A Damas, les maisons d'édition et les librairies agonisent

Un employé de la librairie al-Nouri, la première de la capitale syrienne fondée en 1930: plusieurs établissements du genre sont menacés de fermeture en raison de la crise économique provoquée par la guerre en 2011. (Photo, AFP)
Un employé de la librairie al-Nouri, la première de la capitale syrienne fondée en 1930: plusieurs établissements du genre sont menacés de fermeture en raison de la crise économique provoquée par la guerre en 2011. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 27 octobre 2021

A Damas, les maisons d'édition et les librairies agonisent

  • «Les gens ne peuvent plus payer pour lire, et les librairies sont menacées de fermeture, tout comme les autres établissements» de Damas
  • Dans un pays ravagé par la guerre, près de 90% des Syriens vivent désormais sous le seuil de pauvreté et peinent à assurer leurs besoins les plus élémentaires

DAMAS : Au coeur de Damas, les libraires et maisons d'édition, qui ont connu leur âge d'or au siècle dernier, ferment leurs portes l'une après l'autre, cédant la place à des magasins de chaussures ou des bureaux de change.

Rue de la Poste, Salem al-Nouri, dont le père a fondé la première librairie de la capitale syrienne en 1930, supervise les ventes de plus en plus faibles, en raison de la crise économique provoquée par la guerre en 2011.

"Les gens ne peuvent plus payer pour lire, et les librairies n'arrivent pas à couvrir leurs dépenses", témoigne cet homme de 71 ans. "Notre librairie est menacée de fermeture, tout comme les autres établissements" de Damas.

Dans un pays ravagé par la guerre, près de 90% des Syriens vivent désormais sous le seuil de pauvreté et peinent à assurer leurs besoins les plus élémentaires.

La famille de Salem qui gérait trois librairies a déjà dû fermer en 2018 l'une d'elles, Aalam al-Maarifa ("Le monde de la connaissance"). Mais Salem continue de se rendre dans cette librairie fermée pour épousseter les livres et se promener entre les étagères surchargées d'ouvrages.

"Nous voulions léguer cette librairie à nos enfants et petits-enfants, mais la culture a beaucoup régressé dans le pays", déplore-t-il.

Sur un vieux bureau traînent des photos de lui et ses frères, ainsi que celles de clients de renom qui fréquentaient leur établissement, dont des artistes, des poètes et d'anciens responsables politiques.

La libraire et maison d'édition Dar Oussama, fondée en 1967, agonise-t-elle aussi. Khalil Haddad et d'autres employés tiennent cependant à venir régulièrement travailler, "même s'il nous arrive de ne pas vendre un seul livre pendant plusieurs jours".

"C'est vraiment un luxe de proposer aux gens d'acheter des livres par les temps qui courent, la priorité étant l'achat de nourriture et de médicaments", affirme ce septuagénaire qui a passé sa vie parmi les livres.

Au cours des dernières années, plusieurs enseignes prestigieuses du centre de Damas, bien établies dans les années 50 et 60, ont mis la clé sous la porte.

L'iconique librairie et maison d'édition al-Yaqza al-Arabia ("le Réveil arabe"), ouverte en 1939, a ainsi cédé la place à un magasin de chaussures. Maysaloun, du nom de la bataille entre l'armée arabe et les forces françaises en 1920, a-t-elle été remplacée par un bureau de change.

"Nous avons publié plus de 300 livres, et nous avions des dizaines de milliers d'ouvrages que nous avons liquidés lorsque nous avons décidé de fermer en 2014", dit Sami Hamdan, 40 ans.

Son grand-père a fondé al-Yaqza al-Arabia qui publiait comme d'autres maisons d'édition damascènes des ouvrages d'auteurs syriens et arabes ou des traductions, que les lecteurs s'arrachaient dans le temps.

"Le facteur économique est essentiel, mais la technologie a également contribué" à la fermeture des librairies, "puisque des générations entières se sont tournées vers le livre électronique", explique-t-il.

Le monde de l'édition était déjà en déclin depuis des décennies, admet M. Hamdan, mais "la guerre l'a achevé", ajoute-t-il.

Après plus de 70 ans, Amer Tinbakji se résigne lui aussi à fermer son établissement ouvert en 1954. Depuis le début de la guerre, il a arrêté d'importer des livres, et ne peut plus en éditer en raison des sanctions et de l'effondrement de la monnaie nationale.

Alors que près de 800 publications par jour étaient importées avant la guerre dans le pays, leur nombre est tombé à environ cinq par jour, souligne Ziad Ghosn, ancien directeur de l'institution étatique d'édition.

Il explique que le prix du papier et de l'impression ont augmenté d'au moins 500% au cours des deux dernières années.

Mais Samar Haddad, elle, est décidée à se battre. Elle a rassemblé dans un sous-sol la précieuse collection de livres de la librairie de son père, Dar Atlas, qui avait pignon sur rue dans le centre de Damas.

"Nous avons perdu nos lecteurs l'un après l'autre. Beaucoup ont quitté le pays", déplore-t-elle, seule avec un employé à temps partiel parmi les rangées de romans oubliés.

Mme Haddad se dit toutefois déterminée à ne pas fermer ses portes pour conserver l'héritage de son père: "Nous ferons tout pour survivre".


Le drapeau du BIE remis à l’Expo 2030 Riyad: une nouvelle ère commence pour l'Arabie saoudite

Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
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  • Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte
  • Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir »

OSAKA: Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale.

Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte. Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir ».

L’événement, auquel ont assisté S.E. Faisal Alibrahim, Ministre de l’Économie et de la Planification, et S.E. le Dr Ghazi Binzagr, Ambassadeur du Royaume au Japon, illustre l’unité nationale et la détermination du Royaume à faire de cette Exposition une réussite mondiale.

« La passation du drapeau du Japon à Riyad marque une étape décisive dans notre parcours vers l’accueil du monde à l’Expo 2030 », a déclaré S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan. « C’est le lancement officiel du compte à rebours vers une édition sans précédent de la plus prestigieuse exposition mondiale. »

Le ministre a souligné que cette étape reflète la vision stratégique du Royaume, portée par le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salman ben Abdelaziz Al Saoud, et par Son Altesse Royale le Prince héritier Mohammed ben Salman ben Abdelaziz Al Saoud, Premier Ministre, dont le leadership inspire l’ensemble du programme de transformation nationale, Vision 2030.

« Grâce au soutien indéfectible de nos dirigeants et à la mobilisation de toutes les institutions publiques et privées, nous offrirons une expérience exceptionnelle, incarnant l’excellence et le leadership du Royaume dans l’accueil d’événements mondiaux », a-t-il ajouté.

De son côté, l’ingénieur Talal AlMarri, Directeur général de l’Expo 2030 Riyadh Company, a déclaré :

« Nous entrons désormais dans la phase opérationnelle. L’Expo 2030 Riyad établira de nouveaux standards mondiaux en matière de durabilité, d’innovation et d’inclusivité. Ce ne sera pas seulement un rassemblement de nations, mais un héritage vivant et une plateforme d’action pour le Royaume et pour le monde. »

Quelques jours avant la cérémonie, le 10 octobre, l’équipe de l’Expo 2030 Riyad avait organisé à l’Expo Area Matsuri l’événement culturel « From Osaka to Riyadh », qui a attiré plus de 15 000 visiteurs. Cette initiative a illustré la capacité organisationnelle et la créativité du Royaume à l’approche de 2030.
Le pavillon saoudien à l’Expo 2025 a d’ailleurs connu un succès retentissant, accueillant plus de 3 millions de visiteurs et figurant parmi les plus fréquentés de l’exposition.

L’Expo 2030 Riyad, prévue du 1er octobre 2030 au 31 mars 2031, rassemblera 197 pays et 29 organisations internationales. Elle devrait accueillir plus de 42 millions de visites sur un site de 6 millions de mètres carrés, réparti en cinq zones thématiques.
L’exposition mettra l’accent sur des solutions concrètes pour un avenir durable, inclusif et interconnecté.

À l’issue de l’événement, le site se transformera en un Village mondial permanent, symbole de l’héritage durable laissé par l’Expo 2030 — pour Riyad, le Royaume et la communauté internationale.


La Riyadh Season 2025 débute par une parade d’ouverture éblouissante

L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
(Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
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(Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
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  • La Riyadh Season 2025 a débuté avec une parade spectaculaire mêlant ballons géants, musiques festives et performances internationales, attirant une foule enthousiaste à Riyad

RIYAD : D’immenses foules se sont rassemblées vendredi pour assister à la parade d’ouverture de la Riyadh Season 2025, qui s’est déroulée entre la Kingdom Arena et Boulevard World, au cœur de la capitale saoudienne.

Cette parade figure parmi les événements les plus attendus de l’année, marquant le lancement officiel d’une nouvelle saison.

Le spectacle a mis en scène une grande diversité de performances issues de groupes internationaux et locaux, avec des ballons géants et des personnages adorés du grand public, tels que Captain Tsubasa et Baby Yoda.

Avec une musique entraînante, des couleurs éclatantes et des spectacles vivants, Riyad s’est transformée en une fête rayonnante, pleine d’enthousiasme et de joie.

Turki Alalshikh, président de la General Entertainment Authority, a déclaré sur son compte X :
« La parade a commencé. Tous les regards sont tournés vers les ballons géants alors que chacun vit ce moment tant attendu. #RiyadhSeason 2025 commence sur un départ inoubliable. »

Les organisateurs ont précisé : « La parade est organisée en partenariat avec Macy’s, l’un des organisateurs de parades festives les plus emblématiques de New York, qui présente — pour la première fois hors des États-Unis — une sélection de ses célèbres ballons géants, véritables symboles de ses célébrations annuelles. Ces ballons énormes et finement conçus nécessitent des centaines de participants pour être manœuvrés en parfaite synchronisation, apportant une touche internationale à cette ouverture spectaculaire de la saison. »

Yassin Nour, venu des Philippines, a été émerveillé par la parade et a confié à Arab News : « Ma partie préférée, c’était les feux d’artifice en plein jour. J’ai hâte de découvrir d’autres événements comme celui-ci. »

Mahmoud Samir, d’Égypte, a déclaré : « La parade était magnifique. Elle a dépassé nos attentes. On s’attendait à quelque chose de bien, mais c’était encore mieux que prévu. »

Samir a ajouté que les cérémonies d’ouverture de la Riyadh Season s’améliorent chaque année :
« Si Dieu le veut, nous serons les premiers visiteurs et profiterons de cette belle ambiance. »

Ali Al-Yami, originaire de Najran, a lui aussi été impressionné : « La Riyadh Season me surprend toujours avec ses spectacles d’ouverture. Les ballons étaient vraiment fantastiques et magnifiques. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des racines et des recettes : l’art de se retrouver autour d’un plat

Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
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  • « LéLa Cuisine » incarne une exploration des identités culturelles, en tissant des liens entre les traditions libanaises et latino-américaines à travers des saveurs partagées et réinventées
  • La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration, de mémoire et de rencontre, au-delà des frontières géographiques

DUBAÏ: Sous les lumières vibrantes de la Green Room, aux parfums entêtants d'épices mêlées et au rythme d'une musique aux accents du Levant et des Andes, Soul Kitchen invite au voyage. À l’occasion de son deuxième anniversaire, le restaurant a célébré bien plus qu’un simple jalon : il a révélé une philosophie culinaire audacieuse baptisée « LéLa Cuisine », fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines.

Au cœur de cette initiative, une idée forte: la cuisine comme langage universel, capable de traverser les frontières, de raconter l’histoire des diasporas et de créer des ponts entre les cultures.

« Concevoir ces plats consiste à trouver des liens simples entre les cuisines libanaise et latino-américaine, et à créer quelque chose qui semble à la fois familier et nouveau », explique la cheffe exécutive Margarita Vaamonde, qui incarne à elle seule ce mélange d'identités culinaires.

De Caracas à Beyrouth, de Buenos Aires à Baalbek, chaque bouchée offrait une rencontre: le hummus chimichurri, le ceviche tabbouleh, ou encore les arepas à la kafta devenaient des symboles vivants de ces histoires partagées par des générations de migrants en quête d’un nouveau foyer.

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Chaque bouchée offrait une rencontre. Le ceviche tabbouleh. (Photo: fournie)

Ce projet n’est pas né du hasard. Il est l’aboutissement d’une vision portée par Factory People, groupe à l’origine de Soul Kitchen, et en particulier par les associés Tala Mortada, Wassim Bou Malham et la cheffe Vaamonde. À travers « LéLa Cuisine », ils racontent une histoire de voyage, d’exil, mais aussi d’ancrage et de réinvention.

« Il s'agit de créer des liens entre les cultures à travers la nourriture », affirme Tala Mortada. Et ces liens ne sont pas théoriques : chaque plat était une escale, chaque saveur un échange.

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La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration. "Migration birds" (Photo: fournie)

Au-delà de la gastronomie, Soul Kitchen se positionne comme un espace d’échange culturel, où la musique, les arômes et les récits personnels se croisent. Une véritable ode à la diaspora arabe en Amérique latine, qui, depuis le XIX siècle, a semé les graines d’une culture métissée et vibrante.

Deux ans après son ouverture, Soul Kitchen ne se contente plus de nourrir : il connecte, raconte, unit. Un pari réussi, dans une ville aussi cosmopolite que Dubaï, où la cuisine devient un passeport vers l’autre, et un rappel que, malgré les distances, nos racines peuvent se rejoindre dans une assiette.