La France entre en campagne présidentielle dans un éparpillement sans précédent

Plus d’une trentaine de candidats potentiels sont d’ores et déjà dans les starting-blocks pour succéder à l’actuel président, Emmanuel Macron. (AFP)
Plus d’une trentaine de candidats potentiels sont d’ores et déjà dans les starting-blocks pour succéder à l’actuel président, Emmanuel Macron. (AFP)
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Publié le Lundi 20 septembre 2021

La France entre en campagne présidentielle dans un éparpillement sans précédent

  • L’ancien ministre et président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, candidat à la présidence, refuse catégoriquement de participer à ces primaires
  • L’ancien ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll s’est dit prêt à participer à une élection primaire si le PS consentait à en organiser une

PARIS: La France fait son entrée dans la campagne présidentielle – l’élection aura lieu au mois d’avril prochain – sous le signe d’une dispersion inédite.

Plus d’une trentaine de candidats potentiels sont d’ores et déjà dans les starting-blocks pour succéder à l’actuel président, Emmanuel Macron.

Ces candidatures, par leur variété, couvrent toutes les déclinaisons de l’éventail politique français, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par le centre et les vestiges des deux partis traditionnels, le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR).

Querelles internes

Profondément ébranlés par le triomphe de Macron en 2017, ces deux mouvements ont en effet sombré dans des querelles internes dont ils n’ont toujours pas réussi à se relever.

Il est difficile pour les électeurs de s’y retrouver tant l’offre est multiple, même au sein de chacune des familles politiques. S’il est vrai que plusieurs de ces candidatures seront départagées par des élections primaires, une si grande rivalité au sein d’une même famille révèle le degré d’éclatement des différentes forces politiques.

Dans le rang des Républicains, cinq candidats sont en lice pour la primaire de la droite.

Parmi eux, la présidente du Conseil régional d’Île-de-France, Valérie Pécresse, a annoncé sa candidature pour «restaurer la fierté française» et rompre avec «dix ans de mauvais choix» qui ont mené à «l’affaissement de notre pays».

Michel Barnier, qui fut ministre des Affaires étrangères et négociateur du Brexit, a souhaité faire son retour sur la scène politique française en annonçant sa candidature.

Le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, connu pour ses positions tranchées et proches de l’extrême droite, notamment sur l’instauration du droit du sang pour l’acquisition de la nationalité française, se porte candidat lui aussi.

Un grand débat divise en ce moment Les Républicains autour de cette élection. Pour certains, elle doit être ouverte à tous, mais, pour d’autres, elle ne doit concerner que les militants du parti.
 

L’entrepreneur Denis Payre, qui se présente comme conservateur, et le maire de La Garenne-Colombes, Philippe Juvin, participeront également à cette primaire, dont l’objectif est clair – départager les concurrents –, mais les modalités encore mal définies.

Un grand débat divise en ce moment Les Républicains autour de cette élection. Pour certains, elle doit être ouverte à tous, mais, pour d’autres, elle ne doit concerner que les militants du parti.

Autre bémol sur le front républicain: l’ancien ministre et président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, candidat à la présidence, refuse catégoriquement de participer à ces primaires.

Le tableau n’est guère plus limpide du coté du Parti socialiste avec trois candidatures déclarées, sans primaire à l’horizon.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, est candidate à la présidence pour «bâtir une France plus juste» et «réinventer le beau modèle français». Si sa candidature est soutenue par certains cadres socialistes, elle est décriée par l’opinion publique, qui fustige la méthode brutale de sa gestion de la capitale. 

La candidature de Marine Le Pen est contestée dans certains milieux d’extrême droite qui lui reprochent d’avoir renoncé à certains fondamentaux pour réussir son opération de banalisation de son parti.

Face à elle, l’ancien ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll s’est dit prêt à participer à une élection primaire si le PS consentait à en organiser une.

En embuscade, l’ancien ministre socialiste de l’économie Arnaud Montebourg est candidat lui aussi; il se dit porteur d’un projet destiné à «remonter» le pays sur le plan industriel, économique et écologique.

En ce qui concerne l’extrême droite, le climat est particulièrement houleux.

En tête des candidats, on retrouve bien sûr la présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, qui a déjà affronté Macron à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle de 2017.

Cependant, cette candidature est contestée dans certains milieux d’extrême droite qui reprochent à la présidente du RN d’avoir renoncé à certaines valeurs historiques du parti pour procéder à son opération de banalisation.

Elle se retrouve en outre en concurrence avec Florian Philippot, son ancien bras droit, qui a fondé son propre parti, Les Patriotes, après son départ du RN. Il apparaît comme une figure de proue de la contestation contre les mesures sanitaires du gouvernement.

Par ailleurs, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, ancien allié de Le Pen en 2017, s’est également déclaré candidat à la présidence.

Cependant, la principale source d’inquiétude, pour Marine Le Pen, est sans doute le chroniqueur et polémiste de droite radicale Éric Zemmour. Ce dernier entretient le flou sur sa candidature et sillonne actuellement le pays pour la promotion de son livre La France n’a pas dit son dernier mot, distillant ses messages venimeux contre les immigrés et l’islam, ce qui, pour les électeurs d’extrême droite déçus par le nouveau visage du RN, ne manque assurément pas d’attrait.

Les écologistes, quant à eux, ont effectué une entrée en campagne plus apaisée: les cinq candidatures initiales sont désormais réduites à deux et, le dimanche 26 septembre, les militants connaîtront l’identité de leur candidat.

Le premier tour de la primaire d’Europe Écologie Les Verts (EELV) a placé en tête le député européen Yannick Jadot avec 27,7% des voix, suivi par Sandrine Rousseau, ancienne numéro deux du parti, qui a obtenu 25,14%.

150 000 parrainages populaires

Populiste un jour, populiste toujours: Jean-Luc Mélenchon, le député des Bouches-du-Rhône et chef de La France insoumise (LFI, un parti d’extrême gauche) a «proposé» sa candidature à l’élection présidentielle à condition qu’il obtienne 150 000 parrainages populaires.

Mélenchon, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2017, s’oppose catégoriquement à une union de la gauche s’il n’est pas à sa tête.

Toujours à l’extrême gauche, la candidate de Lutte ouvrière (LO), Nathalie Arthaud, se présente pour la troisième fois à la présidentielle, perpétuant une tradition qui consiste à porter, sans grand espoir de succès, la voix «des travailleuses et des travailleurs».

Candidatures solitaires

À tous ces noms s’ajoutent plusieurs candidatures solitaires telles que celle de Jean Lassalle, député du Béarn, qui se présente comme le candidat de «la joie», celle de Jacline Mouraud, ancienne figure des Gilets jaunes, et celle du général Antoine Martinez, signataire de la tribune des militaires qui appelait à un putsch.

Au sein de cette cacophonie, La République en marche s’attache à réunir ses rangs autour de Macron, qui a reçu dernièrement un soutien de taille, celui de son ancien Premier ministre Édouard Philipe, qui est tout simplement l’homme politique le plus populaire de France.

Cette multiplicité des candidatures, à sept mois de l’échéance, laisse un peu perplexe.

Est-elle le signe d’une vitalité et d’une santé débordantes de la vie politique française ou, au contraire, le symptôme d’un appauvrissement idéologique et d’une absence de leadership qui donnent libre cours à une guerre des egos entre les acteurs politiques?


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.