Dans les écoles marseillaises, on se débrouille sans attendre le président

Le président français Emmanuel Macron (à droite) accompagné du ministre français de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports Jean-Michel Blanquer (2e à droite) s'entretient avec les enfants lors de sa visite à l'école primaire de Bouge pour la rentrée le 2 septembre 2021 à Marseille, sud de la France. (Daniel Cole/Pool/AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) accompagné du ministre français de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports Jean-Michel Blanquer (2e à droite) s'entretient avec les enfants lors de sa visite à l'école primaire de Bouge pour la rentrée le 2 septembre 2021 à Marseille, sud de la France. (Daniel Cole/Pool/AFP)
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Publié le Vendredi 03 septembre 2021

Dans les écoles marseillaises, on se débrouille sans attendre le président

  • Le maire de Marseille, le socialiste Benoît Payan, dresse un constat sans appel: «Les écoles sont indignes de la République»
  • Contrairement à Paris, «à Marseille on n'a pas d'aide de la mairie pour des sorties scolaires, rien, encore moins des classes découverte»

MARSEILLE, France : Robinets en panne, toitures qui fuient, manque de personnel: dans de nombreuses écoles marseillaises, les équipes s'efforcent de régler les problèmes pratiques, sans attendre les annonces d'Emmanuel Macron, en visite dans la deuxième ville de France.

Dans une école maternelle d'un quartier populaire, la directrice, Stéphanie* (prénom d'emprunt), se souvient de son arrivée à Marseille en 2004: «En arrivant de région parisienne, j'ai été effarée, maintenant je me suis habituée...»

Même le maire de Marseille, le socialiste Benoît Payan, dresse un constat sans appel: «Les écoles sont indignes de la République».

Dès le matin de la rentrée, les problèmes s'accumulent dans l'établissement de Stéphanie, classé Rep+ (réseau d'éducation prioritaire): des «filets d'eau» coulent des robinets et deux agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) manquent car envoyées dans une autre école pour un remplacement.

Le bâtiment de huit classes à l'architecture chaotique est ponctuée de minuscules cours de récréation sans ombre, et régulièrement visitées par des rats. «On a des peintures moisies par endroit, et surtout des classes dans des préfabriqués depuis huit ans, «avec de gros problèmes d'isolation», alors que ça devait être du provisoire», déplore la directrice.

- 35 degrés dans les classes -

Plus au nord de la ville, à l'école Bouge, visitée par Emmanuel Macron jeudi, même problème d'isolation en raison de la structure métallique: «Il fait 35 degrés certains jours l’été. Et l’hiver, on vient en classe avec les blousons», décrit un enseignant au président.

La visite du chef de l'État et ses annonces attendues d'une enveloppe conséquente pour les écoles marseillaises, «est forcément une victoire pour nous, on partage enfin notre constat», estime Sébastien Fournier, secrétaire départemental adjoint du syndicat enseignant Snuipp.

«Mais il ne faut pas que ce soit des annonces d'un président candidat, il faut un engagement fort», prévient le représentant syndical. Il préconise «une réforme structurelle pour assurer l'entretien du bâti».

«Pas question qu'on mette un milliard puis qu'on réalise dans dix ans que rien n'a été fait», insiste-t-il.

Pour le Snuipp, outre le bâti, «une catastrophe, une honte», il faut aussi agir sur le personnel municipal. Avec un taux d'encadrement d'un agent pour 55 enfants en élémentaire et d'un pour 30 en maternelle, Marseille doit «recruter en urgence», selon M. Fournier.

Jeudi midi, dans son école, Stéphanie a constaté qu'il n'y avait que «deux agents pour soixante enfants, des tout petits qui ne savent pas toujours manger seuls». Elle déplore aussi que, contrairement à Paris, «à Marseille on n'a pas d'aide de la mairie pour des sorties scolaires, rien, encore moins des classes découverte».

Malgré tout, reconnaît-elle, «les rapports avec la mairie se sont bien améliorés» depuis le changement de municipalité en juillet 2020. «Les élus aux écoles viennent aux conseils d'école, ils sont plus réactifs aussi pour les travaux», assure la directrice.

Sur 470 écoles, la mairie de gauche, qui avait voté une enveloppe d’urgence de 30 millions à son arrivée en juillet 2020, a profité de l’été pour rénover des toits, des salles de classes, des sanitaires dans 208 établissements.

«Cette année, nous avons multiplié par trois le budget consacré aux travaux d’entretien des écoles, le passant de 7,5 à 21 millions. Et nous lançons les premiers chantiers de construction ou rénovation, concernant 18 écoles sur la ville», a détaillé Benoît Payan dans le dossier de presse. Il entend aussi s’attaquer à la sécurité routière avec dix écoles qui vont tester des aménagements piétons et des marquages au sol.

Devant l'école Bouge, Amel Fettah, présidente d'une association de parents d'élèves, se félicite d'avoir obtenu «un feu rouge et une poignée de barrières» pour sécuriser le passage des enfants.

Interrogée sur le devenir de cette école, la mairie donne 2024 comme horizon de rénovation. «Imaginez que mon fils aîné vient de rentrer à l'université, vous imaginez depuis combien d'années on se bat ici ?», lance Mme Fettah.

Macron veut expérimenter à Marseille la liberté du choix des enseignants par les directeurs

Le président Emmanuel Macron a annoncé jeudi vouloir expérimenter à Marseille, dans 50 écoles "laboratoire", et ce dès la rentrée 2022, la liberté du choix des enseignants par les directeurs, une annonce qui a déclenché l'ire des syndicats enseignants.

Le chef de l'Etat a insisté sur le fait de "pouvoir d'abord choisir les enseignants, pour être sûr qu'ils sont pleinement motivés, qu'ils adhèrent au projet", en reconnaissant dire "plein de gros mots pour beaucoup de gens". 

"C'est quoi cette histoire? On a des rats dans les écoles, on n'a pas envie de devenir des rats de laboratoires", a vivement réagi auprès de l'AFP le secrétaire départemental du syndicat d'enseignants Snuipp Sébastien Fournier.

Très déçu par ces annonces, cet enseignant marseillais note: "On nous annonce 200 policiers supplémentaires, mais aucun enseignant supplémentaire". 

Au niveau national, Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, a dénoncé des mesures "hors-sol": "Jamais il n'y a eu de remontées, que ce soit à Marseille ou ailleurs, que nous sommes face à des écoles où les enseignants seraient inadaptés aux projets d'écoles".

"Cette annonce intervient en plus dans une période où nous discutons, tous les syndicats, avec le ministère sur la question des directeurs d'école, qui a été soulevée durant le Grenelle de l'Education (qui a duré trois mois, ndlr)", a insisté M. Crochet.

Pour expliquer cette "innovation", le président a développé: "Les parents me disent: +à tel endroit les profs ne viennent plus+, ça arrive parce qu'il y a des gens qui sont fatigués de travailler trop longtemps dans les quartiers difficiles". "On doit permettre à nos enseignants de choisir ces quartiers et les projets pédagogiques qui vont avec, c’est pas le cas aujourd’hui", a-t-il déploré.

Les syndicats s'attendaient à des annonces sur le bâti, alors que 174 écoles marseillaises, "indignes de la République" selon le maire de gauche Benoît Payan, ont besoin de travaux lourds de rénovation. 

Le président a annoncé "une société avec un pilotage de l'Etat" pour financer notamment ces travaux, sans préciser le montant que l'Etat est prêt à mettre, assurant qu'il n'y avait "pas d'autre territoire où il y a autant de difficultés sur le bâti scolaire".

"Je veux ici qu'on puisse en quelque sorte innover et mettre en place à côté de ces investissements dans les bâtiments, une méthode radicalement nouvelle pour l'éducation de nos enfants", a insisté Emmanuel Macron, estimant que cette école, "elle n'existe pas en France aujourd'hui".

Le président a esquissé des aspects de cette "école du futur", qu'il veut expérimenter à Marseille, évoquant notamment beaucoup d'élèves "qui sont allophones": "Et bien on doit permettre peut-être d'avoir des aides" ou encore "d'adapter les rythmes scolaires".

Il a évoqué son souhait, si cette expérience est concluante, de la généraliser "dans d'autres territoires de la République".


L’économie française à bout de souffle, à l’orée de la présidentielle de 2027

Alors que le Premier ministre François Bayrou dévoile un plan d’économies de 44 milliards d’euros et brandit la rigueur, la pauvreté bat des records et les faillites d’entreprises se multiplient. (AFP)
Alors que le Premier ministre François Bayrou dévoile un plan d’économies de 44 milliards d’euros et brandit la rigueur, la pauvreté bat des records et les faillites d’entreprises se multiplient. (AFP)
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  • Treize vulnérabilités systémiques menacent le pays, dont trois sont identifiées comme critiques : le verrouillage économique et social, l’adaptation insuffisante au changement climatique, et la montée en puissance d’une défiance civique
  • Premier constat : l’économie française est enlisée dans un triangle infernal, fait de déclin démographique, de productivité stagnante et d’endettement massif

PARIS : L’économie française est à bout de souffle, confrontée à une succession de tempêtes qu’aucune stratégie cohérente ne semble pouvoir contenir. C’est le sombre tableau dressé par l’Institut Montaigne (un think tank qui propose des études sur les politiques publiques) dans son rapport « France 2040 : projections pour l’action politique ».

Alors que le Premier ministre François Bayrou dévoile un plan d’économies de 44 milliards d’euros et brandit la rigueur, la pauvreté bat des records et les faillites d’entreprises se multiplient.

Dans son rapport publié le 16 juillet, l’Institut Montaigne ne mâche pas ses mots : sans une « volonté politique puissante », le pire est à venir.

Treize vulnérabilités systémiques menacent le pays, dont trois sont identifiées comme critiques : le verrouillage économique et social, l’adaptation insuffisante au changement climatique, et la montée en puissance d’une défiance civique qualifiée de « structurelle ».

Un triangle infernal

Premier constat : l’économie française est enlisée dans un triangle infernal, fait de déclin démographique, de productivité stagnante et d’endettement massif.

Sur le front écologique, malgré des atouts comme le nucléaire et une base industrielle diversifiée, l’action publique reste « désordonnée et insuffisamment financée », affirme le rapport.

La transition énergétique, chantier crucial pour la prospérité future, est bloquée par l’inertie politique et les logiques électoralistes. L’Institut fustige le maigre bilan d’Emmanuel Macron sur le climat, malgré de grandes annonces.

Mais c’est la défiance civique qui inquiète le plus : les citoyens ne croient plus aux promesses de leurs dirigeants, et le fossé entre discours politique et résultats concrets alimente un ressentiment croissant, compromettant la gouvernance du pays.

Pour éviter le décrochage complet, l’Institut Montaigne plaide pour des réformes profondes et cohérentes, telles que la modernisation de l’appareil productif, des investissements massifs dans la santé et la recherche, ainsi qu’une refonte du système éducatif.

Par ailleurs, un rapport de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), publié le même jour, enfonce un autre clou : 9,8 millions de personnes vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, soit 15,4 % de la population française – un record depuis 1996.

Amer constat

Cette hausse de 0,9 point en un an s’explique par la fin des mesures exceptionnelles post-Covid (indemnité inflation, prime de rentrée), mais surtout par une stagnation des salaires et des prestations sociales.

Le contraste est saisissant : tandis que les revenus financiers des plus aisés explosent, les familles monoparentales s’enfoncent, et un tiers d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté.

Malgré les promesses de la « stratégie nationale de lutte contre la pauvreté », lancée en 2018, le constat est amer. Depuis le début du quinquennat Macron, la pauvreté a augmenté de 14 %, les aides exceptionnelles ont été supprimées, et les allocations revalorisées en dessous de l’inflation.

Sur le front économique, les signes de faiblesse s’accumulent. Après une décennie de timide renouveau industriel, la France rechute.

Pour assombrir encore plus le tableau, le cabinet Trendeo (un observatoire de l’emploi et de l’investissement) indique que le solde net d’usines est négatif pour le deuxième semestre consécutif.

L’industrie agroalimentaire, les produits métalliques, l’automobile… tous les secteurs souffrent, alors que la concurrence étrangère, la transition énergétique coûteuse et l’incertitude politique paralysent l’investissement.

Les faillites explosent. Selon Trendeo, plus de 34 100 entreprises ont déposé le bilan au premier semestre 2025, soit 24 % de plus qu’en 2019.

Derrière ces chiffres, plus de 100 000 emplois sont menacés, les petites et moyennes entreprises peinant à faire face à la baisse d’activité et à l’augmentation des charges.

Toujours selon Trendeo, le secteur de l’informatique, longtemps épargné, est désormais frappé de plein fouet, avec une hausse de 17 % des défaillances.

Une austérité assumée

Dans ce contexte tendu, François Bayrou a dévoilé, le 16 juillet, son grand plan d’économies pour 2026, visant à économiser 44 milliards d’euros.

Pour cela, le gouvernement mise sur une recette bien connue : réduction des dépenses publiques, gel des prestations sociales, et hausses d’impôts déguisées.

Les mesures les plus marquantes touchent le domaine de la santé, tandis que les retraités sont également mis à contribution, avec la fin programmée de l’abattement fiscal spécifique dont ils bénéficiaient.

Plus encore, une « année blanche » est prévue pour 2026 : retraites, prestations sociales, barème de l’impôt… rien ne sera revalorisé pour compenser l’inflation.

Une décision qui, en pratique, revient à augmenter l’impôt pour tous et à appauvrir les plus fragiles. Même les fonctionnaires ne seront pas épargnés.

Enfin, une nouvelle réforme du chômage est sur les rails, visant à durcir les conditions d’indemnisation, tandis que le gouvernement promet une « chasse accrue » à la fraude sociale et fiscale.

Alors que les signaux d’alerte s’accumulent – pauvreté record, défiance citoyenne, faillites d’entreprises – le gouvernement répond par une austérité assumée. De quoi faire dire à un observateur qu’il s’agit d’un cocktail des plus explosifs, à l’orée de la présidentielle de 2027.


La France demande l'accès à Gaza pour la presse, «pour montrer ce qu'il s'y passe»

La France appelle au "cessez le feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désormais désarmé, et à l'accès sans aucune entrave de l'aide humanitaire à Gaza", a ajouté le ministre. (AFP)
La France appelle au "cessez le feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désormais désarmé, et à l'accès sans aucune entrave de l'aide humanitaire à Gaza", a ajouté le ministre. (AFP)
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  • Plusieurs collaborateurs de l'AFP sur place se trouvent dans "une situation effroyable" selon la direction de l'agence
  • "Depuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd’hui intenable, malgré un courage, un engagement professionnel et une résilience exemplaires"

PARIS: La France demande que "la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer" ce qu'il se passe dans le territoire en danger de famine après 21 mois de guerre, a déclaré mardi le ministre français de Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"Nous avons l'espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines", a ajouté le ministre sur France Inter, interrogé sur le cas de plusieurs collaborateurs de l'AFP sur place qui se trouvent dans "une situation effroyable" selon la direction de l'agence.

"Nous y consacrons beaucoup d'efforts et beaucoup d'énergie", a dit le ministre, qui s'exprimait depuis Kiev où il est en déplacement.

"Depuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd’hui intenable, malgré un courage, un engagement professionnel et une résilience exemplaires", affirmait un communiqué de l'AFP lundi, tandis que la Société des journalistes (SDJ) alertait du risque de les "voir mourir".

"Nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n'a le souvenir d'avoir vu un collaborateur mourir de faim", soulignait la SDJ de l'agence.

L'ONU et des ONG font régulièrement état d'un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé par Israël après plus de 21 mois de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

M. Barrot a également dit que la France condamne "avec la plus grande fermeté" la "déplorable" extension de l'offensive israélienne à Gaza lancée lundi, "qui va aggraver une situation déjà catastrophique".

"Il n'y a plus aucune justification aux opérations militaires de l'armée israélienne à Gaza. C'est une offensive qui va aggraver une situation déjà catastrophique qui va provoquer de nouveaux déplacements forcés de populations que nous condamnons avec la plus grande fermeté", a-t-il dit.

La France appelle au "cessez le feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désormais désarmé, et à l'accès sans aucune entrave de l'aide humanitaire à Gaza", a ajouté le ministre.

L'armée israélienne a étendu lundi son offensive dans un nouveau secteur de la bande de Gaza, à Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, et entend agir dans des zones où elle n'était jamais allé au cours des 21 mois de guerre contre le Hamas, sommant les habitants d'évacuer les lieux.


Élections législatives partielles à Paris : Dati estime que Barnier est « instrumentalisé »

Cette combinaison de photographies d'archives réalisées le 18 juillet 2025 montre Rachida Dati (à gauche), posant lors d'une séance photo à Paris le 25 novembre 2019, et (à droite) l'ancien Premier ministre français Michel Barnier, posant lors d'une séance photo à Paris le 11 mai 2021.  (Photo de JOEL SAGET / AFP)
Cette combinaison de photographies d'archives réalisées le 18 juillet 2025 montre Rachida Dati (à gauche), posant lors d'une séance photo à Paris le 25 novembre 2019, et (à droite) l'ancien Premier ministre français Michel Barnier, posant lors d'une séance photo à Paris le 11 mai 2021. (Photo de JOEL SAGET / AFP)
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  • « J'ai du respect pour Michel Barnier, mais aujourd'hui, il est instrumentalisé par certains qui veulent la division », a déclaré la ministre de la Culture devant ses soutiens réunis dans un restaurant du 7e arrondissement de Paris, dont elle est maire.
  • Michel Barnier, soutenu par le président du parti Bruno Retailleau, se défend de toute ambition municipale.

PARIS : Rachida Dati, qui vise la mairie de Paris en 2026, a estimé lundi que son rival LR, Michel Barnier, était « instrumentalisé » dans la législative partielle qu'il brigue, tout en maintenant le flou sur sa propre candidature à cette élection prévue à la rentrée.

« J'ai du respect pour Michel Barnier, mais aujourd'hui, il est instrumentalisé par certains qui veulent la division », a déclaré la ministre de la Culture devant ses soutiens réunis dans un restaurant du 7e arrondissement de Paris, dont elle est maire.

« Il ne peut pas y avoir deux candidatures à Paris. En toute responsabilité, j'appelle à la raison, car nous avons une chance historique de gagner Paris en 2026 », a ajouté la maire LR devant environ 200 militants.

La ministre n'a pas apprécié la candidature de Michel Barnier dans la deuxième circonscription de Paris, où l'élection du député macroniste Jean Laussucq a été invalidée par le Conseil constitutionnel pour irrégularités dans ses comptes de campagne.

Moins de 24 heures après l'annonce de l'ex-Premier ministre, elle a demandé à être entendue par la Commission nationale d'investiture des Républicains, qui doit se prononcer le 28 juillet sur le candidat de ce parti dans cette circonscription huppée, qui recouvre une partie des 5^e, 6^e et 7^e arrondissements, et qui est considérée comme imperdable pour la droite. 

Michel Barnier, soutenu par le président du parti Bruno Retailleau, se défend de toute ambition municipale. Mais dès l'annonce de sa candidature, il a reçu le soutien de plusieurs sénateurs et maires LR de Paris, une démarche que l'entourage de Rachida Dati interprète comme un « plan B », au cas où sa course à l'hôtel de ville serait « empêchée » après sa mise en examen dans une affaire de corruption avec l'ex-patron de Renault, Carlos Ghosn.

Pressée par des militants de clarifier ses intentions pour les législatives, la maire du 7^e arrondissement a entretenu l'ambiguïté, martelant qu'elle n'avait pour seule boussole que de gagner Paris.

« Est-ce que je laisse la circonscription à des gens qui veulent l'instrumentaliser pour perdre Paris ? Est-ce que vous ne méritez pas mieux ? », a-t-elle demandé aux militants, sans plus de précisions.

« Ceux qui jouent petits bras, petits joueurs, perdront tout », a-t-elle taclé, s'en prenant aux élus parisiens de droite soutenant Michel Barnier.

« On peut sortir par le haut de cette histoire. Michel Barnier devrait très clairement dire qu'il soutient Rachida Dati comme candidate à la mairie et qu'il ne sera en aucun cas candidat au conseil de Paris en mars 2026 », a déclaré à l'AFP Jean-Pierre Lecoq, maire LR du 6^e arrondissement et proche de la ministre de la Culture.

La législative partielle doit se tenir à la rentrée, au plus tard à la mi-octobre.