Climat et droits des femmes, priorités du nouveau chef de l'Assemblée générale de l'ONU

Dans sa première interview en tant que président de la 76e session de l'Assemblée, Abdallah Shahid raconte à Arab News sa vision pour son mandat de douze mois. Capture d'écran
Dans sa première interview en tant que président de la 76e session de l'Assemblée, Abdallah Shahid raconte à Arab News sa vision pour son mandat de douze mois. Capture d'écran
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Publié le Samedi 18 septembre 2021

Climat et droits des femmes, priorités du nouveau chef de l'Assemblée générale de l'ONU

  • Dans sa première interview en tant que président de la 76e session de l'Assemblée, Abdallah Shahid raconte à Arab News sa vision pour son mandat de douze mois
  • Il salue également les efforts saoudiens «exceptionnels» pour lutter contre le changement climatique et exhorte les autres pays à suivre l'exemple du Royaume

NEW YORK: Le diplomate maldivien Abdallah Shahid a prêté serment cette semaine en tant que président de la 76e session de l'Assemblée générale des nations unies. Pour sa première interview depuis son entrée en fonction, il s'est entretenu exclusivement avec Arab News et a partagé sa vision de ce qu'il entend être une «présidence de l'espoir».

Arab News a été le premier média à visiter son nouveau bureau, récemment libéré par le précédent occupant, Volkan Bozkir, à la fin de son mandat d'un an.

Nous avons été chaleureusement accueillis non seulement par M. Shahid, mais aussi par de nombreux membres de l'équipe de la mission des Nations unies aux Maldives. Son élection a été saluée comme une grande réussite pour sa petite nation insulaire et une autre étape vers une véritable représentation à l'Organisation des nations unies (ONU).

Abdallah Shahid, ministre des Affaires étrangères de son pays, assume son nouveau rôle à l'ONU à un moment où le monde est embourbé dans les désastres. La pandémie de Covid-19 continue de faire rage dans le monde entier alors que les pays riches accumulent des vaccins. La planète envoie quotidiennement des signaux d'alerte indiquant que nous ne pouvons plus nous permettre d'ignorer les effets dangereux du changement climatique. Les conflits prolongés continuent de chasser des millions de personnes de leurs foyers vers les camps de réfugiés.

À l'heure actuelle, on ne peut s'empêcher de se demander où réside exactement l'espoir et comment le retrouver?

Les Maldives, nation insulaire au cœur de l'océan Indien, sont le pays le plus bas du monde, avec une altitude moyenne de 1,5 mètre. Le point culminant naturel de son territoire n'est que de 5,1 mètres.

«Venant des Maldives, la question du changement climatique est une menace existentielle pour nous», déclare M. Shahid. «Nous vivons chaque jour, jour après jour, avec le risque de nous noyer. Le niveau de la mer monte. Les scientifiques prédisent que nous avons franchi la ligne rouge; 2040 est une date au-delà du point de basculement. Mais aux Maldives, nous survivons avec l'espoir, car nous devons croire au bien commun de l'humanité.»

Le bien commun n'a peut-être jamais été autant pris en compte et discuté que pendant la pandémie, qui a plongé les économies dans la dépression et fait des ravages dans la vie des gens avec la disparition d'êtres chers, la perte d'emplois et les confinements qui créent des difficultés mentales pour beaucoup.

«Mais il y avait une lueur d'espoir dans tout cela: le service désintéressé du personnel de santé, leur sacrifice malgré les dangers évidents pour eux-mêmes», souligne Abdallah Shahid.

«Nous ne devons donc pas perdre espoir en l'humanité. La bonté de l'humanité est là – nous devons nous assurer qu'elle prospère, nous devons la célébrer. Si nous perdons espoir, qu'y a-t-il pour nous? Il n'y a rien. La seule chose sur laquelle nous bâtissons, c'est l'espoir que la bonté de l'humanité survivra.»

Toutes les questions que M. Shahid considère comme prioritaires sont évidentes depuis un certain temps. Les scientifiques et les agences des Nations unies savent, par exemple, ce qui doit être fait pour atténuer le changement climatique, ralentir la propagation de la Covid-19 et inclure les personnes les plus vulnérables dans les efforts de reconstruction mondiale.

La seule chose qui manque, entend-on sans cesse dans les couloirs de l'ONU, c'est la volonté politique d'agir.

Depuis qu'il a été élu président de l'Assemblée générale en juin avec une large majorité, Abdallah Shahid a rencontré des représentants de chacun des 193 États membres de l'ONU. En conséquence, il a une perspective légèrement différente sur la question de la volonté.

«Je pense qu'il y a une grande volonté politique – elle doit être exploitée», précise-t-il. «Nous sommes 193 pays. La Charte des nations unies commence par ces trois mots: “Nous, les peuples.” Ainsi, les 193 pays ne sont pas 193 pays à eux seuls. Ils sont également “les peuples”».

À titre d'exemple, il déclare: «J'ai eu le privilège d'interagir avec le groupe de jeunes conseillers sur le changement climatique du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Ils sortent des sentiers battus. Ils sont déçus. Ils parlent d'action. Et ils représentent 1,8 milliard de jeunes dans le monde. Et ces 1,8 milliard de jeunes représentent 193 pays.

«Donc je vois la volonté. Je peux les entendre fort, clairement. Tout ce que nous devons faire, c'est commencer à écouter.»

De la même façon que pour les Maldives, le changement climatique est également une menace existentielle pour de nombreuses personnes dans les États du Golfe producteurs de pétrole. La région est depuis des années prise dans un cercle vicieux de hausse des températures qui conduit à une utilisation accrue des climatiseurs, ce qui nécessite plus de combustibles fossiles pour les alimenter, entraînant une augmentation des températures supplémentaire.

M. Shahid estime que les plans du Royaume pour une initiative verte saoudienne et une initiative verte au Moyen-Orient, annoncés cette année et officiellement lancés en octobre, pourraient complètement inverser cette tendance et mettre la région sur la voie de la transformation.

«Je salue le leadership saoudien pour leurs initiatives, telles que l'Initiative verte saoudienne et l'Initiative verte du Moyen-Orient», indique-t-il. «La plantation de milliards d'arbres va totalement transformer le paysage du Moyen-Orient. Les dirigeants saoudiens mènent la lutte internationale dans le domaine du changement climatique, comme tant d'autres pays du Golfe notamment les Émirats arabes unis (EAU) et le Qatar.

«Étant des pays producteurs de pétrole, l'objectif qu'ils ont fixé est exceptionnel. Le leadership dont ils font preuve est remarquable. Et je souhaite que de nombreux autres pays dans de nombreuses autres régions du monde suivent le leadership saoudien sur cet aspect du changement climatique.»

Abdallah Shahid n'avait que 26 ans lorsqu'en tant que jeune diplomate, il assiste à sa première session de l'Assemblée générale. Cela le convainc immédiatement que la voie à suivre pour trouver des solutions aux problèmes du monde réside dans le système multilatéral.

«Les choses sont très interconnectées», souligne-t-il. «Ce qui se passe dans un pays a un effet d’entraînement sur beaucoup d'autres. Aucun pays ne peut survivre seul.»

La plus grande menace pour cette approche multilatérale est l’ultranationalisme qu’il qualifie de «complètement dépassé».

«L'unité est la seule solution», affirme M. Shahid. «Prenez la pandémie de Covid-19. La seule chose qu’elle nous a apprise est que personne n'est en sécurité tant que tout le monde n'est pas en sécurité. C'est le travail des dirigeants ici à l'ONU, des pays respectés, de continuer à faire passer le message que l'unité fait la force.»

Cependant, comme le sait quiconque suit les travaux de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité, l'unité est une denrée rare. Les tensions sont légion dans le travail des organes de l'ONU.

Abdallah Shahid déclare que le rôle de l'Assemblée générale a évolué au cours des soixante-quinze années écoulées depuis la création de l'ONU, mais un examen plus approfondi de cette évolution soulève des questions quant à savoir si tout va dans la bonne direction. Par exemple, cette évolution oscille entre le fait de défendre fermement la Déclaration universelle des droits de l'homme, promulguée pour la première fois dans la salle des Assemblées, et d'être figé sur la question.

Par ailleurs, une source de tension entre les États membres concerne les relations entre les pays en développement, plus petits, qui veulent davantage avoir leur mot à dire dans les délibérations de l'ONU, et les nations riches qui sont les principaux donateurs de l'organisation.

Il n'en a pas toujours été ainsi. La résolution Uniting for Peace en 1950, initiée par les États-Unis, stipule que si le Conseil de sécurité «ne s'acquitte pas de sa responsabilité principale de maintenir la paix et la sécurité, l'Assemblée générale doit se saisir elle-même de la question et exhorter à une action collective».

Cette résolution a été mise en œuvre lors de la crise de Suez en 1956, lorsque l'intervention de l'ONU a conduit à un cessez-le-feu, au retrait des troupes et à la mise en place de la première force de maintien de la paix.

Près d'un demi-siècle plus tard, cependant, lorsque l'invasion américaine de l'Irak en 2003 a provoqué des appels de nombreuses organisations pour que l'Assemblée générale se saisisse de la question et sorte de l'impasse du Conseil de sécurité, elle a refusé de le faire.

Plus récemment, les efforts visant à revitaliser les travaux de l'Assemblée générale se sont concentrés sur l'augmentation de son pouvoir par rapport au Conseil de sécurité, la promotion d'une plus grande transparence et l'amélioration de la qualité des débats. Certains disent qu'il s'agit d'une institution importante qui n'a jamais tout à fait défini son rôle en tant qu'organe véritablement délibératif et fonctionnel.

L'Assemblée générale a le pouvoir de censurer les États qui violent les principes de la Charte des nations unies. Dans les années 1960, par exemple, elle a suspendu la délégation sud-africaine de l'ONU en raison de la pratique continue de l'apartheid, en violation des résolutions du Conseil de sécurité et du droit international. Le pays n'a été réadmis qu'en 1994 à la suite de sa transition démocratique.

En août 2012, l'Assemblée générale a voté par 133 voix contre 12 pour dénoncer le gouvernement syrien pour les atrocités commises lors du soulèvement. Et en décembre 2019, elle a adopté une résolution non contraignante condamnant les violations des droits humains contre les Rohingyas musulmans au Myanmar.

Selon M. Shahid, «le consensus de l'Assemblée générale reflète la conscience du monde. C'est le pouvoir de l'Assemblée générale.»

Une façon de renforcer ce pouvoir et de rendre les débats plus délibératifs, affirme-t-il, consiste à inviter «d'autres voix» à prendre la parole, notamment des représentants de la société civile, des universitaires, des scientifiques, des experts en matière de genre et des jeunes.

Avec la participation de telles voix, «l'Assemblée générale prospérera», ajoute Abdallah Shahid.

Le Conseil de sécurité, quant à lui, devrait «refléter les réalités actuelles du monde», souligne-t-il, et les réformes du Conseil devraient être accélérées car sa crédibilité même est en jeu.

Un élément au cœur du programme de M. Shahid, et vital pour que toute réforme puisse même commencer, est l'inclusion des femmes.

«Les femmes ont été exploitées, piétinées, supprimées pendant trop longtemps; nous ne devrions pas l'accepter», déclare-t-il en appelant tous ceux qui ne sont pas encore devenus des «défenseurs du genre» à rejoindre le combat.

Dans ce qui est peut-être l'une de ses positions les plus radicales, il s'est engagé dans son nouveau rôle à ne participer à aucun panel qui ne respecte pas la parité.

«Mes collaborateurs m'ont dit que ce serait difficile à imposer, mais je leur ai dit que c'était leur travail de s'assurer que les panels soient équilibrés», ajoute-t-il.

«Pour moi en tant que président, c'est très simple, je dirai: “Non, s'il n'y a pas de parité, je ne participerai pas”. Cette déclaration elle-même, venant du président de l'Assemblée générale, est un message fort qui sera respecté. Et j'espère que s'ils veulent que je participe à ces panels, ils veilleront à ce qu'il y ait un équilibre entre les sexes.»

«La prochaine fois que de telles organisations ou associations organiseront des panels, elles se souviendront que le président Shahid a insisté sur le fait que les panels doivent respecter la parité.»

Pour ceux qui continuent de douter de la nécessité ou de l'aptitude des femmes à occuper des postes de direction et des rôles décisionnels, le message de M. Shahid est on ne peut plus simple.

«Si la personne qui doute du rôle des femmes est un homme, je lui demanderais de s'asseoir et de réfléchir à son origine. Qui a porté cette personne pendant neuf mois? La mère», déclare-t-il. «C'est très simple: respecte ta mère. Donne à ta mère le respect qu'elle mérite.»

«Et quand vous avez une fille, regardez-la, voyez si vous voudriez que votre fille souffre. Respectez votre fille, c'est très personnel.»

Ne pas reconnaître l'importance et la valeur des femmes signifie que le monde gaspille l'une de ses grandes ressources humaines, souligne Abdallah Shahid.

«Le monde est composé d'hommes et de femmes. Si nous voulons enfermer la moitié de la population mondiale et ne pas en tirer profit, nous utilisons seulement 50 % de la population», précise-t-il. «Est-ce que cela a du sens au niveau économique? Au niveau humanitaire? Au niveau social?»

«Il ne faut pas être un génie pour dire simplement que la seule façon pour l'humanité de progresser est de respecter les femmes.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Trump : « Un honneur » d’accueillir son « bon ami » le prince héritier saoudien à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump rencontre le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane dans le Bureau ovale. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane dans le Bureau ovale. (AFP)
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  • Lors de sa visite à la Maison Blanche, le prince héritier Mohammed ben Salmane a confirmé que le Royaume investirait jusqu’à 1 000 milliards de dollars dans l’économie américaine
  • Le prince héritier a salué la coopération en matière de défense et le leadership des États-Unis dans la technologie de l’IA, tandis que Trump a confirmé son intention de vendre des F-35 à l’Arabie saoudite

​​​​​​WASHINGTON : L’Arabie saoudite augmente son engagement d’investissement dans l’économie américaine de 600 milliards de dollars à près de 1 000 milliards de dollars, a annoncé le prince héritier Mohammed ben Salmane au président américain Donald Trump mardi à la Maison Blanche.

Le prince héritier a affirmé que la collaboration saoudo-américaine créait de réelles opportunités dans l’intelligence artificielle et que la relation entre les deux pays restait essentielle. Il a également souligné le travail conjoint dans la lutte contre le terrorisme.

« Nous pouvons annoncer que nous allons augmenter ces 600 milliards de dollars à près de 1 000 milliards pour l’investissement », a déclaré le prince héritier lors d’un point de presse dans le Bureau ovale.

Le président Trump lui a demandé de confirmer ce chiffre, ce à quoi le prince héritier a répondu : « Absolument. »

Plus tôt dans la journée, le prince héritier et Premier ministre saoudien est arrivé à Washington DC pour une réception faste, marquant sa première visite officielle aux États-Unis depuis 2018 et sa première rencontre formelle avec le président Trump depuis la visite de ce dernier au Royaume en mai.

L’atmosphère autour de la Maison Blanche relevait du grand spectacle, reflétant les liens personnels et stratégiques étroits que les deux hommes ont tissés.

La visite du prince héritier est perçue comme la réaffirmation d’un partenariat durable, renforcé par une série d’accords en matière de défense, d’énergie nucléaire civile et de haute technologie.

Lors de la conférence de presse, le président Trump a fait l'éloge du prince héritier Mohammed ben Salmane, le qualifiant de « bon ami de longue date » et déclarant que c'était « un honneur » de l'accueillir à la Maison Blanche. Il a décrit l'Arabie saoudite comme un allié solide et un partenaire important, tout en rendant hommage au roi Salmane.

Les événements de la journée comprenaient un passage aérien, une salve d’honneur et un dîner de gala organisé par la Première dame Melania Trump pour célébrer le prince héritier, en présence notamment du footballeur portugais Cristiano Ronaldo, joueur du club saoudien Al-Nassr.

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Les événements de mardi à Washington comprenaient un défilé aérien, une salve d'honneur et un dîner de gala. (Fourni)

Évoquant la nature de la visite, Trump avait déclaré vendredi à bord d’Air Force One : « Nous ne faisons pas qu’une réunion… Nous honorons l’Arabie saoudite, le prince héritier. »

Au cœur des discussions bilatérales se trouve la volonté commune de renforcer les capacités militaires saoudiennes ainsi que sa stratégie de diversification économique.

Le contrat de défense le plus important sur la table est la vente d’avions furtifs F-35 de dernière génération, dont Israël est à ce jour le seul utilisateur au Moyen-Orient.

Malgré les objections rapportées de responsables israéliens, Trump a clairement indiqué qu’il comptait aller de l’avant. « Pour autant que je sache, ils sont tous deux à un niveau où ils devraient recevoir des F-35 haut de gamme », a-t-il déclaré mardi.

La volonté de vendre cet appareil très convoité à l’Arabie saoudite représente donc un tournant stratégique dans la politique d’exportation d’armes américaine dans la région.

Parallèlement aux F-35, des accords portant sur des systèmes avancés de défense aérienne et antimissile devraient également renforcer les capacités de sécurité du Royaume.

Une autre annonce importante concerne un accord-cadre sur la coopération nucléaire civile. Lors de la conférence de presse de mardi, Trump a indiqué qu'il signerait un accord avec le prince héritier saoudien sur un tel cadre.

Des médias américains ont rapporté que Trump envisageait de fournir à l’Arabie saoudite des garanties définissant la portée de la protection militaire américaine, notamment à la suite des frappes israéliennes du 9 septembre contre le Qatar, qui bénéficie depuis 2022 du statut « d’allié majeur non membre de l’OTAN ».

Une telle garantie présidentielle, bien qu’inférieure à un accord de défense complet ratifié par le Congrès, soulignerait l’engagement personnel de l’administration actuelle.

La normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël constitue également un sujet central — une étape que Washington considère essentielle pour un accord de paix plus large au Moyen-Orient après la guerre à Gaza.

Lors de son premier mandat, Trump avait contribué à établir des liens économiques et diplomatiques entre Israël, Bahreïn, le Maroc et les Émirats arabes unis dans le cadre des Accords d’Abraham.

Dans le Bureau ovale, le prince héritier a déclaré que le Royaume souhaitait normaliser ses relations avec Israël via les Accords d’Abraham, mais qu’il fallait avant tout disposer d’un « chemin clair » vers la création d’un État palestinien pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

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L'atmosphère qui régnait autour de la visite et de la réunion dans le bureau ovale de la Maison Blanche était celle d'un grand spectacle, témoignant des liens personnels et stratégiques profonds que les deux hommes ont noués. (SPA)

« Nous voulons faire partie des Accords d’Abraham. Mais nous voulons aussi être sûrs d’obtenir une voie claire vers une solution à deux États », a-t-il dit.

« Nous allons travailler là-dessus, pour être sûrs de pouvoir préparer les bonnes conditions dès que possible », a-t-il ajouté.

L’Arabie saoudite, qui abrite deux sanctuaires de l’islam — La Mecque et Médine —, joue un rôle central dans le monde musulman et demeure profondément investie dans la stabilité régionale et la cause palestinienne.

Le gouvernement saoudien a toujours affirmé qu’une voie claire vers un État palestinien devait être définie avant d’envisager toute normalisation avec Israël.

Interrogé par le rédacteur en chef d’Arab News, Faisal J. Abbas, sur l’évolution envisagée de la relation bilatérale et sur son rôle dans la vision stratégique du Royaume, le prince héritier a indiqué que le prochain chapitre offrirait d’immenses opportunités.

« Je ne pense pas que ce soit une relation que nous pouvons remplacer, du côté saoudien comme du côté américain », a-t-il répondu.

« C’est une relation essentielle pour notre cadre politique, notre cadre économique, notre sécurité, notre armée, pour beaucoup de choses, et elle existe depuis neuf décennies.

« Et les opportunités que nous avons aujourd’hui — elles sont énormes — et nous verrons si elles vont s’approfondir dans les prochaines décennies. Et ce que nous avons aujourd’hui et demain avec le président Trump constitue réellement un énorme nouveau chapitre dans cette relation, qui apportera de la valeur aux deux parties. »

La visite du prince héritier est fortement axée sur l’économie et les efforts continus visant à transformer l’économie saoudienne.

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Le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohammed ben Salmane a atterri à Washington DC où il a été accueilli en grande pompe à la Maison Blanche. (AFP)

L’Arabie saoudite a lancé la Vision 2030 il y a près de dix ans pour diversifier son économie au-delà du pétrole en investissant dans la culture, le sport, la technologie et le tourisme.

Une part importante du dialogue économique entre l’Arabie saoudite et les États-Unis porte sur les technologies de pointe.

Cet élan économique sera mis en lumière lors d’un grand sommet d’investissement au Kennedy Center mercredi.

L’événement doit réunir les dirigeants de grandes entreprises saoudiennes et américaines, dont Salesforce, Qualcomm, Pfizer, la Cleveland Clinic, Chevron et Aramco, la compagnie énergétique nationale saoudienne.

Ce forum devrait être l’occasion d’annoncer de nouveaux accords.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Vote attendu du Conseil de sécurité de l'ONU pour autoriser une force internationale à Gaza

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
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  • Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas
  • Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre.

Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023.

Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement "des groupes armés non étatiques", de la protection des civils, et de la formation d'une police palestinienne. La composition de cette force n'est pas évoquée.

Il donne également mandat jusqu'au 31 décembre 2027 à un "Comité de la paix", organe de "gouvernance de transition" à Gaza jusqu'à la réforme de l'Autorité palestinienne. Selon le plan en 20 points annexé à la résolution, ce comité doit être présidé par Donald Trump.

Contrairement aux premières versions du texte, le projet qui doit être soumis au vote lundi à 17H00 (22H00 GMT) évoque l'éventualité d'un Etat palestinien.

Après la réforme de l'Autorité palestinienne et l'avancée de la reconstruction de Gaza, "les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d'Etat", dit ainsi le texte.

Un avenir clairement rejeté par Israël. "Notre opposition à un Etat palestinien sur quelque territoire que ce soit n'a pas changé", a insisté dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Objections russes 

La Russie, qui a fait circuler un texte concurrent, a justifié cette initiative notamment par le fait que la résolution américaine n'allait pas assez loin sur ce point, affirmant quant à elle un "engagement indéfectible" en faveur de la solution à deux Etats.

Le texte russe, également consulté par l'AFP, n'autorise ni la création d'un Comité de la paix ni le déploiement d'une force à ce stade, demandant au secrétaire général de l'ONU de proposer des "options" en la matière.

Face à ce qu'ils ont qualifié de "tentatives de semer la discorde", les Etats-Unis ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour pousser le Conseil à donner son feu vert.

"Tout refus de soutenir cette résolution est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a insisté vendredi l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz dans un texte publié dans le Washington Post.

Les Américains ont également mis en avant l'ampleur du soutien pour ce texte, publiant une déclaration commune avec le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie.

Plusieurs sources diplomatiques ont estimé auprès de l'AFP que, malgré les critiques affichées de la Russie, qui a un droit de veto, et les réticences d'autres Etats membres, qui s'inquiètent d'un manque de clarté dans les mandats du Comité de la paix et de l'ISF, il serait surprenant que le texte américain soit rejeté.

"Les Russes savent que, même si beaucoup de membres du Conseil vont jouer le jeu des Américains, ils partagent des inquiétudes sur le contenu du texte américain et la façon dont Washington a tenté d'accélérer" son adoption, commente Richard Gowan, de l'International Crisis Group, doutant d'un veto russe à une résolution soutenue par les pays arabes.

"Il est plus probable que la Chine et la Russie s'abstiennent, expriment leur scepticisme sur le plan, puis regardent les Etats-Unis se débattre pour le mettre en oeuvre", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

 


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.