Fusillade à La Duchère : zoom sur un quartier en grande difficulté

La barre Sakharov, dans le quartier lyonnais de La Duchère, où se sont déroulés les tirs (Photo, AFP).
La barre Sakharov, dans le quartier lyonnais de La Duchère, où se sont déroulés les tirs (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 27 octobre 2021

Fusillade à La Duchère : zoom sur un quartier en grande difficulté

  • Cet évènement s’inscrit dans une série de violences urbaines qui ont émaillé la France ces derniers temps
  • «Ce quartier de grands ensembles situé au nord-ouest de Lyon a été ciblé par 45 opérations anti-stupéfiants» depuis le début de l'année, a indiqué le préfet

PARIS: Lundi 25 octobre au soir, un homme ouvre le feu sur trois policiers de la Brigade Anticriminalité (BAC) avec une arme automatique dans le quartier de La Duchère, dans le 9ème arrondissement de Lyon. Les membres de la BAC ripostent, sans que quiconque ne soit touché dans l’échange de tirs.

Cet évènement s’inscrit dans une série de violences urbaines qui ont émaillé la France ces derniers temps et devrait donner du grain à moudre aux politiciens épris de sécurité à quelques mois de l'élection présidentielle.

Les forces de l’ordre étaient sur place pour une opération classique de surveillance d’un point de deal (trafic de stupéfiants).

"Les événements qui se sont déroulés ce soir à la Duchère (quartier sensible du 9e arrondissement de la ville, ndlr) sont graves puisqu'un ou plusieurs individus ont tiré délibérément sur des policiers nationaux", a déclaré Pascal Mailhos, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, devant la presse, précisant que "fort heureusement, aucun n'est blessé".

"On est dans un lieu de deal très fort et incontestablement, c'est en lien avec des actions (contre le trafic de stupéfiants, ndlr) qui ont eu lieu ces derniers jours, et notamment la semaine dernière", a affirmé le représentant de l'État, ajoutant que des recherches étaient en cours pour retrouver le ou les auteurs des tirs.

Le quartier de La Duchère fait face à des difficultés propres aux grands ensembles d'immeubles à destination de populations defavorisées : concentration de logements sociaux, perte d'attractivité, inadaptation de son urbanisme aux normes actuelles. Des efforts ont été entrepris en 2001, des barres d'immeubles ont été démolies pour désenclaver la zone. La Duchère fut le premier territoire du Programme national de rénovation urbaine labellisé EcoQuartier en 2013.

Violences urbaines durant la nuit à Alençon, treize véhicules incendiés

Treize véhicules ont été incendiés dans la nuit de mardi à mercredi dans un quartier d'Alençon (Orne) lors de violences urbaines, a-t-on appris de sources concordantes. 

"Des violences ont débuté vers 23h00 mardi, treize voitures ont été brûlées à la suite de l'interpellation dans la journée de deux personnes pour trafic de stupéfiants", a indiqué à l'AFP une source policière, précisant qu'il n'y avait pas eu de blessé.

"A chaque fois que nous avons des personnes interpellées pour des trafics de drogue, il arrive parfois ce genre de réaction violente de la part de ceux qui ont intérêt à ce que l’Etat de droit ne s’applique pas dans les quartiers", a déclaré le maire d'Alençon Joaquim Pueyo (PS), interviewé par CNews.

"Ce sont des faits inacceptables qui touchent malheureusement beaucoup de villes et de territoires. C’est un traumatisme pour la population qui vit dans ce quartier où il y a eu beaucoup d’investissements", a ajouté le maire de cette ville de 26.000 habitants, précisant qu'il y avait eu des renforts de la gendarmerie.

De source proche du dossier, les violences ont eu lieu dans le quartier Perseigne et les pompiers ont été notamment la cible de jets de pierre. 

D’après les dernières statistiques datant de 2018, ce quartier compte près de 4000 habitants dont 61% en situation de pauvreté. La plupart sont jeunes (moins de 36 ans) et le revenu moyen est faible (12 900 euros annuels).

Mardi, les forces de l’ordre étaient sur place dans une opération de sécurisation du quartier.

Cette "opération de sécurisation et de recherche des points de deal" mobilise 70 fonctionnaires, a indiqué le préfet Pascal Mailhos au cours d'un point de presse sur le terrain, en précisant que l'enquête en cours n'a pour l'instant débouché sur aucune interpellation. 

"Ce quartier de grands ensembles situé au nord-ouest de Lyon a été ciblé par "45 opérations anti-stupéfiants" depuis le début de l'année, a indiqué le préfet qui s'est déplacé près de la barre Sakharov, un des quatre points de deal de La Duchère où s'est produite la fusillade lundi soir.

Un total de 70 des 220 points de deal identifiés l'an dernier sur l'ensemble de la métropole lyonnaise ont été "éliminés" au cours des douze derniers mois, a-t-il précisé.

Un nombre important de policiers, casqués et armés, était toujours déployé mardi après-midi.

L'incident a suscité une polémique sur la vidéosurveillance : mardi matin, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déploré l'absence de caméras dans le quartier en assurant avoir adressé "trois fois" un courrier en ce sens au maire écologiste Grégory Doucet.

Ce dernier a répliqué devant la presse que "60 caméras" étaient déjà déployées et qu'"à l'exception de certaines poches, ça suffit pour couvrir l'ensemble du territoire". 

Lyon compte actuellement 571 caméras de vidéosurveillance ce qui, selon son maire, en fait "une des villes en France les mieux équipées".

(Avec AFP).


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.