Espionnage: l'Otan devait réagir contre «les activités malveillantes» de Moscou

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'exprime alors qu'il préside une réunion au siège de l'OTAN à Bruxelles, le 7 octobre 2021. (Photo, AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'exprime alors qu'il préside une réunion au siège de l'OTAN à Bruxelles, le 7 octobre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 07 octobre 2021

Espionnage: l'Otan devait réagir contre «les activités malveillantes» de Moscou

  • Jens Stoltenberg a annoncé avoir proposé à Moscou d'organiser une réunion du Conseil Otan-Russie «pour discuter», mais les autorités russes ont refusé
  • Pour sa part, la Russie a estimé jeudi que l'Otan avait démontré son refus de normaliser les relations en retirant les accréditations des huit membres de sa mission

BRUXELLES: L'Otan a décidé mercredi de retirer leur accréditation à huit membres de la mission russe à Bruxelles car il fallait réagir à l'augmentation des "activités malveillantes" de la Russie en Europe, a expliqué jeudi le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg.

"La décision n'est pas liée à un événement particulier, mais nous avons découvert qu'il s'agissait d'agents de renseignement russes non déclarés, sous couverture, et nous avons constaté une augmentation des activités malveillantes de la Russie, au moins en Europe. Nous devions donc agir", a-t-il déclaré au cours d'un point de presse au lendemain de l'annonce de la décision.

Jens Stoltenberg a annoncé avoir proposé à Moscou d'organiser une réunion du Conseil Otan-Russie "pour discuter", mais les autorités russes ont refusé.

"J'ai rencontré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à New York, pendant l'assemblée générale des Nations Unies, mais nous ne sommes pas parvenus à nous entendre pour réunir le conseil Otan-Russie", a-t-il expliqué. Ce conseil a été créé en 2002 comme une instance de consultation et de coopération entre l'Alliance et la Russie.

Le différend franco-américain ne doit pas diviser l'OTAN

Le différend entre Paris et Washington sur le partenariat stratégique conclu entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni ne doit pas diviser l'Otan, a averti jeudi le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg.

"Je comprends la déception de la France. Mais ce type de différend ne doit pas provoquer une fracture au sein de l'Alliance, ni saper la force du lien transatlantique", a-t-il déclaré au cours d'un point de presse à l'issue d'une réunion à Bruxelles avec les conseillers en sécurité des 30 pays membres de l'Otan.

"La question a été abordée au cours de la réunion et je suis convaincu que les alliés concernés trouveront les moyens de trouver un accord", a-t-il ajouté.

"En tant qu'alliés, nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout, tout le temps, mais nous ne perdons jamais de vue la situation dans son ensemble", a-t-il insisté.

"À l'heure où la concurrence mondiale s'intensifie, l'Europe et l'Amérique du Nord doivent continuer à faire front ensemble au sein de l'Otan, car les défis de sécurité auxquels nous sommes confrontés sont trop importants pour qu'un pays ou un continent puisse y faire face seul", a-t-il plaidé.

"La réunion d'aujourd'hui a constitué une étape importante vers le sommet de l'Otan prévu à Madrid en 2022", a-t-il estimé. Le sommet devrait se tenir au printemps.

Pour sa part, la Russie a estimé jeudi que l'Otan avait démontré son refus de normaliser les relations en retirant les accréditations des huit membres de sa mission auprès de l'Alliance.

"Il y a une contradiction évidente entre les déclarations de représentants de l'Otan exprimant le désir de normaliser les relations avec notre pays et leurs actions", a souligné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

"Ces actions ne nous permettent d'entretenir aucune illusion au sujet d'une normalisation des relations", a-t-il déclaré à la presse.

Les pays de l'Alliance atlantique avaient dénoncé en avril les "actions déstabilisatrices" de la Russie dans certains pays de l'Alliance et annoncé l'examen de mesures de rétorsion.

L'Otan avait décidé en mars 2018 de retirer leurs accréditations à sept membres de la mission russe et de les faire expulser de Belgique à la suite de l'empoisonnement de Sergueï Skripal, un ancien agent russe, et de sa fille au Royaume-Uni.

Le nombre des accréditations de la mission de la Russie à Bruxelles avait alors été réduit de 30 à 20. Il a été réduit mercredi à 10 et cette mesure sera effective à la fin du mois d'octobre.

La Russie accuse de son côté régulièrement l'Otan, une alliance politico-militaire fondée en 1949 par les adversaires de l'Union soviétique, d'avoir des visées agressives à son encontre.

Moscou a toutefois une mission d'observateurs auprès de l'Alliance dans le cadre d'un programme visant à promouvoir la coopération sécuritaire sur certains dossiers.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.