Comment les pays de la région peuvent fournir aux jeunes une chance de prospérer

Que ce soit en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis ou en Tunisie, faire en sorte que les jeunes aient les meilleures chances dans la vie devrait être une priorité absolue pour les leaders soucieux de la prospérité future de la région, affirme McKinsey & Co. (Photo, AFP/Archives)
Que ce soit en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis ou en Tunisie, faire en sorte que les jeunes aient les meilleures chances dans la vie devrait être une priorité absolue pour les leaders soucieux de la prospérité future de la région, affirme McKinsey & Co. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Samedi 04 septembre 2021

Comment les pays de la région peuvent fournir aux jeunes une chance de prospérer

  • Sans réforme, les jeunes de la région sont confrontés à de multiples obstacles structurels au développement socio-économique durable
  • McKinsey a décrit sept «opportunités qui changent la donne» pour créer 100 millions d'emplois et doubler la production économique

DUBAÏ : Les jeunes sont l'avenir, dit-on souvent, et cela n'est nulle part plus évident qu'au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et au Pakistan, où ils représentent environ 60 % de la population.

Cependant, pour de nombreux jeunes de la région, la guerre, la faible performance économique, les pressions climatiques et la mauvaise gouvernance les ont privés de l’opportunité de travailler, d'étudier, de créer leur propre entreprise ou de gravir les échelons sociaux.

En effet, les taux de chômage des jeunes régionaux restent résolument élevés, même parmi les plus instruits, tandis que la disparité entre les sexes dans la main-d'œuvre gaspille le potentiel de la moitié de la population.

Aussi décourageants que soient les défis, le cabinet de conseil en gestion McKinsey & Company affirme que garantir aux jeunes les meilleures chances de vie possibles devrait être une priorité absolue pour les leaders soucieux de la prospérité future de la région.

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Des diplômés tunisiens et des jeunes chômeurs marchent sur la place Mohamed Bouazizi, le 14 décembre 2015, dans la ville paupérisée du centre de Sidi Bouzid. (Photo, AFP/Archives)

Dans un rapport publié en août intitulé « Opportunity Youth : Imagining a bright future for the next generation» (Jeunesse de l’opportunité : imaginer un avenir radieux pour la prochaine génération), le bureau de McKinsey au Moyen-Orient a décrit sept «opportunités et idées révolutionnaires» qui pourraient aider à créer plus de 100 millions d'emplois et à doubler la production économique de la région.

«Lorsque nous avons entrepris d'écrire ce rapport, nous nous sommes penchés là-dessus en sachant qu'il y avait de nombreux défis dans la région», a déclaré à Arab News Tom Isherwood, associé principal chez McKinsey.

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Les employés du Centre de commandement et de contrôle (CCC) de la Covid-19 de Dubaï, qui planifie et gère les nouveaux plans de lutte contre les répercussions du coronavirus, dans les locaux de l'Université Mohammed ben Rashed dans l'émirat du Golfe, le 20 mai 2020. (Photo, AFP/Archives)

«Il y a tellement de problèmes qui affectent les jeunes d'aujourd'hui et ceux qui entreront sur le marché du travail au cours des 20 prochaines années. Néanmoins, il existe également de grandes opportunités pour eux, et même dans la région dans son ensemble, qui n'ont pas été abordées dans le rapport de la même manière».

Le rapport appelle au développement de talents compétitifs à l'échelle mondiale en élargissant l'éducation de la petite enfance et la formation professionnelle, des mesures qui, selon McKinsey, pourraient éduquer 100 millions d'enfants supplémentaires dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord et Pakistan (MOANAP) et ajouter $197 milliards supplémentaires au produit intérieur brut d'ici 2040.

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Des délégués discutant lors de la quatrième édition de la conférence Future Investment Initiative (FII) à l'hôtel Ritz-Carlton de la capitale Riyad le 27 janvier 2021. (Photo, AFP/Archives)

Afin de développer des «entreprises superstars» compétitives à l'échelle mondiale, capables de créer des emplois et de renforcer les économies régionales, le rapport suggère de réduire, voire de supprimer, les obstacles au commerce intrarégional et aux flux de capitaux, des mesures similaires à celles prises par l'UE.

En outre, le rapport appelle les gouvernements à soutenir les industries à forte intensité d'innovation, à adopter l'automatisation et la numérisation, à promouvoir la recherche et le développement dans les technologies émergentes et à faciliter le meilleur environnement pour l'entrepreneuriat.

Ses auteurs affirment que l'amélioration de la parité hommes-femmes sur le lieu de travail devrait être encouragée en mettant en place des commissions d’intégration et en améliorant la flexibilité du travail pour les parents. Le rapport McKinsey estime que cela à lui seul pourrait créer une valeur économique supplémentaire équivalente à $1900 milliards d'ici 2040.

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Un jeune émirati se tient à côté de chameaux lors du festival du patrimoine Cheikh Sultan Ben Zayed al-Nahyan. (Photo, AFP/Archives)

Le rapport recommande également des services de santé durables en adoptant des technologies de santé virtuelles et numériques et en intégrant 8 millions de travailleurs de la santé au cours des 20 prochaines années. Le rapport McKinsey croit que cela pourrait sauver 4,8 millions années de vie et ajouter $420 milliards au PIB.

Pour les zones de la région MOANAP ravagées par les conflits, le rapport indique qu'un fonds de reconstruction conjoint à l'échelle de la région pourrait sauver quelque $200 milliards d'infrastructures endommagées tout en créant des emplois.

Enfin, le rapport McKinsey appelle à une plus grande transparence, en particulier la publication de fiches de rendement du gouvernement et l'établissement de communications bidirectionnelles avec les citoyens, ce qui pourrait en fin de compte, se traduire par une plus grande efficacité.

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Des travailleurs asiatiques venus d'Inde font une pause après le travail dans un parc à côté de la tour de libération du Koweït, à l'arrière-plan, à Koweït City. (Photo, AFP/Archives)

Non seulement ces mesures pourraient-elles améliorer les perspectives de vie de millions de jeunes dans la région MOANAP, mais elles pourraient en fait utiliser les compétences et les attributs distinctifs de cette génération.

La population jeune est une source de talents et de créateurs d'entreprises innovatrices mondiales ou locales. Leur emploi pourrait promouvoir une plus grande parité des sexes dans la main-d'œuvre, une population en meilleure santé et un système de santé plus résilient, stimuler la reconstruction dans les zones touchées par les conflits et contribuer à de meilleures performances et à une meilleure prestation de la gouvernance.

Pour Isherwood, cette génération diffère nettement de celles qui l'ont précédée et de la jeunesse de nombreuses autres régions à plusieurs égards.

«C'est une population très avertie en matière de numérique, et l'Arabie saoudite en est un excellent exemple en termes de connexion mobile par personne et de réseaux sociaux, à la fois consommatrices et productrices», a-t-il souligné. «C’est une génération très encline à l’entrepreneuriat».

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Un garçon émirati devant des maisons traditionnelles lors du festival des Journées du patrimoine de Sharjah dans la zone du patrimoine aux Émirats arabes unis. (Photo, AFP/Archives)

En effet, dans une étude menée par la Banque mondiale portant sur l’indice de la facilité de faire des affaires a montré que les jeunes de la région MOANAP voient l'entrepreneuriat de manière beaucoup plus positive que la moyenne mondiale, ce qui, avec les bons encouragements, pourrait se traduire par d'énormes opportunités pour le leadership des entreprises.

«Nous voyons cela se produire avec le capital-risque et les start-ups en Arabie saoudite au cours des trois dernières années, et la région dans son ensemble en a vu un tas, de Kitopi à Careem», a précisé Isherwood. «Mais derrière cela, il y a des centaines de startups qui ont accès au financement, c'est donc une raison d'être optimiste».

Un autre facteur déterminant pour le potentiel de réussite de la région est son désir d’une réforme rapide. En Arabie saoudite, par exemple, la représentation des femmes dans la population active est passée de moins de 15 % en 2015 à plus de 30 % en 2020.

«C'est le genre de saut astronomique qui ne se produit nulle part ailleurs dans le monde et cela ne se produit pas si vous n'avez pas d'action gouvernementale ambitieuse et rapide», a indiqué Isherwood.«Et cela n'est pas seulement visible en Arabie saoudite. On en voit beaucoup dans toute la région».

Bien que de telles idées jouent un rôle déterminant dans la création d'emplois pour les jeunes travailleurs, Isherwood affirme qu'il reste encore beaucoup à faire pour que la région s'épanouisse véritablement et qu'elle devrait impliquer à la fois les secteurs public et privé.

L'investissement dans l'éducation des enfants est un domaine prioritaire. Encourager les enfants à prendre des risques et à augmenter le niveau de leurs aspirations est considéré comme essentiel à la construction d'une société entrepreneuriale. Isherwood affirme que cela devrait aller de pair avec des réglementations favorisant un climat d’affaires propice, telles que la réforme des lois sur les faillites.

«Il y a un élément social ici», a-t-il confié. «Chacun d'entre eux est un grand changement qui doit se produire dans la société, où ils vont puiser dans plusieurs parties de la société et débloquer quelque chose pour les jeunes».

Le cabinet de conseil McKinsey lui-même dispose d'une main-d'œuvre jeune composé de Saoudiens, d'Égyptiens, de Libanais et de Pakistanais, entre autres, dont un grand nombre se lancent dans la création de leur propre entreprise dans la région.

«Quand j'étais plus jeune, les opportunités pour les jeunes d'avoir un meilleur avenir économique dans la région étaient rares, en particulier pour les jeunes qui ont grandi dans les quartiers à faible revenu de la région», a déclaré à Arab News Khalid Aljihrish, co-auteur du rapport McKinsey.

«J'étais l'un des chanceux qui avaient l'un de ces rares occasions pour un avenir meilleur. Même si de nombreux pays de la région, à travers des initiatives privées et publiques, subissent aujourd'hui des transformations impressionnantes pour élargir les opportunités économiques offertes à leur jeunesse, il reste encore beaucoup à faire.

«Nous espérons que les idées que nous partageons dans ce rapport contribueront à élargir l'impact positif des initiatives en cours et serviront à ouvrir la voie à un avenir meilleur que j'ai eu quand j'étais plus jeune, disponible à un ensemble beaucoup plus large de jeunes à l'avenir».

Isherwood estime que les jeunes de la région MOANAP ont le potentiel non seulement de façonner l'avenir de la région, mais aussi de jouer un rôle important dans l’orientation du développement mondial.

«C'est au carrefour entre la Chine et l'Asie d'un côté et l'Europe de l'autre», a-t-il ajouté.

«C'est une région qui crée beaucoup d'énergie et beaucoup de réfugiés et de personnes qui la quittent. Cela affecte le reste du monde. Ainsi, créer un environnement riche en opportunités pour les jeunes de cette région sera essentiel pour tous, mais aussi pour le monde entier.

«Aucun de ces facteurs de changement n'est une solution miracle, ni facile à accomplir, mais ce sont des éléments qui font considérablement progresser les choses et chacun d'entre eux mérite sa propre discussion».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
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  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.


«La paix n'est pas seulement une question d'équilibre, c'est aussi savoir comment vivre ensemble», dit le pape au Liban

Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
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  • Le dialogue mutuel, même en cas de malentendus, est la voie de la réconciliation, déclare-t-il
  • Aoun : "Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative sera une ligne de fracture dans notre région et dans le monde"

BEYROUTH : Le pape Léon XIV a appelé à la paix au Liban lors d'un discours prononcé à Beyrouth devant plus de 400 personnalités politiques, religieuses et sociales du pays.

"La paix dans ce pays est plus qu'un mot ; c'est un désir, un message, un don et un travail en cours", a-t-il déclaré lors de la première étape de sa visite historique de trois jours au Liban.

Le Liban a "un peuple qui n'abandonne pas, mais qui, face à l'adversité, sait toujours se relever avec courage", a-t-il ajouté.

"Votre résilience est une caractéristique fondamentale des vrais artisans de la paix, car l'instauration de la paix est, en réalité, un éternel recommencement. L'engagement et l'amour de la paix ne connaissent pas la peur face à la défaite apparente, ni le découragement face à la déception. Au contraire, ils regardent vers l'avenir, accueillant et embrassant toutes les situations avec espoir".

Le pape, qui revenait d'une visite en Turquie, a déclaré au public libanais que "la construction de la paix exige de la persévérance".

Il a ajouté : "Vous êtes un pays diversifié, une communauté parmi les communautés, unie par une langue commune. Je ne me réfère pas seulement à la langue arabe levantine, dans laquelle votre grand passé a laissé des trésors inestimables. Je me réfère surtout à la langue de l'espoir, qui vous a toujours permis de prendre un nouveau départ.

"Presque partout dans le monde qui nous entoure, une sorte de pessimisme et de sentiment d'impuissance semble s'être installé, où les gens ne sont plus capables de se demander ce qu'ils peuvent faire pour changer le cours de l'histoire.

"Il semble que les grandes décisions soient prises par quelques privilégiés, souvent au détriment du bien commun, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Vous avez beaucoup souffert des conséquences d'une économie dévastée et de l'instabilité mondiale, qui a eu des effets dévastateurs même au Levant, et de l'extrémisme des identités et des conflits. Mais vous avez toujours voulu, et vous avez su, prendre un nouveau départ".

Il a appelé la jeunesse libanaise à "ne jamais se séparer de son peuple et à se mettre avec engagement et dévouement à son service, riche de sa diversité. Ne parlez qu'une seule langue, celle de l'espoir".

En ce qui concerne le rétablissement de la paix dans le pays, il a déclaré : "Il y a des blessures personnelles et collectives : "Il y a des blessures personnelles et collectives qui prennent de nombreuses années, parfois même des générations, à guérir. Si elles ne sont pas traitées, si nous ne travaillons pas, par exemple, à guérir les mémoires et à réunir ceux qui ont souffert de l'injustice et de l'oppression, il sera difficile d'avancer vers la paix. Nous resterons piégés, chacun d'entre nous étant prisonnier de sa propre douleur et de sa propre façon de penser."

"La paix est bien plus qu'un simple équilibre - toujours fragile - entre ceux qui vivent séparément sous un même toit. La paix, c'est savoir vivre ensemble, en communion, comme des personnes réconciliées. Une réconciliation qui nous permet de travailler ensemble pour un avenir commun, côte à côte. Ainsi, la paix devient cette abondance qui nous surprend lorsque nos horizons s'élargissent, dépassant tous les murs et toutes les barrières. Le dialogue mutuel, même face à l'incompréhension, est le chemin de la réconciliation."

Le pape a exhorté les Libanais à "rester dans leur patrie et à travailler jour après jour pour construire une civilisation d'amour et de paix, car c'est une chose très précieuse". L'Église ne se préoccupe pas seulement de la dignité de ceux qui quittent leur patrie, mais elle ne veut pas que quiconque soit forcé de partir. Elle veut au contraire que ceux qui souhaitent retourner dans leur patrie puissent le faire en toute sécurité".

Il a ajouté : "Le défi, non seulement pour le Liban, mais pour l'ensemble du Levant, est de savoir comment faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur patrie et d'émigrer ? Comment pouvons-nous les encourager à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à trouver des garanties de paix et à être des pionniers dans leur propre pays ?"

Léon XIV a souligné "le rôle essentiel des femmes dans l'entreprise ardue et patiente de préservation et de construction de la paix".

Il a déclaré : "N'oublions pas que les femmes ont une capacité particulière à construire la paix, parce qu'elles savent comment favoriser et renforcer les liens profonds avec la vie, les personnes et les lieux. Leur participation à la vie sociale et politique, ainsi qu'à leurs communautés religieuses, représente une véritable force de renouveau dans le monde entier".

Plus tard, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : "Le Liban, ce petit pays par sa taille mais grand par sa mission, a toujours été et reste une terre qui unit la foi et la liberté, la diversité et l'unité, la douleur et l'espoir.

Il a souligné que le pays était "unique au monde", ce qui "nécessite que toute l'humanité vivante préserve le Liban".

M. Aoun a ajouté : "Car si ce modèle de vie libre et égale entre les adeptes de différentes religions venait à disparaître, il n'y aurait pas d'autre endroit sur terre qui puisse l'accueillir.

"Si la présence chrétienne disparaît du Liban, l'équation de la nation s'effondrera et sa justice s'effritera. Si la présence musulmane disparaît du Liban, l'équation de la nation sera perturbée et sa modération sera brisée. Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative inévitable sera des lignes de fracture dans notre région et dans le monde, entre toutes sortes d'extrémismes et de violences intellectuelles, physiques et même sanglantes. C'est une chose que le Saint-Siège a toujours comprise.

"Nous affirmons aujourd'hui que la survie même de ce Liban, présent et présent autour de vous, est une condition préalable à la paix, à l'espoir et à la réconciliation entre tous les enfants d'Abraham."

Le président s'est adressé au pape et a déclaré : "Dans notre pays aujourd'hui, et dans notre région, il y a beaucoup d'oppression et beaucoup de souffrance. Leurs blessures attendent votre toucher béni. S'il vous plaît, dites au monde en notre nom que nous ne mourrons pas, que nous ne partirons pas, que nous ne désespérerons pas et que nous ne nous rendrons pas.

"Au contraire, nous resterons ici, respirant la liberté, créant la joie, pratiquant l'amour, embrassant l'innovation et aspirant à la modernité. Nous resterons le seul espace de rencontre de toute notre région, représentants unis de tous les enfants d'Abraham, avec toutes leurs croyances, leurs valeurs sacrées et leur héritage commun."

L'avion du pape a atterri à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, en provenance d'Istanbul, vers 16 heures, dans le cadre de mesures de sécurité et d'organisation rigoureuses.

Deux jets de l'armée libanaise ont escorté l'avion papal lors de son entrée dans l'espace aérien libanais.

Le pape a déclaré à la délégation de presse qui l'accompagnait dans l'avion que sa visite en Turquie avait été "positive et réussie".

Remerciant le président turc et l'Église d'Orient, il a ajouté que "le but de sa visite au Liban est de construire la paix".

Le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le premier ministre Nawaf Salam, le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, le commandant de l'armée, le général Rudolph Haykal, un grand nombre de chefs religieux de tout le Liban, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, des représentants des blocs parlementaires et des groupes de civils attendaient le pape sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth.

À sa sortie de l'avion, l'armée libanaise a tiré une salve de 21 coups de canon en son honneur et les cloches des églises ont sonné dans tout le Liban. Les navires amarrés dans le port de Beyrouth ont fait retentir leurs sirènes en guise de bienvenue.

Deux enfants du Children's Cancer Center ont offert au pape un bouquet de fleurs, du pain, du sel et de la terre du Liban sur le tarmac, dans le cadre d'une tradition symbolique.

Le pape a reçu un accueil officiel dans le salon VIP, après quoi il s'est rendu au palais présidentiel.

Le cortège de Léon XIV a emprunté les autoroutes de la banlieue sud de Beyrouth, où des dizaines d'habitants se sont massés le long des routes, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican. Certains ont brandi des drapeaux du Hezbollah et des photos de l'ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

Le long de la route allant de la banlieue sud de Beyrouth à Hazmieh, en passant par les routes menant à Baabda et au palais présidentiel, des centaines de personnes - enfants, femmes, hommes, personnes âgées et malades - se sont rassemblées malgré la forte pluie. Elles portaient des parapluies blancs, agitaient des drapeaux du Vatican et du Liban et scandaient son nom. Certains ont déclaré qu'il était "une lueur d'espoir pour le Liban", tandis que d'autres espéraient que sa "visite historique sauverait ce pays de ses crises".

Une femme a déclaré : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape sont un signe d'espoir pour le Liban" : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape témoignent de l'engagement du Liban en faveur de la coexistence.

Avant d'arriver au palais présidentiel, le pape est passé de sa voiture blindée noire à son véhicule vitré, saluant au passage les personnes qui avaient arrosé son cortège de pétales de roses et de riz.

Au son de la musique traditionnelle libanaise dabke et accompagné d'une escorte de chevaux, le pape a été reçu dans la cour du palais présidentiel.

Dans le salon VIP, Léon XIV a tenu des réunions privées séparées avec chaque dirigeant libanais.

Dans une autre salle, les 400 personnalités politiques, dont une délégation de députés du Hezbollah, des chefs de communautés religieuses, des membres du corps diplomatique et des représentants de la société civile, attendaient d'entendre le discours du pape.