Vers un nouveau système politique en Tunisie?

Des manifestants tunisiens crient des slogans contre le président Kais Saied lors d'une manifestation dans la capitale Tunis le 18 septembre 2021, dénonçant les mesures qu'il a instaurées le 25 juillet et la prolongation de l'état d'urgence. FETHI BELAID / AFP
Des manifestants tunisiens crient des slogans contre le président Kais Saied lors d'une manifestation dans la capitale Tunis le 18 septembre 2021, dénonçant les mesures qu'il a instaurées le 25 juillet et la prolongation de l'état d'urgence. FETHI BELAID / AFP
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Publié le Jeudi 23 septembre 2021

Vers un nouveau système politique en Tunisie?

  • Dorénavant, le président légifèrera à travers des décrets-lois, sans vote du Parlement dont les activités sont suspendues depuis que M. Saied s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet et présidera les réunions du Conseil des ministres
  • Le scrutin législatif de novembre 2019 avait abouti à un Parlement émietté qui avait permis au parti d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de M. Saied, d'y assumer un rôle pivot

TUNIS : Les "mesures exceptionnelles" décrétées par le président tunisien Kais Saied pour renforcer ses pouvoirs au détriment du gouvernement et du Parlement dessinent les contours d'un nouveau système politique qui suscite l'inquiétude de ses opposants et de la société civile.

Qu'impliquent les mesures décidées par Kais Saied?

Dorénavant, le président légifèrera à travers des décrets-lois, sans vote du Parlement dont les activités sont suspendues depuis que M. Saied s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet et présidera les réunions du Conseil des ministres.

Pour le constitutionnaliste tunisien Chafik Sarsar, on ne peut pas parler de "dissolution du Parlement". Le président a décidé de "rompre avec la Constitution de 2014", qui avait instauré un régime hybride plutôt parlementaire, explique-t-il.

Pour ce professeur, le président a mis en place "une organisation temporaire des pouvoirs pour préparer la transition vers un autre système constitutionnel".

Représentent-elles un changement important pour le système politique du pays?

Selon M. Sarsar, M. Saied a instauré une sorte de "nouvelle mini-Constitution".

L'objectif de ses décrets est de supprimer les "déséquilibres de la Constitution de 2014" qui penchait trop en faveur du Parlement, estime l'analyste politique Salah al-Din al-Jourshi.

Le scrutin législatif de novembre 2019 avait abouti à un Parlement émietté qui avait permis au parti d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de M. Saied, d'y assumer un rôle pivot.

M. Jourshi a mis en garde contre une possible dérive vers un "régime présidentiel excessif", avec le risque que le président "ne devienne le centre du pouvoir autour duquel tourne l'Etat".

Le politologue français Vincent Geisser, chercheur à l'institut IREMAM, spécialisé sur le monde arabe, va plus loin en estimant que "ce décret officialise le tournant présidentialiste, de pouvoir personnel et autoritaire dans lequel la Tunisie est engagée depuis le 25 juillet". 

Pour ce chercheur, ces mesures débouchent sur "une marginalisation du Parlement et des partis politiques, avec un pouvoir exécutif centré quasiment exclusivement sur le président et un gouvernement qui n'est qu'un chef d'administration au service du président". A ses yeux, le président Saied a "tourné la page de la première phase de démocratisation de la Tunisie".

Est-ce que ces mesures sont transitoires ? 

Officiellement, il s'agit de "mesures exceptionnelles" ayant entraîné la suspension de facto de deux chapitres de la Constitution régulant les pouvoirs exécutif et législatif.

Le décret présidentiel annonce aussi l'instauration d'une commission --dont le président décidera la composition-- qui assistera le président dans "la préparation des projets d'amendements relatifs aux réformes politiques". M. Saied a laissé entendre qu'il souhaitait amender la Constitution de 2014.  

"On n'est pas dans une simple gestion provisoire pour remettre de l'ordre dans le pays", estime M. Geisser qui voit plutôt dans les décrets de mercredi, "les jalons d'un nouvel ordre politique, la base de nouvelles institutions". "Dans ce décret, on perçoit le programme politique de Saied, un nouveau régime politique centré sur le président".

M. Jourshi en convient. "Une part importante du projet commence à se cristalliser de plus en plus", précisant d'"un système présidentiel", dit-il.

Quelles réactions de la société civile et politique? 

Ennahdha, par la voix d'un de ses dirigeants, Samir Dilou, a déploré une "transition d'un pouvoir démocratique vers le pouvoir d'un seul homme", tandis qu'un autre responsable Mohammad Al-Goumani, a accusé M. Saied d'"entraîner la Tunisie vers une zone à hauts risques".

Pour le moment, Kais Saied "bénéficie d'un capital confiance très fort dans la société civile", estime M. Geisser. Il y a "une division entre ceux qui croient voir en lui l'homme fort qui va sauver la Tunisie et les autres".

"Ce président a des relais dans les élites, il a l'appui des forces sécuritaires, c'est un président très fort", souligne-t-il.

Depuis la révolution de 2011 qui a renversé le régime Ben Ali, la parole s'est libérée en Tunisie, dans tous les milieux: ONG, syndicats, milieux politiques, artistiques et médiatiques.

Mais selon M. Geisser, il n'y a "pas de front démocratique uni, les acteurs de la société civile sont divisés et un phénomène de peur a commencé à s'installer".

Un premier test aura lieu dimanche puisque l'ancien président Moncef Marzouki, suivi par une partie des élites, a appelé à un rassemblement à Tunis "contre la dictature et la corruption".


Gaza: un camion de vivres se retourne sur la foule, 20 morts selon la Défense civile

"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué. (AFP)
"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué. (AFP)
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  • "Le camion s'est renversé alors que des centaines de civils attendaient de l'aide alimentaire dans la zone de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal
  • "Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué

GAZA: La Défense civile de Gaza a fait état de la mort de vingt personnes dans l'accident d'un camion de vivres qui s'est retourné sur la foule dans la nuit de mardi à mercredi.

"Le camion s'est renversé alors que des centaines de civils attendaient de l'aide alimentaire dans la zone de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

"Le camion avait été contraint par l'armée israélienne d'emprunter des routes dangereuses, qui avaient auparavant été bombardées" et étaient en mauvais état, a-t-il expliqué.

"Malgré la récente autorisation limitée de quelques camions d'aide, l'occupant (ndlr:Israël) entrave délibérément le passage sûr et la distribution de cette aide. Elle oblige les conducteurs à emprunter des itinéraires surchargés de civils affamés qui attendent depuis des semaines les produits de première nécessité", a accusé dans un communiqué mercredi matin le gouvernement de Gaza, sous l'autorité du Hamas.

Ce "comportement délibéré et criminel se solde souvent par des foules désespérées qui se ruent sur les camions et s'emparent de leur contenu par la force", a expliqué le gouvernement, faisant lui aussi état de 20 civils tués et de dizaines de blessés.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué vérifier ces informations.


La famille d'un étudiant saoudien tué au Royaume-Uni rend hommage au «meilleur des frères»

Les membres de la famille ont rendu hommage à Mohammed Al-Qasim, tragiquement tué à Cambridge, au Royaume-Uni. (X/@ShathaAlQassem)
Les membres de la famille ont rendu hommage à Mohammed Al-Qasim, tragiquement tué à Cambridge, au Royaume-Uni. (X/@ShathaAlQassem)
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  • Mohammed Al-Qasim, 20 ans, a été poignardé à mort à Cambridge vendredi
  • En hommage, ses proches ont organisé une collecte de fonds pour fournir de l'eau potable aux familles saoudiennes dans le besoin

RIYADH : La famille et les amis de Mohammed Al-Qasim, l'étudiant saoudien de 20 ans qui a été poignardé à Cambridge, au Royaume-Uni, vendredi, ont partagé leurs condoléances et leurs souvenirs en ligne.

Ses proches ont également mis en place une collecte de fonds pour fournir de l'eau potable aux familles démunies d'Arabie saoudite en guise d'hommage. À l'heure où nous écrivons ces lignes, cette collecte a permis de récolter plus de 30 000 SR (8 000 $).

M. Al-Qasim effectuait un stage de dix semaines à l'EF International Language Campus, dans la ville, lorsqu'il a été tué. Deux hommes originaires de Cambridge ont été arrêtés pour suspicion de meurtre et d'aide à un criminel.

L'oncle d'Al-Qasim, Majed Abalkhail, a déclaré sur X que la mort de son neveu "a été un choc énorme pour nous tous - d'autant plus que Mohammed était venu à Cambridge en tant qu'étudiant, ne portant que des rêves et des espoirs pour l'avenir".

"Nous espérons vraiment que ce sera la dernière tragédie de ce genre et que la justice sera rendue et que tous les responsables devront répondre de leurs actes. Qu'Allah ait pitié de Mohammed et lui accorde la plus haute place au paradis".

M. Abalkhail a décrit son neveu comme "un jeune homme élevé dans la bonté, et nos cœurs pleurent encore sa perte".

La sœur d'Al-Qasim, Jana, a écrit sur X qu'il était "un homme qui valait mille hommes, le vrai sens du soutien, de la force et de la dignité".

"Je n'ai jamais connu le goût de la peur un seul jour, parce que je savais que Mohammed était ma colonne vertébrale et mon soutien après Allah", a-t-elle déclaré.

"Devant l'ampleur de sa fierté et de son amour pour moi, j'étais fière de lui et je l'aimais encore plus. Depuis notre enfance, j'ai entendu dire que les frères se fâchent, se disputent et se battent souvent avec leurs frères et sœurs, mais par Allah, il n'a jamais élevé la voix contre moi une seule fois, et je n'ai jamais vu de sa part que de la gentillesse et de l'amour".

Une autre sœur, Thekra, a dit : "Ô Allah, ton serviteur Mohammed Al-Qasim était le meilleur des frères. Gentil, doux et craignant ta présence parmi nous. Il n'a jamais élevé la voix depuis le jour où ma mère l'a mis au monde jusqu'à ce que vous le rameniez à vous."

Abdallah Al-Matrafi, qui s'est décrit comme un voisin de la famille, a déclaré sur X que "le défunt père d'Al-Qasim, ses frères et ses fils sont parmi les personnes les plus raffinées que nous ayons connues en termes de manières, de caractère, d'appréciation, de respect et de bon voisinage".

"Aujourd'hui encore, nous nous souvenons d'eux avec tendresse et nous continuerons à le faire jusqu'à la fin de nos jours.

Le professeur Fahad Al-Olayan a déclaré : "Qu'Allah ait pitié de Mohammed. J'ai eu l'honneur de l'avoir parmi mes étudiants à l'université le semestre dernier. C'était un étudiant assidu, désireux d'apprendre".

Nawaf Al-Darrab, un ami d'Al-Qasim, a déclaré qu'il connaissait le jeune homme comme étant "proche d'Allah ... toujours souriant, dévoué à ses prières et indulgent envers tout le monde".

"Jusqu'à ce que nous nous retrouvions, mon bien-aimé et mon frère, au paradis le plus élevé avec les prophètes, les véridiques, les martyrs et les justes - quelle excellente compagnie !

Dans une déclaration publique, sa famille a décrit Al-Qasim comme un "jeune homme débordant d'enthousiasme, de galanterie et de courage", et a déclaré qu'il était "le charisme de la famille" et "le soutien de son père".

"Il était la personne la plus compatissante qui ait jamais visité le cœur d'une mère", ont-ils ajouté.

La collecte de fonds organisée au nom d'Al-Qasim peut être consultée à l'adresse suivante : https://ehsan.sa/donationcampaign/details/1828254.


Un élargissement des opérations israéliennes à Gaza aurait «des conséquences catastrophiques» 

Mardi la Défense civile palestinienne a fait état de 68 personnes tuées dans des attaques israéliennes, dont 56 qui attendaient des distributions de nourriture, notamment à Khan Younès, dans le sud de Gaza, et à Zikim, dans le nord, par où entre une partie de l'aide autorisée par Israël. (AFP)
Mardi la Défense civile palestinienne a fait état de 68 personnes tuées dans des attaques israéliennes, dont 56 qui attendaient des distributions de nourriture, notamment à Khan Younès, dans le sud de Gaza, et à Zikim, dans le nord, par où entre une partie de l'aide autorisée par Israël. (AFP)
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  • La presse israélienne, citant des officiels s'exprimant sous couvert d'anonymat, est unanime à prédire une nouvelle escalade des opérations dans le territoire palestinien
  • "Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël" a affirmé le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, au cours d'une visite sur une base militaire

NATIONS-UNIES: Un haut responsable de l'ONU a mis en garde mardi contre "les conséquences catastrophiques" que pourrait avoir un élargissement des opérations militaires israéliennes à Gaza, au moment où la presse israélienne fait état d'un projet d'occupation de tout le territoire palestinien.

"Le droit international est clair à cet égard, Gaza est et doit rester une partie intégrante d'un futur État palestinien" a déclaré Miroslav Jenca, sous-secrétaire général de l'ONU pour l'Europe, l'Asie centrale et les Amériques, à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité consacrée à ce conflit.

La presse israélienne, citant des officiels s'exprimant sous couvert d'anonymat, est unanime à prédire une nouvelle escalade des opérations dans le territoire palestinien.

"Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël" a affirmé le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, au cours d'une visite sur une base militaire.

Il a également tenu dans l'après-midi une réunion restreinte de sécurité de près de trois heures au cours de laquelle "le chef d'état-major de l'armée lui a présenté les options pour la poursuite des opérations à Gaza", selon ses services.

La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU était organisée à l'initiative d'Israël, qui souhaite alerter sur la situation humanitaire des otages du 7-Octobre toujours entre les mains du Hamas. Le mouvement islamiste a récemment diffusé une vidéo de propagande montrant l'un d'eux, Evyatar David, 24 ans, décharné et très affaibli, creusant un trou dont il affirme qu'elle est sa propre tombe.

"Je suis venu ici pour mettre la question des otages au devant et au centre de la scène mondiale" et appeler à leur "libération immédiate et inconditionnelle", a avancé à New York juste avant la rencontre le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, dénonçant "les crimes ignobles" du Hamas.

S'exprimant dans l'enceinte du Conseil de sécurité, Miroslav Jenca a également réitéré l'appel du secrétaire général de l'ONU à "une libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages" retenus dans la bande de Gaza.

Mais il a également déploré qu'Israël "continue de restreindre sévèrement l'aide humanitaire entrant dans Gaza", "largement insuffisante". "La faim est partout à Gaza, visible sur le visage des enfants et dans le désespoir des parents qui risquent leur vie pour accéder aux produits les plus basiques", a-t-il ajouté.

Mardi la Défense civile palestinienne a fait état de 68 personnes tuées dans des attaques israéliennes, dont 56 qui attendaient des distributions de nourriture, notamment à Khan Younès, dans le sud de Gaza, et à Zikim, dans le nord, par où entre une partie de l'aide autorisée par Israël.