Privés d’aide étrangère, les nouveaux dirigeants talibans doivent mener une bataille économique des plus difficiles

En dépit de tous les dons étrangers, le produit intérieur brut par habitant s’élève seulement à 507 dollars par an, selon la Banque mondiale. (AFP)
En dépit de tous les dons étrangers, le produit intérieur brut par habitant s’élève seulement à 507 dollars par an, selon la Banque mondiale. (AFP)
Des Afghans attendent les clients dans un marché monétaire de Kaboul, le 19 mai 2015. (AFP)
Des Afghans attendent les clients dans un marché monétaire de Kaboul, le 19 mai 2015. (AFP)
Les changeurs afghans comptent les dollars au marché de Sarayee Shahzada, à Kaboul. (AFP)
Les changeurs afghans comptent les dollars au marché de Sarayee Shahzada, à Kaboul. (AFP)
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Publié le Mardi 24 août 2021

Privés d’aide étrangère, les nouveaux dirigeants talibans doivent mener une bataille économique des plus difficiles

  • La Chine et d’autres pays non occidentaux voient des avantages économiques et stratégiques en Afghanistan sous le règne des talibans
  • La manière dont ils géreront les défis urgents auxquels fait face l’économie afghane sera un test décisif pour évaluer leurs compétences

DUBAI : En Afghanistan, les nouveaux dirigeants talibans font actuellement face à une crise économique dans la mesure où les aides et autres sources financières étrangères se tarissent. Cependant, les économistes ne remettent pas en question leur aptitude à gérer l’économie du pays, estimée à 20 milliards de dollars (1 dollar = 0,85 euro), même si ce dernier fait figure de paria sur la scène financière internationale.

La préoccupation la plus grande concerne sans doute la stabilité de l’économie nationale et de la monnaie locale, l’afghani. Ajmal Ahmady, le gouverneur de la Banque centrale afghane, qui a fui le pays la semaine dernière au moment où les talibans arrivaient à Kaboul, affirme que l’Afghanistan traverse une crise économique dont les caractéristiques sont une dépréciation considérable de sa monnaie, des perspectives d’inflation rapide et une pénurie des produits importés de première nécessité. «La situation est vraiment très difficile», affirme-t-il aux médias.

La stabilité macroéconomique ne peut être maintenue à court terme. Toutefois, sur le moyen et long terme, si l’on s’achemine vers un règlement politique et que les liens sont rétablis avec les États-Unis, l’Europe et les pays du Golfe, la stabilité pourrait être progressivement instaurée», déclare à Arab News Nasser Saïdi, expert économique du Moyen-Orient.

Selon M. Saïdi, qui a occupé les postes de ministre de l’Économie et de vice-gouverneur de la Banque centrale du Liban, la Chine et d’autres pays non occidentaux voient des avantages économiques et stratégiques en Afghanistan sous le règne des talibans – si toutefois la stabilité est atteinte.

Cependant, le scénario actuel est le chaos économique. Avant même la prise de contrôle rapide du pays, symbolisée par la chute de Kaboul la semaine dernière, l’économie afghane était en crise – une véritable activité «zombie» reposant essentiellement sur les dons étrangers, sur les exportations illégales comme celle des stupéfiants et sur une administration rongée par la corruption et les pots-de-vin.

Au cours des deux décennies d’occupation occidentale, l’économie afghane a d’abord connu un essor rapide grâce aux dépenses américaines en matière d’infrastructures militaires et, dans une certaine mesure, civiles. Jusqu’en 2015, l’activité économique et le niveau de vie ont connu une amélioration rapide.

Au cours des cinq dernières années, on assiste à une stagnation car les aides internationales se font plus rares. En dépit de tous les dons étrangers, le produit intérieur brut par habitant s’élève à 507 dollars par an seulement, selon la Banque mondiale, ce qui place l’Afghanistan dans le bas du classement des richesses mondiales.

Les Afghans sont actuellement confrontés à la perspective immédiate d’un effondrement total.

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Au cours des deux décennies d’occupation occidentale, l’économie afghane a d’abord connu un essor rapide, grâce aux dépenses américaines en matière d’infrastructures militaires et, dans une certaine mesure, civiles. (AFP)

«Une grande partie des progrès économiques des vingt dernières années s’appuie sur le soutien extérieur. Le retour de l’Afghanistan au statut de paria mondial pourrait porter un coup dur à l’économie», explique Gareth Leather, un économiste asiatique de Capital Economics, un cabinet de conseil en recherche économique situé à Londres.

En attendant de voir quel type de gouvernement les talibans mettront en place, ces dons étrangers indispensables vont se tarir.

En retirant leurs troupes, les Américains ont suspendu l’accès à des réserves d’un montant de 9 milliards de dollars détenues dans leur pays au nom de la Banque centrale afghane. Le soutien financier a été principalement fourni par les États-Unis au cours de ces vingt ans de présence militaire, étant donné qu’ils ont dépensé trois mille milliards de dollars pour financer leur occupation. Ce sera un coup dur immédiat pour le nouveau régime.

Dans une lettre adressée à Janet Yellen, secrétaire au Trésor, le Congrès américain se montre clairement réticent devant l’idée de fournir un soutien financier à «un régime qui soutient des actes terroristes contre les États-Unis et leurs alliés».

De plus, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé qu’il suspendait l’accès de l’Afghanistan à ses facilités de prêt, précisant qu’un «manque de clarté au sein de la communauté internationale» l’avait poussé à bloquer le programme d’aide de 370 millions de dollars.

D’autres grandes institutions occidentales qui auraient pu investir en Afghanistan dans des circonstances différentes devraient également suivre les pas des États-Unis et du FMI.

Quel type de régime économique les talibans peuvent-ils donc mettre en place pour pallier le manque d’aides occidentales? Les nouveaux dirigeants disposent de quelques avantages.

D’abord, ils ont pris le contrôle d’une véritable économie, avec 38 millions d’habitants dont beaucoup aspirent à faire partie de la classe moyenne et à jouir des attributs d’une société de consommation, notamment dans les grandes villes. Reste à savoir dans quelle mesure les talibans répondront à ces aspirations.

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Des changeurs afghans comptent des piles d’afghani – la monnaie locale afghane – dans un marché monétaire de Kaboul. (AFP)

Par ailleurs, les talibans possèdent un peu d’expérience dans la gestion économique puisqu’ils ont dirigé de vastes régions du pays pendant plusieurs années. Ils ont même développé un système fiscal afin de se procurer les armes et les ressources nécessaires pour mener leur guerre contre Kaboul et les États-Unis.

«Ils contrôlent depuis un certain temps les routes commerciales vers d’autres pays, ce qui leur a permis de financer le mouvement taliban. Cependant, cela ne suffira pas à financer l’ensemble d’un gouvernement», souligne M. Saïdi.

Les taxes appliquées par les talibans sur des marchandises comme les cigarettes et les produits pétroliers représentent une part importante des revenus du groupe militant, estiment certains experts.

David Mansfield, spécialiste de l’Afghanistan à l’Overseas Development Institute, déclare au Financial Times: «Les impôts sur les marchandises légales constituent la première source de financement des talibans. Les drogues ne représentent pas une source de financement aussi importante que beaucoup le laissent entendre.»

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Ajmal Ahmady, le gouverneur de la Banque centrale afghane, qui a fui le pays la semaine dernière au moment où les talibans arrivaient à Kaboul, affirme que l’Afghanistan traverse une crise économique dont les caractéristiques sont une dépréciation considérable de sa monnaie, des perspectives d’inflation rapide et une pénurie des produits importés de première nécessité. (AFP)

Néanmoins, la culture de l’opium – également taxée par les talibans – demeure une importante source de revenus pour le pays. Elle n’a cessé de se développer pendant l’occupation, malgré des opérations américaines de lutte contre les stupéfiants qui ont coûté des milliards de dollars depuis l’invasion, en 2001.

Une enquête menée par l’ONU (Organisation des nations unies) montre que la récolte d’opium a augmenté de 37% en 2020. En outre, certains rapports font état d’une implication afghane dans les ingrédients de base pour la fabrication de produits à base de méthamphétamine destinés à l’exportation.

Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans, a promis récemment que l’organisation ferait de l’Afghanistan «un pays sans stupéfiants» et a lancé un appel à l’aide internationale pour «relancer notre économie».

Si Mujahid veut mettre ses ambitions à exécution, il devra se rabattre sur les exportations traditionnelles afghanes. Trading Economics, un cabinet de conseil de New York, répertorie les exportations légales du pays: il s’agit de tapis et de moquettes, de fruits secs et de plantes médicinales. Aucun de ces biens ne peut être considéré comme générateur de richesses importantes dans l’économie mondiale moderne.

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Plus tôt au mois d’août, une délégation de talibans présidée par le chef de l’équipe de négociation, Anas Haqqani (à droite), a rencontré d’anciens responsables afghans, parmi lesquels Hamid Karzai (au centre à gauche), qui présida le pays. (AFP)

Cependant, les talibans disposent d’un atout de taille: les riches ressources minérales et minières du pays. Les économistes estiment leur valeur à 3 000 milliards de dollars, des réserves traditionnelles comme le cuivre et la bauxite aux minéraux de terre rares en passant par le lithium, autant de matériaux particulièrement précieux pour les technologies modernes des télécommunications et les sources d’énergies renouvelables.

«Je m’attends à la signature d’accords avec la Chine destinés à exploiter les ressources naturelles de l’Afghanistan. Dans cette hypothèse, la Chine tirera profit de la débâcle du retrait américain», ajoute M. Saïdi.

«Le financement ne se fera pas sous forme d’aides, mais il sera constitué d’investissements dans les infrastructures et l’exploitation des ressources naturelles. Si l’Afghanistan est lié à l’initiative chinoise de la “nouvelle route de la soie”, la situation économique pourrait s’améliorer considérablement», renchérit-il.

L’un des dirigeants du nouveau régime, le mollah Abdel Ghani Baradar, avait présidé une délégation de talibans à Pékin au mois de juillet dernier pour tenter de solliciter le soutien économique de la Chine avant la prise de pouvoir en Afghanistan.

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Des agriculteurs afghans récoltent de la sève d’opium dans un champ de Gereshk, dans la province du Helmand. L’Afghanistan est le plus grand producteur mondial d’opium. Des centaines de milliers d’emplois dépendant de la culture d’opium. (AFP)

D’autres pays pourraient également intervenir pour combler le vide laissé par le retrait des troupes occidentales. Le Pakistan, l’Iran et même la Russie sont déjà des partenaires commerciaux importants de l’Afghanistan et l’aspect déplaisant du nouveau régime ne serait pas de nature à les dissuader.

Les pays du golfe Arabique pourraient également prendre part au processus de reconstruction du pays. «Les pays du Golfe ne veulent pas d’un Afghanistan déstabilisé et ils pourraient être également intéressés par ses ressources naturelles», soutient M. Saïda, qui insiste sur le rôle de premier plan que joue déjà le Qatar en Afghanistan.

Les talibans affirment que leur organisation est aujourd’hui différente du mouvement des années 1990 et qu’ils ont tiré des leçons de cette époque. La manière dont ils géreront les défis urgents auxquels fait face l’économie afghane sera un test décisif pour évaluer leurs compétences.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Royaume-Uni, Canada, Australie et Portugal reconnaissent l'Etat de Palestine

Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni, Husam Zomlot, réagit en regardant une émission télévisée dans laquelle le Premier ministre britannique Keir Starmer reconnaît officiellement l'État palestinien, le 21 septembre 2025, à leur mission située dans l'ouest de Londres. (AFP)
Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni, Husam Zomlot, réagit en regardant une émission télévisée dans laquelle le Premier ministre britannique Keir Starmer reconnaît officiellement l'État palestinien, le 21 septembre 2025, à leur mission située dans l'ouest de Londres. (AFP)
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  • Israël voit la pression internationale s'accentuer face à la situation humanitaire désastreuse dans le territoire palestinien assiégé
  • Le Premier ministre britannique Keir Starmer a justifié cette décision par la volonté de "raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux Etats", dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux

LONDRES: Le Royaume-Uni, l'Australie le Canada et le Portugal ont officiellement reconnu dimanche l'Etat de Palestine, à la veille d'annonces similaires d'autres pays - dont la France - et avant l'Assemblée générale de l'ONU, une décision historique mais surtout symbolique fustigée par Israël qui menace d'étendre la colonisation en Cisjordanie occupée.

Cette reconnaissance, de la part notamment d'alliés historiques d'Israël, intervient alors que l'armée israélienne a intensifié son offensive à Gaza, déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas en 2023.

Israël voit la pression internationale s'accentuer face à la situation humanitaire désastreuse dans le territoire palestinien assiégé.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer a justifié cette décision par la volonté de "raviver l'espoir de paix et d'une solution à deux Etats", dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux.

Le Premier ministre canadien Mark Carney a avancé le même argument, affirmant dans un communiqué l'inscrire "dans le cadre d'un effort international concerté visant à préserver la possibilité d'une solution à deux Etats".

En Australie, le chef du gouvernement, Anthony Albanese, a fait valoir "les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine à un Etat qui lui soit propre".

Leur emboitant le pas, le ministre des Affaires étrangères portugais Paulo Rangel a expliqué que "reconnaître l'Etat de Palestine est (...) l'accomplissement d'une politique fondamentale, cohérente et largement acceptée", ajoutant que la solution à deux Etats est "la seule voie vers une paix juste et durable".

"Danger" 

Un nombre croissant d'autres Etats, longtemps proches d'Israël, ont déjà franchi ce pas symbolique ces derniers mois, et ce malgré les fortes pressions des Etats-Unis et d'Israël.

Lors d'un sommet lundi coprésidé par la France et l'Arabie saoudite - qui doit se pencher sur l'avenir de la solution à deux Etats à la veille de l'Assemblée générale de l'ONU -, une dizaine de pays doivent confirmer leur reconnaissance formelle de l'Etat palestinien.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui affirmé dimanche vouloir étendre la colonisation en Cisjordanie occupée et martelé qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien. "Cela n'arrivera pas. Aucun Etat palestinien ne verra le jour à l'ouest du Jourdain", a-t-il dit dans une vidéo diffusée par son bureau.

Le président israélien Isaac Herzog a évoqué un "jour triste pour ceux qui recherchent la vraie paix": "Cela n'aidera aucun Palestinien, cela ne libérera aucun otage, et cela ne nous aidera pas à parvenir à un accord entre Israéliens et Palestiniens. Cela ne fera que renforcer les forces des ténèbres", selon un communiqué.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a lui proposé de répondre par l'annexion "immédiate" de la Cisjordanie.

"Victoire" 

A l'inverse, le président palestinien Mahmoud Abbas a estimé que la décision britannique est "un pas important et nécessaire vers la concrétisation d'une paix juste et durable".

Un haut responsable du Hamas, Mahmoud Mardawi, a jugé auprès de l'AFP qu'elle était une "victoire pour les droits du peuple palestinien".

Face aux accusations du gouvernement, israélien Keir Starmer a répété que sa décision n'était "pas une récompense envers le Hamas" qui "ne peut avoir aucun avenir, aucun rôle" à l'avenir en Palestine.

Londres prendra de nouvelles sanctions contre le mouvement islamiste "dans les prochaines semaines", a-t-il dit, réitérant son appel pour la libération des otages israéliens détenus par le Hamas et pour un cessez-le-feu.

Le président français Emmanuel Macron a lui précisé, dans un entretien diffusé dimanche sur la chaîne américaine CBS, que Paris posait comme "condition claire" à l'ouverture d'une ambassade en Palestine la libération des otages israéliens détenus à Gaza par le Hamas.

Divergences avec les Etats-Unis 

Avec cette annonce, ces pays accentuent encore un peu plus leurs divergences avec l'administration américaine sur le conflit au Moyen Orient.

Les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont critiqué l'initiative franco-saoudienne.

En visite d'Etat cette semaine au Royaume-Uni, le président américain Donald Trump a affirmé son désaccord avec le choix britannique.

Les trois quarts environ des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.

Cette vaste offensive diplomatique intervient alors qu'Israël a lancé cette semaine une vaste campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas.

Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, ce que les autorités israéliennes ont nié.

L'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65.062 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

A Paris, les drapeaux palestinien et israélien, reliés par le dessin d'une colombe tenant dans son bec un rameau d'olivier, ont été projetés dimanche soir sur la tour Eiffel.


Zelensky dit qu'il rencontrera Trump en marge de l'Assemblée générale de l'ONU

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il rencontrerait son homologue américain Donald Trump en marge de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine, dans des propos publiés samedi. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il rencontrerait son homologue américain Donald Trump en marge de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine, dans des propos publiés samedi. (AFP)
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  • Volodymyr Zelensky rencontrera Donald Trump en marge de l’AGNU, pour discuter des sanctions contre la Russie et des garanties de sécurité pour l’Ukraine
  • La Russie et l’Ukraine multiplient les frappes meurtrières, avec des attaques de drones ukrainiens en profondeur sur le territoire russe, et une vague massive de missiles et drones russes visant les civils et infrastructures ukrainiennes

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé qu'il rencontrerait Donald Trump la semaine prochaine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, alors que les efforts diplomatiques pour mettre fin à l'invasion russe semblent dans l'impasse.

Le conflit ne montre aucun signe d'apaisement. Moscou a intensifié ses frappes, envoyant encore des centaines de drones et missiles contre le pays dans la nuit de vendredi à samedi.

Et en Russie, quatre personnes ont été tuées par une attaque de drones ukrainiens dans la région de Samara, à plus de 800 kilomètres du front, selon les autorités locales.

Donald Trump a lancé des ultimatums, sous peine de sanctions, pour pousser Vladimir Poutine à un compromis et mettre fin à la guerre. Mais le président russe n'a pas plié, et son homologue américain n'a pas mis ses menaces à exécution.

Volodymyr Zelensky a déclaré à un groupe de journalistes, dont l'AFP, qu'il aurait "une réunion avec le président des Etats-Unis" dans le cadre de son déplacement à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU la semaine prochaine.

Le président ukrainien, dont les commentaires étaient placés sous embargo jusqu'à samedi, a affirmé qu'il soulèverait la question des sanctions contre Moscou.

"Je pense que nous perdons beaucoup de temps si nous attendons, n'imposons pas de sanctions ou ne prenons pas les mesures que nous attendons vraiment de lui", a-t-il dit.

Donald Trump s'est dit prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les Européens arrêtent d'acheter des hydrocarbures russes.

Il s'était montré initialement optimiste quant à sa capacité de convaincre Vladimir Poutine mais s'est depuis dit déçu, affirmant jeudi que le président russe l'avait "laissé tomber".

Volodymyr Zelensky juge lui que Vladimir Poutine, dont l'armée est à l'offensive sur le front, n'acceptera la paix que s'il y est contraint.

Le prédisent ukrainien a aussi dit qu'il discuterait avec Donald Trump des "garanties de sécurité" que son pays demande à ses alliés occidentaux en cas d'accord de paix.

Elles sont censées protéger l'Ukraine d'une autre attaque russe à l'avenir, que Kiev juge quasi inévitable.

- "Terroriser les civils" -

Le gouverneur de la région russe de Samara, Viatcheslav Fedorichtchev, a affirmé que des drones ukrainiens avaient tué quatre personnes et blessé une autre dans la nuit de vendredi à samedi.

L'Ukraine vise régulièrement la Russie avec des drones, en répondant à l'invasion lancée en 2022, mais il est rare que ces frappes soient aussi meurtrières, surtout si loin de ses frontières.

Viatcheslav Fedorichtchev n'a pas indiqué la localisation exacte de l'attaque, mais avait dit plus tôt que des drones avaient ciblé des "installations du complexe énergétique et pétrolier".

L'Ukraine cherche à endommager ces infrastructures, source de revenus majeure pour Moscou, pour attaquer le pays au porte-monnaie.

Le commandement de l'armée ukrainienne avait mentionné samedi matin des attaques de drones contre des installations pétrolières dans la région de Samara. Il avait affirmé qu'un incendie s'était déclaré dans l'une d'elles, sans évoquer de victimes.

La Russie a de son côté lancé 40 missiles et quelque 580 drones contre l'Ukraine dans la nuit de vendredi à samedi, faisant trois morts et des dizaines de blessés, selon Volodymyr Zelensky.

Peu avant, les autorités de la région de Dnipropetrovsk, dans le centre-est de l'Ukraine, avait fait état d'une importante attaque russe de missiles et de drones ayant fait un mort et 26 blessés.

M. Zelensky a dénoncé une "stratégie délibérée de la Russie visant à terroriser les civils et à détruire (les) infrastructures" de l'Ukraine.

- Défense commune -

Volodymyr Zelensky a par ailleurs appelé à la construction d'une défense antiaérienne commune avec certains des pays voisins de l'Ukraine pour abattre les drones russes.

Il s'agit d'une demande ukrainienne de longue date, remise en lumière ces dernières semaines par l'intrusion de drones russes en Pologne ou encore, l'interception d'avions de chasse russes en Estonie vendredi.

Sur le front, la Russie a revendiqué samedi la prise d'un nouveau village dans la région de Dnipropetrovsk, Berezové.

Volodymyr Zelensky a affirmé que des combats avaient lieu dans le centre de Koupiansk, forteresse de l'est ukrainien où la situation se détériore.


Le traité historique pour protéger la haute mer peut entrer en vigueur en janvier

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une interview accordée à l'AFP avant la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGA 80) au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2025. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une interview accordée à l'AFP avant la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGA 80) au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2025. (AFP)
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  • Le traité pour la protection de la haute mer, ratifié par 60 pays, entrera en vigueur fin janvier 2026
  • Il permet enfin de créer des aires marines protégées dans les eaux internationales, longtemps laissées sans cadre juridique contraignant

NATIONS UNIES: Après des années d'attente pour les défenseurs des océans, le traité pour protéger la haute mer, désormais ratifié par 60 pays, prendra enfin vie fin janvier, donnant au monde un outil inédit pour mettre à l'abri des écosystèmes marins vitaux pour l'humanité.

"Je salue cette réussite historique pour l'océan et le multilatéralisme", a réagi vendredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un communiqué publié immédiatement après l'annonce.

"Alors que nous faisons face une triple crise planétaire, changement climatique, perte de biodiversité et pollution, cet accord est une ligne de vie pour l'océan et l'humanité", a-t-il ajouté.

Avec le dépôt des ratifications par le Maroc et la Sierra Leone vendredi, le traité a atteint les 60 requises pour enclencher les 120 jours avant son entrée en vigueur.

Le texte, adopté en juin 2023 après des années de négociations, vise à contrecarrer les multiples menaces qui pèsent sur les océans.

Alors que les écosystèmes marins sont menacés par le changement climatique, les pollutions et la surpêche, la science a prouvé l'importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d'une biodiversité souvent microscopique, qui fournissent la moitié de l'oxygène que nous respirons et limitent le réchauffement en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.

La haute mer commence là où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à un maximum de 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n'est sous la juridiction d'aucun Etat.

Même si elle représente près de la moitié de la planète et plus de 60% des océans, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental.

"L'ère de l'exploitation et de la destruction doit prendre fin" et ce traité "est l'outil pour rendre cela possible", a salué Mads Christensen, patron de Greenpeace, appelant les parties à faire en sorte de le rendre opérationnel le plus vite possible.

- Universel ? -

L'outil phare du nouveau traité prévoit la création d'aires marines protégées en haute mer.

Ce chantier devra toutefois s'articuler avec d'autres instances qui gouvernent certains morceaux de l'océan, comme les organisations régionales de pêche ou encore l'Autorité internationale des fonds marins chargée des règles de l'exploitation minière sous-marine dans les eaux internationales.

Aujourd'hui, environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de mesures de conservation. Mais en 2022, l'ensemble des Etats de la planète s'est engagé lors de la COP15 sur la biodiversité à protéger, d'ici 2030, 30% des terres et des océans de la planète.

Pour y parvenir, le nouveau traité est capital. Alors les pays signataires travaillent déjà d'arrache-pied, en avançant notamment sur les préparatifs des premières aires marines protégées, comme celle portée par le Chili autour des dorsales de Nazca et de Salas y Gomez, dans le Pacifique.

"On pourrait voir les premières zones protégées adoptées peut-être fin 2028, ou 2029", estime Lisa Speer, de l'organisation environnementale NRDC.

La France avait espéré atteindre les 60 ratifications à l'occasion de la Conférence de l'ONU sur les océans en juin à Nice, mais il aura fallu finalement quelques mois de plus.

Alors que le traité a désormais 143 signataires, les défenseurs des océans vont désormais tenter de convaincre le maximum de pays de le signer et de le ratifier pour en faire un outil le plus universel possible.

"Il est vraiment important d'aller vers une ratification mondiale, universelle pour que le traité soit aussi efficace que possible", a plaidé Rebecca Hubbard, patronne de la coalition d'ONG High Seas Alliance, appelant même les pays sans accès à la mer à le rejoindre.

Mais cette perspective est toutefois assombrie par la position de deux puissances maritimes majeures: la Russie et les Etats-Unis.

Moscou avait pris ses distances avec le texte dès son adoption, jugeant certains éléments inacceptables, sans pour autant empêcher son adoption.

Quant aux Etats-Unis, qui avaient signé le traité sous la présidence de Joe Biden, il est peu probable qu'ils le ratifient tant que Donald Trump est à la Maison Blanche.