Les femmes et les minorités afghanes apprennent à vivre dans la tension et l'incertitude

Le 2 août dernier, dans une salle de Kaboul, des femmes afghanes participent à un rassemblement contre les violations présumées  des droits des femmes par le régime taliban en Afghanistan. (AFP)
Le 2 août dernier, dans une salle de Kaboul, des femmes afghanes participent à un rassemblement contre les violations présumées des droits des femmes par le régime taliban en Afghanistan. (AFP)
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Publié le Samedi 28 août 2021

Les femmes et les minorités afghanes apprennent à vivre dans la tension et l'incertitude

  • De 1996 à 2001, une ségrégation stricte entre les sexes a été imposée par les talibans
  • «Ce qu’il faut avoir à l’esprit, ce n'est pas le fait que les talibans disent une chose et en font nécessairement une autre; c’est surtout qu’ils ne s’expriment pas d’une même voix»

DUBAΪ: Aussi bien pendant qu'après leur récente prise de contrôle de l'Afghanistan, les responsables talibans se sont attachés à afficher une image responsable et tolérante du groupe, près de vingt ans après son retrait du pouvoir.

Le 18 août dernier à Kaboul, le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid a promis sur les médias que le nouveau gouvernement respecterait les droits des femmes et qu’il accorderait l'amnistie à celles qui leur avaient résisté, tout en assurant que l'Afghanistan ne redeviendrait plus jamais un refuge pour les terroristes.

Ses propos font écho à ceux de Shahabuddin Delawar, le négociateur principal des talibans, qui avait déclaré à Moscou le 9 juillet que le groupe garantirait aux femmes et aux filles le droit au travail et à l'éducation à condition que ces droits ne contreviennent pas aux principes de l'islam.

Pourtant, le régime taliban d’Afghanistan avant l'invasion américaine de 2001 laisse un souvenir édifiant. Des photos et des vidéos montrent des militants qui fouettent des femmes en burqas, sans défense, agenouillées dans la poussière.

De 1996 à 2001, une ségrégation stricte entre les sexes a été imposée par les talibans. Ce groupe fondamentaliste islamique à prédominance pachtoune avait comblé le vide du pouvoir en Afghanistan après une longue guerre civile.

Une fois qu'il a mis en œuvre son interprétation de la charia, les femmes n’ont plus été autorisées à quitter leur domicile sans un parent masculin, tandis que les filles de plus de 7 ans se voyaient privées d’éducation et finissaient souvent par être mariées à des hommes beaucoup plus âgés.

Le système d'apartheid entre les sexes institué par les talibans imposait aux femmes le port de la burqa chaque fois qu'elles sortaient de leur maison. Le vêtement, qui s'ajustait étroitement sur la tête et s'étendait jusqu'aux chevilles, rendait la femme afghane presque informe et inidentifiable en public.

Celles qui défiaient les règles et la loi encouraient des sanctions sévères, qui impliquaient souvent la flagellation publique. Les transgressions plus graves, comme l'adultère, entraînaient couramment des lapidations.

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Des Afghanes défilent à Kaboul avec des banderoles pour protester contre la récente exécution publique d'une jeune femme soupçonnée d’adultère. (AFP/Fichier Photo)

Près de deux décennies plus tard, des responsables talibans tels que Mujahid et Delawar, ainsi que Suhail Shaheen, porte-parole du groupe, signalent que leur groupe s’est adouci.

Toutefois, peu d'Afghans sont convaincus par ce changement, comme le prouve la ruée vers les vols d'évacuation occidentaux à l'aéroport de Kaboul. Très peu nombreux sont ceux qui sont disposés à parler ouvertement de la question, car ils redoutent des représailles.

«Tout le monde attend de voir ce qui se passera avec les talibans», déclare un habitant de Kaboul, qui souhaite rester anonyme, à Arab News. «Si les femmes sortent désormais de chez elles, toutes portent le hijab. Avant, c'était différent: certaines l’arboraient, d'autres non. Maintenant, elles le portent toutes parce qu'elles ont peur des talibans.»

Une autre femme de Kaboul, qui s’exprime également sous le couvert de l’anonymat, explique: «Nous ne nous attendons pas à ce que tout soit comme avant. Il y aura du changement. Nous attendons des éclaircissements sur les politiques que comptent mettre en place les talibans.»

De nombreux Afghans veulent croire, en dépit de leur intuition, que les talibans seront cette fois plus modérés; mais les rapports des atrocités commises à travers le pays mettent les nerfs des habitants à rude épreuve.

«La semaine dernière, des rumeurs ont circulé au sujet de femmes célibataires qui habitaient à l’extérieur de Kaboul et qui auraient été emmenées et mariées», confie à Arab News de manière anonyme le porte-parole d'une organisation qui travaille en Afghanistan.

«Ce qu’il faut avoir à l’esprit, ce n'est pas le fait que les talibans disent une chose et en font nécessairement une autre; c’est surtout qu’ils ne s’expriment pas d’une même voix.»

En effet, une déclaration d'un porte-parole des talibans mardi dernier indiquait que les femmes devaient rester à la maison pour le moment dans la mesure où certains de leurs combattants n'avaient «pas encore appris à se comporter correctement».

Masuda Sultan, une entrepreneuse américano-afghane qui défend les droits humains, déclare à Arab News: «On ne sait pas si les talibans s’adressent à toutes les femmes ou seulement à celles qui occupent certains postes.»

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Des femmes afghanes assistent à un cours d'alphabétisation sur leur lieu de travail à Kaboul dans les années 1980, lorsque le pays était dirigé par le gouvernement communiste de Kaboul, soutenu par Moscou. Au cours de ses quatorze années de présence, le régime communiste a offert aux femmes d’importantes opportunités pour stimuler leur implication sociale dans une société afghane par ailleurs strictement conservatrice. (AFP/Archive)

«La plupart des femmes ne quittent pas leur domicile et elles ont peur. Les gens sont très prudents. Des informations récentes indiquent que les talibans recommandent de rester à la maison pour le moment. C'est comme un régime militaire, désormais. Ils disent que les salaires des femmes seront versés mais qu'il était nécessaire que les propres membres de leurs familles leur donnent une formation supplémentaire.»

Les femmes ne sont pas les seules personnes qui, en Afghanistan, s'inquiètent de ce qui va se passer. Les minorités ethniques, en particulier les Hazaras, un groupe à prédominance chiite concentré dans la région montagneuse centrale du pays de Hazaradjat, ont également été persécutées sous le premier régime taliban.

Les Hazaras, qui constituent environ 10 à 20% de la population, ont été relégués aux échelons inférieurs d’un ordre social dominé par les Pachtounes, une ethnie dont les talibans tiraient l'essentiel de leur soutien.

D'autres groupes ethniques – les Tadjiks, les Ouzbeks, les Turkmènes, les Baloutches, les Pashai, les Nouristanis, les Gurjars, les Arabes, les Brahouis, les Sadates, les Kirghizes et les Pamiris – ne savent pas davantage à quoi ils doivent s’attendre.

EN BREF

- 80% des Afghans récemment déplacés sont des femmes et des enfants.

- Les observateurs des droits ont demandé des enquêtes sur les abus des talibans qui ont été signalés.

- Les femmes et les minorités afghanes redoutent que les atrocités passées ne se reproduisent.

Les Hazaras ont de quoi avoir peur. Après avoir pris le contrôle de la province de Ghazni, des militants talibans ont tué neuf Hazaras entre le 4 et le 6 juillet dans le village de Mundarakht, dans la région de Malistan, rapporte l'observateur des droits humains Amnesty International.

Des témoins déclarent que six de ces hommes ont été abattus et que les trois autres ont été torturés à mort. Human Rights Watch exhorte le Conseil des droits de l'homme de l'ONU (Organisation des nations unies, NDLR) à enquêter sur des signalements qui font également état de violences talibanes dans la période qui précède la chute de Kaboul, le 15 août.

Alors que le groupe resserre son étau autour du pouvoir, les Afghans estiment que la façon dont les talibans géreront les droits des femmes et des minorités à l'avenir dépendra beaucoup du type de gouvernement qui sera adopté.

«Même si les talibans ont pris le contrôle de la majeure partie du pays, ils n'ont pas réellement formalisé d’accord politique. Dans le même temps, ils sont confrontés à des défis de gouvernance», affirme Sultan.

«Il est nécessaire que soient instaurées de bonnes politiques en ce qui concerne les femmes et les filles. Les talibans ont publié des communiqués qui indiquent que les femmes et les filles auront des droits dans le cadre de la charia. Beaucoup de gens sont dans l’expectative», poursuit-il.

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Au cours du mois d’août, des femmes afghanes déplacées à l'intérieur du pays et qui ont fui la province du Nord en raison de la bataille entre les talibans et les forces de sécurité afghanes attendent de recevoir de la nourriture gratuite distribuée au parc Shahr-e Naw de Kaboul. (AFP)

Lorsque les forces américaines achèveront leur retrait – la date de l’évacuation définitive est le 31 août prochain –, les nombreuses sources internationales d'aide et de financement, qui ont maintenu l'économie afghane à flot depuis 2001, se tariront.

Les dirigeants talibans se trouvent devant la perspective d'une implosion économique qui risque d’être accompagnée de graves implications humanitaires, à moins qu'ils ne parviennent à négocier rapidement de nouveaux accords commerciaux ou que des puissances non occidentales leur jettent une bouée de sauvetage.

Selon les estimations du HCR (Haut-Commissariat des nations unies pour les réfugiés, NDLR), environ 80% des quelque 550 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays ces dernières semaines sont des femmes et des enfants. Jusqu'à un tiers des Afghans étaient déjà considérés en situation d'insécurité alimentaire au début de l’année 2021. Aujourd'hui, le pays subit sa deuxième sécheresse en trois ans.

Les agences de l'ONU mettent en garde contre des pénuries alimentaires qui vont gagner l’ensemble de l'Afghanistan dès le mois de septembre si une intervention urgente n’est pas décidée.

«L'Afghanistan est au cœur d'une crise humanitaire. 18 millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence. Le Programme alimentaire mondial (PAM) souligne qu'il ne peut pas faire parvenir d’aide alimentaire dans le pays car Kaboul est actuellement fermé aux vols commerciaux», confie Sultan à Arab News.

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Dans le quartier de Shahr-e Naw de Kaboul, le 18 août dernier, un combattant taliban passe devant la vitrine d’un salon de beauté dont les visages féminins, sur les panneaux, ont été défigurés avec de la peinture en aérosol. (AFP)

Au cours des dernières semaines, l’attention de communauté internationale a été accaparée par les efforts d'évacuation à l'aéroport de Kaboul et par le chaos qu’ils ont suscité; elle a oublié de se pencher sur cette majorité de la population qui ne peut ou ne veut pas partir.

«Alors que le monde a aujourd’hui les yeux rivés sur les personnes évacuées et les avions qui décollent, il est indispensable de fournir des vivres à ceux qui sont laissés pour compte», fait savoir à Reuters Richard Brennan, le directeur régional des urgences de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'OMS a demandé que les avions vides qui s’apprêtent à récupérer les évacués soient détournés vers ses entrepôts de Dubaï afin d’y décharger des ressources alimentaires. Il existe également un projet de «pont aérien humanitaire», précise Brennan.

Les talibans peuvent contribuer à galvaniser la bonne volonté des donateurs internationaux s’ils n’entravent pas le processus d'évacuation et s’ils joignent les actes à leurs paroles.

«Les talibans prétendent que les gens peuvent retourner au travail, mais les choses ne se sont pas encore tassées. Tout le monde attend toujours de voir ce qui va se passer», conclut Sultan.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

Twitter : @rebeccaaproctor


Xi Jinping attendu en visite d'Etat en France les 6 et 7 mai, l'Ukraine à l'agenda

Le président chinois Xi Jinping (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping (Photo, AFP).
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  • Il s'agit du début de sa première tournée européenne depuis la pandémie de Covid-19
  • Paris évoque une visite très politique sans grands contrats à attendre, même si Emmanuel Macron espère attirer de nouveaux investissements chinois

PARIS: Le président chinois Xi Jinping est attendu en visite d'État en France les 6 et 7 mai pour évoquer avec Emmanuel Macron les crises internationales, dont la guerre en Ukraine, mais aussi célébrer les 60 ans des relations diplomatiques entre les deux pays.

Il s'agit du début de sa première tournée européenne depuis la pandémie de Covid-19, qui avait vu le géant asiatique couper longuement nombre d'interactions avec le reste du monde.

Xi Jinping doit atterrir à Paris dimanche 5 mai au soir, avant d'enchaîner des étapes en Serbie puis en Hongrie, où il est attendu du 8 au 10 mai, ont aussi confirmé lundi les autorités chinoises.

Cette visite en France intervient après celle du président français à Pékin et Canton en avril 2023, a rappelé l'Elysée dans un communiqué.

"Les échanges porteront sur les crises internationales, au premier rang desquelles la guerre en Ukraine et la situation au Moyen-Orient, les questions commerciales, les coopérations scientifiques, culturelles et sportives ainsi que sur nos actions communes face aux enjeux globaux, notamment l’urgence climatique, la protection de la biodiversité et la situation financière des pays les plus vulnérables", a ajouté la présidence française.

Paris évoque une visite très politique sans grands contrats à attendre, même si Emmanuel Macron espère attirer de nouveaux investissements chinois, notamment dans les batteries électriques.

Lin Jian, porte-parole de la diplomatie chinoise, a estimé pour sa part que les deux dirigeants tenteront de "faire de nouvelles contributions à la paix, à la stabilité, au développement et au progrès du monde".

Il y a un an en Chine, Emmanuel Macron avait appelé Xi Jinping à "ramener la Russie à la raison" à l'égard de l'Ukraine "et tout le monde à la table des négociations".

Peu après, le président chinois avait appelé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky pour la première fois depuis le début du conflit en février 2022. Mais les avancées diplomatiques escomptées par Paris sur le front russo-ukrainien s'étaient arrêtées là.

Un an plus tard, l'analyse française n'a pas varié.

"Il faut continuer d'engager la Chine qui, objectivement, est l'acteur international qui dispose des leviers les plus importants pour changer le calcul de Moscou", dont elle reste le principal allié, glisse-t-on de source diplomatique française, tout en reconnaissant qu'il ne faut pas s'attendre à un tournant majeur du jour au lendemain.

Les autorités chinoises se disent officiellement neutres et appellent à une solution de paix, mais n'ont jamais condamné l'invasion russe. Le président russe Vladimir Poutine doit se rendre en Chine en mai.

"La France, par cette visite, démontre qu'elle fait partie des très rares pays au monde à être en mesure de maintenir des canaux de discussion à tous les niveaux avec la deuxième puissance économique mondiale, avec la Chine, dans un contexte où il y a une relation tendue avec les États-Unis et le Royaume-Uni", avance-t-on encore de source diplomatique française.

Dîner d'État

Le chancelier allemand Olaf Scholz a déjà demandé mi-avril à Pékin au président Xi de faire pression pour que Moscou cesse sa "campagne insensée" en Ukraine, tout en affirmant le soutien germano-chinois à une conférence de paix prévue en juin en Suisse.

Le numéro un chinois a aussi reçu la semaine dernière le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, auprès duquel il a appelé les États-Unis à "être des partenaires, pas des rivaux". Le secrétaire d'État américain a pour sa part dit avoir fait part à la Chine de ses inquiétudes concernant le soutien apporté à la Russie, affirmant que l'invasion de l'Ukraine serait plus "difficile" sans le soutien de Pékin.

Le président chinois et son épouse Peng Liyuan seront reçus le 6 mai par Emmanuel et Brigitte Macron à Paris, où un dîner d'État est prévu à l'Élysée. Le 7 mai, les deux couples se rendront dans les Hautes-Pyrénées où le chef de l'État français veut partager un moment plus intime avec son homologue.

Il s'y est en effet beaucoup rendu dans son enfance pour rendre visite à sa grand-mère maternelle, Germaine Noguès, décédée en 2013 et qui habitait à Bagnères-de-Bigorre (sud-ouest).

L'an dernier, Xi Jinping avait reçu son invité à Canton pour une cérémonie du thé dans la résidence du gouverneur de la province du Guangdong, où son père, Xi Zhongxun, a vécu quand il occupait ce poste de 1978 à 1981.


Le Premier ministre écossais Humza Yousaf pourrait démissionner

Humza Yousaf, Premier ministre écossais et chef du Parti national écossais (SNP) (Photo, AFP).
Humza Yousaf, Premier ministre écossais et chef du Parti national écossais (SNP) (Photo, AFP).
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  • Humza Yousaf, 39 ans, avait été élu à la tête du SNP en mars 2023, après la démission surprise de la charismatique Nicola Sturgeon
  • Si Humza Yousaf démissionne, le parlement aura 28 jours pour se trouver un nouveau Premier ministre

ÉDIMBOURG: Le Premier ministre écossais Humza Yousaf envisage de démissionner, rapportent lundi des médias britanniques, menacé par un vote de défiance quelques jours après avoir mis fin à la coalition gouvernementale entre son parti, le SNP, et les écologistes.

Humza Yousaf, 39 ans, avait été élu à la tête du SNP en mars 2023, après la démission surprise de la charismatique Nicola Sturgeon.

Premier dirigeant musulman à diriger un grand parti britannique, il incarnait la continuité avec sa prédecesseure, dont il était un des plus proches alliés, et avait continué de porter haut le combat pour l'indépendance de l'Ecosse.

Mais jeudi dernier, Humza Yousaf avait annoncé mettre fin à la coalition gouvernementale entre le SNP et les Verts écossais, sur fonds notamment de désaccord sur la politique environnementale. Le SNP, le Scottish National Party, domine largement le Parlement local d'Edimbourg depuis 2007 - avec 63 sièges sur 129 -, mais il gouvernait depuis 2021 grâce à son alliance avec les Verts.

Dans la foulée de la fin de la coalition, les oppositions conservatrice et travailliste avaient déposé chacune une motion de défiance contre Humza Yousaf, dont le vote est prévu cette semaine. Et les Verts ont annoncé qu'ils voteraient contre le Premier ministre.

Mis en minorité, le SNP se cherche donc de nouveaux alliés, mais selon la BBC, il a écarté une alliance avec le parti Alba, autre formation indépendantiste.

Si Humza Yousaf démissionne, le parlement aura 28 jours pour se trouver un nouveau Premier ministre.

Tourmente

Le parti indépendantiste au pouvoir est dans la tourmente depuis la démission surprise en février 2023 de sa dirigeante Nicola Sturgeon.

Il est plombé par une enquête pour détournement de fonds pour laquelle a été inculpé son ancien directeur général.

Au niveau national, le parti, qui compte 43 députés au Parlement à Londres, se trouve menacé d'un retour en force du parti travailliste en Ecosse lors des élections législatives prévues cette année.

Son combat pour l'autodétermination de l'Ecosse se trouve quant à lui dans l'impasse depuis que la Cour suprême britannique a statué fin 2022 que seul le gouvernement britannique pouvait autoriser un nouveau référendum.

Le dernier vote, en 2014, avait été remporté par le "non" à l'indépendance à 55%.

Dans le système politique britannique, le gouvernement écossais est compétent sur de nombreux domaines, comme l'éducation, la santé, la justice et l'environnement, tandis que le gouvernement britannique, basé à Londres, conserve notamment les pouvoirs de défense et de politique étrangère.


Négociations de la dernière chance pour protéger efficacement le monde de futures pandémies

"La prochaine pandémie n'est pas une question de si, mais quand elle aura lieu", a rappelé mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (AFP).
"La prochaine pandémie n'est pas une question de si, mais quand elle aura lieu", a rappelé mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (AFP).
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  • Après deux années de travaux, les négociateurs ont dû se rendre à l'évidence le mois dernier: il leur faut plus de temps pour tenter de se mettre d'accord sur ce texte historique sur la prévention, la préparation et la réponse aux futures pandémies
  • Le temps presse, il doit être adopté lors de l'Assemblée mondiale de la santé qui commence le 27 mai

GENEVE: Il s'agit de protéger efficacement et équitablement le monde de futures pandémies. Les négociations de la dernière chance commencent lundi à l'OMS pour trouver un consensus autour d'un projet d'accord sur un texte déjà édulcoré de certains de ses aspects les plus disputés.

Après deux années de travaux, les négociateurs ont dû se rendre à l'évidence le mois dernier: il leur faut plus de temps pour tenter de se mettre d'accord sur ce texte historique sur la prévention, la préparation et la réponse aux futures pandémies. Le temps presse, il doit être adopté lors de l'Assemblée mondiale de la santé qui commence le 27 mai.

Les 194 pays de l'Organisation mondiale de la santé reviennent donc à son siège, à Genève, de lundi au 10 mai.

"La prochaine pandémie n'est pas une question de si, mais quand elle aura lieu", a rappelé mercredi le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le souvenir des millions de morts, de la souffrance, des injustices et des immenses dégâts économiques de la pandémie de Covid-19 s'estompe et "si une nouvelle pandémie commençait demain, nous serions confrontés à bon nombre des mêmes problèmes auxquels nous avons été confrontés avec le Covid-19", regrette le patron de l'OMS.

Nouveau projet édulcoré

Malgré un large consensus sur la nécessité d'un texte contraignant pour rendre la réponse de la communauté internationale plus efficace et plus équitable, de grandes divergences subsistent sur la manière de s’y prendre.

Arrivés à une impasse - le document de travail était quasiment illisible à force d'ajouts et de réserves - les négociateurs se retrouvent avec une version simplifiée de 23 pages et un quart de mots de moins.

Les principaux différends tournent autour de l'accès et de l'équité: accès aux agents pathogènes découverts, accès aux produits de lutte contre la pandémie tels que les vaccins développés à partir de ces découvertes et distribution équitable non seulement des tests, traitements et vaccins contre la pandémie mais aussi des moyens de les produire.

Le nouveau projet se concentre sur les points d'accord pour établir un cadre et tenter de trouver l'indispensable consensus.

Il réserve certains des points les plus délicats à de futures discussions au cours des deux prochaines années, tout particulièrement l'accès aux pathogènes et le partage des produits issus de la recherche sur ces microbes.

Rien de concret 

K. M. Gopakumar, chercheur principal au Third World Network - l'une des ONG qui suit de près les négociations et a décortiqué le nouveau texte - estime qu'il "est dépourvu de tout résultat concret en matière d'équité et ne crée aucune obligation juridique pour faciliter un accès prévisible et durable au financement, aux produits et à la technologie liés à la pandémie".

Pour Médecins sans frontières, les obligations en matière de transfert de technologie vers les pays les plus pauvres "restent faibles".

En revanche, la garantie d'un accès équitable aux médicaments issus de la recherche et développement sur des fonds publics a survécu aux coupes claires, salue l'organisation Initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi).

Mais les obligations "qui auraient garanti que les gens puissent bénéficier du progrès scientifique et avoir un accès équitable aux produits dont ils auront besoin ont été affaiblies ou supprimées du texte et doivent être rétablies", a demandé Michelle Childs, de la DNDi.

« Chronologie féroce »

Les négociateurs pourraient être encouragés à trouver un terrain d'entente par les nouvelles sur le front de l'épizootie de grippe aviaire qui refait des ravages depuis 2020.

Le virus H5N1 a récemment infecté des troupeaux de vaches aux Etats-Unis, une première.

Si pour l'heure aucun cas de transmission d'humain à humain n'a été enregistré, la circulation intense du H5N1 et sa capacité à sauter d'une espèce à l'autre inquiètent.

Deux semaines, "c'est un calendrier très serré", a reconnu vendredi Margaret Harris, une porte-parole de l'OMS.

La Maison Blanche a réaffirmé l'engagement des Etats-Unis pour arriver à un accord.

Tsegab Kebebew Daka, ambassadeur d'Ethiopie à Genève, estime que "les différences dans le texte ne sont pas énormes. Ce sont principalement des différences d'idées, et elles ne sont pas si nombreuses".

Et l'ambassadrice d'Australie Amanda Gorely de résumer: "Toutes les délégations doivent se rassembler et se concentrer sur la recherche d'un consensus".