruno Retailleau est plus offensif encore ces derniers jours vis-à-vis du gouvernement.

Le "compromis" budgétaire ? "Moi, je parle de tambouille", a-t-il encore égratigné mercredi sur franceinfo. Le scénario d'une loi spéciale en cas d'échec du processus budgétaire ? Il serait meilleur, selon lui, qu'un budget qui "appauvrit les Français"...

Les débats sur le budget de la Sécu, ces derniers jours, ont dressé le tableau d'une droite sénatoriale inflexible, refusant la suspension de la réforme des retraites et la quasi-totalité des compromis trouvés à l'Assemblée nationale.

Ce texte va désormais revenir sur le bureau des députés, samedi en commission et mardi dans l'hémicycle, pour une nouvelle lecture.

- "Un rouleau-compresseur" -

Bis repetita sur le budget de l'Etat ? "Notre majorité, c'est un rouleau-compresseur, elle vote en bloc, contrairement à l'Assemblée", assure à l'AFP le chef des centristes, Hervé Marseille. "On essaie d'avoir une ligne qui soit claire et audible: limiter les impôts, trouver des économies".

Ainsi, les sénateurs entendent bien respecter l'objectif d'un déficit ramené à 4,7% du PIB en 2026, contre 5,4% en 2025. Avec deux ambitions: limiter les nouveaux prélèvements - environ 14 milliards dans la copie du gouvernement - et aller plus loin que les 17 milliards d'économies de dépenses proposées par Sébastien Lecornu.

Transformation de l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers en aide médicale d'urgence, non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, suppression de 4.000 postes d'enseignants supplémentaires, refus de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, restriction de la taxe sur les "holdings patrimoniales" proposée par le gouvernement...

Voici, pèle-mêle, les propositions que la Haute assemblée promet de voter.

"C'est la droite la plus dure qu'on ait connu", s'inquiète le patron du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. "Nous faisons face à une droite revancharde. Clairement, ce n'est pas avec elle que nous pourrons avancer" vers un compromis, renchérit son collègue Thierry Cozic.

- Compromis impossible ? -

Si la gauche est minoritaire au Sénat, le gouvernement peut difficilement faire sans elle à l'Assemblée nationale. L'abstention des socialistes y sera nécessaire - voire même insuffisante - pour envisager l'adoption définitive d'un budget, si Sébastien Lecornu continue de renoncer à l'article 49.3.

Après l'échec de la taxe "Zucman", les socialistes cherchent toujours à faire contribuer les plus hauts patrimoines. Une nouvelle proposition a fleuri mercredi, celle d'un emprunt "forcé" visant les foyers les plus aisés.

Si le gouvernement a accueilli avec "bienveillance" cet amendement, il semble n'avoir aucune chance de passer le filtre du Sénat.

Malgré ces divergences majeures, le Premier ministre Sébastien Lecornu continue de croire à un compromis possible avant la fin décembre.

Plusieurs sources parlementaires et gouvernementales espèrent notamment qu'un accord potentiel sur le budget de la Sécu, la semaine prochaine à l'Assemblée, ferait souffler un vent positif sur le budget de l'Etat.

"Chacun affiche ses positions mais je pense qu'il y a la volonté non feinte de trouver une voie de passage", a reconnu le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (LR). "Il faudra à un moment qu'on enlève les costumes."


A Paris, une réunion des droites sous l'égide des médias Bolloré

Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027. (AFP)
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  • Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné
  • Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama

PARIS: Animateurs, politiques en pré-campagne et formules choc: le temps d'une grand-messe devant quelques milliers de sympathisants, les médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré ont mis en avant leurs thématiques fétiches - identité, immigration, sécurité - et un éventail de personnalités de droite et d'extrême droite susceptibles de les porter pour 2027.

Mardi 20H00, les 4.000 places du Dôme de Paris, plongées dans le noir, sont remplies. Musique épique, jeu de projecteurs bleus, blancs, rouges, le ton est donné.

Pour chauffer la salle, le directeur du JDD, Geoffroy Lejeune commence par quelques railleries sur Libération, Mediapart et Télérama. Huées puis rires quand il lance: "On sait quel article ils vont écrire, on l'a rédigé comme ça ils pourront aller au bistrot".

Apparaît Philippe de Villiers, largement promu par le groupe du milliardaire breton - il est chroniqueur chez Cnews et son dernier livre est publié chez Fayard, également dans la galaxie Bolloré.

Le souverainiste commence par "remercier Jean-Luc Mélenchon" - qui lui aurait inspiré son ouvrage - déclenchant une nouvelle bronca.

Puis, il sert son discours habituel sur une France "au bord de l'abîme", menacée par "un changement de peuplement" encouragé par "un parti sarrasin", et abandonnée par des "élites écartelées entre le wokistan et l'islamistan".

Pour le fondateur du Puy du Fou, la solution est simple: "la remigration ou la françisation". Nouvelle salve d'applaudissements, on entend quelques "Philippe président". L'hypothèse d'une candidature pour 2027 a encore été entretenue en une de Valeurs actuelles la semaine dernière, où l'intéressé affirme être "redescendu dans l'arène".

Il n'est pas le seul. Surgit l'animatrice Christine Kelly de Cnews, pour lancer une discussion sur "notre civilisation judéo-chrétienne" entre Michel Onfray et Eric Zemmour.

Au terme d'un échange théologique parfois confus, le président du parti Reconquête conclut que "la croisade a sauvé l'Occident" et qu'"à partir du moment où nous retrouverons notre identité, tout ira beaucoup mieux". L'ancien polémiste de Cnews, propulsé par l'empire Bolloré dans la course à l'Elysée en 2022, espère déjà rendosser son costume de candidat en 2027. En attendant, il reste lui aussi en tête de gondole chez Fayard.

"Le côté sans filtre" 

D'autres ne bénéficient pas de la même bienveillance. Comme Aurore Bergé, lors d'une tumultueuse séquence "insécurité" face à Claire Géronimi, devenue vice-présidente de l'UDR d'Eric Ciotti après avoir été victime d'un viol par un étranger sous OQTF.

La ministre déléguée à l'Egalité Femmes-Hommes, conspuée, reste combative: "Je suis venue pour accepter l'idée du débat (...) Ma ligne ne changera pas, quel que soit le public".

Plus en phase avec l'assistance, l'avocat Gilles-William Goldnadel fustige "le racisme anti-blanc" et le "féminisme d'extrême gauche".

Un discours familier aux oreilles de Philippe, 55 ans et sans emploi, qui a déboursé 25 euros pour "voir le côté sans filtre" de ces personnalités médiatiques dont il "partage les idées, sans ambiguïté". Plus intéressé par l'aspect politique, Foucauld, 24 ans, étudiant en école de commerce, reconnaît que l'événement "participe à faire avancer les pions vers l'union des droites".

Pourquoi pas avec David Lisnard? Invité à ouvrir le chapitre du "grand enjeu" des municipales de mars 2026, le maire de Cannes fait florès avec ses leitmotiv: "Vive la liberté" et "Afuera!" la "bureaucratie" et la "technocratie".

Lui succèdent une brochette de candidats plus ou moins déclarés, dont la députée RN Laure Lavalette déplorant qu'il y ait "autant de barbiers et de kebabs" dans sa ville de Toulon.

Signe d'un rapprochement entre le parti à la flamme et la galaxie Bolloré? Après tout, Jordan Bardella en est à son deuxième livre publié chez Fayard.

Mais c'est une autre étoile montante qui est mise à l'honneur mardi soir. Clou du spectacle, l'eurodéputée Reconquête Sarah Knafo vient délivrer un "message d'espérance" face à l'essayiste Eric Neaulleau, dans le rôle du décliniste persuadé que "tout est foutu" car "les lieux de pouvoir sont tous tenus par des gens animés d'une idéologie immigrationniste".

Au contraire, les idées infusent dans la société et "le combat de la lucidité est gagné", réplique la nouvelle coqueluche de la "bollosphère", qui assure "qu'on peut changer les choses, avec méthode, détermination et travail". Et quelques solides appuis.


Pour la présidente de l'Assemblée Braun-Pivet, une majorité absolue n'est plus «souhaitable»

Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi. (AFP)
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  • "J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français"
  • Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées"

PARIS: Le retour d'une majorité absolue n'est pas "souhaitable" à l'Assemblée nationale, où son absence depuis 2022 oblige à rechercher des compromis, a estimé la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, dans un nouveau podcast diffusé mercredi.

"J'ai une conviction personnelle forte qui est que nous n'aurons pas demain à nouveau une majorité absolue mais je pense surtout, et c'est ça ma conviction forte, c'est que ce n'est pas souhaitable pour notre pays", a-t-elle déclaré dans le podcast "Dans l'Hémicycle".

"Je suis convaincue que la délibération collective avec des groupes politiques qui ne partagent pas les mêmes orientations mais qui essayent de trouver des solutions, elle est bénéfique", a-t-elle poursuivi.

Depuis 2022, le camp présidentiel auquel appartient Mme Braun-Pivet ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Face à une fragmentation de l'hémicycle encore accentuée depuis la dissolution de juin 2024, de nombreux députés disent espérer le retour d'une majorité absolue après l'élection présidentielle de 2027. Mais pas la présidente de l'Assemblée.

"J'ai toujours privilégié le travail en collégialité, (...) et je m'étais toujours dit, au fond de moi, une Assemblée où il y a une majorité absolue, c'est une Assemblée qui finalement ne représente pas bien les Français", a-t-elle déclaré dans cette interview.

Sans majorité, pour décider par exemple de la création d'une commission d'enquête ou encore de la tenue d'un débat, "vous présentez nécessairement des décisions qui sont les plus justes pour l'institution et les plus équilibrées, parce qu'autrement, ça ne passe pas", a-t-elle dit.

Cette situation force aussi à "inventer des nouvelles façons de faire", a-t-elle ajouté en donnant l'exemple des semaines dédiées aux textes proposés par les députés, auparavant dévolues à ceux de la majorité. Depuis 2022, ces semaines sont devenues "transpartisanes", avec des propositions soutenues par différents groupes.

Au moment où les débats budgétaires peinent à aboutir, Mme Braun-Pivet a toutefois estimé qu'il fallait encore "adapter" les règles de l'Assemblée à cette nouvelle configuration. Elle a rappelé avoir lancé une réflexion autour d'une modification du règlement de l'institution.