Législatives en Irak: derrière les «indépendants», l'ombre des grands partis

Un Irakien marche devant des affiches électorales, le 5 octobre (Photo, AFP).
Un Irakien marche devant des affiches électorales, le 5 octobre (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

Législatives en Irak: derrière les «indépendants», l'ombre des grands partis

  • Les grands camps politiques affichent leur ambition de dominer les 329 sièges du Parlement lors du scrutin du 10 octobre
  • Ces législatives, initialement prévues en 2022, sont l'une des rares concessions du pouvoir à la rue après le soulèvement inédit de fin 2019

BAGDAD: Les législatives anticipées d'octobre en Irak, annoncées dans le sillage du soulèvement populaire de 2019, devaient promouvoir des candidats hors système. Mais nombre d'"indépendants" pourraient pactiser avec les partis traditionnels auxquels certains étaient auparavant affiliés.

Qu'il s'agisse de l'influent mouvement du leader chiite Moqtada al-Sadr, ou les factions pro-Iran issues du Hachd al-Chaabi, anciens paramilitaires intégrés aux troupes régulières, les grands camps politiques affichent leur ambition de dominer les 329 sièges du Parlement lors du scrutin du 10 octobre.

Ces législatives, initialement prévues en 2022, sont l'une des rares concessions du pouvoir à la rue après le soulèvement inédit de fin 2019, qui dénonçait la corruption endémique et la gabegie des pouvoirs publics, réclamant une refonte totale du système.

Elles sont organisées selon une nouvelle loi électorale, remplaçant un scrutin à liste par un scrutin uninominal. Le nombre de circonscriptions a explosé (83) et leur superficie a été réduite pour favoriser, en théorie, des candidats de proximité --notables locaux ou dignitaires tribaux. 

Parmi les plus de 3.240 candidats, nombreux sont ceux qui claironnent leur "indépendance", une étiquette qu'ils collent à côté de leur nom sur les affiches électorales. Difficile toutefois, pour de nombreux Irakiens, d'oublier leur affiliation politique passée.

«Manoeuvre électorale»

"Les candidats veulent se distancier des échecs de leurs partis et essaient de présenter une nouvelle image, loin de la corruption et de la mauvaise gestion", résume le politologue Ihsan al-Shamari, dénonçant une "manoeuvre électorale".

Car près de deux ans après le soulèvement, le désenchantement est toujours là. Et d'ailleurs, les militants et partis s'en réclamant boycottent le scrutin.

Ils dénoncent un climat antidémocratique, dans un pays où des factions armées pro-Iran sont pointées du doigt pour des dizaines d'enlèvements, assassinats ou tentatives d'assassinats contre des opposants.

Dans ce contexte, et sur fond de crise économique, certains observateurs pronostiquent une abstention importante parmi l'électorat de 25 millions de personnes, qui devrait jouer en faveur des grands partis.

Ce phénomène de candidats se proclamant "indépendants" après avoir eu une affiliation partisane est présent aux quatre coins du pays et sur tout le spectre politique.

C'est le cas dans le courant sadriste ou encore la coalition de l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui, mais aussi le bloc de l'"Etat de droit" de Nouri al-Maliki, un autre ex-Premier ministre, pour ne citer qu'eux.

Ines Naji al-Maksousi, candidate dans la ville centrale de Kout, était autrefois affiliée au courant sadriste.

"J'étais candidate indépendante au sein du courant sadriste. Aujourd'hui je suis candidate indépendante (tout court)", explique-t-elle à l'AFP.

Mme Maksousi n'exclut pas un possible ralliement à un bloc parlementaire. "C'est possible, s'il y a une convergence de vues avec un courant politique ou des députés, et si cela sert notre électorat", dit-elle.

«Promesses»

En Irak, les alliances se font et se défont après chaque scrutin et des blocs entiers peuvent changer de camp. Plus que le vote et la répartition des sièges, il faudra suivre la formation des coalitions parlementaires, cruciales pour les tractations visant à former un gouvernement.

Le grand favori pour ces législatives reste toutefois le courant de Moqtada al-Sadr, qui dispose du plus important bloc au Parlement sortant. 

Le camp chiite pro-Iran du Hachd al-Chaabi, dont les candidats ont fait leur entrée au Parlement pour la première fois en 2018, surfant sur la victoire contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), pourrait lui maintenir une représentation relativement égale.

"Les partis pro-Iran au Parlement vont probablement conserver à peu près la même proportion de sièges", indique Lahib Higel, de l'International Crisis Group.

Dans ce système où le clientélisme est roi, les grands partis risquent de ne faire qu'une bouchée des "indépendants".

"Les forces et les partis traditionnels ont suffisamment de marge de manoeuvre pour attirer des indépendants", reconnaît M. Chamri, évoquant notamment des "promesses" attrayantes concernant la nomination à "des ministères ou des postes".


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk