Pris en tenaille entre Londres et Paris, les pêcheurs de Jersey dans l'expectative

Les pêcheurs français de Jersey protestent contre les restrictions britanniques (Photo, AFP).
Les pêcheurs français de Jersey protestent contre les restrictions britanniques (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 27 septembre 2021

Pris en tenaille entre Londres et Paris, les pêcheurs de Jersey dans l'expectative

  • L'accès aux eaux de Jersey est une source de frictions entre Londres et Paris depuis que le Royaume-Uni a définitivement quitté l'UE en janvier
  • Le gouvernement français a demandé à son homologue britannique d'octroyer une autorisation définitive de pêche dans les eaux poissonneuses de ces territoires

SAINT-HELIER: Après avoir vendu son homard en France, Tim Corson revient à bord de son bateau sur l'île britannique de Jersey, où de nombreux pêcheurs craignent comme lui de ne plus pouvoir écouler leur marchandise en Europe, en raison de la bataille post-Brexit entre Londres et Paris.

L'accès aux eaux de Jersey - rattachée comme sa voisine Guernesey à la couronne britannique, mais située au large des côtes françaises et disposant d'un gouvernement autonome - est une source de frictions entre Londres et Paris depuis que le Royaume-Uni a définitivement quitté l'UE en janvier.

Le gouvernement français a demandé à son homologue britannique d'octroyer une autorisation définitive de pêche dans les eaux poissonneuses de ces territoires à 169 de ses navires. 

Mais le gouvernement de Jersey, à qui les Britanniques ont délégué cette tâche, n'a pour l'instant délivré que des autorisations provisoires -arrivées à expiration une première fois le 30 juin, puis prolongées de trois mois jusqu'à jeudi-, exigeant des navires français qu'ils prouvent leur activité antérieure dans ces eaux. Une tâche compliquée pour les petits bateaux qui ne possèdent pas de système de localisation satellitaire

"Nous sommes au bout de la patience, les pêcheurs le sont, légitimement", a prévenue cette semaine le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, menaçant d'activer, via la Commission européenne, des "mesures restrictives" si la situation ne se débloque pas. 

Une formule évasive, mais qui pourraient bien toucher de plein fouet les pêcheurs de Jersey, qui craignent une interdiction de vente dans les ports français voisins, eux qui n'ont pas eu leur mot à dire lors du référendum sur le Brexit en 2016.

«Années difficiles»

Les autorisations provisoires "vont être de nouveau prolongées, mais que va-t-il se passer une fois ce nouveau délai écoulé ? Cela ne fait que retarder, retarder, retarder, retarder" l'issue, déplore Tim Corson, 28 ans, dont le sourire sous la barbe rousse ne parvient pas à masquer son inquiétude.

Le gouvernement de Jersey a en effet finalement annoncé vendredi que les navires n'ayant pas fourni tous les papiers nécessaires auront leur permis temporaire prolongé jusqu'au 31 janvier. D'autres se verront tout simplement refuser leur licence, et devront cesser de pêcher. 

Les chiffres pour chacune de ces catégories seront connus la semaine prochaine, faisant craindre un retour des tensions, alors que la protestation massive des pêcheurs français fin juin dernier avait déjà manqué de dégénérer en bataille navale, après l'envoi de patrouilleurs britanniques et français.  

"Le Brexit a compliqué les choses", déplore Tim Corson, en débarquant ses grands sacs d'appâts achetés en France dans le petit port de Gorey, surplombé par des collines verdoyantes et un château du XIIIe siècle. 

"Si nous perdons notre marché" en Europe, où ils écoulent homards et coquilles Saint-Jacques, "nous allons connaître quelques années très difficiles jusqu'à ce que nous trouvions une solution", se lamente M. Corson.

«Trouver un équilibre»

Dans le port plus industriel de Saint-Helier, la capitale de l'île, des locaux s'inquiètent aussi de la concurrence des bateaux français, plus grands et mieux équipés.

"Les gros bateaux peuvent pêcher par n'importe quel temps, donc ils continuent à avancer quand nous devons nous arrêter parce que nous ne pêchons habituellement que dans la journée", déplore Chris Casey, 62 ans, qui attrape les bars à la ligne, "un par un", dans son bateau de 6 mètres.

"Ils sont tous issus de la pêche durable", dit-il en montrant les étiquettes qui, fixées aux branchies, permettent une traçabilité complète. 

Certains, comme Don Thompson, président de l'association des pêcheurs de Jersey, étaient initialement optimistes quant au Brexit. Mais aujourd'hui, il se déclare "très déçu".

"C'était l'occasion de trouver un équilibre entre la taille de la flotte de Jersey et le nombre de navires étrangers qui pêchent dans nos eaux", explique-t-il. Mais 169 navires français, ça serait bien plus que la flotte locale, se plaint-il, affirmant qu'environ seuls 70 d'entre eux pêchaient auparavant dans la zone.

Un vrai problème, quand "la capacité de nos stocks de poissons n'est pas idéale", comme "en ce moment", ajoute Stephen Viney. Ce pêcheur de 54 ans craint une "pression" excessive sur les réserves de poissons si trop de navires sont autorisés, ce qui les rendrait "tous perdants, car des restrictions seront appliquées".

Mais, ajoute-t-il, "personne n'a de problème" avec les bateaux français qui pêchaient déjà ici, comme ils le font depuis des siècles.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.