Le monde sur un chemin «catastrophique» vers un réchauffement de +2,7°C

Le rapport évaluant les engagements nationaux de 191 pays, publié vendredi, «montre que le monde est sur un chemin catastrophique vers +2,7°C de réchauffement», a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. (Photo, AFP)
Le rapport évaluant les engagements nationaux de 191 pays, publié vendredi, «montre que le monde est sur un chemin catastrophique vers +2,7°C de réchauffement», a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 18 septembre 2021

Le monde sur un chemin «catastrophique» vers un réchauffement de +2,7°C

  • Le dernier rapport des scientifiques du Giec publié en août mettait déjà en garde contre un risque d'atteindre le seuil de 1,5°C autour de 2030
  • L'attention est notamment tournée vers la Chine, responsable de plus d'un quart des émissions mondiales de CO2

PARIS: Les engagements déposés par les Etats signataires de l'Accord de Paris mènent le monde à un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C, très loin de l'objectif de 1,5°C espéré pour limiter ses retombées destructrices, s'est alarmée l'ONU à six semaines de la COP26.

Le rapport évaluant les engagements nationaux de 191 pays, publié vendredi, "montre que le monde est sur un chemin catastrophique vers +2,7°C de réchauffement", a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

L'Accord de Paris vise à limiter ce réchauffement bien en-deçà de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. 

Mais "l'échec à respecter cet objectif se mesurera à l'aune du nombre de morts et de moyens de subsistance détruits", a insisté Antonio Guterres, en appelant tous les gouvernements à proposer des engagements plus ambitieux.

En vertu de l'Accord de Paris, chaque pays devait réviser d'ici à la fin 2020 sa "contribution déterminée au niveau national" (NDC).

Mais au 30 juillet, seuls 113 pays, représentant moins de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre (49%), avaient effectivement déposé leurs engagements révisés.

Avec ces nouvelles promesses, les émissions de ce groupe de 113 pays, dont les Etats-Unis et l'UE, seraient réduites de 12% en 2030 par rapport à 2010. Une "lueur d'espoir" qui n'éclipse toutefois pas le côté "sombre" de ce tableau, a relevé la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa.

"Dans l'ensemble, les chiffres des émissions de gaz à effet de serre vont dans la mauvaise direction", a-t-elle déploré.

En prenant en compte l'ensemble des NDC - révisées ou non - des 191 pays, les émissions devraient augmenter de 16% en 2030 par rapport à 2010, alors qu'il faudrait les réduire de 40% d'ici à 2030 pour rester sous 1,5°C ou de 25% pour 2°C.

Une augmentation "considérable" qui "pourrait entraîner une hausse de la température d'environ 2,7°C d'ici à la fin du siècle" alors que chaque fraction de degré supplémentaire multiplie les conséquences dramatiques.

En août, le dernier rapport des scientifiques du Giec mettait déjà en garde contre le risque d'atteindre le seuil de 1,5°C autour de 2030, dix ans plus tôt qu'estimé, menaçant l'humanité de désastres sans précédent.

«Le temps presse», selon Biden

Dans ce contexte, "la COP26 doit être un succès", a insisté Patricia Espinosa. Elle a appelé les Etats à négocier en étant "poussés pas uniquement par le désir légitime de protection de leur intérêt national mais aussi par l'objectif de contribuer au bien-être de l'humanité".

Alors qu'une dernière évaluation sera réalisée d'ici à la fin octobre, elle espère également de nouveaux engagements.

"Nous devons agir, nous tous, nous devons agir maintenant", a déclaré de son côté le président américain Joe Biden au début d'un sommet virtuel avec neuf dirigeants étrangers. "Pour ceux qui ne l'ont pas fait, le temps presse", a-t-il ajouté, appelant à la "plus grande" ambition.

Les dirigeants de la Grèce, de la France et de sept autres pays du sud de l'UE préparent de leur côté une déclaration commune sur le climat, au terme d'un sommet à Athènes vendredi soir.

L'attention est notamment tournée vers la Chine, responsable de plus d'un quart des émissions mondiales de CO2. Le président Xi Jinping a annoncé il y a un an viser la neutralité carbone d'ici à 2060 et un pic d'émissions "autour de 2030", mais sans réviser sa NDC.

«Tenir les promesses»

Au-delà de la Chine, tout le G20 est dans le collimateur des défenseurs du climat.

"Il est plus que temps qu'ils soient à la hauteur et qu'ils traitent cette crise comme une crise", a commenté le président du groupe des Pays les moins avancés, Sonam P. Wangdi.

La question de la responsabilité des grandes économies en matière de climat fait partie des tensions récurrentes sur la scène diplomatique, tout comme la question de l'aide financière.

Les pays du Nord se sont engagés en 2009 à porter à 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 l'assistance climat aux pays du Sud. Selon les chiffres de l'OCDE publiés vendredi, cette aide n'atteignait en 2019 que 79,6 milliards.

Une situation qui inquiète Antonio Guterres.

"La lutte contre le changement climatique ne sera un succès que si tout le monde s'unit pour plus d'ambition, de coopération, de crédibilité", a-t-il déclaré. "Il est temps pour les dirigeants de prendre position et tenir leurs promesses ou les populations dans tous les pays en paieront le prix".


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Short Url
  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
Short Url
  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
Short Url
  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".