Trafic d'armes américaines: le Mexique se rebiffe

Des centaines d’armes à feu saisies par les autorités mexicaines sont en passe d’être détruites, à Tijuana en 2016 (Photo, AFP).
Des centaines d’armes à feu saisies par les autorités mexicaines sont en passe d’être détruites, à Tijuana en 2016 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 30 août 2021

Trafic d'armes américaines: le Mexique se rebiffe

  • Plusieurs entreprises sont depuis début août dans le collimateur du gouvernement mexicain qui considère «illicite» le commerce de leurs armes encourageant le trafic de drogue
  • Les autorités mexicaines estiment qu'entre 70% et 90% des armes retrouvées sur les scènes de crime au Mexique proviennent d'un trafic depuis les États-Unis

MEXICO: En poursuivant les grands fabricants d'armes américains devant un tribunal des Etats-Unis, le Mexique cherche à montrer la responsabilité de son puissant voisin dans les violences liée à la drogue.

En tout neuf fabricants et deux distributeurs - dont Smith & Wesson, Beretta, Colt, Glock, Century Arms, Ruger et Barrett -sont depuis début août dans le collimateur du gouvernement mexicain qui considère "illicite" le commerce de leurs armes encourageant le trafic de drogue et la violence sur son territoire.

En engageant cette procédure devant un tribunal de Boston, Massachussets, "le Mexique réussit vraiment à dire qu'il s'agit d'un problème bilatéral", explique Cecilia Farfán, responsable de la recherche sur les questions de sécurité au Center for US-Mexico Studies de l'université de Californie à San Diego.

"De la même manière que les États-Unis disent +j'ai besoin que vous fassiez quelque chose contre le commerce illicite de la drogue+, le Mexique dit +j'ai besoin que vous fassiez quelque chose contre les armes à feu+", souligne-t-elle.

Les autorités mexicaines estiment qu'entre 70% et 90% des armes retrouvées sur les scènes de crime au Mexique proviennent d'un trafic depuis les États-Unis.

Certaines de ces armes, des fusils Barrett de calibre 50, des pistolets Smith and Wesson et des fusils Ruger et Colt, ont aussi été retrouvées après l'attentat de juin 2020 contre le chef de la police de Mexico, Omar Garcia Harfuch, indique la plainte déposée par le Mexique.

Selon le ministre mexicain des affaires étrangères, Marcelo Ebrard, cette procédure sans précédent vise à obliger les entreprises américaines non seulement à indemniser financièrement le Mexique pour les dommages causés au fil des ans, mais aussi à mettre en oeuvre des mesures de contrôle et de discipline à l'égard de leurs distributeurs.

Bien que l'issue du litige soit incertaine, "l'objectif est à la fois symbolique et politique pour ouvrir le débat", estime Romain le Cour, spécialiste du cabinet de conseil Noria Research.

Le Mexique, qui compte 126 millions d'habitants, est en proie à une vague de violence depuis 2006, date à laquelle le gouvernement du président de l'époque, Felipe Calderón (2006-2012), a lancé une opération militaire contre les cartels de la drogue.

En pièces détachées ou en état de marche

De nombreuses armes arrivent sur le territoire mexicain dans le cadre de ce que l'on appelle communément "l'opération hormiga": des intermédiaires achètent de petites quantités d'armes aux États-Unis, où il est aisé de les acquérir, puis leur font passer la frontière.

"Ils les convoient en pièces détachées ou entières, cachées dans des marchandises de contrebande, dans des vêtements, ou divers articles importés à Ciudad Juárez", explique Jorge Nava, procureur dans le nord de l'État frontalier de Chihuahua.

Un membre d'un groupe d'autodéfense dans l'État de Michoacán (ouest) explique que les armes qu'ils utilisent proviennent parfois de membres de leur famille vivant aux États-Unis.

"Nous avons commencé avec des fusils de chasse, mais les membres du groupe ont des parents aux États-Unis et de là-bas, ils parviennent à nous envoyer des armes à travers la frontière", explique ce combattant sans révéler son identité.

Une personne impliquée dans le trafic d'armes depuis 20 ans, et qui s'exprime aussi sous couvert d'anonymat, fait également remarquer que les expéditions d'armes en pièces détachées, appelées "armes à 80 pc", destinées à être assemblées au Mexique, sont en augmentation.

"Une option est d'acheter, par exemple, un kit à 80 pc pour les armes à canon long ou court aux États-Unis. Il suffit de les assembler et cela est légal. Avec ça on peut construire une armée", affirme ce traffiquant.

"Bouc émissaire"

Le gouvernement mexicain affirme que son action en justice ne vise pas à outrepasser les lois fédérales des Etats-Unis, notamment le deuxième amendement, qui autorise les citoyens américains à posséder des armes à feu.

Toutefois, la National Shooting Sports Foundation (NSSF), une association commerciale américaine pour l'industrie des armes à feu, basée à Newport, Connecticut, juge que seul le Mexique est responsable de l'application des lois sur son territoire.

"Au lieu de faire des entreprises américaines respectueuses de la loi des boucs émissaires, les autorités mexicaines feraient mieux de traduire les cartels en justice", ont-elles déclaré dans un communiqué.

A quoi les autorités mexicaines affirment que les fabricants américains produisent des modèles spécialement conçus pour les besoins des barons de la drogue.

Selon le même trafiquant mexicain, les autorités de son pays sont également responsables du problème.

"Les autorités mexicaines laissent passer tout ce qui vient des États-Unis sans vérifier en profondeur ce qui passe de l'autre côté, sans contrôles adéquats, et aussi à cause de la grande corruption qui règne dans les douanes", affirme-t-il.


Vance en Israël pour consolider le cessez-le-feu à Gaza

M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse. (AFP)
M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse. (AFP)
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  • M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué qu'il le rencontrerait mais sans préciser quand.

JERUSALEM: Le vice-président américain JD Vance est en visite mardi en Israël à l'heure où Washington accentue ses efforts diplomatiques afin de consolider le cessez-le-feu en vigueur dans la bande de Gaza, fragilisé par des violences et le retard dans le retour d'otages.

M. Vance et son épouse Usha ont atterri à la mi-journée à l'aéroport de Tel-Aviv, où ils ont été accueillis par le vice-Premier ministre israélien Yariv Levin, avant de s'entretenir sur place avec Steve Witkoff et Jared Kushner, émissaires de Donald Trump arrivés lundi, puis de prendre la route pour Jérusalem où il doit tenir une conférence de presse.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué qu'il le rencontrerait mais sans préciser quand.

L'administration Trump intensifie ses efforts diplomatiques après les violences de dimanche dans le territoire palestinien, les plus importantes depuis l'entrée en vigueur le 10 octobre d'un accord de cessez-le-feu, qui a permis la libération des 20 otages vivants du 7-Octobre encore détenus à Gaza en échange de celle de prisonniers palestiniens.

"Nous avons passé un accord avec le Hamas selon lequel ils vont bien se tenir et si ce n'est pas le cas, nous allons les éradiquer, si nécessaire", a déclaré lundi le président américain, disant vouloir donner encore "une petite chance" à la poursuite de sa feuille de route pour faire taire les armes à Gaza.

Le Hamas devait aussi rendre d'ici le 13 octobre dernier les 28 corps d'otages encore retenus à Gaza. Il a remis lundi à la Croix-Rouge une 13e dépouille, que le gouvernement a ensuite identifié comme celle de Tal Haïmi, tué le 7 octobre 2023 dans le kibboutz Nir Yitzhak lors de l'attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre.

Le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, a assuré mardi que son mouvement restait "engagé" dans le cessez-le-feu. "Nous sommes déterminés à récupérer les corps de toutes les personnes détenues" malgré des "difficultés pour les extraire", a-t-il affirmé sur la chaîne égyptienne Al-Qahera News.

"L'accord pour Gaza tiendra, car nous le voulons et que notre volonté de le respecter est forte", a-t-il insisté, alors qu'Israël a rappelé qu'elle exigeait le retour de toutes les dépouilles d'otages.

"Sur deux tableaux" 

Avec JD Vance, Benjamin Netanyahu entend discuter de "deux choses": "les défis de sécurité auxquels nous faisons face et les opportunités diplomatiques qui s'offrent à nous", a-t-il dit lundi.

M. Netanyahu a rencontré mardi le chef des services de renseignements égyptiens, venu à Jérusalem, a indiqué son bureau. L'Egypte, médiatrice pour le cessez-le-feu à Gaza, a accueilli lundi une délégation du Hamas.

Parrainé par Donald Trump, l'accord de cessez-le-feu a paru vaciller dimanche après des violences dans la bande de Gaza, fatales à au moins 45 Palestiniens, selon la Défense civile locale, et deux soldats israéliens selon l'armée.

"Le seul élément qui empêche Israël de ravager encore davantage Gaza, c'est Trump", souligne Mairav Zonszein, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), pour qui le cessez-le-feu reste "très, très fragile".

"Les Israéliens sont heureux de la libération des otages (...) Ils ne veulent plus de roquettes, mais craignent que le Hamas se tienne toujours debout", ajoute-t-elle, soutenant que dans ce contexte, M. Netanyahu joue "sur deux tableaux".

"Il parle de paix (...) Mais en même temps, il bombarde Gaza et tente de nouveau de conditionner l'entrée d'aide", dit-elle.

"Urgence absolue" 

Le maintien du cessez-le feu est "vital" pour "sauver des vies" à Gaza, a d'ailleurs exhorté mardi le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, appelant à l'ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien.

Le PAM achemine actuellement de l'aide via Kissoufim (centre-est) et Kerem Shalom (sud), mais a besoin d'atteindre le nord de Gaza et réclame notamment en ce sens l'ouverture du passage de Zikim.

Il faut "passer tout de suite, et c'est l'urgence absolue, à la réouverture des ponts humanitaires et des différentes routes humanitaires", a renchéri depuis la Slovénie le président français Emmanuel Macron, appelant à ce que "la pression demeure pour que le cessez-le-feu soit pleinement observé".

Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le retrait progressif des forces israéliennes dans la bande de Gaza, mais aussi le désarmement du Hamas. Le plan, en 20 points, exclut tout rôle du Hamas dans la gouvernance de Gaza afin que le territoire palestinien "ne pose plus de menace à ses voisins".

L'attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 68.229 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.


Le cessez-le-feu reste en vigueur, affirme Trump, après des frappes israéliennes à Gaza

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  • Après avoir accusé le Hamas de violation de l'accord de cessez-le-feu, Israël a également suspendu l'entrée "jusqu'à nouvel ordre" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, selon un responsable israélien
  • "C'est comme si la guerre avait repris. Nous espérions que l'accord tiendrait, mais l'occupant ne respecte rien, aucun accord. Depuis cet après-midi, les bombardements se sont considérablement intensifiés"

GAZA: Le président américain Donald Trump a assuré que le cessez-le-feu à Gaza était toujours en vigueur, après qu'une série de frappes israéliennes a tué au moins 45 personnes dans le territoire palestinien dimanche en réponse, selon Israël, à des attaques du Hamas.

"Oui, il l'est", a déclaré M. Trump aux journalistes à bord de l'avion présidentiel, lorsqu'on lui a demandé si le cessez-le-feu, qu'il a contribué à négocier, était toujours en vigueur.

Il a également suggéré que les dirigeants du Hamas n'étaient pas impliqués dans les violations présumées de la trêve et a plutôt blâmé "certains rebelles au sein du mouvement".

La Défense civile, opérant sous l'autorité du mouvement islamiste palestinien, a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche, dont des civils et un journaliste, au cours de frappes aériennes israéliennes.

Quatre hôpitaux à Gaza ont confirmé ce bilan à l'AFP.

Ce sont les premières violences de cette ampleur depuis le début de la trêve, entrée en vigueur le 10 octobre.

Dans la soirée de dimanche, l'armée israélienne a annoncé cesser ses frappes et reprendre l'application du cessez-le-feu. Elle a également indiqué examiner les informations faisant état de victimes.

Après avoir accusé le Hamas de violation de l'accord de cessez-le-feu, Israël a également suspendu l'entrée "jusqu'à nouvel ordre" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, selon un responsable israélien.

"C'est comme si la guerre avait repris. Nous espérions que l'accord tiendrait, mais l'occupant ne respecte rien, aucun accord. Depuis cet après-midi, les bombardements se sont considérablement intensifiés, des maisons, des tentes et une école ont été touchés. Le sang coule de nouveau", déplore Abdallah Abou Hassanein, 29 ans, à Bureij (centre).

Visite prochaine 

"Comme vous le savez, ils ont été assez turbulents", a déclaré dimanche Donald Trump à propos du Hamas, "ils ont tiré des coups de feu, et nous pensons que leurs dirigeants ne sont peut-être pas impliqués là-dedans".

Selon un responsable israélien, le Hamas a tiré sur les troupes à Rafah (sud) et des combattants palestiniens qui s'étaient approchés de zones de contrôle israélien à Beit Lahia (nord) ont été "éliminés lors d'une frappe".

Dans un communiqué, le Hamas a affirmé n'avoir "aucune connaissance d'incidents ou d'affrontements" à Rafah et a réaffirmé son "engagement total à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu, en premier lieu le cessez-le-feu."

Selon un témoin, des combattants du Hamas avaient ciblé un groupe rival dans un secteur de Rafah, près duquel des chars israéliens sont déployés.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Peu avant la prise de parole de Donald Trump, le vice-président américain JD Vance avait minimisé la reprise des violences à Gaza.

"Le Hamas va tirer sur Israël. Israël va devoir répondre", a-t-il déclaré aux journalistes. "Nous pensons donc que le cessez-le-feu a toutes les chances d'offrir une paix durable. Mais même s'il y parvient, il y aura des hauts et des bas, et nous devrons surveiller la situation".

Un membre de l'administration Trump doit se rendre "certainement" en Israël "dans les prochains jours" pour évaluer la situation, selon lui. "Ce pourrait être moi", a-t-il avancé.

JD Vance a par ailleurs appelé les pays du Golfe à mettre en place une "infrastructure de sécurité" afin de garantir le désarmement du Hamas, un élément clé de la deuxième phase de l'accord de paix.

Retour de corps 

En vertu de la première phase de l'accord, le Hamas a remis le 13 octobre, en échange de près de 2.000 prisonniers palestiniens, les 20 captifs vivants qu'il détenait encore depuis le 7-Octobre et a rendu jusque-là 12 des 28 dépouilles d'otages toujours retenues à Gaza.

Dimanche, le Hamas a annoncé avoir trouvé un 13e corps d'otage à Gaza, s'engageant "si les conditions le permettent" à le restituer plus tard à Israël.

Israël conditionne la réouverture du poste-frontière avec l'Egypte de Rafah, crucial pour l'entrée des aides, à la remise de tous les otages décédés.

Après deux ans de guerre destructrice et sous la pression du président américain, Israël et le Hamas ont conclu un accord de cessez-le-feu après des négociations indirectes en Egypte.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne a fait 68.159 morts à Gaza, en majorité des civils, et provoqué un désastre humanitaire, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.


L'Iran dit ne plus être tenu par les "restrictions" liées à son programme nucléaire

Ci-dessus, un panneau d'affichage sur la place Enqelab à Tehra affiche des photos de scientifiques nucléaires, des centrifugeuses et une phrase en farsi : "La science est le pouvoir", le 29 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, un panneau d'affichage sur la place Enqelab à Tehra affiche des photos de scientifiques nucléaires, des centrifugeuses et une phrase en farsi : "La science est le pouvoir", le 29 août 2025. (AFP)
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  • À l’expiration officielle de l’accord nucléaire de 2015, l’Iran affirme ne plus être lié par aucune des restrictions imposées à son programme nucléaire, tout en réitérant sa volonté de poursuivre la voie diplomatique
  • Le retrait des États-Unis en 2018, suivi de tensions militaires et du rétablissement de sanctions par les Européens, a fragilisé l’accord, désormais jugé "caduque" par Téhéran, qui enrichit aujourd’hui l’uranium à des niveaux proches de l’usage militaire

Téhéran: L'Iran a affirmé samedi ne plus être tenu par les "restrictions" liées à son programme nucléaire, tout en réitérant son engagement pour la diplomatie, le jour de l'expiration d'un accord international conclu il y a dix ans.

Cet accord, signé en 2015 par l'Iran, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et la Chine, visait à encadrer les activités nucléaires de la République islamique en échange de la levée des sanctions de l'ONU qui pesaient fortement sur son économie.

Sa date d'expiration avait été fixée au 18 octobre 2025, soit dix ans exactement après l'entérinement du texte par l'ONU, via la résolution 2231.

Malgré ses démentis, l'Iran est soupçonné par les Occidentaux et Israël, son ennemi juré, de développer secrètement l'arme atomique.

Désormais, "toutes les dispositions (de l'accord), y compris les restrictions prévues pour le programme nucléaire iranien et les mécanismes connexes, sont considérées terminées", a écrit la diplomatie iranienne dans un communiqué publié à l'occasion de l'expiration du pacte.

L'accord plafonnait l'enrichissement d'uranium par l'Iran à 3,67% et prévoyait une stricte supervision de ses activités nucléaires par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), gendarme onusien du nucléaire.

- Retrait américain -

En 2018, les Etats-Unis, sous le premier mandat du président Donald Trump, ont dénoncé ce pacte et rétabli leurs sanctions contre l'Iran, qui respectait alors ses engagements selon l'AIEA.

En représailles, l'Iran a progressivement pris ses distances avec les dispositions prévues par l'accord.

Selon l'AIEA, l'Iran est ainsi le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir l'uranium à un niveau élevé (60%), proche du seuil technique de 90% nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.

Téhéran a en outre suspendu en juillet toute coopération avec l'AIEA après une guerre de 12 jours en juin déclenchée par des bombardements israéliens sans précédent contre notamment les installations nucléaires en Iran.

Les Etats-Unis ont également mené des frappes contre certaines installations en Iran durant cette guerre. En représailles, l'Iran a lancé des missiles et des drones contre Israël.

Le conflit a mis fin à une série de pourparlers indirects menés depuis avril entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien.

A l'initiative de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, l'ONU a rétabli fin septembre ses sanctions contre l'Iran, levées il y a dix ans, rendant de facto caduc l'accord sur le nucléaire.

L'expiration formelle du pacte rend les sanctions "nulles et non avenues", a estimé le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi dans une lettre adressée samedi à l'ONU.

- "Actions irresponsables" -

Les trois pays européens reprochent notamment à l'Iran son manque de coopération avec l'AIEA et demandent une reprise des négociations avec les Etats-Unis.

"Les efforts de l'Iran pour relancer les échanges (avec l'AIEA) ayant abouti à l'accord du Caire ont également été sabotés par les actions irresponsables des trois pays européens", souligne la diplomatie iranienne.

Elle fait référence à l'accord conclu en septembre entre l'Iran et l'AIEA, pour définir la reprise de leur coopération.

"L'Iran exprime fermement son engagement en faveur de la diplomatie", a-t-elle poursuivi.

Pour Ali Vaez, directeur du projet Iran du Centre de recherche International Crisis Group, c'est "une bonne chose que (l'accord) soit mort. Les deux parties peuvent enfin passer à autre chose et proposer de nouvelles idées".

Le programme nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l'Iran avec les pays occidentaux.

L'Iran se défend de chercher à acquérir la bombe atomique mais insiste sur son droit à disposer du nucléaire à des fins civiles, notamment pour produire de l'électricité.