Exilé aux Emirats, le graffeur afghan Omaid Sharifi promet de ne pas «rester silencieux»

Dans cette photo d'archive prise le 15 mars 2018, le cofondateur et président d'Artlords, jeune activiste afghan Omaid Sharifi, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP à Kaboul. (AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 15 mars 2018, le cofondateur et président d'Artlords, jeune activiste afghan Omaid Sharifi, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP à Kaboul. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 07 septembre 2021

Exilé aux Emirats, le graffeur afghan Omaid Sharifi promet de ne pas «rester silencieux»

  • «Nous veillerons à ce que le monde nous entende, nous veillerons à ce que les Talibans soient humiliés chaque jour»
  • Très connu dans la capitale mais également dans le reste du pays, le collectif avait aussi réussi à attirer l'attention internationale grâce à son prisme très politique

SEOUL: Ces sept dernières années, certains des tristes murs en béton qui quadrillent Kaboul avaient pris des couleurs grâce aux fresques murales du collectif ArtLords, co-fondé par le jeune activiste afghan Omaid Sharifi. Puis les talibans sont arrivés.


Dans les jours qui ont suivi la prise de contrôle de la capitale afghane par le mouvement islamiste le 15 août, de nombreuses œuvres de "street art" ont été repeintes avec de la peinture blanche ou remplacées par des slogans de propagande en faveur du nouveau régime.


"L'image qui me vient en tête, c'est (les talibans) en train de recouvrir la ville d'un kafan", le drap blanc dans lequel sont enterrés les musulmans, déclare à l'AFP Omaid Sharifi, depuis les Émirats arabes unis où il s’est réfugié.


"Mais nous ne resterons jamais silencieux", prévient l'artiste de 34 ans, dont le collectif ArtLords est à l'origine de plus de 2.200 peintures murales réalisées dans l'ensemble du pays.


"Nous veillerons à ce que le monde nous entende, nous veillerons à ce que les Talibans soient humiliés chaque jour", promet-il.  


Fondé en 2014, ArtLords s'est fait une spécialité des grandes fresques peintes à même les "T-walls", ces immenses parois de béton gris ayant essaimé dans Kaboul pour protéger les bâtiments des explosions.


Très connu dans la capitale mais également dans le reste du pays, le collectif avait aussi réussi à attirer l'attention internationale grâce à son prisme très politique.


Ses peintures, visant à promouvoir la paix et la justice sociale, ont mis à l'honneur des héros afghans, appelé au respect des droits des femmes ou encore dénoncé la corruption et les abus de pouvoir. 


Ses membres, qualifiés d'infidèles par des groupes extrémistes, ont fait l'objet de menaces de mort. Mais en dépit de ces intimidations, ils n'ont rien lâché.


Le matin même du 15 août, alors que les talibans étaient aux portes de Kaboul, Sharifi et cinq de ses collègues artistes sont ainsi allés travailler une peinture murale devant un bâtiment du gouvernement. Quelques heures plus tard, ils ont vu des gens paniqués en sortir et ont décidé de retourner dans l'atelier du collectif.


"Toutes les routes étaient bloquées" se souvient Sharifi. "L'armée, la police arrivaient de tous les côtés, abandonnant leurs voitures et tout le monde courait".

Gravé à l'esprit 
En 1996, lorsque le mouvement islamiste est arrivé pour la première fois au pouvoir, Sharifi avait 10 ans et le trentenaire d'aujourd'hui a toujours en mémoire la brutalité du régime qui avait, entre autres choses, interdit les divertissements, notamment la télévision. 


"Quand j'allais au marché à vélo, (je) voyais beaucoup de téléviseurs cassés, de magnétophones cassés et des tas de cassettes", se rappelle-t-il. "Ca reste gravé dans mon esprit et ça n'en partira jamais".


Vingt ans plus tard, à l'image d'une grande partie de la population afghane, il ne se fait aucune illusion et s'attend "à ce que peu de choses changent".


Désormais à 1 600 km de Kaboul, il confie qu'avoir quitté l'Afghanistan - "c'est ma maison, c'est mon identité" - était "difficile" mais nécessaire pour pouvoir conserver "sa liberté d'expression".  


S'il a réussi à aider 54 artistes à s'échapper du pays avec leurs familles, il en resterait selon lui plus d'une centaine. "Tous se cachent, tous ont peur... Ils essayent juste de trouver un moyen de sortir d'Afghanistan".


De là où il se trouve désormais, il promet de continuer à militer et à créer. "J'ai tout laissé derrière moi. La seule chose qui me permet de continuer, c'est de savoir que ce n'est pas la fin".


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Short Url
  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com