Liban: Obstacles majeurs à la formation d’un gouvernement dans les délais prévus

Le Premier ministre désigné Moustapha Adib, nommé par les politiciens libanais sous pression française le 31 août (Photo, AFP).
Le Premier ministre désigné Moustapha Adib, nommé par les politiciens libanais sous pression française le 31 août (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 12 septembre 2020

Liban: Obstacles majeurs à la formation d’un gouvernement dans les délais prévus

  • Tout retard porterait un coup dur à l’initiative française visant à sortir le Liban de la crise
  • selon des sources politiques libanaises, les nouvelles sanctions américaines contre les alliés du Hezbollah compliquent le processus

BEYROUTH : Le Liban fait face à de grandes difficultés de mise en place d’un nouveau gouvernement la semaine prochaine, comme promis par ses dirigeants au président français Emmanuel Macron, alors que de nouvelles sanctions américaines contre les alliés du Hezbollah compliquent le processus, selon des sources politiques libanaises.

Tout retard porterait un coup dur à l’initiative française visant à sortir le Liban de la crise économique, financière et politique la plus profonde depuis la guerre civile de 1975-90, alors que la France avait averti que le Liban pourrait disparaître s'il ne mettait pas en place des réformes drastiques.

Le Premier ministre désigné Moustapha Adib, nommé par les politiciens libanais sous pression française le 31 août, travaille à former un nouveau gouvernement dans un délai de deux semaines, afin d’entreprendre les réformes énoncées dans la feuille de route française.

Des sources politiques libanaises affirment qu'un gouvernement pourrait encore être constitué dans les prochains jours malgré la taille des enjeux, telles que la crise financière et les  conséquences de l'explosion catastrophique survenue au port de Beyrouth le 4 août.

Trois sources politiques ayant une bonne connaissance du dossier ont eu des avis convergents concernant la difficulté de la tâche du Premier ministre désigné, surtout après les sanctions américaines imposées depuis quelques jours contre notamment l’ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil, chiite, et proche conseiller du chef du Parlement Nabih Berri, et contre l’ancien ministre des Travaux Publics Youssef Fenianos, chrétien, mais proche de Suleiman Frangie allie chrétien du Hezbollah.

La formation d’un nouveau gouvernement libanais prend généralement plusieurs mois de marchandages sur la façon de partager les portefeuilles entre les différentes communautés.

Même si Washington affirme partager les objectifs de la France en exigeant des réformes au Liban, elle adopte une position divergente de celle de Paris au sujet de la politique concernant le Hezbollah chiite, armé et soutenu par l'Iran. Washington considère ce parti comme une organisation terroriste à part entière, alors que la France le considère adopte une position plus nuancée faisant une distinction entre la branche armée du parti, et sa branche politique élue et faisant partie du système.

Certains observateurs ont estimé que les sanctions américaines et la menace de nouvelles sanctions seraient susceptibles de servir de catalyseur à la formation du gouvernement, arguant du fait que cela rendra les alliés du Hezbollah, comme le Courant Patriotique Libre Chrétien du Président Michel Aoun, plus coopératifs.

Mais Berri, choqué par les sanctions contre Khalil, a réagi en durcissant sa position sur la nomination du prochain ministre des finances, un poste dépendant de sa propre décision, depuis la nomination de Khalil la première fois en 2014, selon les trois sources de différentes factions libanaises.

Contre-réaction

Ce contexte rend de plus en plus difficile la tâche pour Adib surtout au niveau du ministère des Finances, et nombre d’autres ministères qui nécessitent de profondes réformes selon les donateurs, selon l'une des trois sources, qui ont toutes parlé sous couvert d'anonymat, en raison de sensibilités politiques.

Plusieurs de ces ministères sont contrôlés par les mêmes factions depuis des années et résisteront à lâcher prise si Berri arrive à imposer a candidat de son camp a la tête du ministère des Finances.

 «Quelques heures, sinon quelques minutes avant les sanctions, tous les indicateurs étaient au vert, et toutes les informations indiquaient que le camp Chiite allait faciliter la formation du gouvernement. Mais immédiatement après les sanctions, il y a eu comme une contre-réaction », ce qui laisse à penser que « les sanctions américaines ont certainement été un facteur de complications ", a affirmé une des sources.

La question est maintenant celle de savoir si Berri et le Hezbollah vont céder du terrain, pour soutenir l'initiative française et empêcher le Liban de sombrer plus profondément. Cela devrait se clarifier dans les prochaines 48 heures, a déclaré la source qui se situe politiquement hors de l’orbite du Hezbollah et de ses alliés.

Une source politique proche du bloc chiite Hezbollah et Amal a déclaré que le ministère des finances était un sujet de négociations avant les sanctions, mais depuis leur annonce, Berri est devenu déterminé à nommer le ministre en question.

Un diplomate a pour sa part a fait état de scepticisme quant à la formation d’un gouvernement en deux semaines.

Des sources politiques affirment qu’Adib, qui cherche à former un gouvernement d'experts pour mener des réformes, a déclaré qu'il se retirerait s'il ne parvenait pas à mener à bien ce projet.

Les sanctions américaines ne sont pas la seule complication. Adib, soutenu dans sa nomination et sa tâche par l'ancien Premier Ministre Saad Hariri et son bloc parlementaire, prépare la composition de son gouvernement sans consulter les autres partis, selon une source politique chrétienne. « Les Chiites et les Chrétiens trouveront inacceptable que leurs ministres soient choisis unilatéralement par le Premier ministre sunnite », a indiqué cette source qui a suggéré que les ministres soient choisis après concertations  entre Adib et les différentes formations politiques.

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L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.