Au procès Charlie, les propos brouillons d'Ali Riza Polat

Croquis des 14 accusés et de leurs avocats dans la salle d’audience durant le procès Charlie (Dessin, Benoit PEYRUCQ/AFP).
Croquis des 14 accusés et de leurs avocats dans la salle d’audience durant le procès Charlie (Dessin, Benoit PEYRUCQ/AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 16 septembre 2020

Au procès Charlie, les propos brouillons d'Ali Riza Polat

  • Principal accusé, devant répondre de « complicité » de crimes terroristes, passible de perpétuité, Ali Riza Polat s’exprimait à la barre
  • Un enquêteur de la Sous-direction anti-terroriste (Sdat) a également narré la traque policière des frères Kouachi après la tuerie de Charlie Hebdo

PARIS: Depuis une semaine, il promettait de « tout balancer ». Ali Riza Polat, principal accusé présent au procès des attentats de 2015, a livré mardi des explications brouillonnes, attribuant sa présence sur le banc des accusés au témoignage d'un « indicateur » impliqué dans une affaire d'homicide.

« Je suis dans une cour d'assises pour complicité pour deux enculés que je ne connais même pas », a lancé devant la cour d'assises spéciale de Paris Ali Riza Polat, en référence aux frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo.

« J'ai pas cherché des armes pour tuer des gens (...) Je cherchais des armes pour mes braquages et on vient me chercher pour cette affaire-là », a poursuivi l'accusé, lors d'un monologue ponctué d'insultes et de coups de sang.

Proche du tueur de l'Hyper Cacher Amédy Coulibaly, Ali Riza Polat est le seul des onze accusés présents au procès des attentats de janvier 2015 à répondre de « complicité » de crimes terroristes, passible de la perpétuité.

Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir servi de « bras droit » à Amédy Coulibaly et d'avoir joué un rôle central dans les préparatifs des attaques de l'Hyper Cacher et de Montrouge, mais aussi celle de Charlie Hebdo.

Présent à la barre, un ancien responsable de la Sous-direction anti-terroriste (Sdat) a assuré qu'Ali Riza Polat avait été identifié grâce à des éléments fournis par l'un de ses co-accusés.

Ils « savaient qu’ils allaient mourir »

L’enquêteur de la Sdat a également relaté la « course contre la montre » pour retrouver les frères Kouachi, décidés à « mourir en martyr » après l'attaque contre l'hebdomadaire.

« Les Kouachi savaient qu'ils allaient mourir », a-t-il assuré devant la cour d'assises spéciale de Paris.

« On était dans une course contre la montre », avec « deux fugitifs déterminés qui à tout moment peuvent rencontrer une patrouille de police et de gendarmerie et n'hésiteront pas à faire feu », a-t-il rappelé.

Après la tuerie de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, Chérif et Saïd Kouachi étaient parvenus à prendre la fuite en tirant à l'arme lourde sur des policiers puis en forçant un automobiliste à leur laisser son véhicule, après un accident de voiture.

Pour tenter de les localiser, un vaste dispositif avait été mis en place, avec barrages policiers, survols par hélicoptères et fouilles de maisons. La Sdat, de son côté, avait multiplié les auditions, engageant en quelques heures une « enquête hors norme ».

Après 24 heures de recherches infructueuses, l'enquête est finalement relancée le 8 janvier : à l'aube, les deux hommes ont braqué une station-service dans l'Aisne, à visage découvert, pour emporter de la nourriture et des boissons.

Dans les forêts des alentours, la traque se resserre. Le lendemain, une conductrice est à son tour braquée à une trentaine de kilomètres plus à l'ouest : les frères Kouachi l'ont obligée à leur remettre son véhicule, « visage découvert » là encore, rappelle le policier.

« Attirer l'attention »

Le président de la cour d'assises spéciale, Régis de Jorna, s'étonne de leur attitude : « Visiblement, ils veulent attirer l'attention sur eux, comme s'ils voulaient qu'on les suive à la trace. Comment expliquez-vous ce comportement ? »

« On s'est posé la question », reconnaît l'enquêteur. « S'ils cherchaient l'ultra-médiatisation, pourquoi ne sont-ils pas restés avec leur lance-roquette en plein Paris pour échanger des coups de feu et mourir en martyrs ? »

Pour ce policier, seules des « hypothèses » peuvent être formulées, faute d'« éléments » probants. Parmi elles : la volonté de provoquer un affrontement avec les forces de l'ordre, en les attirant sur un terrain difficile d'accès.

Des éléments « laissent à penser qu'ils voulaient en découdre dans les bois » avec « la volonté de faire le plus de morts possible », explique le commissaire, qui rappelle que les Kouachi « avaient de quoi tenir », notamment « des couvertures de survie » et « des trousses de secours ».

Leur décès est finalement survenu le 9 janvier vers 17H00, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) où ils avaient trouvé refuge. Sur place, les gendarmes ont découvert deux fusils d'assaut, deux pistolets semi-automatiques et le lance-roquette.

« Est-ce qu'il n'était pas possible de faire le maximum pour les arrêter vivants ? », s'interroge Me Isabelle Coutant-Peyre, avocate de l'un des 11 accusés présents devant la cour d'assises, jugés pour leur soutien logistique aux auteurs des attentats.

Réponse négative du commissaire. « Ils s'étaient préparés le corps pour rejoindre Dieu », en se rasant « les aisselles et le pubis ». « Quand ils sont sortis armes à la main, ils savaient très bien quelle était l'issue finale de leur sortie », a-t-il conclu.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Short Url
  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.