Au Maroc, l'avenir des islamistes au pouvoir en jeu

Les partisans du Parti Authenticité et Modernité (PAM) acclament leur candidat lors d'un rassemblement électoral à Rabat, le 4 septembre 2021, à quatre jours des élections législatives et locales (Photo, AFP)
Les partisans du Parti Authenticité et Modernité (PAM) acclament leur candidat lors d'un rassemblement électoral à Rabat, le 4 septembre 2021, à quatre jours des élections législatives et locales (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 septembre 2021

Au Maroc, l'avenir des islamistes au pouvoir en jeu

Les partisans du Parti Authenticité et Modernité (PAM) acclament leur candidat lors d'un rassemblement électoral à Rabat, le 4 septembre 2021, à quatre jours des élections législatives et locales (Photo, AFP)
  • Pour la première fois, près de 18 millions de Marocains sont appelés à voter le même jour pour élire les 395 députés de la Chambre des représentants et plus de 31 000 élus communaux et régionaux
  • Le Maroc est le seul pays de la région où les islamistes sont restés au pouvoir après les révoltes populaires dans le monde arabe

RABAT: Les Marocains sont appelés mercredi aux urnes pour des élections législatives et locales qui détermineront le sort du parti islamiste PJD au pouvoir depuis une décennie, même si ce dernier ne détient pas de ministères stratégiques. 

Longtemps cantonné dans l'opposition, le Parti justice et développement (PJD, islamiste modéré) espère un troisième mandat à la tête du gouvernement. 

Il avait remporté un succès électoral historique après les protestations du « Mouvement du 20 février » -- version marocaine du Printemps arabe de 2011 --  qui réclamait la fin de « la corruption et du despotisme ». 

Le Maroc est le seul pays de la région où les islamistes sont restés au pouvoir après les révoltes populaires dans le monde arabe, mais les décisions et les orientations dans des secteurs clés continuent d'émaner d'initiatives du roi Mohammed VI. 

Pour la première fois, près de 18 millions de Marocains sont appelés à voter le même jour pour élire les 395 députés de la Chambre des représentants et plus de 31 000 élus communaux et régionaux. 

Cette réforme vise à augmenter le taux de participation, qui avait plafonné à 43% lors du scrutin législatif de 2016. 

C'est également la première fois depuis la tenue des premières élections au Maroc en 1960 que la répartition des sièges à la Chambre des représentants sera calculée sur la base du nombre des électeurs inscrits et non des votants. 

Ce nouveau mode de calcul devrait handicaper les grands partis, au profit des petites formations, mais seul le PJD s'y est opposé, s'estimant « lésé ». 

S'il réalisait le même score qu'en 2016, le PJD n'obtiendrait, selon les estimations, que 80 à 85 sièges, contre 125 à l'époque. Ce qui compliquerait sa tâche de constituer une nouvelle coalition gouvernementale en cas de victoire. 

Saad-Eddine El Othmani, Premier ministre marocain et président du Parti islamiste pour la justice et le développement (PJD), salue la population lors d'un meeting de campagne à Sidi Slimane, à quelque 120 km de Rabat, le 27 août 2021, avant les prochaines élections
Saad Eddine El Othmani, Premier ministre marocain et président du parti islamiste PJD au pouvoir, en campagne électorale à Sidi Slimane, le 27 août 2021, avant les prochaines élections (Photo, AFP)

« Suspicions »  

La campagne électorale, marquée par l'absence de grands meetings politiques en raison de la pandémie, a été dominée par l'affrontement de trois partis: le PJD, le Rassemblement National des Indépendants (RNI) et le Parti Authenticité et Modernité (PAM), ces deux derniers libéraux, sur fond d'accusations d'achat de candidats et de votes. 

Le PJD a dénoncé l'usage »massif » d'argent, sans nommer aucun parti. 

Le numéro un du PAM, Abdellatif Ouahbi, a lui nommément accusé le RNI, dirigé par l'homme d'affaires fortuné Aziz Akhannouch, décrit comme proche du Palais royal, « d'inonder la scène politique avec de l'argent ». 

Des accusations »rejetées catégoriquement » par le parti incriminé qui avait joué un rôle clé dans la formation du gouvernement en 2016 en imposant ses conditions, après une crise politique de plusieurs mois ayant fragilisé le PJD. 

Mais l'ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du PJD Abdelilah Benkirane, toujours influent, est revenu dimanche à la charge, tirant à boulets rouges sur M. Akhannouch, dans une vidéo publiée sur Facebook. 

« La présidence du gouvernement a besoin d’une personnalité politique intègre autour de laquelle il n'y a pas de suspicions », a-t-il déclaré, reprochant au chef du RNI de n'avoir « ni culture, ni idéologie, ni passé historique, ni parti politique non plus ». 

L'autre favori du scrutin est le PAM, principal parti d'opposition fondé par l'actuel conseiller royal, Fouad Ali El Himma, en 2008 avant qu'il n'en démissionne en 2011. Les relations entre ce parti et les islamistes, longtemps conflictuelles, se sont récemment apaisées. 

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Aziz Akhannouch,  président du Rassemblement national des indépendants (RNI), en campagne électorale le 2 septembre 2021, avant les prochaines élections (Photo, AFP)

Pas de polarisation 

En l'absence de sondages d'opinion, les estimations des médias locaux pointent également les chances du Parti Istiqlal (opposition). 

Cependant, la compétition électorale est caractérisée par l'absence de polarisation claire sur les choix politiques. 

Quels que soient les résultats du prochain scrutin, l'ensemble des partis politiques est censé adopter une charte, découlant du « nouveau modèle de développement », qui préfigure une « nouvelle génération de réformes et de projets », comme l'a indiqué récemment le roi Mohammed VI. 

Ce modèle, conçu par une commission nommée par le roi, esquisse plusieurs pistes pour réduire les profondes disparités sociales du pays et doubler le PIB par habitant. 

Une nouvelle Constitution, adoptée en 2011, a certes conféré de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement. 

Dans les faits, les grandes décisions dans les domaines stratégiques comme l'agriculture, les énergies ou encore l'industrie émanent du monarque, indépendamment des changements au sein de l'exécutif. Comme l'a encore montré la crise sanitaire. 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.