La crise transatlantique s'invite à l'ONU, geste de Biden à l'égard de l'Europe

Une vue extérieure du siège de l'ONU lors de la 76e session de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra le 20 septembre 2021 à New York (Photo, AFP)
Une vue extérieure du siège de l'ONU lors de la 76e session de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra le 20 septembre 2021 à New York (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

La crise transatlantique s'invite à l'ONU, geste de Biden à l'égard de l'Europe

Une vue extérieure du siège de l'ONU lors de la 76e session de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies qui se tiendra le 20 septembre 2021 à New York (Photo, AFP)
  • La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a jugé lundi « inacceptable » la manière dont la France a été traitée 
  • Charles Michel a dénoncé «le manque de loyauté» des Etats-Unis et plaidé pour un renforcement de la «capacité d'action» de l'UE sur la scène internationale

NATIONS UNIES/ BRUXELLES: 

La crise diplomatique sans précédent entre les Etats-Unis et la France s'est invitée lundi dans les couloirs de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, même si Joe Biden a semblé vouloir jouer l'apaisement en rouvrant les frontières avec l'Europe. 

Le président américain arrive lundi à New York, décidé à mettre l'accent sur la lutte contre la Covid-19 et le réchauffement climatique, ou sur la confrontation avec la Chine, avec laquelle, selon ses conseillers, il ne « croit pas à la notion d'une nouvelle Guerre froide ». 

Mais son message est brouillé depuis son annonce, le 15 septembre, d'un pacte de sécurité conclu avec l'Australie et le Royaume-Uni pour contrer Pékin, surnommé AUKUS. Ce nouveau partenariat a mis le feu aux poudres transatlantiques, car il s'est fait dans le dos des Français, qui ont perdu au passage un énorme contrat de sous-marins commandés par Canberra. 

Comme un résumé des priorités diplomatiques du président américain, il n'a prévu de rencontrer mardi, en marge de la réunion onusienne, que le Premier ministre australien Scott Morrison, avant de recevoir le chef du gouvernement britannique Boris Johnson à son retour à la Maison Blanche. 

Joe Biden est aussi « impatient » de parler « de la voie à suivre » au téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron, qui a lui renoncé à se rendre à New York, a déclaré un haut responsable américain, confirmant que le dirigeant démocrate avait demandé un tel entretien. 

« Nous comprenons la position française » même si « nous ne la partageons pas », a-t-il ajouté. 

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken va lui aussi rencontrer en marge de l'Assemblée générale la nouvelle ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss. Mais aucun tête-à-tête n'est pour l'instant annoncé avec son homologue français Jean-Yves Le Drian. 

« Inacceptable »  

« L'agenda va évoluer », s'est bornée à dire lundi une responsable du département d'Etat américain, Erica Barks-Ruggles, assurant que le gouvernement Biden jugeait « très important de travailler ensemble sur de nombreux sujets mondiaux ». 

Semblant vouloir déminer le terrain à l'orée d'une semaine d'entretiens tous azimuts à New York, la Maison Blanche a annoncé lundi matin la réouverture de ses frontières aux voyageurs vaccinés contre la Covid-19 -- une demande récurrente des alliés européens. 

Si la décision a été prise sur des bases sanitaires, la solution trouvée est aussi le fruit de la diplomatie, a glissé un haut responsable américain, laissant entendre que le timing n'était pas sans lien avec la crise transatlantique. Antony Blinken a d'ailleurs évoqué cette question chère aux Français dans un entretien vendredi avec l'ambassadeur de France à Washington Philippe Etienne. 

Londres et Washington avaient déjà tenté pendant le week-end d'amadouer leur allié français.  

« Notre amour de la France est inébranlable », a déclaré le Britannique Boris Johnson dans l'avion qui l'emmenait à New York. 

Pas sûr que ces mots doux suffisent à calmer l'ire du chef de la diplomatie française qui a qualifié Londres de »cinquième roue du carrosse ». 

Paris ne semble pas près de décolérer. Le gouvernement français a rappelé ses ambassadeurs aux Etats-Unis et en Australie dans un geste inédit, en dénonçant un « coup dans le dos », un « mensonge » et une « rupture majeure de confiance ». 

Il a reçu lundi le soutien de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et du président du Conseil européen Charles Michel. 

Mme von der Leyen a jugé « inacceptable » la manière dont la France a été « traitée ». Charles Michel a dénoncé « le manque de loyauté » des Etats-Unis et plaidé pour un renforcement de la « capacité d'action » de l'UE sur la scène internationale. 

Il s'agit d'un « coup de tonnerre » au niveau mondial, a estimé pour sa part la ministre belge des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, en appelant l'Europe à être « plus vocale » dans la relation transatlantique. 

Plutôt silencieux jusqu'ici, les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne examineront lundi soir en marge de l'Assemblée de l'ONU les conséquences du nouveau partenariat stratégique américano-britannico-australien dans la région Indo-Pacifique. 

« Sidération »  

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell devrait « rendre compte » de cette réunion « par une déclaration », a annoncé un porte-parole de la Commission européenne. 

Selon une source diplomatique européenne, la France n'entend cependant pas demander à cette occasion « un positionnement commun » de l'UE. 

Les Vingt-Sept avaient déjà prévu de parler, lors de cette rencontre traditionnelle à New York, du retrait chaotique d'Afghanistan imposé par Joe Biden, qui a aussi suscité plusieurs grincements de dents sur le Vieux Continent. 

« Beaucoup de pays européens nous ont fait part de leur sidération », a assuré Jean-Yves Le Drian dans le journal français Ouest France. « Il ne s'agit pas seulement d'une affaire franco-australienne mais d'une rupture de confiance dans les alliances, avec nos alliés, et aussi du positionnement de chacun concernant la stratégie Indo-Pacifique », a-t-il déploré. 

Les Français veulent que l'affaire pèse dans la redéfinition en cours du concept stratégique de l'Otan, mais aussi dans une forme d'autonomie stratégique dont elle voudrait doter l'UE. 

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.