Evergrande: vers un éclatement de la bulle immobilière en Chine ?

Vue aérienne d’immeubles résidentiels à Shanghai (Photo, AFP).
Vue aérienne d’immeubles résidentiels à Shanghai (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 28 septembre 2021

Evergrande: vers un éclatement de la bulle immobilière en Chine ?

  • La spéculation et l'envolée des prix inquiètent le gouvernement chinois, soucieux de ne pas creuser encore des écarts de richesse potentiellement synonymes d'instabilité sociale
  • Le coût moyen d'un appartement représente désormais 9,2 fois le revenu disponible annuel d'un habitant, selon une étude, le ratio le plus élevé depuis 1998

PEKIN: La croisade de la Chine contre l'endettement dans l'immobilier menace de terrasser le promoteur ultra-endetté Evergrande, au risque de faire éclater la bulle qui gonfle dans le secteur depuis plus de 20 ans.

Le Parti communiste chinois (PCC) tire sa légitimité de l'amélioration du niveau de vie de la population et d'une croissance phénoménale qui s'est traduite par la construction de millions de logements.

Une frénésie également stimulée par le besoin de la plupart des Chinois d'accéder à la propriété, étape quasi-obligée de la promotion sociale notamment avant un mariage.

Mais la spéculation et l'envolée des prix inquiètent le gouvernement, soucieux de ne pas creuser encore des écarts de richesse potentiellement synonymes d'instabilité sociale.

Car le coût moyen d'un appartement représente désormais 9,2 fois le revenu disponible annuel d'un habitant, selon une étude du groupe immobilier E-House China.

C'est le ratio le plus élevé depuis 1998, année où l'accession à la propriété immobilière a véritablement commencé à être possible -- les logements étaient auparavant souvent attribués par l'employeur.

Face au gonflement de la dette de 12 grands promoteurs, les régulateurs leur ont imposé l'an passé "trois lignes rouges", des ratios prudentiels qui visent à réduire leur recours à l'emprunt.

Depuis juin, les autorités ont également resserré drastiquement la législation qui permettait de vendre un bien avant même l'achèvement des travaux -- un modèle dont Evergrande s'était beaucoup servi pour financer sa croissance.

"L'idée, c'était de créer un mécanisme qui force les promoteurs les plus à risque à réduire leur endettement", note Dinny McMahon, analyste du cabinet d'étude Trivium, basé à Pékin.

"Et cela tout en donnant aux promoteurs en meilleure santé financière la possibilité de continuer à grandir."

«Boule de neige»

Acteur majeur de cet essor effréné, Evergrande croule sous 260 milliards d'euros de dette et risque le défaut de paiement.

Tous les yeux sont tournés vers l'Etat, qui n'a pas signifié s'il comptait intervenir ou non pour sauver ou restructurer le groupe.

"Les difficultés rencontrées par Evergrande pourraient faire boule de neige et toucher demain d'autres promoteurs affaiblis" par leur endettement, avertit M. McMahon.

L'évolution de la société chinoise pèse également sur le secteur: la faible croissance démographique freine la demande de logements.

"La source des problèmes d'Evergrande et d'autres promoteurs très endettés, c'est que la demande en immobilier résidentiel en Chine entre dans une période de déclin prolongé", estime dans une note Mark Williams, expert Asie du cabinet Capital Economics.

Et le coup de frein sur les prix rendra plus difficile encore le financement de futures constructions par les promoteurs, ajoute-t-il.

Prix plancher

Au-delà d'Evergrande, la santé financière d'autres promoteurs s'est plutôt améliorée en un an.

Country Garden, le plus grand promoteur d'immobilier résidentiel en Chine en termes de chiffre d'affaires, vient d'annoncer des bénéfices pour le premier semestre 2021.

"A l'été 2020, huit des 12 entreprises auxquelles les lignes rouges ont été appliquées en violaient au moins une. Aujourd'hui, elles ne sont plus que deux", dont Evergrande, souligne Capital Economics.

Effet collatéral: les ventes et les prix dans l'immobilier ont fortement ralenti ces derniers mois, selon le cabinet américain China Beige Book.

Un phénomène inquiétant pour certaines autorités locales qui imposent désormais des prix plancher afin d'enrayer le plongeon, souligne Iris Pang, économiste à la banque ING.

Si la plupart des observateurs sont convaincus que Pékin ne laissera pas éclater une crise financière, la confiance des consommateurs risque d'être durablement ébranlée par l'épisode Evergrande.

Nombre d'acquéreurs se plaignent d'avoir dû payer pour un logement dont Evergrande ne peut remettre les clés, faute d'avoir achevé les travaux par manque de fonds. 

Les ventes pourraient donc continuer à baisser.

Les régulateurs pourraient alors être tentés d'intervenir en abaissant par exemple le taux des prêts immobiliers, prédit Jonas Golterman, analyste de Capital Economics.

"Le marché immobilier est confronté à une période d'incertitude et à une baisse des prix des logements. Mais ce n'est pas un effondrement", souligne-t-il.

"Cela étant dit, les risques de baisse sont importants et l'évolution est difficile à prévoir."


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".